3. Qui sont les trafiquants : Le syndrome DeLorean

Depuis, et plus particulièrement après la chute du mur de Berlin, les hommes d’affaires qui ont été mêles à des scandales mêlant toute une série d’activités (Agroalimentaire, infrastructures portuaires, industrie pétrolière, transports, immobilier, etc.) et le trafic de drogues sont innombrables.
Les américains Marc Ritch (amnistié par Clinton sous l’excuse officieuse qu’il était un correspondant honorable du Mossad), Oscar Wyatt (nourriture contre pétrole et détournement de l’embargo sud-africain), les russes Mogilevitch, Fisherman et le fameux Bout (armes, pétrole, etc. ), le président bolivien putschiste Hugo Banzer, Vladimir Montessinos, « conseiller » chargé de la sécurité du président du Pérou Fugimori, R. Spandaro roi des casinos et ancien de la Mafia (Saint Marin), Deniz Oscan (casinos aux Caraïbes en Chypre du nord et en Azerbaïdjan), et je n’indique que les milliardaires plus importants.
Parallèlement, et tandis que les administrations américaines successives déclarent la continuité du slogan Reaganien de la « guerre à la drogue » la CIA utilise la drogue pour alimenter tous les conflits latino-américains (et pas seulement celui des contras). La drogue distribuée à Los Angeles par exemple (et à laquelle le « San José Mercury News » attribue l’origine du boom du crack entre la population noire) était déposée dans les bases aériennes du Salvador. De là elle était transférée dans des avions de tourisme jusqu’à des aéroports au Texas, avec la protection de la CIA. À la fin de 1981, la structure avait obtenu de faire introduire une tonne de drogue de la contrebande. Blandón, qui reçoit toujours un salaire du gouvernement américain comme agent spécial de la DEA, a admis que entre 1981 et 1988 il introduisait jusqu’à 100 kilos de cocaïne par semaine.
La coïncidence de dates, acteurs et lieux géographiques permettent de suggérer qu’une partie de la drogue manipulée par Blandón, avec l’autorisation de la CIA, fût approvisionnée par les narcotrafiquants boliviens, même après le renversement de García Meza en Bolivie, et de la restauration démocratique en Argentine en 1983.
Les Argentins ont aussi été les pionniers de la structure qui a ensuite été utilisée par le gouvernement de Ronald Reagan, pour canaliser l’aide cachée aux Contras. Les agents du Batallón 601, Raul Guglielminetti, alias une "Mayor Guastavino", Leandro Sánchez Reisse, alias "Lenny", et Jorge Franco, alias "Fiorito", se sont spécialisés dans le blanchiment d’argent des fonds provenant du trafic de drogues. Franco a voyagé dans deux occasions en Amérique Centrale, une d’elles avec son identité réelle.
« Les services de police nord - américains connaissaient parfaitement les relations des hommes politiques latino-américains avec les mafias, mais se sont tus. On peut le constater dans une note de M. John Negroponte, ambassadeur des Etats-Unis au Mexique à l’époque, au secrétaire d’Etat, sur l’enrichissement illicite de certains fonctionnaires « Je ne pense pas que nous devions publiquement mettre à l’épreuve la résolution de Carlos Salinas de Gortari [de lutter contre le narcotrafic]. Il veut améliorer la coopération. Mais il doit le faire de manière à ne pas affecter sa base politique. » Quelle était sa base politique ? Raul Salinas de Gortari (condamné plus tard pour trafic de cocaïne) Francisco et Mario Ruiz Massieu (idem), Luis Donaldo Colosio (idem), le général Gutierrez Rebolledo, principal responsable de la lutte antidrogue, et incarcéré au début de 1997.
La drogue ainsi ne sert pas seulement à financer les conflits ; elle sert comme levier financier pour tous les pays qui jouent le jeu des privatisations : Une étude du FBI intitulée « L’économie politique du commerce des drogues », rédigé par James Moody, chef de la Section Drogues de la Division du Crime organisé, et rendu public au Mexique le 9 mai 1995 indiquait que, depuis, le gouvernement de Salinas a mis en place une série d’incitants pour attirer le capital étranger. Un de ceux-ci - d’après ce document - « est la vente d’entreprises parastatales à des investisseurs privés, des entreprises telles que d’importantes institutions financières, des fabriques et des commerces industriels et des services d’avant-garde ayant une valeur de plusieurs milliards de dollars ». Dans ce programme de privatisation « il y a eu corruption et blanchiment d’argent impliquant d’influents financiers mexicains.... Des entreprises parastatales ont été achetées par des organisations de narcotrafiquants. »
Vingt cinq ans plus tard, les « Cartels » mexicains, après avoir corrompu l’ensemble des institutions de ce pays en toute impunité, deviennent une « menace pour Washington »… Trop tard.
Il en va de même en Asie Centrale, en Russie, au sud-est asiatique (Thaïlande en particulier) et, si on inclut la contrebande pétrolière, la contrefaçon et les pierres précieuses, on peut difficilement faire une cartographie mondiale des affaires qui soit indépendante de l’économie criminelle. A suivre.
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