Qui réussira à vendre l’idée de « Simone Veil au Panthéon » aux sceptiques que nous sommes ?
Ministre de la santé en 1974 dans le gouvernement de Jacques Chirac (sous la présidence de Valérie Giscard d'Estaing), Simone Veil décède à son domicile parisien de la place Vauban le 30 juin 2017, à quelques jours de son 90e anniversaire et c'est la presse qui perd pied : en effet, on ne compte plus les Unes toutes plus idiotes les unes que les autres. Jugez-en vous-mêmes :
- Simone Veil : icône pour la lutte des droits des femmes
- Simone Veil a traversé l'histoire et elle a fait l'histoire
- Simone Veil, une femme debout
- Simone Veil, une femme française
- Simone Veil, une grande dame en Chanel
- Simone Veil, la vie à bras le corps
- Simone Veil, la disparition d'un mythe
- Simone Veil, une histoire de France... etc... etc... etc...
Vraiment, c'est dans ces moments-là, moments privilégiés, que l'on réalise par qui cette presse de ventriloques hyper-réactive est encadrée. D'où le niveau de l'information - un niveau abyssal -, délivré par cette presse tout au long de l'année.
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Ca y est, c’est fait. Macron, l’homme qui aime nous surprendre et qui n’a peur de rien, capable de prendre des risques auxquels peu d’entre nous se risquerait… Macron l’a annoncé : la ministre de la santé de Giscard d’Estaing ira rejoindre son mari au Panthéon.
A noter le fait que cette décision fait l’unanimité… l’unanimité parmi ceux qui la soutiennent, c’est sûr ! D'autres, perplexes, se taisent ou bien ricanent sous cape et médisent.
S’il est tentant de croire que ceux qui se rangent derrière cette décision le font par conviction - et c’est à ceux-là que ce billet s’adresse - on pourra tout aussi bien penser que d’autres acquiescent avec zèle sans doute parce qu’ils n’imaginent pas qu’ils puissent - dans le sens de… qu’ils soient autorisés sans préjudices pour eux-mêmes et leur carrière professionnelle médias, politique et showbiz ainsi que pour leurs proches - s’y opposer ouvertement : « Comment ça ? Simone Veil au Panthéon, pourquoi faire ? » Et d’autres encore doivent soutenir sans condition ce voyage au panthéon car ces derniers savent trop bien que personne, jamais, ne leur reprochera d’avoir joyeusement soutenu la décision de Macron, ni demain ni dans dix mille ans. Et par les temps qui courent à toute vitesse, c’est sacrément utile d’être irréprochable sur certains sujets en particulier.
Face à cette unanimité multifactorielle, unanimité tous azimuts, qu’il nous soit permis, à nous qui n’avons rien à gagner ni rien à perdre, à nous qui sommes libres comme l’air, de douter du bien-fondé de cette décision : Simone Veil au Panthéon. Il est vrai que nous ne risquons rien en rendant public ce doute d’autant plus qu’aucun tribunal, même pas celui de l’Histoire, ne pourra nous condamner pour l’avoir fait.
Aussi, selon le grand principe suivant (base du droit pénal) « Tout ce qui n’est pas interdit est permis » en accord avec le libre arbitre et la libre conscience de chacun, et puis surtout, parce que notre belle et grande démocratie d’opinions médiatique et politique éprise de controverses et de débats francs et honnêtes n’aime rien tant que les remises en cause dérangeantes, tolérante qu’elle est, tellement tolérante cette démocratie ! et plus particulièrement avec ceux qui refusent le prêt-à-dire-oui, le prêt-à-ne-pas-penser car, lucide et avisée, notre démocratie a compris ceci : toute remise en cause est salutaire ; de ce questionnement naît la pensée, une pensée digne de ce nom ; à savoir : une pensée capable de démasquer les tenants d’une dictature molle avec les faibles et impitoyable avec ceux seraient tentés, justement, de lui arracher son masque de carnaval et de tartuffe à cette dictature à la fois molle et impitoyable.
N’est-ce pas ?
Gardons à l’esprit toutefois que l’on ne persécute jamais le mensonge ; en revanche, on ne compte plus ceux qui y ont laissé leur carrière et leur vie pour avoir dit et parfois même, hurlé la vérité.
Qu’à cela ne tienne !
Pour toutes ces raisons, passons en revue les faits qui nous sont rappelés – faits qui justifieraient la présence panthéonesque (à ne pas confondre avec « pantalonnade ») de Madame Veil ; rappels destinés sans doute aux « défaillants de la mémoire » et puis aux autres : les ignorants et à ceux qu’étaient pas nés :
Alors oui, il y a eu la loi sur l’avortement quand la grande bourgeoisie, giscardienne de surcroît, se piquait de féminisme. Mais cette loi, c’est le parlement qu’il l’a votée à la majorité ( toute la gauche, le centre et une partie de la droite) et non Simone Veil ! Certes, il y a eu quelques éclats de voix, des cris, des insultes aussi, mais tout est rentré dans l’ordre rapidement ; en revanche, notre ministre de la santé et le gouvernement auquel elle appartenait, ont soigneusement oublié, tête en l’air qu’ils sont, de mettre l’argent sur la table afin que les hôpitaux, tous les hôpitaux, puissent répondre à la demande ; aujourd’hui encore, l’avortement est sous-financé.
Rappelons aussi l’absence de mobilisation de ceux qui s’opposaient farouchement à cette loi ; que l’on ne nous raconte donc pas d’histoire : si mobilisation il y a eue… ce sursaut anti-avortement n’avait rien de comparable aux millions de contestataires qui ont occupé les rues contre « Le mariage pour tous » - projet de loi instrumentalisé ad nauseam par le parti de l’instrumentalisation par excellence - diversion, diversion quand tu nous tiens ! - le plus souvent au détriment des droits des salariés : le PS.
Là encore, à propos de cette loi sur l’avortement, si quelques-uns ont donné de la voix, il n’était pas des millions. Loin s’en faut.
Avec cet épisode politique des années 70 et la place qu’y occupe la ministre de la santé d’alors, Simone Veil, il semblerait que l’on nous fasse le coup de l’abolition de la peine de mort conduite par Robert Badinter en 1981 à l’arrivée des troupes de Mitterrand. Là encore, personne n’a occupé la rue pour s’opposer à cette abolition ; rien de comparable cette contestation, là encore, sous Mitterrand, à la mobilisation du mouvement de l’Ecole libre contre la loi Savary et la menace qu’aurait fait peser sur l’enseignement confessionnellement privé » la réforme de son financement et de son contrat avec l’Etat.
Pour revenir à cette abolition, précisons que personne n’a exigé que soit maintenue cette peine de mort qui ne concernait plus que quelques têtes, ici et là, tous les dix ans. Graciés le plus souvent qu’ils étaient tous ces infortunés ! Car, très vite, il s’est avéré que la peine de mort n’était qu’un sujet de discussion du café du commerce vite épuisé, après deux ou trois bières et deux rots.
A cette occasion, Badinter, avec la complicité des réseaux PS et le soutien des médias, s’est forgé du jour au lendemain une réputation d’homme politique courageux et téméraire à moindre frais, sans coup férir pour ainsi dire même si ce dernier ne pouvait pourtant pas ignorer ceci : à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
N'empêche ! Badinter au Panthéon, prochainement ? Ante mortem tellement il y aurait urgence !
(Dites ! laissez-lui le temps de mourir quand même !)
Toujours à propos de Simone Veil et l'idée de sa panthéonisation, les Européistes, inconditionnellement serviles, intégristes et autres culs-bénis de l’U.E aux carrières lucratives particulièrement ascensionnelles en comparaison avec leurs compétences et talents, nous rappellent qu’elle a été une grande, une très grande européenne.
Quand on sait ce qu’est devenue cette Europe sous Giscard, Mitterrand et leurs successeurs – à savoir, un trou noir pour les salariés et les patriotes amoureux de leur pays ; un pays dépecé à chaque directive de la Commission qu’un Parlement sans courage, sans volonté ne contrôle plus - chômage, baisse du pouvoir d’achat, souveraineté vendue contre un plat de lentilles pour les uns – nous tous ! - et des carrières mirobolantes pour les autres ; finalement, une Europe instrument d’un mondialisme sans honneur ni justice.
Le Panthéon pour Simone Veil, vraiment ?
Tous persistent et re-signeraient si besoin était.
Alors bien sûr, il y a eu Auschwitz : là, on est dans le dur, dans le viagra. No joke ! On sort l’artillerie lourde : la grosse Bertha ! Une tonne qu’elle pèse… non … mille tonnes… en millions ! De quoi être inquiets tout de même car là, ça sent le coup fourré et la possibilité d'un chantage redoutable ; un chantage à ciel ouvert, décapotable et cabriolé : chantage à l'antisémitisme et... et... chantage au négationnisme, carrément ! sans passer par la case "révisionniste" qui plus est.
Là, je meurs. Que dis-je : là, nous mourons tous, six pieds sous terre sans rémission.
Mais, rassurez-nous vite alors ! A Auschwitz, Madame Simone Veil y est allée contrainte et forcée ? C’est bien ça ? On ne se trompe pas ? A aucun moment il n’a été question pour elle d’y aller… disons par solidarité envers ceux qui ne pouvaient pas ne pas y aller… ou bien encore, parce que cela lui aurait échappé qu’il aurait été encore possible pour elle et d'autres, de se soustraire à l’injonction, non pas « Auschwitz ou la mort » mais bien plutôt : « Auschwitz et la mort ! » - d’une pierre deux coups…
(Que voulez-vous ; c’est encore et c’est toujours cette satanée efficacité allemande qui jamais ne fait faux bon !)
Alors : c’est bien ça ? Oui ? Non ?
Et pour finir, et sans honte, tellement l'impunité leur est garantie à tous, les partisans du Panthéon pour Simone Veil nous rappellent que cette dernière a été toute sa vie durant un soutien indéfectible à un état étranger qui répond du nom d’Israël : non contents d'avoir été une Grande féministe, une Grande européenne, une Grande déportée (y en avait-il des petits ?), ses supporters croient nous convaincre de la nécessité de sa retraite au Panthéon sous prétexte qu'elle aurait été une Grande israélienne.
Là, les choses se gâtent sérieusement car enfin, un tel soutien mérite-t-il le Panthéon ? La réponse est d’une telle évidence depuis 1967 ! Il suffit de penser aux multiples résolutions de l’ONU et plus important encore : à la remise en cause dans le traitement des êtres humains de toute notion de droit, de justice et d’une morale humaniste par un régime et une politique dont il n’y a plus rien à sauver.
Toujours sur le même sujet, on pourra à loisir voir et revoir les images d'une Simone Veil somnolente, piquant du nez, le nez dans son assiette, chaque année, au dîner du CRIF, cette autre officine israélienne vindicative et insultante, pendant qu'à la tribune, ses dignitaires continuent de trainer la France dans la boue de l'antisémitisme, tout en sommant sa classe politique jusqu'au sommet de l'Etat, de se plier avant de rompre et de se soumettre aux desiderata israéliens : une humiliation dans le déshonneur d'une lâcheté sans nom car personne ne lèvera le petit doigt pour dénoncer ce hold-up de voyous : surtout pas Simone Veil.
Disons les choses : ce soutien au CRIF et à Israël ne mérite rien, d’autant plus qu’il ne s’est jamais accompagné d’un mot, d’un seul, en faveur d’un peuple spolié, humilié, volé, martyrisé, maintenant vaincu, à genoux, silencieux qui répond du nom de Peuple palestinien.
Alors… toujours partisans d’une Simone Veil au Panthéon et qui plus est, après Voltaire, Rousseau, Jaurès, Marie Curie, Zola, Hugo, Jaurès, Jean Zay, Geneviève de Gaulle, Jean Moulin... ? Faits d’armes, de science, de philosophie, de littérature, de politique et autres exploits…
La question demeure et le "pour quoi" aussi.
Après un "Aux grands hommes la patrie reconnaissante" inscrit sur le fronton de l'édifice Panthéon, d’aucuns pourraient arguer en faveur d’une sorte de « démocratisation » du droit d’entrée au Panthéon. Après Simone Veil, les caissières de chez Auchan ou de chez Casino - « Aux salariés payés au lance-pierres, la Grande distribution reconnaissance » -…ou bien les salariés licenciés à cinquante ans, condamnés à l’oisiveté et à la pauvreté ; merci la robotisation, les délocalisations et le mondialisme : « aux salariés sacrifiés, le grand Capital reconnaissant » …
Oui, non ?
Reste alors, le fait du Prince ; un prince président enclin à penser par opportunisme politique qu’il aurait tout à gagner en autorisant un tel ou une telle à franchir le seuil de cette église maintenant républicaine et laïque (un nouveau concept) - « Aux hommes et femmes d’influence le Président et ses chances de ré-élection reconnaissants » ; puis, plus tard, une maîtresse, un beau-frère, une belle-sœur…
Oui ? Non ? Comment ça ? Vous hésitez encore ?
Mais alors : vendez-nous l’idée de Simone Veil au Panthéon !
Des arguments que diable !
Si ! Si ! Vendez-nous l’idée de Simone Veil au Panthéon !!
Tenez ! Dites-nous que ça ne nous coûtera pas un sou et que les frais seront pris en charge par la famille de la défunte…
Vendez-nous l’idée de Simone Veil au Panthéon !!!
Les caractéristiques, les avantages… à court, moyen et pourquoi pas, longs, très longs termes !
Allez ! Vendez-nous l’idée de Simone Veil au Panthéon !!!!
Dites-nous, que nous tous dormirons mieux avec Simone Veil reposant au Panthéon plutôt qu’ailleurs ! Parce que le sommeil c’est pas rien non plus ! Et que Simone Veil au Panthéon c'est bon pour notre santé à tous !
Mais dites quelque chose, de grâce ! Car c’est maintenant ou jamais ! Nous sommes tout ouïe ! Parlez !
Vendez-nous l’idée de Simone Veil au Panthéon !!!!!
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Et c'est alors que...
Veil pour Weil, au prénom identique, ayons une pensée émue et affectueuse pour Simone Weil, ce double V doublement méritant.
Agrégée de philosophie en 1931 à l’âge de 22 ans, Simone Weil aura tout sacrifié (santé, confort matériel, palmes et carrière académiques) à la vérité de l’existence et à son destin auquel elle n’aura pas cherché à échapper, s’y livrant tout entière. Ce petit bout de femme têtue et courageuse, décédée à Londres de la tuberculose après son départ de France au moment de l’arrivée des troupes allemandes, aura partagé le sort des ouvriers agricoles et celui des ouvriers de l’industrie automobile, chez Renault, comme fraiseuse, car à ses yeux : « Contempler le social, constitue une purification aussi efficace que se retirer du monde ».
Elève d’Alain, admiratrice de Platon, de conviction révolutionnaire, très vite elle milita dans les rangs de l’extrême gauche. Elle a couru la révolution aussi longtemps que ses forces physiques le lui permettaient… en Espagne ; antistalinienne, en Russie.
Issue d’un milieu cultivé, elle condamnait une culture ignorante de l’univers et du sacré sources de toute morale universelle. Très tôt, elle a considéré le « déracinement » des Peuples comme une calamité, la plus grave maladie morale d’un siècle de l’argent et de la marchandise, car ce déracinement abolit les devoirs de l’homme envers l’homme, encourageant une liberté sans spiritualité, une liberté vide et abstraite.
Agnostique, elle éprouvera ce qu’il est convenu d’appeler « la présence du Christ », à la fin des années 30. Les évangiles deviendront alors son livre de chevet. Profondeur rare d’une vie spirituelle intense, Pascal, Saint Jean de la Croix, sainte Thérèse de Lisieux succèderont à Platon.
Toute son œuvre sert la prédiction suivante : le siècle qui est le nôtre sera non pas religieux mais… notre siècle sera celui de l’enracinement et de la spiritualité ou bien… il ne sera qu’un nouvel enfer sans purgatoire pour le plus grand nombre, et pas seulement pour les plus faibles d’entre nous.
Alors oui ! Cette Simone-là, cette Simone W... Weil-là... au Panthéon ? Mais oui ! Mille fois oui !
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