Qui succéderait à Sarkozy en cas de malheur ?
Sarkozy n’est pas immortel, ni un dieu ni un surhomme, contrairement à cet imaginaire mythique que la société française a construit, comme du reste les autres nations ont élaboré le leur, notamment les States. Sarkozy est en bonne santé. Loin de nous l’idée de lui souhaiter le pire mais le propre d’un événement exceptionnel étant de défier les statistiques, nous pouvons réfléchir à une éventuelle défection du président Sarkozy rendu inapte à la fonction présidentielle en raison de circonstances exceptionnelles. Que se passerait-il ?
Les Américains ont prévu le cas dans leur Constitution. Si le président ne peut plus présider, quelle que soit la cause, le vice-président est désigné pour occuper la fonction suprême de chef de l’Etat et si à nouveau, un cas d’incapacité se présente, le Congrès à la charge de désigner un nouveau président. Ce cas extrême ne s’est jamais produit mais l’histoire récente sait qu’un président a été remplacé par le vice-président à deux reprises. Lors de l’assassinant de Kennedy puis lors de la démission de Nixon. Et France ? Eh bien la Constitution a aussi prévu cette éventualité. La procédure est très différente. Quand un président ne peut plus exercer le pouvoir, qu’il décède ou qu’il démissionne, ou qu’il soit frappé d’incapacité, le président du Sénat assure la fonction de chef de l’Etat pendant un laps de temps très limité, le temps d’organiser de nouvelles élections. Sous la Cinquième République, aucun président n’a été assassiné. Un est décédé en fonction, Pompidou. Un autre a démissionné, De Gaulle. Et s’il arrivait un problème à Sarkozy, qui pour le remplacer ?
Nous voici en pleine séance de politique fiction. Imaginons que des élections présidentielles précipitées se déroulent. Qui serait le plus certain d’occuper la place, après un scrutin précipité dans le contexte actuel ? Ce qui ressemble à un exercice de science politique ne sera pas proposé aux élèves de l’ENA. C’est disons un peu scabreux. Mais comme nous ne sommes pas élèves de l’ENA, rien ne nous interdit de réfléchir à ce cas qui figure sans doute comme un très improbable plan B dans les tiroirs du PS et de l’UMP. Supposons une vacance soudaine du pouvoir. Que vont faire les appareils en premier ? Certes, les Français votent mais ils n’ont pas la liberté de choisir les candidats, sauf au titre de masse statistique. Et c’est sûr, les partis s’empresseraient à se payer quelques sondages sur les préférences des Français. Ce serait du reste indispensable car vu le timing, il serait hors de question de procéder à des primaires. Le timing est accéléré. Pour info, la présidentielle de 1974 ayant conduit Giscard à l’Elysée s’est déroulée cinq semaines après le décès de Pompidou. Pour le Modem, pas besoin de sondage. Bayrou est le candidat naturel. Pas pour espérer gagner ni aller au second tour mais tout simplement parce que c’est dans la logique des choses. Il y aura un candidat FN, sans doute la fille naturelle. Le NPA enverra son fils naturel, Besancenot, Le PC fera sans doute alliance avec le Parti de Mélenchon. Les Verts feront cavalier seul, persuadés qu’ils ont une importance historique et doivent rééditer le coup des européennes. Ils vont au devant de grandes désillusions mais rien ne peut faire reculer un parti revigoré par le Torquemada de la taxe carbone, Dany le fiscaliste vert !
Une fois passées les troupes en revue, il reste le duel entre l’UMP et le PS. Qui au PS ? La question est éminemment embarrassante. DSK étant au FMI il ne peut revenir en ordre de campagne si rapidement. Restent alors Aubry, Valls, Royal et Hollande. Le choix sera cornélien. Il va falloir dépenser pas mal en sondages pour trouver le bon candidat mais ce sera sans doute peine perdue. Car à l’UMP, ils sauront trouver le type pour la situation. MAM ? Sûrement pas. Elle n’est pas prête à exercer la fonction et comme il n’y aura pas de vraie fausse primaire à l’UMP, elle restera comme une pièce de l’échiquier. Une pièce pour un éventuel futur gouvernement. Restent alors les deux jeunes loups, Copé et Bertrand. Trop inexpérimentés aux yeux des Français. Il y a la grippe, la panique climatique, la crise économique, le chômage, les retraites, la Chine et la Kabbale, l’Inde et la théorie du big bang, pleins de problèmes de société très inquiétants et angoissants. Les Français ne pourraient se laisser aller à élire un président sans compétences dans un tel contexte d’incertitude et d’inquiétude. Restent Fillon et Villepin. Les deux ont été premier ministre. Mais Villepin a l’avantage d’avoir été aux affaires étrangères, d’avoir un verbe plus séduisant, et même s’il peut passer pour déplaisant, ce ne peut être pire que le sentiment de sécheresse dégagé par un Fillon qui ne donne pas le signe de vouloir en faire plus. Bref, Villepin devrait être le candidat choisi par l’UMP, même s’il a quelques ennemis sarkozystes qui ne pèseront pas bien lourd car ils sont plus portés par Sarkozy qu’ils ne le portent. Bref, quand les fondations se fragilisent, l’édifice s’écroule. L’histoire a ses forces que la raison, aussi forte soit-elle, semble ignorer. Si Sarkozy quitte précipitamment l’Elysée, son successeur devrait être Villepin à moins que l’histoire ne joue d’une facétie dont elle a les secrets.
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