Réflexion sur la réforme de l’éducation nationale
Twitter a du bon... si si, il a la fonction de mener les gens au débat, à la discussion. On peut établir ses idées, affiner ses réflexions. Ce fut le cas hier soir. M6 nous la joue racoleuse avec un capital stigmatisant sur la fonction public...
Twitter a du bon... si si, il a la fonction de mener les gens au débat, à la discussion. On peut établir ses idées, affiner ses réflexions. Ce fut le cas hier soir. M6 nous la joue racoleuse avec un capital stigmatisant sur la fonction public. M6 préparant la campagne de Sarko ??? on voudrait ne pas y penser et pourtant... encore une fois, des clichés, des stigmatisations. Le prof fainéant, la poste non efficace, la quête de la rentabilité même à l'école avec les charter school. Un but : mettre dans la tête des gens que la privatisation c'est cool.
Cette émission de type M6 a eu vocation au moins à lancer une discussion sur le thème de l'école. Ah l'école... cette forteresse imprenable pour les ultra libéraux... moi même étant prof, j'ai répondu à un jeune homme de l'UMP qui s'amusait à commenter cette émission. Nous avons débattu, je n'ai pas eu les réponses voulues...
Premier tweet, l'homme plante le décor : il est bien umpiste, il veut de l'efficacité et de la rentabilité à l'école.
N'étant pas borné et antiréformiste, je décide de lui répondre. A mon sens, on peut et doit reformer l'école. C'est effectivement un système lourd, trop lourd. Mais tachons de réfléchir correctement, pas à la mode UMP où l'idée finale est à 100 lieux de l'idée de départ.
Que l'école devienne efficace dans son fonctionnement oui. La lourdeur administrative demande beaucoup de main d'œuvre, ma, d'œuvre qui lorsque cela se calme est en effet trop nombreuse. Des démarches simples de service public pouvant être effectuées aujourd'hui par internet, ne le sont pas à l'éducation nationale. Résultat : lenteur et agacement.
Je lui répond également que la rentabilité n'a rien à faire à l'école. On ne calcule pas la rentabilité de l'école par le résultat des élèves, ça n'a aucun sens. Il me dit que l'efficacité administrative et celle des résultats des elevs vont de paires... FAUX ! Si la contraction des effectifs dans l'administration peut permettre une légère mise sous pression et permettre l'efficacité... en aucun cas, la réduction de 12000 postes d'enseignants par an ne permet au élèves de meilleurs résultats.
Mais selon lui, en tant que prof, je ne dois pas vraiment comprendre...
un exemple simple : la réduction des effectifs de prof, amène chaque année des classes surchargées. Le volume horaire par matière reste le même, mais il est reparti avec moins de prof. A cela, les proviseurs répondent : « prenez les heures sup' ou bien je ne vous donne que des classes à 30 élèves à chaque cours ». Jolie morale. Là où les classes devraient être dédoublées, on nous les rassemble, ce qui rend difficile l'apprentissage des élèves. Alors, non, la réduction du nombre de prof ne rend pas « rentable » l'école, bien au contraire.
Même chose sur la formation. C'est pourtant simple, comment une réduction drastique du nombre d'enseignant, la destruction totale de leur formation, ou le recrutement au pôle emploi de remplaçants, peut permettre aux élèves de progresser ????
Tout cela n'a qu'une logique financière, rien de plus. Voilà qui est triste car il y a des choses à changer. Avec la droite c'est tout ou rien. Certes la formation IUFM avait de grands défauts, loin de moi l'idée de l'idéaliser, j'en sors... mais sans formation, l'entrée reste difficile, il faut donc trouver un compromis. (exemple : 13 heures de cours et 6 heures de formation soit une journée par semaine tous les quinze jours ?), ce n'est si abusé que cela...
L'ump tient une contradiction dans son discours. Il veut faire de l'école française l'une des meilleures du monde en terme de résultat, mais détruit littéralement le système qui pourrait lui permettre d'y arriver.
L'ump veut permettre aux proviseurs « d 'inspecter » davantage les enseignants. A cela je réponds, oui pourquoi pas au niveau administratif. Le système de notation administratif est trop lourd pour permettre une notation juste. Où est privilégié l'enseignant qui n'arrive pas en retard, qui fait bien ses visites de stage, qui va au réunion et qui s'implique dans son lycée ? La lourdeur fait que l'on peut en faire le moins possible sans être inquiète. A ce prix là, en effet, autant de ne rien faire. Il y a donc quelque chose à reformer ici. Cependant, que les proviseurs commencent eux même à sortir de leur bureau afin de connaître leurs enseignants pour mieux voir comment ils travaillent et si certains abusent. Le proviseur est aujourd'hui un gérant de camping, à la différence qu'il ne connait pas les campeurs...
L'ump veut permettre aux proviseurs d'inspecter l'enseignant... BLAGUE. Quelles compétences disciplinaires a ce proviseur pour dire que tel ou tel prof applique mal son programme ? Ce serait comme demander à un prof de juger et de noter le travail administratif du proviseur qu'il ne connait pas... Je suis moi même favorable à plus d'inspections, que les enseignants soient davantage visités, jugés, aidés mais des inspecteurs qualifiés, qui savent à quoi doit ressembler un cours de leur matière. Mais pour davantage « fliquer » les profs, il faut plus d'inspecteurs ! Ah ben oui mais non, ça coute cher... Encore une fois, l'ump parle trop vite, et ne sert pas le débat.
L'école doit être reformée, 2012 est une date importante. Mais les syndicats, sourds aux propositions gouvernementales de droite comme de gauche, doivent comprendre qu'avec un refus de débattre, la reforme se fera sans elle. Le président devra convoquer les syndicats afin de réfléchir à une reforme en profondeur, si les syndicats refusent, alors le système se fera sans eux.
L'enjeu du nouveau président sera de mener cette réflexion avec des personnes compétentes, puis de reformer cette école. Pour la rendre juste, équilibré, et efficace dans son fonctionnement interne. « Dégraisser le mammouth » ne sert à rien si on dégraisse le mauvais...
Nous, profs, nous devons arrêter de nous regarder le nombril et de défendre nos intérêts. Nous devons défendre ceux des élèves, c'est notre métier. Nous devons accepter de reformer mais cette reforme doit aller dans le sens du progrès, de la réussite des élèves, pas dans celle de la rentabilité économique.
Nous ne serons pas en crise encore 50 ans... à moins que Kondratiev ne se soit pas planté...
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