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Quidam Lambda chez Papa Noël

- « Pour moi » - dit Quidam Lambda, en entrant dans la boutique – « ce sera du fric. Rien que du fric ! »

Papa Noel soupira dans sa barbe blanche. Encore un autre ! Qu’est-ce qu’on fait quand on a un entrepôt plein de cadeaux, mais qu’on a tous ces n’importe-qui qui disent n’importe quoi et ne demandent que la même camelote qu’ils ont vu dans la pub des banquiers ? Bon, on essaye…

- Du fric, du fric… Moi je veux bien, fiston - dit Papa Noel - j’en ai des trillions de dollars dans mes caisses. Même qu’on annonce une vente pour bientôt. Tu préfères de l’euro ? Je passe un coup de fil à Draghi et on remet ça… Mais pas d’échanges et pas de garantie, hein… !

- Pourquoi vous me regardez comme si j’étais un con, Papa ?

- Parce que les dollars ne se bouffent pas et les euros pas davantage. Tu as gobé la pub des fabricants de monnaie et tu demandes du fric, alors que moi qui en ai vu des Noel, depuis des millénaires, je sais qu’au fond ce que tu veux ce n’est pas du papier, mais de vrais biens et de vrais services… alors je pense que tu vas être déçu.

- Vous me proposez quoi ?

- De la santé, de l’éducation, de la justice, de la culture, de la démocratie, de la sécurité… etc. Il y a plein de bonnes choses qui sont là ! Il suffit de les prendre. Mais attention ! Ca ne s’imprime pas et ça vient en pièces détachées. Alors, il va falloir travailler un peu…

- Travailler ? Je ne demande pas mieux. Mais le chômage …

- On t’a vraiment bourré le crâne de bêtises ! Le travail, c’est l’effort pour mettre des idées ou des choses ensemble pour qu’elles soient comme tu veux qu’elles soient. Si ça prend moins de travail, tant mieux, mais tant que ce que tu veux n’est pas là, dans ta main, il y a du travail à faire. Dire qu’on manque de travail est une colossale absurdité.

- Mais le chômage...

- Le chômage, ce n’est pas manquer de travail, c’est manquer d’emplois. Ca arrive quand tu produis quelque chose et qu’on ne te paye pas assez pour l’acheter. Parce que tu n’as pas d’’argent, tu ne l’auras pas. Celui qui te l’a fait produire ne le vendra pas et cessera d’en produire. Non seulement tu n’auras pas ce que tu voulais, mais tu n’auras pas de travail non plus, car tu n’as pas accès aux outils pour travailler et en produire. Bien bête...

- Ca semble bien bête en effet… Personne n’a pensé a ça ?

- Oh que si ! Mais on se chamaille sur les parts de celui qui travaille et de celui qui fournit les outils. On ne règlera pas la question aujourd’hui… Les gens sont têtus...

- Rien à faire en attendant ?

- En attendant, j’ai un kit ici qui pourrait être assemblé rapidement et qui te ferait plaisir car il te donnerait du fric, mais du fric avec un production à la clef, pas seulement des piles de billets qu’on imprime. On appelle ça : « revenu-travail garanti »

- Un nouveau concept ?

- Pas vraiment. L’idée c’est que tout le monde travaille et que tout le monde a donc de l’argent. Ça aussi, on y avait pensé. Ce qui est nouveau, c’est qu’auparavant - il y une génération - pour mettre tout le monde au travail il fallait le faire au pif, alors il y avait des bavures. Pierre gagnait trop, Paul pas assez Il y avait trop de boulangers, pas assez de cordonniers… ou le contraire. Du chômage tout le temps, une crise par ci par là. Chômage, crise... Maintenant, avec les ordinateurs, on peut ajuster. Enfin, on pourrait, on ne le fait pas... »

Ce que Papa Noel veut nous dire, c’est que maintenant, avec l’informatique moderne, on peut savoir de combien de travailleurs nous avons besoin dans chaque catégorie professionnelle que nous choisissons de définir. En fait, on peut définir autant de catégories professionnelles qu’on a de combinaisons de compétences en demande sur le marché du travail. Et on peut savoir de combien de travailleurs nous avons besoin dans chacune. Il n’y a aucune raison pour qu’il y ait du chômage

La demande de travail, ça change tous les jours, mais nous pouvons la prévoir pour demain, après-demain… Les besoins de main-d’oeuvre, on peut les voir fluctuer en temps réel.

Nous pouvons former en continu les travailleurs dont nous avons besoin pour un marché du travail qui change, en ajoutant de petits modules a leur compétence. On peut aussi prévoir les grandes vagues de fond et changer à moyen terme les grandes orientations de l’éducation, en se gardant des passerelles pour les imprévus.

On peut établir une politique EFFICACE de ressources humaines, de sorte qu’il n’y ait jamais plus de chômage, autre que frictionnel entre deux emplois, ou entre un emploi et une formation de recyclage. Des intermèdes de non-travail si courts, dans un paysage de plein emploi généralisé, que la prise en charge du revenu du travailleur pendant ces périodes ne représenterait pas une dépense insupportable ni même significative pour la société.

Dans ce contexte, on peut garantir à chaque travailleur son revenu assuré en contrepartie d’un travail qu’on peut aussi lui assurer. Ce n’est pas un rêve ; c’est une possibilité technique immédiate. C’est aussi une exigence sociale incontournable.

Le changement de paradigme nécessaire, c’est de comprendre que, dans une structure de production en transformation rapide, la sécurité d’emploi n’a plus aucun sens. Elle est NUISIBLE. C’est la sécurité du revenu qui importe, maintenant ; c’est cette sécurité que l’État doit offrir et c’est celle que les travailleurs doivent exiger.

Le revenu garanti, ça ne doit pas être une pitance pour ceux qui perdent leur emploi ; ce doit être le plein salaire de chacun selon la certification de sa compétence par l’État. Le travailleur a DROIT à ce revenu. C’est le DEVOIR de l’État d’utiliser les services des travailleurs. On ne doit exiger du travailleur que sa disponibilité et sa volonté de travailler à exécuter les tâches qu’il a été formé pour faire.

… - « alors » - conclut Papa Noel – « en régime de « revenu-travail garanti » tu cherches comme aujourd’hui un emploi aux conditions que tu veux, mais, si tu n’y arrives pas, tu te présentes au ‘Bureau du Travail’, tu prends l’emploi qu’on te donne et tu seras payé le revenu garanti correspondant à ta qualification. Ca te va ? »

- Super ! Mais comment croyez-vous que l’État pourrait assumer une telle responsabilité ? »

- En faisant son boulot qui est de prévoir. En acceptant que la formation professionnelle au sens large, qui est un élément crucial de l’éducation, doit s’ajuster au marché du travail. Vous, les Quidam Lambdas, devez surtout comprendre qu’un régme de « revenu-travail garanti » n’est pas une utopie : c’est le régime dont jouissent déjà les fonctionnaires ! Exigez-en autant.

- C’est un beau cadeau, mais en plus de l’éducation et du travail, vous parliez aussi de santé, de culture, de sécurité, de démocratie…

- Oui, j’ai tout ça sur les tablettes.. Mais c’est la haute-saison et je suis bien vieux…. Pourquoi ne vas-tu pas jeter un coup d’œil toi-même dans l’entrepôt ? ( http://nouvellesocieté.wordpress.com )

Pierre JC Allard


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8 réactions à cet article    


  • le journal de personne le journal de personne 26 décembre 2011 11:19

    Le Père Noël est un immigré

    Immigrés ... A vos âmes, beaux et étranges citoyens !
    C’est à vous de vous battre pour sauver cette portion de terre
    En la débarrassant de ses fils indignes et de ses filles malignes
    C’est à vous de désigner le mauvais citoyen
    De dégager l’élu malveillant et de dénoncer l’État malfaisant !

    http://www.lejournaldepersonne.com/2011/12/le-pere-noel-est-un-immigre/


    • Francis, agnotologue JL1 26 décembre 2011 12:05

      Oui oui,

      c’est une piste.

      Je crois pour ma part, que s’il y a tant de chômage, c’est parce que les employeurs ont créé une machine économique qui rapporte davantage de profits avec un fort taux de chômage et un temps de travail individuel démesurément allongé au regard de la capacité de production.

      Il faudrait remettre tout ça à plat et refaire la règlementation en tenant compte, non pas de l’intérêt de quelques uns, mais de l’intérêt collectif.

      Tant que la machine économique sera considérée comme une machine à faire des profits (de fait, c’est ça le moteur), elle ne sera pas vue comme une machine à créer des biens et des services pour des besoins réels : le marché du luxe et du superflu est un marché beaucoup plus lucratif que le marché des besoins.

      Ceux qui sont en capacité de faire bouger les choses ne veulent rien connaitre de l’intérêt collectif : conclusion, Il faut les virer.

      « Sérieusement, vous croyez vraiment que Peugeot produit des voitures, Michelin des pneumatiques et Aventis des médicaments ? Bien sûr que non ! Ils produisent des profits. » (Jean-Pierre Berlan)


      • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 27 décembre 2011 02:07

        @ JL1


        Nous sommes bien d’accord. Je tiens la situation pour avérée et le présent article vise à attirer l’attention sur la solution ; TOUT COMMENCE PAR UNE REVENU-TRAVAIL GARANTI et le parti politique qui en ferait son cheval de bataille pour 2012 pourrait causer une grosse surprise.


        PJCA

      • herbe herbe 26 décembre 2011 20:34

        Oui !

        Voici une première petite pierre pour illustrer la possibilité technique immédiate :

        • Emile Mourey Emile Mourey 26 décembre 2011 23:08

          Noël ! Une mine d’or vient d’être mise au jour sur le mont Beuvray. Cette découverte, on s’y attendait. On sait en effet que la Gaule regorgeait de ce métal précieux. Ainsi pourraient s’expliquer les prodigieuses murailles que les Gaulois avaient élevées sur la hauteur pour protéger leur magôt. Il suffirait aujourd’hui de décaper 5 mètres de terre pour retrouver le filon. Avec la crise de la dette, cela tombe bien.


          • Pierre-Marie Baty 26 décembre 2011 23:43

            Bonjour M. Allard,

            La gouvernance rigoureuse et méthodique des outils informatiques.

            Enfin vous y venez smiley

            Si l’Union Soviétique avait disposé d’un outil pareil, elle vivrait encore.

            Joyeuses fêtes !


            • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 27 décembre 2011 02:22

              @ PMB



               Les Sumériens aussi, s’il avait eu de l’argent smiley

              En réalité, le solvant universel de toutes les sociétés est la corruption. L’Homme étant ce qu’il est, ça ne changera pas, mais peu a peu, l’abondance et le besoin croissant qu’on a les uns des autres dans une société complexe crée un peu d’honnêteté résiduelle... Les outils informatiques permettent cette complexité.... d’ou vient l’interdépendnce.. d’ou vient la solidarité... et l’honnêteté... puis une société plus juste... si on échappe aux psychos.

              Un long chemin


               PJCA

              • Pierre-Marie Baty 27 décembre 2011 03:19

                Oh, il y a un chemin beaucoup plus court !

                Il s’agit de créer une société où la notion de corruption ne peut plus être appliquée.

                Par exemple, que le fonctionnement des institutions de la société soit assuré par un système expert informatique, dont le code source et les journaux d’activité sont consultables et vérifiables par tous les citoyens, et dont les décisions sont publiques et transparentes.

                La corruption, solvant universel de la société... avez-vous déjà essayé de corrompre un programme informatique ?

                Oubliez tous les romans de science-fiction catastrophistes sur le sujet et réfléchissez posément à la question. smiley

                 

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