Référendum sur le CPE, une hypothèse de sortie de crise
Cet article évoque l’intérêt d’un référendum sur le CPE, évoquant sa légitimité démocratique, non sans souligner les risques pour le pouvoir des élites.
La constitution le prévoit dans l’article 11, un référendum peut être proposé par le président avec deux propositions, ou bien celle du gouvernement, ou bien celle des deux assemblées. Au vu du contexte, la deuxième solution s’impose. On sait qu’en Italie, un million de signatures peuvent provoquer ce type de procédure et d’ailleurs, le cas s’est présenté récemment. Les deux à trois millions de manifestants pesant largement plus que le million de pétitionnaires, la légitimité démocratique d’un référendum sur le CPE ne fait aucun doute.
Quels en seraient les avantages ? Le premier, ce serait la sortie de crise. Chirac annonce sa décision et tout le monde se calme. Le deuxième, ce serait d’exclure l’aporie politicienne du choix entre une suspension du CPE qui met à mal de Villepin et une promulgation qui va entretenir le désordre et rendre impopulaire le gouvernement, à moins que Chirac ne veuille jouer une partie de poker. Le troisième, ce serait de redorer l’image des parlementaires ainsi quede redonner une cohérence à l’action politique. En effet, la représentation nationale prendrait note de la fronde nationale.
Les points communs entre l’affaire du TCE et du CPE ont été soulignés à maintes reprises. L’intérêt du référendum serait de libérer la parole et de favoriser l’accès à un débat de société, car c’est bien de cela qu’il est question à travers le CPE. La difficulté étant d’inscrire le CPE, un « banal texte de loi », dans un contexte nécessitant la convocation du peuple. Et donc, il faudrait qu’un bon préambule explicatif soit présenté comme motif de la question : "Etes-vous pour ou contre le CPE ?". Il est évident que cet accès à la parole permettrait de vivifier la démocratie et de donner au débat de société une audience médiatique considérable, de faire naître des idées pour l’avenir, de préparer des pistes et d’anticiper en quelque sorte l’élection de 2007, dont on sait qu’elle sera celle des choix décisifs pour l’avenir de la France et de l’Europe.
Un référendum sur le CPE, aussi improbable soit-il, présente de multiples avantages, et pas des moindres, puisque ce serait l’occasion de répondre à de nombreuses questions sur ce que pensent les Français qui, tous, souhaitent une baisse du chômage, mais en excluant un certain nombre de moyens. Les jeunes viendraient exposer leurs craintes, les économistes leurs chiffres et les chefs d’entreprise leur difficultés, etc. Il paraît que les élites savent quelles réformes sont nécessaires, mais qu’elles ne parviennent pas à les expliquer à des Français arc-boutés sur des archaïsmes sociaux devenus obsolètes. Il faut bien en finir avec ce dilemme et ce dialogue de sourds. Un référendum serait l’occasion de faire un point sur la situation, et vu les prises de paroles, la mobilisation médiatique et la durée des débats, il est impensable que nos élites soient si peu pédagogues qu’elles ne sachent convaincre des Français que l’on dit instruits, et passionnés d’une mesure juste. Mais au fait, si c’était une question de QI ? Les Allemands qui, eux, acceptent le consensus et les réformes, ont paraît-il un QI moyen de 107, alors que nous n’avons que 96.
Compte tenu des sondages, un tel référendum pourrait se solder par un non massif, et ce serait une échec de plus pour le président, après celui du TCE. On voit bien que le souci des têtes politiques compte plus que celui de l’avenir d’un pays et des débats qui s’imposent. Les élites ont décidé, semble-t-il, d’une évolution nécessaire, et la vérité, c’est que la société du futur devra se faire en acceptant une casse sociale. Et le peuple français ne peut pas l’admettre ; quant aux élites, elles auront bien des difficultés à faire accepter ce principe en vigueur depuis plus de quinze ans. Je me souviendrai toujours de cette conversation avec un membre d’une association humaniste apolitique, bien connue et très influente dans l’Orient-ation des évolutions sociales, un type très class, antiquaire de profession, belle situation. Je l’interrogeais sur Maastricht et sur le coût social de l’euro en terme de chômage, évalué par des instituts britanniques à la réputation indubitable. Il m’a répondu que si on veut avancer, on ne peut éviter la casse sociale, et chez nous, les jeunes sont en première ligne. Les Français n’en veulent plus, mais quelles sont les solutions ?
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