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Accueil du site > Tribune Libre > Qui crèvera le premier, mon basilic ou l’UMP ?

Qui crèvera le premier, mon basilic ou l’UMP ?

 C’est bientôt les fêtes et l’on va causer gastronomie dans les chaumières. L’occasion de prendre quelques distances avec la mécanique quantique pour parler botanique. Qui n’aime pas le basilic n’est pas niçois. Je fais mienne cette devise. Le basilic est en effet une plante aromatique très prisée dans la région azurée et qui se retrouve comme ingrédient indispensable dans la salade de tomate qu’on se doit d’agrémenter avec les olives niçoises et quelques anchois. En Italie, c’est l’un des ingrédients fondamentaux du pesto, fameuse sauce dont la recette est publique, contrairement à la formule du Coca Cola aussi bien gardée que le code atomique. Le basilic est une plante annuelle, ce qui signifie qu’elle ne passe pas l’hiver, excepté sous forme de graine. Il faut le replanter au printemps. C’est en ce sens que l’UMP pourrait être comparé au basilic vu qu’il ne passera peut-être pas l’hiver. Pourtant, l’UMP est un parti qu’on croyait être vivace mais qui récemment, semble être devenu un « parti annuel » dont se demande s’il résistera au froid jeté par le duel entre Fillon et Copé. Le froid, c’est d’ailleurs ce qui empêche le basilic de passer l’hiver dans les jardins. Cela dit, s’il est possible de transformer un parti vivace en un parti annuel qui ne passe pas l’hiver, peut-on transformer un basilic en plante vivace ? C’est l’expérience que je vais tenter.

Cet été, j’ai acheté quelques plants de basilic. Une fois séparés, je les ai plantés dans un grand bac si bien que six ont résisté tout l’été et le début de l’automne. Mais quand la bise fut venue, avec des nuits fraîches à 10 degrés, mes plants de basilic ont affiché une triste mine, les feuilles se ramollissant pour se faner. Il était en train de crever. J’ai donc rentré le bac et mon basilic s’est retrouvé dans la cuisine, arrosé par ses cinq heures de soleil quotidien et d’eau par mes soins. J’ai pu ainsi prolonger la vie de cette plante aromatique dont je fais un bon usage dans quelques préparations culinaires. Il y a une quinzaine, je l’ai carrément ratiboisé pour l’incorporer dans une sauce tomate avant qu’il ne périsse. Un conseil d’utilisation. Le basilic perd son arôme dès qu’on le chauffe. Il est plus sensible que le persil. Si vous voulez l’incorporer dans des moules au vin blanc, il faut le mettre quand la marmite est presque tiède, contrairement au persil qui se rajoute une fois les moules cuites, avec le vin blanc. Sinon, on peut utiliser le basilic dans la soupe de tomate froide, ou alors pour accompagner du fromage de chèvre auquel on ajoute un peu d’huile d’olive et un zeste de poivre. Et je vais y songer, puisque mon basilic semble ragaillardi et ne donne pas l’impression de faiblir. Bien au contraire. Les tiges ont grandi et se sont rigidifiées, atteignant plus de 5 mm de diamètre, alors que de grandes feuilles ont réapparu, se tenant fièrement exposées face au jour.

Je me demande alors s’il serait possible que cette plante considérée comme annuelle puisse passer l’hiver au chaud pour être replacée sur mon balcon d’ici six mois. Si cela marche, alors j’aurai transformé mon basilic en une plante vivace. Il faut en effet qu’une plante dure au moins deux ans pour être considérée comme vivace. Le plus souvent, ces plantes durent bien plus longtemps, épargnées par la rigueur des hivers. Comme l’hibiscus, qui en fait est plus un arbuste qu’une plante. Sinon le dipladénia qui fleurit nos balcons est une plante vivace et même de la catégorie remontante, faisant des fleurs pratiquement la moitié de l’année. Mais il faut le rentrer dès qu’il gèle. Ce qui n’est pas le cas du camélia qui bien que vivace, vous donne une belle floraison pendant un mois fin janvier et après vous n’avez qu’un amas feuillu sans grand intérêt ou du moins guère plus qu’un vulgaire ficus d’appartement ou alors un ordinaire basilic qui, faut-il le préciser, n’est pas une plante ornementale et d’ailleurs, il est même conseillé lors de la floraison de couper les petites fleurs blanches pour augmenter la pousse des feuilles.

Ces fleurs, ce devrait être le test pour vérifier si mon basilic est devenu une plante vivace lors de l’été prochain. Il faut du temps mais personne n’a dit que la science devait se faire rapidement. Il y en a même qui ont poiroté des années, rampant sous terre dans un tunnel, pour voir apparaître un boson. C’est de la big science, qui a coûté des milliards d’euros. Alors que mon expérience n’a allégé mon portefeuille que de trois euros. Mais est-ce raisonnable que de penser qu’un basilic puisse devenir vivace ? Les données sur cette plante attestent d’une origine sud-asiatique alors qu’elle fut importée il y a quelques millénaires en Egypte. Dans ces contrées, aussi curieux que cela puisse paraître, le basilic est considéré comme une plante vivace. On peut alors penser qu’elle est devenue annuelle en s’adaptant progressivement dans les contrées méditerranéennes. Tout dépend alors du génome. Si celui-ci a gardé la mémoire de plusieurs millénaires et qu’il est assez plastique pour être retrouvé tel un palimpseste génétique se révélant dans ma cuisine, alors, la partie peut-être gagnée.

Ce qui n’est pas le cas de l’UMP qui pour l’instant est mal barré. La seule solution qu’il ont trouvé, c’est de repiquer la plante dans un vieux pot afin qu’elle puisse s’enraciner à nouveau. Ce vieux pote c’est Alain Juppé mais il n’est pas sûr que l’intéressé soit passionné pour faire fructifier le parti, d’autant plus qu’il n’est pas certain d’en recueillir les fruits. Justement, Alain, un ami facétieux, vient de me glisser en mail cette fable de la Fontaine qu’on pourrait conseiller à notre maire de Bordeaux. Je ne peux m’empêcher de la livrer aux lecteurs. En souhaitant une bonne chance à Alain Juppé et en lui conseillant de parfaire ses notions d’horticulture, la toute récente statue plantée place Pey-Berland ayant été diversement appréciée par les Bordelais. Dans quelques mois, nous aurons les résultats de cette expérience et saurons qui est plus solide en hiver, des pieds de basilic ou l’UMP.

 

L'huître et les plaideurs, de Jean de la Fontaine

Un jour deux pèlerins sur le sable rencontrent
Une huître, que le flot y venait d'apporter :
Ils l'avalent des yeux, du doigt ils se la montrent ;
A l'égard de la dent il fallut contester.
L'un se baissait déjà pour amasser la proie ;
L'autre le pousse, et dit : " Il est bon de savoir
Qui de nous en aura la joie.
Celui qui le premier a pu l'apercevoir
En sera le gobeur ! l'autre le verra faire.
- Si par là l'on juge l'affaire,
Reprit son compagnon, j'ai l'oeil bon, Dieu merci.
- Je ne l'ai pas mauvais aussi,
Dit l'autre ; et je l'ai vue avant vous, sur ma vie.
Eh bien ! vous l'avez vue ; et moi je l'ai sentie. "
Pendant tout ce bel incident,
Perrin Dandin arrive : ils le prennent pour juge.
Perrin, fort gravement, ouvre l'huître, et la gruge,
Nos deux messieurs le regardant.
Ce repas fait, il dit d'un ton de président :
Tenez, la cour vous donne à chacun une écaille
Sans dépens, et qu'en paix chacun chez soi s'en aille. "

Mettez ce qu'il en coûte à plaider aujourd'hui ;
Comptez ce qu'il en reste à beaucoup de familles,
Vous verrez que Perrin tire l'argent à lui,
Et ne laisse aux plaideurs que le sac et les quilles.


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4 réactions à cet article    


  • Furax Furax 24 novembre 2012 13:24

    Décidément, monsieur Dugué, vous êtes un « honnête homme ».
    Des spéculations métaphysiques à la gastronomie, du génome à l’avenir de l’UMP, rien de ce qui est humain ne vous est étranger.
    Bravo.


    • ddacoudre ddacoudre 24 novembre 2012 14:43

      bonjour dugué

      excellant, pour le basilic il faudra persévérer, j’ai eu essayé en vain.

      l’UMP tiendra encore, regarde le PS à retardé son implosion qui viendra après 2017.
      il y a une recomposition politique en marche.http://ddacoudre.over-blog.com/article-l-impasse-du-pouvoir-2-112750206.html cordialement.


      • Emmanuel Aguéra Emmanuel Aguéra 24 novembre 2012 17:59

        C’est bientôt l’hiver. A en juger par la santé du balico, si la photo a été prise récemment, l’UMP est mal barrée.


        • vivabolivar 24 novembre 2012 18:51

          Génial pour le titre et la suite

          Le basilic peut durer à l’intérieur s’il fait trop froid, sur la côte on arrive à le faire durer longtemps , avec les coquilles St Jacques c’est pas mal non plus
          Pour l’UMP , le nom disparaîtra mais le sinistre Copé risque de survivre ce que la presse ne souligne pas assez , le Fillon étant dans les has been à mon avis 

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