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Accueil du site > Tribune Libre > Qui veut normaliser la recherche ?

Qui veut normaliser la recherche ?

Avec la mise en œuvre en France des dispositions européennes touchant l'Open Access (mise en ligne de tous les articles des universitaires et des chercheurs, conçus comme propriété des institutions publiques), c'est la totalité des revues relevant des humanités qui risque de disparaître, au profit d'une poussière indistincte de publications sur internet. A terme, les livres également seront touchés. Que chacun comprenne bien que c'est tout l'édifice du savoir qui est ainsi mis en péril par une clique de petits technocrates qui n'ont jamais rien fait d'autre dans leur triste vie que bureaucratiser la recherche, et qui cherchent maintenant à normaliser la pensée.
 
Le plus grave est que tout ceci est fait à travers une rhétorique démocratique. La démocratie ainsi idéologisée, la pensée corsetée et la recherche détruite, il ne restera plus en guise de publications papiers que les petits essais culturels insipides dont le contenu ne consiste qu'en lieux communs et que certains médias font passer pour les grandes œuvres d'aujourd'hui. Personne ne pourra dire qu'il ne savait pas. Il faut donc une mobilisation générale de tous les véritables acteurs de la recherche, de la pensée, de la création en lien avec le monde de l'édition et de la librairie pour remettre en cause le système généralisé de contrôle et de normalisation qui se met en place, d'ores et déjà lié à l'idéologie de l'évaluation.
 
De même que Cités (n°37 "L'idéologie de l'évaluation : la grande imposture") a été à la tête du combat contre les agences d'évaluation (dont nous savons aujourd'hui les désastres qu'elles ont produits sur le plan de l'économie, de la santé, de l'alimentation, de la recherche, etc.), la revue ne restera pas inactive contre le nouvel accès de déraison bureaucratique que l'on veut nous faire prendre pour une grande avancée de la démocratie. Un prochain numéro sera consacré à cette question, sous le titre probable de "Nouveau totalitarisme et idéologie démocratique".
 
C'est précisément aussi cela que nous devons commencer à discuter à la librairie Tropiques (63 rue Raymond Losserand, 75014 Paris) le jeudi 28 février 2013 à partir de 19h.
 

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4 réactions à cet article    


  • jako jako 19 février 2013 14:07

    Un grand merci, je suis très heureux que l’auteur de « repenser la démocratie » vienne écrire ici.


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 19 février 2013 14:35

      Bonjour Monsieur Zarka, Je suis totalement en accord avec votre diatribe contre la bureaucratie dont les méfaits ne se limitent pas à la fac et la recherche

      Néanmoins, je vous conseillerais de regarder aussi dans votre cercles et de jeter un oeil sur le comportement de vos pairs qui eux aussi, semblent oeuvrer dans la normalisation

      Pour info, je vous signale que mon dossier de qualif a été rejeté deux fois par la section 72. Motif invoqué par Gayon ; le dossier ne satisfait pas aux critères académiques J’attends maintenant le verdict de la 17 Si vous voulez en savoir plus, contactez moi, je vous enverrai mon dossier de qualif, histoire que vous puissiez vous faire une idée de vos pairs

      [email protected]


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 24 février 2013 09:24

      Article intéressant même s’il s’agit d’une pub.
      On a ainsi la puce à l’oreille.

      Etant un défenseur acharné de l’édition scientifique en ligne et émergeante, cad, sans reviewers officiels qui sont vraiment les cerbères de la normalisation, j’avoue avoir toujours vu d’un bon oeil l’Open Access

      Que je sache, ce ne sont pas des technocrasses qui l’ont inventé.
      Il y a une longue « militance » chez les universitaires pour en arriver là.
      Que Soros ait poussé à la roue parce qu’il intervenait en Europe de l’Est n’est pas, a priori, de nature à me faire rejeter cette logique très sensée qui veut que ce qui est le produit d’un financement de l’Etat soit offert à la communauté plutôt que capté par des éditeurs privés pour... faire de l’argent.

      Quand je pense au temps que j’ai passé à rechercher tel ou tel article et à constater que mes bibliothèques universitaires ou même nationales n’en disposaient pas car les revues ça coûte affreusement cher, je dois dire que l’Open Access, j’ai trouvé et je trouve toujours ça top.

      Je veux bien changer d’avis, mais j’aurais voulu des arguments.
      La librairie Tropique est bien trop loin, j’espère donc qu’il y a aura un compte-rendu informatif des débats ici-même !

      Pour finir, j’indique que je suis complètement de l’avis de Bernard Dugué. La logique de cooptation par les pairs me paraît une abomination dans son fonctionnement actuel. Pour ce que j’en sais, il n’y a ni règles, ni morale.


      • Dwaabala Dwaabala 24 février 2013 16:33

        B. Gensane dixit :

        Dans l’université sarkozyenne d’hier et hollandienne d’aujourd’hui, valoriser la recherche signifie la vendre, non la mettre en valeur. Lorsqu’un laboratoire de recherche paye un article à l’INIST, le contribuable paye deux fois puisque l’État paye l’État. Ensuite l’État annonce avoir œuvré à la réduction des dépenses publiques puisqu’il a vendu un bien public.

        http://www.legrandsoir.info/le-cnrs-fait-commerce-de-publications-gratuites-de-chercheurs-francais.html

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