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Accueil du site > Tribune Libre > Réchauffement climatique : s’adapter ou disparaître

Réchauffement climatique : s’adapter ou disparaître

En avril 2013 le climatologue américain Lee Hannah annonçait la fin de 86% du vignoble européen en 2050. Allo Papa Tango Charlie ! Drame dans l’hexagone ! Mais pas que dans l’hexagone : la Toscane est dans le collimateur du prédicteur.

S’adapter ou disparaître

En France, les trésors que sont le bordelais, la Bourgogne et d’autres terres du sud bordant la Méditerranée seraient touchées. De combien ? La réduction de la production irait de 39% à 86% (valeur médiane : 68%), selon les scénarii du climatologue :

« La surface viticole européenne sera réduite de 68 % en 2050. C’est la très sérieuse prévision du climatologue américain Lee Hannah – ou plutôt le scénario moyen de cette étude internationale sur l’impact du réchauffement climatique (1). L’hypothèse optimiste limite les dégâts à 39 % du vignoble. Mais le scénario pessimiste étend le sinistre à 86 % des surfaces, l’Europe du Sud, Languedoc compris, étant la principale victime ! »

Toutefois en 2014 l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique), section de Montpellier, relativisait cette prédiction pessimiste (l'INRA qui mentionne seulement 15% à 35% de baisse de rendement en 2050) :

« Pour nous, les températures maximales de production sont mal évaluées. Et surtout, le climatologue n’a pas assez pris en compte nos multiples leviers d’adaptation, détaille Jean-Marc Touzard, l’économiste co-animateur du programme Laccave. »

Et de préciser que les vignerons s’adaptent au réchauffement depuis les années 1980. C’est impératif sans quoi le vin perdrait de ses qualités :

« … la chaleur croissante a rehaussé la teneur en sucre, ainsi que le taux d’alcool de 2 degrés en moyenne. En poussant les arômes vers le fruit cuit. Et en réduisant l’acidité. »

S'adapter ou disparaître, telle semble être l'exigence du temps. Mais comment s’adaptent ces vignerons ? D'abord par l’utilisation de nouveaux cépages. La recherche dans ce domaine est très active. Il existe des milliers de cépages de vigne à vin, Vitis Vinifera. Chaque cépage se nourrit d'un terroir et de conditions météo particulières. Plusieurs supportent grande chaleur, sécheresse, stress hydrique, froid. Améliorer la production et la résistance des variétés végétales fait partie d’une attention constante des producteurs comme des chercheurs.

climat,réchauffement,vigne,vinChoisir son camp

Cela donnera-t-il plus de travail aux vignerons ? Oui et non : oui car toute adaptation nécessite des efforts et des risques. Non parce que c’est ce qu’ils font déjà depuis des siècles. La vigne n’a pas été par nature faite pour une température moyenne de 15°. Les variétés végétales n’ont jamais connu de température constante. Elles ont dû s’adapter au chaud et au froid selon les périodes. Utiliser la meilleure variété pour la meilleure terre dans un micro-climat donné fait partie du quotidien des vignerons comme des céréaliers.

L’adaptation passe aussi par différents leviers : l’avancement de la période de vendanges, la gestion hydrique, la plantation de vigne en altitude. C’est déjà le cas dans plusieurs pays et l’on vendanges parfois à des altitudes comprises entre 700 et 1’500 mètres. Autres moyens encore : l’utilisation de parcelles plus fraîches de par leur orientation, le versant de colline où la vigne est plantée, l’ombrage possible.

« Troisième vecteur de changement : la relocalisation des vignobles, en particulier ceux situés en plaine qui vont prendre un coup de chaud. Certains vignerons aménagent déjà, sur l’exploitation existante, des parcelles moins exposées, plus fraîches. D’autres montent en altitude : ainsi, des viticulteurs de Montpeyroux, près d’Aniane, viennent de planter du blanc sur le Larzac, à La Vacquerie. Et au même endroit, 700 mètres au-dessus de la mer, ils ont construit un chai pour vinifier à la fraîche. »

On peut aussi délocaliser durablement des régions viticoles. L’Angleterre, les Pays-Bas deviendront peut-être producteurs de grands crus. Les Bordeaux seront-ils abandonnés ? Probablement pas.

Si le supplément de chaleur favorise l’élévation du taux de sucre dans le raisin - et donc d’alcool dans le vin, il est possible d’y pallier par la désalcoolisation du vin ou la soustraction de sucre du moût.

Enfin, comme le magazine Pour la Science du mois de mai le précise dans un dossier sur le sujet : les techniques d’entretien de la vigne évoluent. La taille des ceps est pratiquée de manière à laisser davantage de feuilles au-dessus des grappes, afin de diminuer l’ensoleillement direct et de faciliter la circulation d’air, deux moyens de réduire l’impact de la chaleur.

La recherche agronomique et la mise au point de nouvelles variétés prend du temps. Deux décennies au moins. Mais l’adaptation passe par là. Et l’adaptation c’est l’intelligence en action.

D’un côté du climat, il y a les apocalyptiques. De l’autre, les pragmatiques. On peut choisir son camp sémantique et politique : construire l’avenir en tenant compte des changements, ou se convaincre que le pire nous attend. Chacun sa vision, et il s'agit ici bien de deux visions différentes et opposées.

Un clivage est toujours un peu réducteur. Néanmoins celui-ci se superpose assez bien au paysage et clivage politique général droite-gauche. Mais plus encore qu'à ce balisage politique il faut réfléchir au référentiel qui sert d'appui aux tenants de l'apocalypse : la période 1950-1980, soit une période plus fraîche que la moyenne. Le réchauffement actuel pourrait être la suite de la remontée des températures du petit âge de glace. Auquel cas il faudrait changer le curseur de référence, cette fameuse période fétiche des 30 glorieuses supposée être la norme climatique absolue, et admettre que les variations sont la norme. Changer le curseur : cette idée vaut bien un temps de réflexion.


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15 réactions à cet article    


  • pierre 20 mai 2015 13:09

    S’adapter sur 40 ans sera impossible, donc ne reste que disparaitre


    • Loatse Loatse 20 mai 2015 15:01

      Certes il y a eu une période d’ensoleillement croissant (qui a touché particulièrement le sud ouest depuis 15 ans, rendant les vins plus alcoolisés - de 11 à 13 voir 14° ce n’est pas rien -)
      Après, le cépage utilisé, le ph de la terre, l’exposition de la vigne font qu’un Saint Emilion ne se transformera jamais en un Sidi Brahim...(que perso j’utilisais pour le boeuf bourguignon :)

      De là à prétendre que 86% du vignoble européen va disparaître, faut pas pousser ! A moinsse que, l’auteur de ce rapport étant américain, nos oiseaux d’outre atlantique se mettent à innonder le marché européen de leurs vins de californie à bas prix et que les amateurs de vins français se mettent à regarder à la dépense..

      M’enfin c’est une région qui souffre de la sécheresse et qui risque donc de se retrouver confrontée à la même problématique voire pire (au vu de leur lacs/réserves d’eau douce quasi évaporés entre deux incendies)

      Après la situation climatique n’est pas figée, on peut avoir des surprises. Il y a deux semaines de cela ; absence complète de taches sur le soleil, là peu, synonyme de refroidissement) Un changement depuis 2014 qui confirme aux adeptes de la théorie du minimum de Maunder (gla gla et un petit bout de temps) qu’on a de grandes possibilités d’ entrer dans un petit age glaciaire équlvalent à celui qui a transformé jadis et la seine et la tamise en patinoire (on y installait le marché dessus !) 

      Rien à voir avec ce que nous avons connu...









      • Cassiopée R 20 mai 2015 17:01

        Les pragmatiques, voilà un beau nom trouver, c’est si simple, ça sonne un peu comme la realpolitik, seulement le problème que notre niveau de pollution est le plus élevé à l’échelle de l’histoire de la planète. Même durant le Permien, les taux de Co2 n’étaient pas aussi élevé, donc oui il va y avoir sûrement de gros problème, mais on peut s’adapter entre temps. Personne ne dira le contraire, mais de là à opposer les gens, c’est une technique malsaine pour cacher des problèmes.

        En fait dès les années 70, le richissime Rockefeller a fait un discours où il savait que les problèmes atmosphériques étaient si grave que c’était un péril, mais pour toutes réponses il a dit que seul la croissance économique pouvait résoudre les problèmes sur Terre. Pour s’enrichir sur le dos des gens, ça oui il veut bien résoudre ses fameux problèmes.

        Nous sommes une catastrophe pour le vivant, et ce sont les futures générations qui paieront un lourd tribu de nos côtés pragmatiques.


        • JC_Lavau JC_Lavau 21 mai 2015 05:49

          @Cassiopée R. Sens-toi libre d’exhiber tes preuves : « Même durant le Permien, les taux de Co2 n’étaient pas aussi élevé ».

          En chimie, les symboles chimiques commencent toujours par une majuscule. S’il y a une seconde lettre, alors elle est écrite en minuscule.
          Donc tu nous parles là de la molécule dicobalt ? Et tu prouves son existence terrestre comment ?
          Du reste même dans les espaces intersidéraux, cette hypothétique molécule est des plus improbables.

          Elles sont où tes études de géochimie, de sédimentologie et de stratigraphie, de chimie et de physiologie végétale, quand tu es infoutu d’écrire le dioxyde de carbone sans te gourer ?


        • JC_Lavau JC_Lavau 21 mai 2015 05:52

          @Cassiopée R.
          Rockefeller n’a pas attendu les années septante pour étendre sur la planète son empire de propagande. C’était déjà en place dès la fin de la 2e guerre mondiale.


        • Homme de Boutx Homme de Boutx 20 mai 2015 17:48

          Avant de parler de la disparition du vignoble, il faudrait s’assurer de la réalité du réchauffement climatique surtout annoncé par les nucléophiles et qui ne pourrait être justifié que par la croissance de la consommation instantanée en énergie renouvelable ou non (comme pourrait le dire un chauffagiste) !

          Maintenant, j’étais au sud de l’Espagne le mois dernier pour chercher un peu de chaleur.

          un peu raté, même si la végétation était quelque peu en avance sur la France


          • Spartacus Lequidam Spartacus 20 mai 2015 18:00

            Rassurez vous la changement « climatique » n’est ni pour 2050 ni pour 2100 ni pour 2200 ou plus..


            C’est une gigantesque fumisterie. Il n’existe que des événements météorologiques.

            Le CO2 n’est ni un polluant ni une maladie. Il est indispensable à la vie et assure la photosynthèse. Sans CO2 pas de bon vin.

            La calotte du Groenland diminue un peu tandis que celle de l’Antarctique augmente encore beaucoup plus. Au Groenland ils viennent de retrouver des vestiges Vikings, ce qui indique que le climat a toujours changé et changera indifféremment de l’homme.

            Pendant ce temps les cons d"écologistes http://blogs.tv5.org/meteoblog/2014/07/le-record-quon-nattendait-pas-la-glace-de-lantarctique-ne-fond-pas-elle-est-en-expansion.html coincés par leurs démagogie climatiques restent comme des ânes devant la réalité des faits. 

            • TSS 20 mai 2015 19:01

              @Spartacus
               C’est l’intelligence faite homme ce « sparta ».. !!


            • jef88 jef88 20 mai 2015 20:04

              dans mon coin paumé des Vosges, il existe encore des lieux dits comportant le mot « vigne »
              en général c’est d’origine médiévale .......
              Alors ? actuellement on ne pourrait pas raisonnablement y faire pousser à nouveau de la vigne !
              il fait (encore) trop froid ............
              la terre a subi des réchauffements et des refroidissements tout au long de son existence et ce qui fait la force de l’homme c’est qu’il a toujours su s’adapter ............


              • Didierdemetz 20 mai 2015 21:36

                je tremble de peur lol


                • ppazer ppazer 20 mai 2015 22:28

                  Ne jamais oublier que les états-uniens n’aiment avant tout qu’eux-mêmes, et que ça ne les dérange nullement de sortir des conneries au sujet des autres, voire même ça les arrange si ça écorne l’image de ces derniers.
                  Y’a pas plus faux-cul qu’un zunien : sympathique en apparence, mais narcissique dans les faits. Faut pas le perdre de vue.

                  Alors bon, cette étude états-unienne, franchement ça ne méritait pas qu’on lui fasse une telle pub...


                  • Croa Croa 20 mai 2015 23:46

                    Il y a de la marge !  C’est vrai que dans le bordelais il devient très rare de devoir chaptaliser mais c’est plutôt mieux non ? (Par contre un problème se posera peut-être rapidement pour les pays du sud.)


                    • soi même 21 mai 2015 00:22

                      Mais quel perte à defaut de vin, l’on boirra du vinaigre ....


                      • Mowgli 21 mai 2015 10:40

                        Lee Hannah ?

                        Juste un bonimenteur de plus qui cherche son quart d’heure de célébrité en déblatérant des conneries.


                        • straine straine 23 mai 2015 11:05

                          L’oligarchie mondiale envisage d’instituer un acquis sur l’énergie en général ; Ces bouffons n’ont rien à cirer de l’écologie !
                          chaque baril de brut devra être dûment estampillé du timbre qui se convertira en monnaie sonnante et trébuchante dans leurs escarcelles .... 

                           :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :
                          [La plupart des végétaux sont apparus sur Terre à une époque où la concentration en gaz carbonique était 4 à 5 fois plus élevée qu’aujourd’hui. Elles ont su tirer partie de cette ressource, puisque le CO2 est utilisé avec l’eau et la lumière pour assurer la photosynthèse, et donc la croissance de la matière organique. Que le CO2 soit favorable aux cultures est connu depuis deux siècles déjà : en 1804, Nicolas de Saussure consignait cette observation dans ses Recherches chimiques sur la végétation. Dans les années 1960 et 1970, plus de 400 expériences locales de fumigation au gaz carbonique ont été développées.
                          - pour le riz, le gain est de 44 % en serre, 24 % en tunnels, 19 % en système SPAR[*1], 26 % en OTC[*2], 20 % en FACE[*3]

                          - pour le soja, le gain est de 34 % en serre, 36 % en tunnels, 28 % en système SPAR[*1], 37 % en OTC, 40 % en FACE[*3]

                          - pour le blé, le gain est de 47 % en serre, 26 % en tunnels, 31 % en OTC[*2], 19 à 23 % selon FACE[*3] (avec deux méthodologies différentes).

                          SPAR[1] soil-plant-atmosphere research, ( serre tunnel à gradient de température)
                          OTC2] (chambre ouverte au sommet)
                          FACE[3] free-air CO2 enrichment (plein air) ]

                          Source

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