Rapport sur la refondation des politiques d’intégration : réponse à Mme Khirouni, députée de Meurthe-et-Moselle
Mme Khirouni est députée (PS) de la 1ere circonscription de Meurthe-et-Moselle, élue au Conseil municipal de Nancy et au Conseil de la Communauté urbaine.
Co-directrice du groupe de travail sur l'Habitat et l'intégration dans le cadre de "la refondation des politiques d'intégration", elle a, à ce titre, réagi dans L'Est républicain à la polémique lancée par Le Figaro.
Madame la Députée,
Dans L'Est républicain du 15 décembre dernier, vous choisissez d'ignorer le malaise quasi unanime qu'a entraîné la révélation des rapports des groupes de travail sur la refondation des politiques d'intégration et vous retournez contre l'UMP et Le Figaro l'accusation d'alimenter le communautarisme.
Je ne nourrirai pas la polémique visant un Premier Ministre qui, comme souvent, est capable d'écouter avec bienveillance à peu près tout, quitte, parfois, à sembler remettre en cause la décision prise la semaine précédente.
"Ce rapport n'est pas du tout la position gouvernement". Je veux bien vous en faire crédit. Encore qu'il est difficile de croire que ces dizaines de pages aient été noircies pour rien. En témoigne l'exemple du "Rapport sur la compétitivité" présenté par Louis Gallois le lundi à midi, puis décliné en mesures d'application le lendemain, après un examen minuté de…24 heures.
Cependant, les propositions et les constats fumeux, embrouillés et contradictoires de ce rapport[1] révèlent crûment l'affrontement qui se joue et les interlocuteurs bien particuliers que le gouvernement se choisit avant de légiférer.
Bousculée, remise en cause, la société française, descendants d'immigrés inclus, se refuse instinctivement au communautarisme et au multiculturalisme. Mais, sauf dans de rares cas (comme ici), elle ne formule pas nettement cette position et n'a que sa force d'inertie à opposer.
Pompeusement regroupés sous l'étiquette "société civile", des entrepreneurs identitaires aveuglés par les paillettes venues d'Outre-Atlantique[2] en sont réduits à faire le siège du gouvernement pour faire avancer leur cause, qu'ils savent n'avoir aucune chance de faire aboutir en la défendant directement devant les citoyens.
Cette ambition rencontre le terrible isolement de nos dirigeants qui, depuis le 29 mai 2005, savent qu'ils gouvernent en milieu hostile et cherchent désespérément des notables pour les relayer dans la population. Elle rencontre également l'évolution clientéliste impulsée par les "partis de gouvernement" qui, en bons professionnels, segmentent la société en autant de "niches marketing".
Mme la députée, vous affirmez que vous craignez l'arrivée du communautarisme.
Mais comment expliquer qu'un projet de loi sur un sujet aussi sérieux et complexe que "le système prostitutionnel" ait été inspiré unilatéralement par des idéologues pour qui l'homme est intrinsèquement coupable et la femme intrinsèquement victime ?
Pourquoi "le mariage pour tous" a-t-il été validé sur la seule base des revendications d'associations militantes qui ne représentent qu'elles mêmes ?
Qu'est-ce qu'imposer des quotas de femmes en politique, si ce n'est ouvrir, pour plus tard, la voie à des quotas de noirs, de jaunes, ou de bleus foncés, même si ce n'est pas précisément de même nature ?
Comment faire semblant de ne pas voir que chaque gage donné à un "groupe" autoproclamé crée une dynamique qui appelle la mesure suivante, en faveur d'un autre "groupe" qui voudra, lui aussi, obtenir la "reconnaissance" dont il est "injustement privé" ?
Mme la députée, vous affirmez que vous craignez l'arrivée du communautarisme.
Force est de constater que depuis 2012, beaucoup de décisions de votre majorité vont effectivement dans ce sens.
[1] Qui, par exemple, regrette l'affaiblissement de l'intégration et décrète son abolition.
[2] Dans le magazine 28 Minutes du 16 décembre 2013 (sur Arte), Khalid Hamdani, co-directeur du groupe de travail "Mobilités sociales" et, apprend-on, directeur de l'Institut "Éthique et Diversité", évoque le plus sérieusement du monde, devant le reste des invités médusés, le film "Le Majordome" comme exemple de la réussite américaine…
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