Qui sème le vent, récolte la tempête : le navire occidental à la dérive
Les incidents récents, les rébellions populaires quasi-spontanées, tels que la marche pour la liberté au Canada, le mouvement des gilets jaunes en France, les mouvements anti-passes sanitaires et anti-vaccinations, ainsi que la prolifération de sectes anti et pro-complotistes et la grave perte de confiance et de crédibilité de la plupart de nos concitoyens vis-à-vis des élites et des décideurs économiques et politiques mettent en évidence, un malaise profond et destructeur qui affecte et mine nos sociétés occidentales. Pourquoi et comment redresser la barre d'un navire occidental, désormais, à la dérive ?
A force de traiter l'individu comme un Dieu et de privilégier ses droits au nom d'une idéologie capitaliste libérale et mondialiste,
à force d'expliquer que le secteur privé est la solution et le secteur public est le problème,
à force de céder aux revendications de tous les groupes quels qu'ils soient et de les laisser, en toute impunité, prendre le pays en otage , contrôler librement la rue, paralyser la vie sociale et les transports publics, voire détruire les infrastructures et les biens publics ou privés,
à force d’élire des politiciens devenus d’excellents menteurs, acteurs et comédiens, obsédés par leur popularité, leur image et par les sondages d'opinion, mais incapables de prendre leurs responsabilités, d’agir et de décider,
à force d'expliquer ou de laisser croire que le budget de l'Etat peut tout couvrir et tout payer, y compris de soulager la misère du monde,
à force de prendre en charge des centaine de milliers d'immigrés supplémentaires peu qualifiés, accroissant dans nos pays développés une pauvreté déjà préoccupante et important avec eux de graves problèmes sociaux et sociétaux, au moment même où la robotisation des postes industriels de base et des activités de services simples détruit et fait disparaître rapidement les emplois d'exécution qu'ils auraient pu utilement occuper,
à force de tolérer la dictature des multinationales et de leur assurer une totale impunité et liberté sur le plan fiscal, de l'emploi, du paiement des dividendes et de la délocalisation,
à force d'accepter que la fonction sociale de l'entreprise disparaisse presque totalement et soit remplacée par la satisfaction privilégiée de la rentabilité, uniquement mesurée à l'aune des intérêts des actionnaires, l'emploi devenant une simple variable d'ajustement des coûts,
à force de s'incliner devant le contrôle et le pouvoir illégitimes de quelques dizaines de multimilliardaires qui mettent le monde en coupe réglée et décident de tout en sous-main, grâce à leur capacité de corrompre et de placer partout leurs hommes de paille et leurs mercenaires, omniprésents au sein de la politique, de l'administration, des médias , des grandes banques et des entreprises,
à force de prendre nos désirs légitimes, de fraternité, d'égalité et de générosité comme des évidences allant de soi, alors que le modèle capitaliste en vigueur dans la quasi-totalité du monde est totalement contraire et incompatible avec ces nobles idées ( voir les inégalités de richesse qui ne font que s'accroître et l'échec patent de la théorie du ruissellement ) ,
à force de vouloir imposer à tout prix nos valeurs démocratiques, à marche accélérée et souvent par la force ( cf. par exemple, en ex-Yougoslavie ou en Ukraine ), en prônant le vivre ensemble dans le respect mutuel à des peuples qui se haïssent, en niant, contre toute évidence, la triste réalité de la canaillerie humaine ,l'homme étant un prédateur dangereux à l'état naturel, n'en déplaise aux grands gourous de la philosophie et de la sociologie à la mode,
à force de prétendre qu’ une société mondiale, apaisée et tolérante peut être instaurée partout en quelques années, là où des milliers d'années d'évolution n'ont visiblement pas réussi à adoucir les instincts sauvages, la cruauté primaire et l’ intolérance de l’espèce humaine ni à calmer sa soif irrépressible de domination, alors qu’il serait nécessaire et plus sage d’avancer calmement et de patienter encore quelques dizaines d’années voire quelques siècles pour atteindre le but recherché,
le dérapage inévitable de nos sociétés occidentales continue de se produire et de s'aggraver.
Il n' y a plus que très peu de cohésion nationale (et encore moins internationale), et plus aucun sentiment fort de solidarité n'existe entre nos concitoyens.
II n' y a plus qu' une seule légitimité qui règne :
l' intérêt particulier, égoïste et familial de chacun et, au gré des circonstances, les intérêts convergents d'un groupe de croyance, d'une catégorie professionnelle ou d'une communauté de valeurs, de problèmes ou de mode de vie.
La société occidentale se délite ainsi lentement mais sûrement, l'Etat n'étant plus capable et n'ayant plus la volonté d'arbitrer ni d'assurer la primauté de l'intérêt collectif sur l'addition incompatible et anarchique d' intérêts particuliers, le plus souvent contradictoires et divergents.
Ce n'est certes pas un phénomène nouveau, mais selon un schéma classique - accéléré par les dérives idéologiques du grand capitalisme financier et mondialisé - le déroulement inexorable devant nos yeux , de la décadence d'une civilisation et de la mort lente d'un modèle de société miné, comme d'habitude, essentiellement de l'intérieur, et, accessoirement, de l'extérieur.
Sans mise au point d'un nouveau modèle, profondément remodelé, de capitalisme social, mettant sur un pied d'égalité les intérêts des actionnaires, des propriétaires, des dirigeants et des employés de l'entreprise,
sans une régulation internationale ferme des entreprises économiques internationales, géantes et apatrides,
sans une mise au pas et un contrôle suffisant de leurs dirigeants et des multimilliardaires qui se prennent de plus en plus pour les seuls vrais meneurs et décideurs aptes et légitimes, pour dessiner et imposer un destin commun à l'humanité,
sans une renaissance de l'Etat et des pouvoirs publics exerçant de façon effective, leurs pouvoirs régaliens et assurant efficacement les fonctions d’éducation, de régulation économique et de surveillance de la cohésion sociale et de prise en charge des plus faibles, c'est-à-dire, sans une reprise en mains de l'ensemble des tâches qui constituent l'essentiel de la mission d’un Etat au service de la collectivité de l'ensemble des citoyens, réunis au sein d'entités nationales ou fédérales, homogènes et partageant un même corpus de valeurs,
sans oeuvrer au rétablissement des liens et au respect des valeurs qui nous unissent ,
sans une vraie simplification, drastique et rapide, du fatras juridique et normatif et de la jungle juridique et réglementaire qui étranglent nos sociétés,
sans une remise au premier plan des notions d’autonomie et de liberté de décision couplées à celles de responsabilité individuelle et collective,
notre modèle de société occidentale ''démocratique '' est condamné à sombrer et à disparaître au cours des deux ou trois prochaines décennies.
Il est temps de se ressaisir.
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