Quelques sujets à aborder avec E. Macron avant de voter (peut-être) pour lui

Le programme très « marketé » d’E. Macron nous est présenté comme le fruit de consultations auprès d’un grand nombre de français. « Ce programme a été construit avec plus de 30 000 Françaises et Français de tous milieux sociaux, de tous âges, dans tous les territoires de France, au cours de 3000 ateliers de nos comités locaux. » (https://storage.googleapis.com/en-marche-fr/COMMUNICATION/Programme-Emmanuel-Macron.pdf)
Cette excellente idée donne à penser que cette sélection est le programme des français. Car s’il a bien pioché dans ce vivier de propositions, évidemment toutes n’y sont pas. Il a sélectionné ce qu’il aurait pu lui-même proposer, cette présentation « participative » séduit davantage. Bien vu.
Sauf que le programme ne dit pas tout. Ainsi, quelques réponses seraient utiles pour se convaincre.
1- A propos des donateurs du mouvement En Marche ; qui sont les 2% des 20000 donateurs ayant versé plus de 5000 € au mouvement ? En sachant qui ils sont, nous découvrirons un peu plus qui il est.
2- A propos des acteurs financiers internationaux ; comment E. Macron envisage-t-il se libérer de la vassalité qu’ils imposent aux pays d’Europe notamment ? Que pense-t-il de l’action de Goldman Sachs dans le processus d’adhésion de la Grèce à l’Europe ? Comment juge-t-il les acteurs de ce déplorable montage qui aura décrédibilisé les intentions européennes ?
3- A propos du communautarisme ; qu’en pense-t-il et pourquoi a-t-il écorné le modèle laïque français en soutenant à l’Assemblée Nationale la modification des jours fériés qui pourront être attribué en fonction des religions dans les territoires ultra-marins ?
- A propos des riches 2% des donateurs d’En Marche.
Ces généreux donateurs ne représentent qu’eux-mêmes ou des domaines intéressés par la candidature d’Emanuel Macron. Ce qui peut s’entendre dans une démocratie. Ce qui l’est moins c’est l’absence de transparence sur ce point. Comme dirait Martine Aubry, quand c’est flou… Autre curiosité, ces soutiens d’Emanuel Macron se sont manifestés avant qu’il fasse connaître son programme, on en déduira qu’ils le connaissaient déjà, eux. Sinon auraient-ils signé des « chèques en blanc » ?
Si ces donateurs sont à l’image de M. Drahi (qui a bénéficié du remplacement de M. Montebourg par E. Macron), qu’il nous le dise. A défaut de les connaître on pourra toujours supposer qu’ils ne sont pas présentables, c’est-à-dire dépendant ou agissant pour le compte de centres d’intérêts qui pourraient surprendre, ou déplaire aux votants.
A défaut de savoir qui ils sont, nous pourrons toujours craindre d’avoir à leur rembourser leur « chèque en blanc » d’une façon ou d’une autre.
- A propos des acteurs financiers internationaux qui « vassalisent » les pays.
Sa fréquentation du Bilderberg (comme F. Fillon), réunions d’une centaine de personnes influentes qui se réunissent pour « parler des affaires du monde », et les pratiques occultes qui l’encadrent (black-out complet quant à ce qu’il s’y dit), sont de nature à questionnements. MEDIAPART rappelait le point de vue de David Rockfeller co-fondateur du Bilderberg (Newsweek International, 1er février 1999) : "Quelque chose doit remplacer les gouvernements, et le pouvoir privé me semble l'entité adéquate pour le faire" https://blogs.mediapart.fr/hakima/blog/290516/emmanuel-macron-le-pion-du-futur
Les pro-européens, non européistes (partisans d’une Europe fédérale reconstruite, laïque, coupée de ses racines culturelles, chrétiennes…), se méfient des défaillances des institutions et des compromissions des représentants de l’Europe qui ont pour certains, oublié l’intérêt des pays.
Peu de français sont prêts à donner à E. Macron un blanc-seing pour proroger le mandat de l’Europe actuelle. E. Macron pourrait aborder les nombreux irritants qui émaillent son fonctionnement. Sa conviction « sans discernement » pour l’Europe ne sert pas son engagement qui pourrait le révéler suspect.
L’histoire de l’entourloupe de la Grèce qui adhère à l’Union Européenne avec les bons conseils de Goldman Sachs (empochant au passage 300 milliards de dollards) qui permettront l’adhésion de la Grèce à l’Europe en s’assurant ainsi de la caution des autres pays européens pour le paiement de la dette grecque, est un scandale absolu. Qu’en pense-t-il ?
L’intérêt que Goldman Sachs porte à l’Europe (et vice versa) perdure si l’on en juge par la succession des dirigeants européens qui s’y précipitent ; Mario Draghi, Mario Monti, Lucas Papadémos, José Manuel Barroso… F. Hollande s’est bien risqué à désapprouver mollement ces embauches et lui (E. Macron) qu’en pense-t-il ?
Rappel : « …Mario Draghi, vice-président de Goldman Sachs pour l'Europe entre 2002 et 2005. Nommé associé, il est chargé des "entreprises et pays souverains". A ce titre, l'une des missions est de vendre le produit financier "swap" permettant de dissimuler une partie de la dette souveraine, qui a permis de maquiller les comptes grecs. Mario Monti, conseiller international depuis 2005. Lucas Papadémos, nommé premier ministre de la Grèce, fut gouverneur de la Banque centrale hellénique entre 1994 et 2002, il a participé à ce titre à l'opération de trucage des comptes perpétré par GS. Le gestionnaire de la dette grecque est d'ailleurs un certain Petros Christodoulos, un ex-trader de la firme »
Matthias Fekl, secrétaire d’Etat français au commerce a tweeté un vœu pieu resté sans effet « …Barroso, représentant indécent d’une vieille Europe que notre génération va changer »
Qui changera cela, ceux qui sont en attente eux aussi d’un pantouflage doré, chez Goldman Sachs totalement insensible aux rodomontades feutrées du reste de l’intelligentsia européenne ?
Est-il question d’une commission de déontologie européenne qui surveillerait et validerait ces reconversions incestueuses ? Ce silence général révèle la crainte de l’Europe devant cette finance qui verrouille les états européens surendettés.
- Que pense-t-il de la laïcité ?
Si l’on en juge par son intervention à l’assemblée Nationale (https://www.youtube.com/watch?v=zSdn5vKthIc) à propos des jours fériés qui pourront être attribués en fonction des religions dans les territoires ultramarins, un éclairage un peu plus engagé serait utile.
On peut se demander pourquoi il a soutenu cette mesure à caractère communautaire et si son intention est de l’étendre en métropole ? (http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-etat-loi-macron-redistribue-les-187085). La question mériterait de lui être posée.
L’Europe défendue par Emanuel Macron, n’aborde pas les difficultés du multiculturalisme considéré comme un échec par l’Allemagne, la France, le Royaume Uni et le Conseil de l’Europe (http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-multiculturalisme-est-il-une-187579).
L’Europe devenue nébuleuse et suspecte s’éloigne toujours plus du concept chimérique de Solon, l’isonomie, que chacun pourrait pourtant légitimement attendre. Si le renouvellement des élites est une saine nécessité, la démocratie ne pourra pas s’en contenter.
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