Réchauffement climatique : Avec Yannick Noah, activiste malgré vous...

Because we are the world and the time has come to pay the rent...
Le temps est donc venu, et revenu pour les célébrités les plus " politisées ", de pousser la chansonnette et tenter, encore une fois, de réveiller les consciences endormies qui n’auraient pas encore compris qu’il y a vraiment le feu au lac. Que ce soient les plus gros pollueurs des plages de Saint Tropez, la plupart autoproclamés "enfoirés" de la juste cause, qui nous rappellent perpétuellement à l’ordre, a évidemment de quoi agacer. Malheureusement, l’actualité du moment semble faire tourner le vent en leur faveur. Alors que les îles Samoa, dans le Pacifique, comptent leurs morts suite aux tsunamis, dont elles furent victimes il y a quelques jours, les ravages de cette catastrophe naturelle, tombent à point nommé, si on peut dire, pour faire la promotion involontaire de ce nouveau tube humanitaire qui, grâce à la conviction filmée de nos stars, frise la surenchère d’octaves synthétiques et de grimaces poignantes ...
Les artistes engagés, ont donc quitté, un instant, le confort de leurs quartiers cossus, où ils résident à la basse saison, pour venir peaufiner la propagande climatique, et lui donner une touche plus humaine qui n’épargnera pas nos sensibleries, mais c’est le but. La création de ce clip "pédagogique" est l’initiative de deux prix Nobel, Desmond Tutu et Kofi Annan, très impliqués dans la cause écologique, surtout celle des pays du Sud, et qui ont réussi l’exploit de réunir une soixantaine de voix populaires pour porter leur message...Et pas n’importe lequel. Kofi Annan à même mis à contribution le ministre de la culture Australien, Peter Garett, qui fut membre du groupe Midnight Oil, avant d’abandonner l’harmonica pour la politique. C’est lui qui a réactualisé un de leur titre célèbre, Beds are burning, pour l’offrir à nos stars, dans l’espoir qu’il soit le relais de l’engagement des auteurs du texte original.
En effet, le groupe de rock australien est connu pour ses prises de positions politiques, notamment en faveur de l’écologie et des autochtones. Le titre "Beds are Burning", à l’instar du "Strange fruit" de Billie Holliday, est véritablement une chanson politique, qui dénonce avec autant de conviction que Billie le fit du lynchage des Noirs d’Amérique, l’indifférence au sort des arborigènes d’Australie, spoliés de leur Terre et victimes d’un sort tout aussi cruel... Que Desmond Tutu ou Kofi Annan aient choisi un tel symbole pour leur cause n’est pas innocent, car ce qui préoccupe les deux hommes dans le débat sur le climat, ce n’est pas tant les deux degrés et demi supplémentaires qui pourraient assécher encore plus les pays du Sud déjà tannés par leurs 50° quotidiens, mais plutôt ce qui va être décidés pour eux, lors du prochain sommet international prévu à Copenhague, le 7 décembre.
Lors de ces débats, la priorité sera donnée aux discussions qui devraient permettre d’entériner un "nouveau" protocole de Kyoto, celui qui mettra tout le monde d’accord. Tout le monde c’est à dire, les pays industrialisés très développés et pollueurs et les pays du Sud pour qui le protocole actuel à déjà tout prévu en terme de gestion de permission de polluer.
C’est le MDP ou Mécanisme de Développement Propre, qui a remporté la palme du concept innovant et mis en application avant même que les accords n’entrent en vigueur...Parce-que l’idée était trop bonne, l’urgence réelle, et l’argument pour se justifier, imparable :
Les pays en développement ne sont pas soumis aux limitations d’émissions de gaz à effet de serre, imposées par le protocole de Kyoto aux pays industrialisés. Ce qui est injuste, car si les pays industrialisés doivent faire des efforts pour diminuer leur émissions de CO2, et qu’ils y arrivent un jour, tout le monde en profitera. Ce jour béni où on aura suffisamment réduit les émissions de carbone pour ne plus nous le taxer est prévu pour 2020-2030. Logiquement, dans l’attente, tout le monde doit consentir à l’effort. A fortiori quand, comme l’Inde ou la Chine, on est un pays émergent, surpeuplé, en pleine croissance et polluant.
Aussi pour arriver à leurs propres objectifs, les pays Occidentaux peuvent acquérir des crédits d’émission de CO2 en proposant de les "échanger" contre une aide au développement innovant et non polluant. Une fois n’est pas coutume, les pays pauvres non soumis jusque là, aux lois de la spéculation sur le carbone, ont pu s’en constituer une réserve, bien fictive évidemment, et devenir les plus grands détenteurs de stock de permis d’émettre du CO2. Droits qu’ils peuvent maintenant, selon le MDP, revendre à des investisseurs Occidentaux, justement intéressés par le développement durable et l’écologie en général...
Dans la réalité, seul la Chine et L’Inde sont les vendeurs de ces crédits, permis de polluer, que les Occidentaux rachètent et se revendent entre eux, au gré des besoins. l’Afrique, comme d’habitude, trop occupée à écrire son dernier morceau de rap’, en guise d’hymne national de la dèche totale, n’est de toute façon pas dans le collimateur des spéculateurs de carbone pour le moment. Car, comment pourrait-on convaincre les investisseurs privés potentiels, que, placer des panneaux solaires ou des éoliennes pour réchauffer ou éclairer les bidonvilles de Bamako, soit un investissement suffisamment juteux pour être complètement propre à l’heure d’aujourd’hui...Ainsi, si ces "crédits" ont généré près de 20 milliards de dollars depuis 2002, ceux vendus par l’Afrique ne représentent que 3% de la facture totale présentée aux Messieurs Propres Occidentaux, qui se bousculent plutôt aux portes de l’Asie plus réceptive à l’ultra-technologie super clean...
En attendant le 7 décembre, les deux hommes ont mis le paquet pour diffuser le clip que vous pouvez télécharger gratuitement...Ce qui fera de vous, automatiquement, et peut-être à votre insu, un pétitionnaire et un militant de la cause. En effet, chaque téléchargement sera comptabilisé comme une signature. Une voix de soutien intentionnelle ou pas à cette chanson-pétition qui, n’en doutons pas, sera visionnée et écoutée dans le monde entier grâce à Yannick et Lily. Parallèlement au lancement de la chanson, un site géré par "une équipe internationale" et travaillant en partenariat avec Oxfam, Amnesty, et le forum humanitaire mondial, présidé par Kofi Annan, a permis de mettre en route une campagne ouverte pour soutenir le projet "Time for Climate justice". Cette campagne est accessible aux citoyens du monde entier qui pourront envoyer un Tic-tac virtuel (tick, réduit à tck en anglais) sorte de petit clic, de rappel à l’ordre urgent, à l’attention directe des dirigeants pour tenter d’influencer leurs prochaines discussions sur le thème du climat dans le Sud.
Si l’initiative des prix Nobel est un cri du coeur un peu pathétique, elle semble encore plus ridicule quand on sait que les plus grands spécialistes du climat ne parieraient pas un centime sur cette énième réunion, car ils savent bien que des multiples discussions sur ce thème n’est ressorti jusqu’à présent qu’un "rapport" de 200 pages, dont le contenu consterne les vrais experts.
En tous cas, quel que soit le résultat de cette prochaine mascarade, d’où ressortiront, sans aucun doute des propositions aberrantes et payantes, l’ancien secrétaire général de l’ONU est convaincu qu’il pourra sensibiliser à l’injustice flagrante de ce protocole, par le biais de ce clip humanitaire qui nous associe, bien malgré nous à Noah et sa clique, mais si c’est pour la bonne cause, même si ça ne change rien, ça fait du bruit selon Mr Kofi :
"Le changement climatique est le plus grand défi humanitaire que nous devons relever aujourd’hui(...) Ce sont les pays les plus pauvres et les moins développés qui sont le plus durement frappés(...) Le temps file à toute allure(...) C’est une pétition musicale mondiale(..)Ensemble, nous pouvons faire tellement de bruit que nos dirigeants ne pourront pas l’ignorer quand ils se retrouveront à Copenhague"
Alors ? Militant malgré vous ou plutôt adepte de l’original ?
"Out where the river broke
The bloodwood and the desert oak
Holden wrecks and boiling diesels
Steam in forty five degrees
The time has come..."
TO PAY !
....
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