Réalité ou fiction : La tondue de Chartres 1944
La tondue de Chartres c'est cette photo d'anthologie, prise par Robert Capa le 16 aoüt 1944 et publiée dand Life magazine le 4 septembre de la même année : une femme Simone Touseau, jeune, crâne rasé, front marqué, son bébé dans les bras, entourée d'une foule hostile, symbole de l'épuration pour « collaboration horizontale » avec l'ennemi.
La tondue de Chartres c'est le livre de 2 historiens Gérard Leray et Philippe Frétigné, écrit avec le logiciel de l'historien, l'étude des documents, des témoignages, avec les recoupements incontournables pour être au plus près de la réalité historique : Simone Touseau pro-nazie, antisémite, adhérente du PPF Parti Populaire Français de Jacques Doriot (ex dirigeant communiste passé à la collaboration avec l'Allemagne nazie), jeune femme ayant eu un enfant avec un soldat allemand, frappée d'indignité nationale alors qu'elle était dès 1941 secrétaire interprète pour l'occupant nazi.
La tondue de Chartres c'est depuis peu l'objet d'un livre de Julie Héraclès, premier roman présenté comme un événement « Vous ne connaissez rien de moi », dont on peut lire en quatrième de couverture ces quelques phrases faisant s'exprimer sa Simone Touseau : « Aujourd'hui vous m'avez rasé le crâne, vous m'avez marqué au fer rouge et maintenant vous m'insultez comme une chienne. Mais vous ne me détruirez pas... Car je suis forte d'un trésor inestimable. Un trésor que beaucoup d'entre vous passerez toute une vie à chercher et n'obtiendrez jamais. J'ai aimé. Et j'ai été aimé ». On peut lire encore sur cette quatrième de couverture : « Julie Héraclès retrace la vie de cette femme libre, Simone, au tempérament incandescent ». Le tout en faisant parler Simone au présent de narration.
Ainsi Simone Touseau qui, adolescente, était fascinée par Hitler, apparaît presque comme une victime sympathique, au nom de la complexité de l'âme humaine. Certains parlent même pour ce livre de roman féministe. Simone Touseau devient presque un symbole. Une adaptation cinématographique est déjà actée.
Or les jeunes lecteurs peuvent prendre ce roman au premier degré, même si l'autrice indique bien que son livre n'est pas une reconstitution historique. Son livre a une colonne vertébrale historique mais elle invente des évènements, des situations qui ne se sont pas passés.
Par les temps qui courent, c'est une déformation volontaire de la réalité historique qui ne peut qu'altérer la transmission aux jeunes générations, de ces heures mortifères et sinistres. La liberté artistique est indispensable et respectable mais tout auteur doit penser au message reçu, induit par ses propos, ses créations. Il en va de la responsabilité de l'écrivain sur les sujets hautement sensibles.
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