Rachat de Société Générale : la haute trahison verbale de Macron
Papier publié en avant-première sur Front Populaire
Interrogé par un journaliste de Bloomberg sur sa position si Santander voulait racheter Société Générale, Macron a répondu « oui bien sûr, c’est possible. Cela fait partie du marché. Agir en européens signifie avoir besoin de consolidation en tant qu’européens ». Une réponse hallucinante et irresponsable qui en dit long sur ce président post-national qui se désintéresse à ce point du pays qui l’a élu.
Le parti de l’oligarchie étrangère
Même le Figaro, pas le journal le plus hostile aux intérêts du monde des affaires, semble s’être étranglé à la nouvelle, titrant son papier sur le sujet par une citation guère indulgente pour le président : « c’est un peu irresponsable », rapportant aussi que « c’est comme si le président avait mis un panneau ‘à vendre’ sur la Société Générale ». Après les innombrables rachats de nos champions (Péchiney, Lafarge, Alstom, Alcatel, Technip…), et le bilan assez calamiteux de ces opérations en matière d’emplois, de désindustrialisation ou de transferts de technologie, souvent à mille lieux des promesses des acheteurs, les Français sont de plus en plus hostiles au rachat de nos champions par des entreprises étrangères, ce qui avait même poussé l’exécutif à s’opposer au rachat de Carrefour par un distributeur canadien.
Il faut dire que les conséquences sont claires aujourd’hui. Un rachat, ce sont des suppressions massives de postes en France. D’abord, le déplacement probable de nombreux emplois du siège dans le pays de la proie. Ensuite, des programmes d’économie encore renforcés (les « synergies » affichées aux marchés par les dirigeants), de manière à « créer de la valeur » pour les actionnaires, et également payer une partie du rachat. Cela signifierait une accélération des suppressions de poste dans la banque, et donc une destruction massive d’emplois et une fermeture accélérée des agences de la banque. Jamais ou presque un pays qui a laissé vendre une de ses entreprises à un groupe étranger n’y a gagné, surtout quand il s’agit d’un pays occidental comme le nôtre, où le niveau des salaires reste supérieur à la moyenne, malgré la baisse du pouvoir d’achat. La France n’a strictement rien à gagner à une telle opération.
Voilà pourquoi il est révoltant que Macron tienne un tel discours. Il est plus qu’irresponsable que notre pseudo chef de l’Etat donne un feu vert public au rachat d’une banque française : cela s’approche de la haute trahison à l’encontre de notre pays et de tous les employés de la banque qui savent désormais que notre président ne se soucie pas de leur avenir, tel un empereur romain qui baisse le pouce dans l’arêne impitoyable de la globalisation. Même en restant le partisan du laisser faire qu’il avait été sous Hollande, laissant vendre de nouveaux fleurons comme Alstom, au pire, il aurait dû répondre au journaliste qu’il étudierait la question, sans fermer la porte, et en mettant quelques conditions verbales un peu vagues sur la préservation des intérêts de la France. C’est le minimum que l’on devrait attendre d’un président de la République Français, fût-il partisan du laisser-faire et du laisser-passer de la globalisation.
Mais en allant aussi loin, Macron révèle une nouvelle fois le fond de sa pensée : une France quantité négligeable par rapport à une idée européenne fantasmée et confondue avec les intérêts de l’oligarchie globalisée, européenne ou non. Comme il l’a indiqué avec la dissuasion nucléaire récemment, Macron est toujours prêt à solder nos intérêts au nom de cet idéal européen fumeux. C’est ce qui le pousse encore à défendre le ridicule plan de relance européen, chétif et tardif par rapport aux efforts états-uniens, alors qu’il nous coûtera environ deux fois plus cher que ce qu’il nous rapportera, et que, de manière vexante pour Paris, il nous impose des conditions pour toucher environ la moitié de notre contribution… Cette déclaration est d’autant plus choquante aujourd’hui, alors que les annonces du rachat des turbines Arabelle ne se sont toujours pas concrétisées, montrant les dangers de ces rachats.
Ce faisant, Macron montre à nouveau à quel point il est nuisible pour notre pays. Non seulement il détruit nos services publics et notre modèle social, mais il soutient la vente à la découpe d’actifs clés de notre pays. Jamais un président n’avait montré un tel dédain pour les intérêts de notre pays. En cela, plus que jamais, il est bien le parti de l’étranger, et plus encore, de l’oligarchie étrangère.
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