Ras le foot
Vous connaissez le virus qui enfièvre jusqu’à la déraison, outre les sportifs, les médias, les politiciens et pas mal de citoyens lambda ?
C’est le foot.
Ouais, je sais, vous vous en doutiez un peu, rapport au titre de ce billet.
Non, mais, sérieusement, pas possible jeudi 19 de prendre un transport en commun,d’ouvrir un webzine, la radio, la télé, sans entendre causer de la lamentable victoire la veille des Bleus contre l’Irlande sur un touché manuel de -attends-, voilà, Thierry Henry.
Tu parles d’une affaire ! A côté, les bombes qui pètent à Peshawar, à Bagdad ou à Kaboul, la faim des pauvres gens, qui revient en force juste avant Noël, la grippe du diable même, c’est vraiment du pipi de chat, comme dirait le fugitif Treiber, autre star de l’actu.
C’est vrai, quoi ! Pendant que l’Union européenne se cherche un président, c’est le foot qui mobilise nos élites politiques, de Sarkozy à Bayrou en passant par Hamon, sans parler de Mmes Bachelot et Yade, fonction oblige, qui doivent pourtant s’y connaître en art footbalistique comme moi-même en macramé.
N’y voyez pas un trait machiste, au contraire : jusqu’à récemment, la grande majorité des femmes était heureusement immunisée contre le virus footeux, ce qui permettait aux hostiles au ballon rond de se rassurer en se disant qu’au moins, poursuivis par une meute lobotomisée de supporters en furie, ils pourraient trouver refuge le temps d’un répit entre les bras de leurs infortunées épouses.
C’est footu !
Maintenant, les filles s’y mettent aussi, on les entend déjà réclamer l’émasculation des perdants et, c’est rituel, la mort de l’arbitre. Quant aux indifférents, aux internationalistes, aux non-grégaires, aux athées qui fuient les stades, qu’ils aillent se faire pendre où ils veulent, mais pas à leur cou !
Et tout ce barouf pourquoi ? Pour se qualifier pour la prochaine coupe du Monde, qui aura lieu en Afrique du Sud l’an prochain, soit deux ans avant la fin du monde si l’on en croit une prophétie Maya à la mode, que les amateurs de foot doivent prendre au sérieux, puisqu’ils ne prennent au sérieux que les choses qui ne le sont pas.
La coupe du Monde de football, c’est comme les Jeux olympiques, c’est toujours censé rapprocher les peuples en les divisant en réalité autour d’un (en)jeu dérisoire*, et rapporter plein de pognon au pays qui reçoit, sauf que, allez comprendre pourquoi, des années après les contribuables règlent encore l’ardoise laissée par les organisateurs, Etat en tête.
Les Irlandais ont fait une bonne affaire en se faisant gruger, comme nous en avons fait une en n’obtenant pas les J.O de 2012** : moins de dépenses extravagantes et, à terme, souvent inutiles, pour la collectivité et moins de délirant matraquage quand on n’est pas directement concerné par l’événement.
En plus, à part quelques intoxiqués graves, qui se soucie d’une rencontre sportive, même prestigieuse, une fois qu’elle est finie ?
Un record, si tant est qu’il possède une valeur en soi, est fait pour être battu, un match chasse l’autre et une coupe succède à la précédente. Donner une telle importance à quelque chose d’aussi futile et éphémère ne manquera jamais de me sidérer proprement. Faut-il que les têtes vides soient étroites pour qu’un ballon suffise à les remplir !
A nous, sceptiques et réfractaires, d’agir pour ne plus subir.
Et de créer une association « Ras le foot » sur le modèle de celle qui s’en prend à l’équipe elle aussi tricolore du Front national.
*voir les récents délires autour du match Egypte-Algérie.
** quoique les amateurs, qui sont immortels sans doute, espèrent en 2020 ou 24.
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