Je n’ai pas fais d’études me disait souvent ma mère (, c’est pour ça que toi, il faut que tu t’en sortes, même si tu n’aimes que dessiner, il faut avoir le bac et faire des études, pour travailler. Oui mais chère maman ça ce n’était valable que dans les années 1970, depuis le monde a bien changé, avant on avait la garantie d’être cadre avec un bac plus 3, aujourd’hui avec un bac plus 5 on se trouve être le subalterne d’un gros bof qui ne sait même pas comment utiliser PowerPoint.
Je fais partie de ce qu’on appelle les diplômés précaires, c’est à dire ces personnes qui font des études souvent longues et qui se retrouvent sans travail s’ils ne passent pas un concours, Ses diplômés précaires se retrouvent sans travail car on leur a dit que faire des études permettrait de trouver un bon job, mais en 10 ans le monde a changé. Les bacs plus 2 Vente se retrouvent être étalagistes dans les supermarchés de l’île ou vendeurs dans les boutiques de téléphonies, alors qu’ils devraient être managers,. Les doctorants occupent des postes jadis réservés au bac plus 3, pour être technicien de surface il faut avoir le bac, etc.
Pour revenir à ma mère, cette dernière souffrait de n’avoir pas pu faire d’études, et par conséquent nous as retransmis le virus des études à ma grande sœur et moi , si cette dernière s’est arrêtée à bac plus 4, elle occupe un poste catégorie B aujourd’hui, quand à moi avec un bac plus 5 , je vais de job en job avec pour seule ambition comme tout mes amis martiniquais devenir fonctionnaire, car le privé comme je l’ai écris dans un précédant article c’est de la merde. Et pourtant étant plus une chercheuse qu’une compétitrice acharnée j’ai dû me rendre à l’évidence, pour bien vivre aux Antilles à part la fonction publique et ses 40% qu’on tente vainement de supprimer pour les nouveaux fonctionnaires (je serai la première à faire grève de la faim si on essais de les enlever), il n’y a pas grands choses, à part des exploiteurs profiteurs qui n’ont pas honte d’embaucher des bacs plus 5 pour un salaire de misère.
Si j’avais su plutôt que de me lancer dans des études longues et littéraires (puisqu’on ne nous explique pas qu’avec certains diplômes comme l’art, la sociologie, l’ethnologie, les sciences de l’éducation, etc., il est difficile de trouver un job. Et pourtant chaque année des milliers de jeunes bacheliers se lancent dans des études littéraires, et vont dans des facs comme le Mirail ou Paul Valéry toujours en grève, sans qu’un seul COP de lycées les prévienne qu’à part être professeurs (s’ils arrivent à obtenir le concours) il n’y a pas grand chose pour les littéraires sauf s’ils changent d’orientation à temps. Alors franchement si c’était à refaire, j’aurai fais comptabilité ou un BTS action commerciale, je serai aujourd’hui conseillère financière de ma banque qui veut ma peau et j’aurai comme tout martiniquais qui se respecte mon 4X4 et ma villa à Terreville (je sais ça fait clichés, mais ça m’amuse).
En tout cas il serait temps qu’on arrête de faire croire aux jeunes que faire des études longues servent à quelque chose, beaucoup d’appeler peu d’élus. Si j’ai des enfants je leur conseillerais la voie technique et courte, et de s’engager vers les filières porteuses, malheureusement personnes au lycée Bellevue de Fort-de-France ne m’a parlé des filières porteuses. Si c’était à refaire j’aurai passé un bac STG ou STI. Ma petite sœur de 18 ans qui vient d’avoir son bac à plus de chance de trouver un boulot avec son bac STG qu’avec mon master en Sciences de l’éducation.
Prétentieuse que je suis, je pensais que la Martinique n’attendait que moi, qu’avec tous mes diplômes je trouverai facilement du travail ., Et puis en plus notre « bien aimé » président de Région indépendantiste à ses heures perdues, nous a dit qu’il fallait rentrer au pays car la Martinique a besoin de diplômés martiniquais. Mais la réalité ma vite rattrapée, la Martinique n’a que faire des diplômés, vaut mieux avoir les bras longs et un nom connu pour travailler, c’est la seule et véritable compétence qui compte, avant les diplômes, avant la réflexion et même avant le professionnalisme. Alors jeunes diplômés précaires faites comme moi passer des concours jusqu’à l’obtention de l’un d’entre eux, car c’est la seule ambition que l’on peut avoir en France aujourd’hui.