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Réalités géostratégiques. Rôle historique de l’Algérie et des États-Unis dans l’Evolution du monde arabo-musulman

 Une question pertinente qui n’a rien de prétentieux et se pose sur le rôle historique de certains peuples. Des réalités qui ont existé et que témoigne l’histoire de l’humanité. Rome n’a-t-elle pas rayonné pendant plusieurs siècles ? Le monde arabe n’a-t-il pas marqué lui aussi à partir du VIIe siècle l’humanité ? Et l’histoire récente n’a-t-elle pas placé l’Europe au-dessus des nations ? N’a-t-elle pas régné pendant près de deux siècles sur l’ensemble du monde ? Une destinée exceptionnelle pour l’Europe.

 Dans ce même ordre d’idée, que peut-on dire du destin de l’Algérie ? L’Algérie n’est pas l’Europe, ni la France, ni l’Allemagne, un pays qui a, à peine un peu plus que 50 ans d’existence. Il a cependant fait beaucoup parler de lui d’abord par sa « guerre de libération » et par sa « décennie noire » avec toutes les horreurs qui l’ont entachée.

 Aussi peut-on dire que tous les pays qui ont subi des affres de la guerre, de la douleur et qui occupent des positions géographiques particulières, des positions-centres pour ainsi dire, ont des rôles historiques sur le devenir des peuples.

 La France, par exemple, a marqué le monde pendant cent vingt ans de 1750 à 1870. Elle a été un acteur central dans la proclamation de l’indépendance américaine en 1776. Des révolutions de portée mondiale sont sorties de son sein. Les guerres napoléoniennes ont bouleversé l’Europe et sonné le glas aux royautés et empires européens. L’avènement de l’Allemagne a pris le relais en 1870. Pendant 75 ans, elle a passé au tamis les puissances européennes. Devenant un instrument de l’histoire comme l’a été, avant elle, la France, elle a, par deux guerres mondiales qu’elle a provoquées, transformé de fond en comble l’équilibre géostratégique du monde.

 De ces guerres, des continents entiers sont sortis de l’assujettissement. Plus d’une centaine d’Etats ont vu le jour. Une libération des peuples qui a nécessité pour les deux grandes guerres plus de cent millions de victimes entre morts et blessés, en l’espace seulement de 31 années, de 1914 à 1945. Pour le seul conflit mondial 1939-1945, il eut 50 millions de morts et probablement autant de blessés. « 65 millions d’hommes » étaient sur les fronts de la guerre. Ils se combattaient sans merci et avec toutes les armes imaginables modernes, jusqu’à utiliser l’arme terrible : l’ « arme atomique ». Comme si la « Nature », la « Raison du monde », avertissait l’homme de la « ligne rouge » à ne pas dépasser. Et dans ces guerres, des Algériens étaient parmi eux, ils « guerroyaient en Europe et en Indochine » pour la France.

 Mais si l’Allemagne a joué un rôle historique dans les trois guerres dans deux mondiales, ces guerres étaient inscrites dans le « devenir du monde ». Et ce devenir du monde a fait que d’autres Etats ont repris ce rôle historique. Ce fut l’Union soviétique et les États-Unis d’Amérique. Mais cette destinée ne revient pas uniquement à ces deux grands Etats du monde, elle concerne aussi d’autres Etats. Et la question se pose pour l’Algérie : a-t-elle, par son histoire, aussi joué un rôle historique dans le devenir des peuples ? Aussi peut-on poser la question. Qui est l’Algérie ? Qui est son peuple ? Evidemment dans le sens historique.

 

  1. Brève description de l’Algérie

 Pour tenter de comprendre, il faut faire appel à la géographie et l’histoire, deux témoins-phares qui pourraient mieux situer l’Algérie de ce qu’elle représente pour elle-même et pour les autres peuples, en particulier pour les nations arabes et africaines, y compris les grandes puissances.

 Tout d’abord, l’Algérie a une position géographique privilégiée. Et on peut même dire que si elle est à la tête de l’Afrique (géographiquement parlant). Après avoir été deuxième puissance de l’Afrique par sa superficie, l’Algérie, avec ses 2.381.741 km², passe, après la division du Soudan, de 10ème à la 9ème place mondiale. Déjà le plus grand pays du bassin méditerranéen, l’Algérie devient aujourd’hui le plus grand pays d’Afrique. Et cette position, ce n’est pas un hasard.

 C’est un immense pays qui n’est pas surpeuplé et doté d’une population jeune contrairement aux nations développées qui sont fragilisées par le vieillissement et le faible taux de reproduction de la population. Ces pays ont, d’ailleurs, recours à l’immigration pour compenser le dépeuplement. Ce qui n’est pas le cas de l’Algérie – du moins pour cette époque, on ne sait pas ce qui en sera dans cinquante ans ou plus.

 L’Algérie est dotée de ressources souterraines mal connues et peu exploitées, les réserves de pétrole et du gaz sont très importantes. Le Sahara, avec les progrès scientifiques, peut devenir, avec le formidable ensoleillement du désert, un gigantesque réservoir d’électricité. Et alimenté l’Europe. Le gisement touristique est presque en friche. L’Algérie a 1500 kms de côtes, des chaînes de montagnes, des forêts, des riches plaines… et tout ce relief constitue, par une exploitation poussée de l’agriculture et de l’élevage, un formidable gisement de richesses.

 En plus du plus grand pays d’Afrique, l’Algérie n’est ni à l’Ouest comme le Maroc, ni à l’Est comme la Tunisie, la Lybie et l’Egypte. Elle est au centre, face à l’Europe. « Cette Europe qui a dominé longtemps le monde arabe, l’Afrique et le reste du monde. » Ce qui n’est pas négligeable. On pourrait même dire que l’Algérie est à la porte de la modernité. Et, évidemment, elle est un des premiers pays à être influencé par les avancées européennes en termes de gouvernance, de démocratie, de liberté d’expression, etc., et donc peut influer, en tant que véhicule, en tant que courroie de transmission, sur les autres peuples Là aussi, ce n’est pas un hasard.

 C’est un pays qui a subi la colonisation et que la France a cherché à assimiler, en le transformant en département de la France. Pourquoi ? Il est évident par les richesses que le pays recèle contrairement aux autres pays arabes qui ont été placés sous protectorat. Massacres, génocides, enfumages… ont ce que la France a légués au peuple algérien pendant la conquête coloniale. De 3 millions d’habitants en 1830, la population est passée à 2,5 millions en 1856. Plusieurs guerres de résistance de l’émir Abdelkader, à Mokrani et la Kabylie, les Touaregs à Cheikh Bouamama (Ouled Sid Cheikh). Ce dernier n’a jamais été vaincu. Un traumatisme que le peuple algérien a subi pendant 130 ans reste dans la mémoire universelle.

 C’est d’ailleurs cette colonisation barbare qui a forgé le peuple algérien. Un peuple jaloux de sa liberté, de son indépendance, réfractaire à toute domination tant il a subi pendant longtemps la domination dans sa chair. On peut même dire que c’est un peuple fier, voire imbu de sa personne, qui est certes un défaut, c’est certain, mais relève à son histoire, aux souffrances passées que les autres pays arabes ont peu subi et aussi à son régime politique, qui est progressiste et non monarchique, aligné aux pays socialistes. A l’opposé des peuples sous régimes monarchiques arabes, du type féodal il faut le dire, le baise-main, etc., le peuple a arraché son indépendance à la France de haute main, une indépendance qui a nécessité un sacrifice de plus d’un million de victimes. Les autorités algériennes parlent d’un million et demi de morts. Une guerre de libération qui a duré sept années et demie. Une barbarie dans toute son horreur. Et le combat était inégal, une armée de moudjahidines contre la cinquième puissance du monde dont l’armée comptait plus de 600 000 hommes et aidée de forces militaires supplétives considérables.

 Après l’indépendance, les relations diplomatiques avec les grandes puissances se sont très restreintes, notamment avec les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne… Les présidents et ministres, à de rares exceptions, évitaient des visites en Algérie. Pourquoi ? Craignaient-ils l’Algérie ? Non ! Les Américains et les Européens voulaient des peuples soumis à l’instar des peuples des « pays du makhzen » (pays monarchiques arabes absolutistes) qui maintiennent leurs peuples à l’Etat de sujets aux rois, c’est-à-dire dans la totale soumission. Ce qui n’est pas le cas du peuple algérien qui revendique sa liberté.

 Les peuples arabes sont pour la plupart des peuples « soumis », par les dictatures monarchiques que par des dictatures militaires tunisienne, irakienne, syrienne, égyptienne, libyenne. L’Algérie a été dans les années 1970 la « Mecque des pays révolutionnaires ». Et l’Occident comme les monarchies arabes ont de la mémoire et savent que l’Algérie est un puissant ferment dans les aspirations de liberté des peuples.

 Quant régime militaire algérien, il ne peut s’assimiler aux autres régimes militaires dictatoriaux des autres pays arabes pour la simple raison que ce régime militaire est issu d’une guerre de libération. Et l’histoire en témoigne. Dès le départ, l’Algérie faisait face à l’hostilité des pays capitalistes d’Europe et de leurs alliés, les monarchies arabes. Donc, dès le départ, le jeu politique, le jeu de l’indépendance politique était faussé, et le seul recours pour l’Algérie pour consolider son indépendance a été le régime « socialiste » et son alliance avec l’Union soviétique. C’était donc un choix qui relève de l’Histoire. Et c’est le seul pays dans le monde arabo-musulman qui a pour sigle « République Algérienne Démocratique et Populaire ». Et là aussi, ce n’est pas un hasard.

 Non seulement, ce sigle est évocateur de grands symboles de la révolution française de 1789 et avancées démocratiques que n’ont pas les appellations des autres régimes politiques arabes, mais il montre que l’Algérie a dès le départ embrassé les « valeurs humaines de l’Europe ». Et des valeurs humaines qui ne sont pas tombées du ciel mais ont nécessité des siècles et des sacrifices inouïes pour que l’Europe arrive à ce stade de civilisation respecté par le monde entier.

 

  1. De l’ « expérience algérienne au Printemps arabe ». Un plan américain planétaire

 L’histoire témoigne que l’Algérie a vécu le « Printemps arabe », bien avant les autres peuples arabo-musulmans. Sa révolution a eu lieu en 1988, il y a vingt deux ans, et comme toute révolution s’est accompagnée de son lot de victimes, des centaines de morts en quelques jours. Le multipartisme est entré en Algérie avant même la chute du « Mur de Berlin ». Là aussi on constate une avancée majeure de l’Algérie dans la modernité, certes balbutiante mais non moins réelle.

 Dès 1988, l’Algérie devient un pôle qu’il faut à tout prix abattre, à tout prix « déstabiliser ». Il est devenu un véritable danger pour les régimes monarchique et dictatures arabes. Tant la crainte est palpable qu’il va réveiller les autres peuples. L’Histoire du monde est limpide, les enchaînements de cause à effet se succèdent. L’Histoire se répète ?

 Les événements d’octobre 1988 rappellent la révolution française de 1789. La France était surveillée par ses pairs. L’Algérie était surveillée non seulement par ses pairs arabes mais aussi par les puissances impérialistes qui voyaient en l’Algérie un pays, un peuple qui pourrait déranger leurs plans, qui pourrait réveiller les peuples arabes. Comme ce qu’a fait la Tunisie en 2011.

 La réponse a été immédiate. L’islamisme radical sponsorisé de l’extérieur est venu taper à la porte de l’Algérie. Il s’était déjà incrusté dans la population sans savoir que l’Algérie est allergique à toute domination, son indépendance ayant été payée par un lourd tribut depuis des siècles. L’islamisme armé devait arrêter le multipartisme politique. Et, en même temps, arrêter qu’il ne s’étende à la Tunisie, à la Libye, le Maroc, aux monarchies et ainsi de suite. C’est ainsi que l’Algérie est entrée, sans bien savoir ce qui se passe, de plein pied dans la « décennie noire ». Plus de 100 000 morts selon les médias, selon les autorités plus de 60 000 morts. Les autres peuples arabes étaient tétanisés par ce qui se passait en Algérie.

 Comme ce qui se passe aujourd’hui en Syrie où les villes sont détruites par des Syriens instrumentalisés et des Arabes mercenaires à la solde des pétromonarchies. Et l’histoire se répète. Comme ce qui s’est passé durant la « décennie noire », il fallait dénaturer le « Printemps arabe » et mettre un rempart suffisamment fort pour neutraliser les aspirations de liberté démocratique des peuples musulmans. Et le seul moyen déjà planifié est l’instauration d’un régime islamiste. La charia – loi islamique –, selon les prédicateurs, postule que la démocratie doit être bannie de la société. Il était impératif de maintenir les peuples dans la soumission, la servitude. Faire prendre l’Islam en une « religion obscurantiste », une religion qui est contre la modernité alors que l’Islam a joué pleinement son rôle de civilisateur durant des siècles dans l’essor politique, philosophique et scientifique de l’Occident et du monde. Il a été le trait d’union entre l’Orient et l’Occident.

 Les forces réactionnaires comme d’ailleurs celles de l’Occident qui poursuivent une stratégie de domination sont-elles conscientes qu’« elles vont en vain à contre-courant de l’histoire ». Sont-elles conscientes que tous les peuples se ressemblent. Qu’il y a toujours une « Raison dans l’Histoire, une Providence qui gouverne les peuples ». Qu’il y a toujours un peuple qui réveille les autres peuples. Comme cela a été pour le peuple français avec la « révolution de 1789 », et le peuple russe, en 1917, avec la « révolution bolchevique ».

 Quant au « Printemps arabe » lui-même, les peuples arabes ne sont pas dupes, ils sont conscients qu’il est d’inspiration américaine et obéit à un plan de domination planétaire. Les Américains, confrontés à leurs échecs en Irak et en Afghanistan, et surtout contre l’Iran, qui demeure inflexible sur son programme nucléaire d’autant plus qu’il est soutenu par la Chine et la Russie, deux grandes puissances mondiales, ne laissent aucun échappatoire sinon le statu quo et le « fait accompli ». Et c’est situation de ni guerre ni paix que les think tanks américains se sont inspirés de la stratégie de contre-insurrection de l’ex-chef de la CIA David Petraeus, qu’il a utilisée en Irak.

 En effet, des questions se sont posés à l’Europe et aux États-Unis : « Comment combattre l’Iran ? Comment Mener une guerre préventive ? » Toutes les options sur la table, i.e. la guerre en dernier recours, qui mènerait certainement à une guerre nucléaire limitée. Une guerre contre l’Iran validerait, légitimerait la « création d’un arsenal nucléaire en Iran ». Ce qui « annihilerait » ensuite toute course à la guerre par l’Occident contre l’Iran, y compris l’usage d’armes nucléaires.

 La guerre contre l’Iran serait impossible pour la simple raison qu’elle « elle mettrait en grave danger Israël ». Il suffirait qu’un missile nucléaire iranien tombe sur Tel-Aviv et la capitale israélienne serait non seulement détruite mais enclencherait une guerre nucléaire régionale. De nombreuses villes de la région moyen-orientale disparaîtraient de la surface de la terre : Riyad, Téhéran, Doha, etc., ainsi que d’autres villes israéliennes. Ce qui est inacceptable, les pertes trop onéreuses de part et d’autre, des millions de morts pour un gain presque nul puisque le monde ne pourra plus se relever d’un pareil conflit d’autant plus qu’il a été provoqué par l’Occident, un Occident censé le plus libre, le plus démocratique, le plus évolué du monde.

 Et on comprend pourquoi l’« expérience algérienne » qui a été très suivie par les stratèges américains devait servir de substitut à une guerre préventive contre l’Iran. Non plus comme en 1988 où tout a été mis pour bloquer cette avancée démocratique en Algérie mais bien au contraire à faciliter de l’étendre. Un substitut qui embrasserait tout le monde arabe sunnite entier contre évidemment abattre à tout prix l’« axe chiite ». En somme, à travers une avancée démocratique dans un premier temps, une islamisation forcée des régimes politiques et enfin une guerre par procuration. C’est ainsi que l’immolation du jeune tunisien, Mohamed Bouazizi, n’était qu’un prétexte dans les plans américains qui ont déjà programmer la fin des régimes dictatoriaux en Tunisie et en Egypte qui n’étaient plus « rentables », n’offraient aucune profondeur géostratégique à la superpuissance. Des parasites en somme sans intérêt.

 Actionnant les relais qu’ils ont dans ces pays et intimant aux décideurs des forces armées de ne pas bouger – ces institutions sont dépendantes des aides financières et matérielles des États-Unis –, le renversement de ces régimes politiques a été rapide et s’est, pareil à une incendie, étendu aux autres pays : Libye, Yémen, Syrie. Les pays monarchiques arabes qui n’étaient pas concernés ont été à peine effleurés. De plus pour prévenir, ces pays ont actionné fortement le porte-monnaie. En déversant des milliards de dollars dans l’augmentation du pouvoir d’achat, ils ont acheté la paix sociale.

 Quant à l’Algérie, le Printemps arabe l’a à peine effleuré, et c’est tout à fait naturel. D’abord par la violence qu’elle a accumulée durant la « décennie noire » et ensuite, forte de ses réserves de changes, les décideurs ont aussi usé du porte-monnaie, c’était dans leurs intérêts. Ils ont acheté la paix sociale.

 

  1. Un « rôle historique » de l’Algérie dans le progrès du monde arabo-musulman. La Raison dans l’Histoire

 Le plan réel américain qui ressort n’était évidemment pas d’instaurer la démocratie dans ces pays. Bien que les Américains ne cessaient pas de brandir ce « fourre-tout » qu’on appelle « démocratie », les Américains pensaient d’instaurer des régimes politiques islamistes. Qu’ils soient salafistes ou wahhabites, peu importe la dénomination de ces régimes, l’essentiel était de constituer une « ceinture sunnite d’acier contre l’arc chiite ». Ce qui passerait par une guerre par procuration et un effet-domino. Comme ce qui se déroule aujourd’hui en Syrie.

 Si la Syrie tombe, ce sera au tour de l’Irak et au Maghreb, l’Algérie, cela va de soi. Ce pays-centre maghrébin est un acteur central dans la région Nord de l’Afrique. Tout passe par cette région, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud. Donc un pays qu’il faut à tout prix déstabiliser et changer son régime. Les événements au Mali et au Sahel, comme l’attaque terroriste de Tiguentourine contre des installations pétrolières au Sud de l’Algérie – cette attaque a été une opération-test pour apprécier les forces armées algériennes qui, d’ailleurs, par la réponse sans appel, a pris au dépourvu les puissances occidentales – entrent dans les plans anglo-américains. On comprend pourquoi la situation pourrissait en Syrie, tandis qu’au Sahel et au Mali, la situation était instable. Et le revirement des États-Unis avec l’Iran qui ont profité du nouveau président iranien pour lier langue incombe aux échecs des plans américains. Les jeux étant faits, il fallait trouver une issue à l’impasse au Moyen-Orient.

 Evidemment, les Américains ne prenaient pas en compte l’Histoire. Ou plutôt ne prenaient pas en compte qu’ils n’étaient dans leurs plans diaboliques que des « instruments de l’Histoire ». Comme l’ont démontraient les événements qui ont suivi depuis 2011. Le régime politique islamiste en Tunisie a atteint ses limites, il évolue vers une union démocratique où toutes les forces politiques sont représentées. L’Egypte a mis fin au régime islamiste qui a cru que son heure est venue pour régenter un pays déjà « islamiquement musulman ». Le changement qui s’est opéré revient à la maturation des forces politiques et de l’armée égyptienne qui aspirent à la démocratie. Le régime islamiste en Egypte a raté son rendez-vous avec l’Histoire. Quant à la Syrie, devenue un pays en ruine, les forces islamistes aujourd’hui s’entredéchirent et contre lesquelles le peuple syrien et son armée continue de lutter contre ces forces manipulées de l’extérieur. Il est évident que la paix revenue, la Syrie ne sera plus la Syrie d’hier. Trop de sang a été versé, le régime politique doit faire sa mue et aller dans le sens de l’histoire.

 Il est évident qu’un plan géostratégique dusse-t-il être de la première puissance doit d’abord répondre s’il s’inscrit dans le sens de l’Histoire ? Dans le sens du développement du monde ? Les Américains n’ont vu que leur intérêt immédiat sans prendre en compte leurs échecs qu’ils ne cessent de comptabiliser tout au long de leur histoire. Sans prendre en considération les intérêts des peuples. Cependant, on ne peut ne pas témoigner que c’est grâce aux plans géostratégiques américains que des régimes absolutistes entiers, inamovibles depuis des décennies, sont tombés en quelques mois. Et l’Algérie, par sa position « qui ne relève pas du hasard » comme d’ailleurs ces guerres et crises politiques passées a aussi un « grand rôle historique » dans l’évolution du monde musulman. Une évolution vers la modernité. La cause palestinienne comme la cause sahraouie sont déjà deux éléments de base de sa politique extérieure. D’autre part, ce pays n’a pas un pays de « soumis » comme le sont les peuples forcés à la servitude et à une soumission absolue aux rois, sultans et émirs. Ce qui est impensable à une époque où le monde vit la « Conquête spatiale », la « Révolution des communications », et les grands pays explorent la Lune, Mars… alors que les pays arabo-musulmans sont encore à la traîne.

 Les élections présidentielles de 2014 en Algérie qui sont très suivie par les monarchies arabes et les puissances démontrent si besoin est le désir, la volonté des élites et du peuple algérien de s’inscrire dans la modernité, dans une modernité qui prend en compte les valeurs musulmanes. Et c’est précisément dans la diversité des civilisations que l’humanité recèle qu’elle trouve sa richesse et son sens d’exister. De même, une Algérie qui s’affirme, qui promet, par cette aspiration démocratique avérée même si le chemin est encore long – l’Europe n’a pas réussi sa mutation en cinquante ans, mais en des siècles, et l’a acquit par de lourds sacrifices – affirme aussi, depuis son indépendance, un « Rôle historique » dans les avancées des peuples arabo-musulmans.

 Les États-Unis ont aussi une grande responsabilité dans le devenir du monde. Justement les plans auxquels s’affairent les grands stratèges, les think-tanks américains, jouent justement dans une sorte d’accouchement au forceps de l’histoire. Non selon les buts américains mais selon la « Raison » dans l’Histoire. Ce ne sont pas les hommes qui commandent l’histoire, les hommes certes font l’histoire mais c’est la « Raison » qui dirige l’Histoire. Et, comme nous le constatons, les hommes sont les « instruments de l’Histoire ».

 Et ni les rois ni les grandes puissances ne peuvent arrêter le progrès. Le « progrès est un phénomène inné » dans le développement de l’homme, comme même qu’il grandit d’embryon, de bébé, enfant à l’âge adulte, et c’est valable pour l’humanité sauf que l’humanité ne meure pas, elle se reproduit toujours. Sans le progrès, les gratte-ciels n’auraient pas « gratté » le ciel, sans le progrès, l’homme ne se serait pas envolé dans le ciel, puis dans l’espace. Telle doit être la compréhension que le monde s’étire dans un progrès sans fin.

 Dans un siècle, ce siècle de modernité paraîtra peut être ancien comme ce que fut le début du XXe siècle par rapport à la fin du siècle. Et c’est ce à quoi peuples et élites doivent réfléchir.

 

Medjdoub Hamed

Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,

Relations internationales et Prospective.

www.sens-du-monde.com

 

 

Note :

 

1. PRESIDENTIELLES 2014. Pourquoi l’Algérie n’a jamais raté son rendez-vous avec l’histoire ? Pour que les jeunes générations comprennent ! www.agoravox.fr

 


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7 réactions à cet article    


  • Montdragon Montdragon 7 mars 2014 02:23

    Contentez-vous de parler du présent plutôt que présenter une histoire succincte de ce que les français ont inventé : l’Algérie.
    Ce que pourrais être ce pays, parlez-en, la partie 1 de votre exposé est une insulte à la civilisation.
    Merci.


    • Hamed 7 mars 2014 07:31

      @ Montdragon

      Le passé de l’histoire commune de l’Algérie et de la France vous dérange-t-il ? Et pourquoi dois-je me contenter du présent et non du passé de la France ? Faîtes le moi savoir s.v.p.
      Ce que pourrait être ce pays, il est déjà ! Il est tous les jours, et il parle de lui-même. Suivez seulement le débat qui se déroule en Algérie aujourd’hui sur les présidentielles,
      une véritable leçon de démocratie aux peuples musulmans y compris occidentaux.
      Vous dîtes que la partie 1est une insulte à la civilisation, dîtes-moi en quoi, je vous prie.
       Merci


    • GUERRY 7 mars 2014 20:30

      Je ne vois pas pourquoi la partie 1 est une insulte à la civilisation. Je trouve cet article bien conçu.
      Pour votre information j’ai participé à la Guerre d’algerie et lorsque j’ai découvert pour la première fois ce beau Pays j’ ai tout de suite compris que l’Algérie n’était pas la France


    • Hamed 7 mars 2014 20:57

      @ Guerry

      J’apprécie la justesse de votre pensée.
      Amicalement


    • AmonBra AmonBraQ 7 mars 2014 09:13

      @ l’auteur


      Excellent article sur une nation jeune mais néanmoins pleine d’avenir, appelée à jouer un rôle majeur dans le continent Africain, qui, sans doute, sera le continent du XXI siècle.

      • Hamed 7 mars 2014 12:00

        @ AmonBraq

        Je ne vous le fais pas dire. L’Histoire va vers les nations jeunes, l’avenir va vers l’avenir, l’avenir leur appartient. C’est une question de temps. Quant aux vieilles nations, elles les accompagnent comme un père accompagne son fils. Et cela va au-delà des races, des religions... et des continents. Nous sommes tous humains rien qu’humains et le fils ne tue pas... son père.

        Merci pour le commentaire


      • El_Arabi_El_Acil El_Arabi_El_Acil 17 juillet 2014 17:39

        J’avoue que je suis flemmard et j’ai horreur de lire les longs articles. Mais là, je ne sais comment je me suis retrouvé à dérouler les lignes parce que , pour un fois, le contenu sonne vrai.

        Et puisqu’il en est ainsi , je me dois de féliciter l’auteur de cet article qui a dit simplement que l’Algérien n’est pas un aplaventriste et que si l’Algérien a fait brouter l’herbe de cette magnifique terre à une puissance coloniale , ceci donne une une idée sur le NIF (dignité) de l’Algérien.
        Il faut se cultiver et il est temps d’aider @Montdragon à se cultiver en lui disant que ton pays n’a rien inventé , et qu’un pays ne se crée pas comme on invente n’importe quoi avec des légos. Le langage tenu est celui de nostalgiques pour qui l’indépendance de BLADI (mon pays) leur est restée au travers de la gorge.Ceux là, allusion aux nostalgiques ou les brasseurs de vent, s’ils avaient créée l’Algérie , ils n’auraient pas fui en 1962 dans des embarcations de fortune pour traverser la mer bleue. 
        Ressaisissez-vous @Montdragon , nous sommes en 2014 et non en 1962. 

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