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Accueil du site > Tribune Libre > Racine et Molière : de la difficulté des biopics

Racine et Molière : de la difficulté des biopics

La difficulté des "biopics", si souvent décevants, est de présenter des auteurs immenses dans les dédales d'une vie ordinaire, avec un langage ordinaire. Ils perdent ainsi toute leur force et l'histoire qu'on nous raconte pourrait être celle de n'importe qui.
L'erreur, selon moi, est de confondre "documentaire" et "art". Il faut créer dans la vie, obligatoirement banale, simplement quotidienne, des plus grands génies, des moments de réalité sublimée. 
Or le sublime passe obligatoirement, paradoxalement, par l'humain.Mais l'humain universel. Non l'anecdotique.
Bref, ce n'est pas facile de faire revivre quelqu'un de célèbre...
"Amadeus" est réussi. Le deux derniers films sur Saint-Laurent sont à mon avis, ratés.

En ce qui concerne Racine et Molière, ces deux auteurs ne sont pas à égalité face à la mémoire des hommes. Nous connaissons beaucoup mieux Molière. Il laisse une oeuvre riche dans laquelle, sans cesse, il parle de lui. Au moment où il arrive à Paris, il a déjà fait toutes les rencontres, médecins, seigneurs, précieux qui laisseront l'oeuvre critique d'un homme révolté, héritier de la littérature satirique du moyen-âge. Même favori du roi, il n'en a pas moins pour favori le peuple de la raison, fracassé contre les folies du pouvoir. Nous n'avons guère progressé.
Racine est plus sombre mais s'exprimant dans une langue d'une clarté éblouissante. En matière de langue française, lui et La Fontaine seront au sommet. Leur fluidité est incomparable. Pas un mot de trop. 

Mais revenons à ce projet : écrire une pièce qui aurait pour héros Molière et Racine.
Racine, jeune courtisan de 24 ans qui n'a écrit qu'un poème pour le Roi, est présenté à Molière qui est, favori de Louis XIV, au sommet de sa carrière. J'imagine que le jour de leur rencontre, Molière, préoccupé par l'interdiction de "Tartuffe", a bien d'autres soucis en tête et écoute à peine ce que lui dit Racine. Une idée, cependant, lui traverse l'esprit. Ses rivaux de l'hôtel de Bourgogne sont en train de préparer une version de la ThebaÏde, il propose à Racine de composer une tragèdie sur le même sujet. En un mois. Racine s'exécute du mieux qu'il peut mais cette pièce ne plaira pas et causera au jeune Racine une première blessure d'auteur.
Molière aura alors des attentions particulières que nous révèle le livre de Roger Duchêne. Il le paie plus qu'un autre auteur et lui offre même un petit cadeau.
Je découvrais ainsi entre eux un lien de véritable amitié. Il était important qu'il en soit ainsi pour l'évolution de leur relation. Car une trahsion entre des hommes qui ne se respectent pas est de moindre intérêt.

La durée de la pièce représente donc la période d'un an et demi pendant laquelle ils travaillèrent ensemble. ( mai 1664-décembe 1665.)
Molière souffre de l'interdiction de "Tartuffe", est en train de finir "Le Misanthrope" et va écrire dans un grand vent d'inspiration et de nécessité "Dom Juan". Racine écrit "La thébaïde" et "Alexandre" et commence l'écriture d'"Andromaque". C'est en me posant la question : comment passe-t-on de deux pièces de débutant à un chef-d'oeuvre que j'ai découvert, peut-être, le secret de cette année et demie passée ensemble et si tristement conclue.

 

Les comédiennes qui vivent avec eux sont aussi les clefs de l'histoire. Racine est tombé follement amoureux de Marquise. Molière était désespéré de voir sa jeune femme le tromper. C'est du moins la trame que j'ai choisie.
Car Racine-Oreste, fou d'Hermione-Marquise pendant que Pyrrhus-Molière, le Roi des lieux, tentait de reconquérir sa reine, Armande, le grand amour de sa vie, allait être appelé, s'il voulait devenir le grand Racine à un sacrifice immense : celui de son amitié et de son honneur.

Voici donc une seconde video sur ce sujet. Amitié et Amours.


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6 réactions à cet article    


  • Le p’tit Charles 25 avril 2015 10:03

    Mes auteurs préférés....

    La littérature en langue russe proprement dite naît au cours du XVIIe siècle, tout d’abord avec la poésie et le théâtre, mais très tôt naît une très riche tradition romanesque.

    Tchekhov et Tolstoï, 1901

    Alexandre Pouchkine, Mikhaïl LermontovNicolas Gogol, Fiodor Dostoïevski, Ivan Tourgueniev, Léon Tolstoï ; Anton Tchekhov.

     Sergueï Essénine et Vladimir Maïakovski Maxime Gorki, Boris Pasternak, Mikhaïl Cholokhov ou Mikhaïl Boulgakov. Vassili Grossman, Varlam Chalamov ou Alexandre Soljenitsyne,


    • Le p’tit Charles 25 avril 2015 10:17

      @Le p’tit Charles...Des géants face à Racine et Molière... !


    • Agafia Agafia 25 avril 2015 18:17

      @Le p’tit Charles
      Très belle bibliothèque ! smiley


    • Ouallonsnous ? 3 mai 2015 16:20

      @Le p’tit Charles

      Quel est le rapport avec l’article d’Ariane ?


    • Passante Passante 25 avril 2015 11:11

      je me souviens de rené bray,
      mais c’est quand même drôle que vous teniez pas compte de l’énormité de ce titre aussi,
      cette année-là : « l’amour médecin » ! - splendide, ça dit tout ;
      puis le fait que c’est bien : « la thébaïde ou les frères ennemis »...

      en fait ils se croisent sur un gouffre,
      car aussi bien dans le style que dans le mouvement d’ampleur,
      la distance est alors infinie entre l’envol du dom juan et la beauté encore figée d’andromaque. racine aura été là pour refouler molière, dans le ton, mais ni l’un ni l’autre ne se doutent qu’il va à la fois réussir, et échouer.

      quant à la double paie, elle en dit long sur ce qui a été payé dans l’autre sens, en femmes.


      • JMBerniolles 25 avril 2015 14:54

        Merci de nous rappeler combien ces auteurs de notre patrimoine littéraire sont encore d’une actualité brûlante.


        Houellebecq, personnage qui me révulse un peu mais dont on ne peut nier le talent et la finesse d’analyse (ainsi que l’humour ; il ne faut pas lire son oeuvre au premier degré) dit avec justesse dans Soumission que la lecture de son oeurvre permet de connaitre l’homme ou la femme écrivain, pour peu que ceux-ci ne se vautrent pas dans les idées conventionnelles de leur époque.

        Particulièrement chez Racine il y a une incroyable compréhension (et respect) de la femme.
        Jeune, j’ai été frappé par son personnage de Phédre d’une dimension tragique et humaine universelle. Pour lui, doué pour la tragédie, l’amour est tragique. C’est malheureusement une vérité de la triste condition humaine.

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