Rapport d’Amnesty International 2007 : les droits de l’homme en souffrance à travers le monde
Le rapport 2007 d’Amnesty International dénonce la situation des droits de l’homme dans les différents endroits de la planète. Ce constat est édifiant car il démontre que les violences, les discriminations et l’exclusion n’ont pas de frontières et qu’elles sont malheureusement le lot quotidien de la vie des personnes. Plus profondément, on assiste à une déconsidération des droits de la personne à travers le monde, la force politique n’étant pas toujours à la hauteur de ses discours. S’interroger sur cet état de fait et réfléchir sur les comportements à enrayer, tel est le but des défenseurs des droits humains, car, comme a pu le dire Victor Hugo, « l’inviolabilité de la vie humaine est le droit des droits ».

La situation des droits humains dans le monde, titre du dernier rapport* annuel d’Amnesty International, dénonce les conditions de vie des femmes et des hommes touchés par l’aliénation de leurs droits fondamentaux.
Les garanties juridiques des droits de l’homme, que ce soit dans les pays les plus développés ou dans les Etats les moins avancés, s’affichent malheureusement déniés de véritables considérations.
Bien que des progrès sensibles aient été faits grâce aux différentes conventions et déclarations depuis l’apport de la philosophie des Lumières, la réalité s’avère cependant plus décevante, et de nombreuses menaces continuent à peser sur l’avenir des droits de l’homme en ce début de XXIe siècle. Tortures, exactions, répressions, discriminations, laissent à penser que l’horizon moral de notre temps semble miné par des comportements individualistes exempts de compréhension, d’empathie, de solidarité et de respect, trahissant les volontés d’améliorer les rapports entre êtres humains.
Le rapport 2007 d’Amnesty International reflète le triste constat d’un monde ravagé par de nombreux conflits armés, touché par une litanie de discriminations et de violences liées à la religion, à l’ethnie, au sexe et à l’âge des personnes. Les violences produites sur les plus faibles attestent cette négation, ce manquement à s’intéresser à l’autre, opérant une pathétique déconsidération de la dignité humaine.
Autour des cinq continents, que se soit en Afrique, en Asie, en Europe, en Amérique ou bien en terres australes, la menace pesant sur les droits politiques, économiques, sociaux et culturels reste bien réelle. L’emprise de certains régimes autoritaires dans plusieurs régions africaines, l’insécurité et les tensions armées dans de nombreux pays d’Amérique du Sud, la pauvreté et les peurs régnantes en Asie et en Océanie, mais aussi le racisme, le non-respect de la condition féminine ou la pratique de certaines violences policières ou judiciaires en Europe et dans certains pays occidentaux démontrent que les principes fondamentaux de l’individu font face à d’importantes privations dans les différentes zones géographiques du globe. L’universalité et l’indivisibilité des droits légitimes de la personne peuvent désormais s’analyser comme une sorte de chimère, le déni d’humanité à travers le monde l’attestant avec évidence.
En effet, on assiste malencontreusement à une espèce de comportement humain contra legem, la violence, les discriminations ou le non respect des droits devenant les règles de l’agissement humain dans bien des cas.
Réduire les humiliations de la condition humaine, considérer la dignité de la personne, lutter contre les injustices commises sur les plus démunis, sont les enjeux majeurs d’une société minée par l’égoïsme, l’individualisme et les mentalités décadentes de la société de consommation et de l’argent. L’accès aux soins, le droit au logement, l’obligation de permettre à chaque individu de pouvoir se nourrir correctement, apparaissent comme les conditions essentielles à la décence de la vie de l’être. Comme l’indique le préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, la méconnaissance et le mépris des droits humains ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité, déterminant que la plus haute aspiration de l’homme doit être l’avènement d’un monde ou les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère.
Pourtant soixante ans, soixante longues années plus tard, l’état des lieux de la situation des droits de l’homme demeure alarmante à travers les écrits du rapport de l’association pour le respect et la protection des droits de l’homme qu’est Amnesty International. Les actes d’aliénation des principes légitimes reconnus aux hommes, aux femmes, et aux enfants, font toujours légion, que se soit aux antipodes de chez nous comme au coin de notre rue. La peine de mort sévit toujours dans une grande partie du monde, les conditions inhumaines de détention restent toujours d’actualité, même dans les pays les plus développés, les violences perpétrées à l’encontre des plus faibles ou la commission d’actes de racisme ou de discrimination s’observent de façon significative sur tous les territoires du globe, définissant l’affreuse tragédie du respect de l’homme.
La situation du Darfour, la question des droits de l’homme en Chine ou le problème tchétchène ne sont que la représentation visible du malaise des populations, car la pauvreté, le régime de la terreur et le non-respect des conditions humaines, menaçant et inquiétant le quotidien d’un nombre conséquent d’individus, sévit dans de nombreux coins de la planète.
Une volonté commune de la part des Etats, de leurs forces politiques, de leurs représentants, mais aussi des hommes et des femmes respectant la dignité et la dimension humaine doit s’opérer au travers de la solidarité, de la fraternité du genre humain. Les droits de l’homme sont des droits fragiles, car l’inaction, l’immobilisme, deviennent fatals lorsque la vie est menacée, lorsque l’être est déconsidéré. La force dénonciatrice des mouvements de défense des droits de l’homme s’interprète alors comme un élément non négligeable de la condition humaine, enrayant le comportement déstructuré, désintéressé, défilé de l’homme de base ne comprenant pas les douleurs et les souffrances de ses semblables.
Triste constat que de voir se profiler le manque de compassion, les carences de l’ordre moral et la consécration du mal sur l’autel de l’humanité, rechignant l’estime, l’égard, l’amour humaniste pour laisser dominer les sentiments de haine ou de vengeance orchestrés par les différentes cultures, religions ou convictions.
Les liens fonciers de l’humanité sont brisés par l’aveuglement de l’homme arraché à sa conscience de piété et de pitié humanitaire. C’est parce que l’on ne considère plus la valeur humaine comme la glus grande richesse sociale et que l’altruisme s’est rompu à être une vocation que l’on assiste à l’affliction des plus nécessiteux.
Les discours, les interventions médiatiques, les opérations d’aides ne sont qu’une certaine volonté d’agir qui cache bien souvent une tendance hypocrite liée à l’intérêt politico-économique. Le devoir des hommes doit être dicté par cette détermination à lutter contre l’indécence, l’indignité, l’injustice, la misère et la barbarie sans être orchestré par des intérêts aux conditions pernicieuses. Aucun simulacre n’est tolérable, aucun mensonge n’est acceptable ; l’enjeu est trop important. La lutte pour le respect des droits humains doit être une lutte profonde, sertie de courage, emplie de volonté et de sagesse. Elle doit s’opérer avec honnêteté, moralité, intégrité pour offrir ce respect universel et effectif des principes fondamentaux de la personne.
Le constat dressé par ce rapport indique malheureusement que ce n’est pas souvent le cas et que le combat des associations de défense des droits de l’homme et de leurs militants reste le moyen essentiel de dénoncer les entorses faites à la condition humaine. La mission des membres et des sympathisants d’Amnesty International s’analyse ainsi comme un geste humanitaire capable de faire prendre conscience que de graves atteintes à nos droits sont commises et qu’il devient nécessaire d’ouvrir plus grands les yeux, car fâcheusement "c’est en se réclamant de l’homme comme tel qu’on parvient le mieux à l’écraser*".
*pour consulter ce rapport : www.amnesty.fr
* Jean Marc Trigeaud, Droits de Dieu et droits de l’homme, Téqui,1989
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