Qui a la pétoche ?
"Un financier, ça n'a jamais de remords. Même pas de regrets. Tout simplement la pétoche", a écrit Michel Audiard.
La pétoche ! Voilà un mot savoureux, qui nous fait entrer dans l'univers du vocabulaire familier : formé sur le verbe péter, il fait intervenir un suffixe lui-même très populaire, le suffixe -oche que l'on trouve aussi dans de nombreux autres noms cinoche, fastoche, brioche, taloche, pioche...
Avec ce mot, on entrevoit toute la richesse et la diversité de notre langue : plusieurs termes peuvent exprimer l'idée de peur : "la frousse, la trouille" dans le registre familier, "l'angoisse, la terreur, l'effroi, la panique, l'inquiétude" dans le langage courant, "les affres, les transes", deux mots qui appartiennent à un niveau de langue soutenu.
Les mots sont souvent expressifs et peuvent traduire différents degrés dans la peur : en tout cas, le nom "pétoche" est particulièrement familier, à la fois par son radical et par son suffixe.
Quelques auteurs font, ainsi, appel à un langage populaire, c'est le cas de Rabelais, de Zola, de Louis Ferdinand Céline : ces écrivains restituent une langue haute en couleurs, recourant parfois, à l'argot si expressif.
Céline est, sans conteste, le maître du parler populaire : il sait manier un style incorrect, spontané, passionné.
C'est une façon de faire parler le peuple, de le faire entrer en littérature : la langue du peuple mérite d'être écoutée. Pleine de verdeur, de saveur, elle possède des atouts : sonorités éclatantes, suffixes familiers, expressivité.
On a tendance à oublier tout ce vocabulaire familer qui fait la richesse de notre langue, on a tendance à n'employer que peu de mots pour exprimer la peur, mais il faut retrouver tous ces termes variés qui font la richesse de notre langue.
Le plus souvent, on parle de peur, d'inquiétude, d'angoisse mais il serait bon de remettre à l'honneur la pétoche, la frousse, les transes, les affres !
Ce dernier mot probablement de la même famille que l'adjectif "affreux" désigne une horreur, une épouvante...
Le nom "transe" évoque une peur intense, c'est un dérivé du verbe latin "transire", "aller dans l'au-delà", donc "mourir", ce terme est associé, dès les origines, aux souffrances de l'agonie.
Le mot "pétoche", quant à lui est plus trivial mais plein d'expressivité !
Le mot "pétoche" nous fait entrevoir toute la richesse du vocabulaire populaire !
On peut, toutefois, se demander si les financiers actuels ont encore la pétoche : ils détiennent tous les pouvoirs, ils dirigent le monde et ne semblent guère s'inquiéter des misères et des régressions subies par les pauvres... Connaissent-ils la pétoche, les transes, les affres ? On peut en douter, au vu de leur morgue et de leur assurance.
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/article-qui-a-la-petoche-122707772.html
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