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Réflexion sur la souveraineté économique dans l’histoire récente

UN PEU D'HISTOIRE...

On part d'un support vidéo visible sur YouTube autour d'une réflexion d'Emmanuel Todd, lors d'une émisssion TV "Ce soir ou jamais " de Mars 2012 décryptée par Alain Soral ; il encourage Todd à aller plus loin, et à pousser le raisonnement. Ce qui m'inspire pour y apporter mon propre décryptage.

D'après Todd si l'Europe est entre les mains de l'oligarchie bancaire c'est (d'une certaine façon) de la faute de la politique orientée par l'Allemagne, celle-ci accompagnant objectivement le système. Ce qui, de par son diktat sur la BCE, est pour partie incontestable. Conclusion induite : il suffirait donc de tordre le bras à l'Allemagne pour régler la question. C'est aussi la version subliminale de Montebourg et de Mélenchon. C'est ici que cette analyse vacille.

Déjà, il faut savoir que les chefs d'Etats ne sont rien. Ils n'ont aucun pouvoir car, de fait, ils ne sont que des locataires de passage des instances du système ; c'est l'U.E. de Bruxelles qui impose ses vues -via les marchés tout puissants et l'OMC- et non pas François Hollande qui s'est de suite avéré impuissant. Il ne fait pas le poids, ni lui ni Sarkozy auparavant, qui sont des néo-libéraux totalement inefficaces pour protéger le modèle social et les intérêts économiques français.

En cas de "Fédéralisme" que l'on nous suggère, avec un "gouvernement Européen" ce sera la chute libre des avantages sociaux qui seront nivelés par le bas -le moins disant social- idem pour le taux d'imposition des bénéfices des entreprises. rentrant en concurrence avec les nouveaux entrants des pays de l'Est.

Ceci face au chantage de la désindustrialisation, des délocalisations et...de la compétitivité avec des pays esclavagistes, comme le Bangladesh qui paye 30 euros/mois ses ouvrières dans des ateliers de la misère, puis de la mort, dignes de Zola et du XIXe siècle.

 Todd a bien dépeint le phénomène de l'hyper classe et de l'enrichissement par des bulles spéculatives bio-dégradantes par les Etats (le peuple venant à la resscousse) pour le système oligarchique mais aujourd'hui le capitalisme Rhénan allemand n'est pas la cause. Le succés de l'Allemagne en 2013 n'est pas l'alpha qui explique l'oméga. En suite, il fait cette comparaison avec le contexte des années 30 de l'expansion de l'Allemagne de Mme Merkel, donc avec la période sous Hitler. Cette comparaison faite par Emmanuel Todd est audacieuse et inexacte.

Les Allemands ont porté Hitler au pouvoir en 1933 certes pour la grande crise économique mais aussi pour récupérer leur fierté nationale de l'humiliation des réparations de guerre du traité de Versailles. Entre nationalisme et patriotisme la frontière du langage est ténue. C'est celui qui écrit l'histoire -le vainqueur- qui choisira le qualificatif...

Il faut rappeler que malgré la menace d'un Reich surpuissant en Europe les grandes banques de Wall Street ont apporté leur soutien financier au dictateur fasciste allemand car les banquiers avaient le dessein de faire tomber Staline par les armées du IIIe Reich. Ce qui a bien failli arriver d'ailleurs si Stalingrad n'avait pas fait preuve d'héroisme pour résister. Le saviez vous ?... 

Le phénomène nazi, instillé puis exalté par Hitler, est une dérive anachronique de l'histoire par un petit caporal fanatique voulant l'extermination englobant à la fois la question raciale, juive, tzigane, communiste, tous considérés comme des "sous-hommes", dans un délire mortifère n'ayant rien à voir avec la dépression économique. Les choix économiques du IIIe Reich (en tant que tels) furent ni plus ni moins que réalistes, ouvrant des avantages sociaux, une politique de grands travaux, lesquels ont permis de redresser le pays qui était dans le marasme. Le saviez vous ?...

Les outils macro-économiques s'appuyaient sur des analyses qui neutralisaient, dans un rapport de force bien compris, l'oligarchie et le pouvoir des banques... Effectivement, Hitler avait échafaudé (tactiquement pour ses buts) qu'il était faisable de neutraliser les grands capitaines d'industrie (dans la perspective de guerre). C'est peut-être étonnant ou paradoxal, mais c'est ainsi. Bien entendu, il ne s'était pas gêné ensuite pour éliminer les syndicats (rêve du grand patronat) et éliminer physiquement les communistes (rêve de la classe bourgeoise et des privilégiés de toutes les droites réactionnaires à travers l'histoire). Pas de demi-mesure avec Hitler, on prend ce qui est efficace partout. Il n'y avait pas de dogme en matière économique avec ce dernier. Et cela pouvait bien convenir à la finance mondiale. Après tout, c'était un pacte qui semblait viable aux banquiers. Money doesn't sleep isn't it ?...

Ainsi, les Allemands, peuple éduqué s'il en est -pays des plus grands philosophes- se sont finalement trompés pour la partie postérieure à 1933 sur la suite de l'histoire mais pouvaient-ils prévoir ce cas pathologique qu'était le Fureur ? Prétendre que oui ce serait prendre le peuple allemand dans sa globalité pour un imbécile ou bien une entité machiavélique. Mais l'Histoire n'est jamais aussi simple. Et la simplification caricaturale englobante n'est pas un bon lecteur de la dialectique et de l'histoire.

L'honnêteté doit rester de mise si l'on veut juger les choses avec impartialité. Ceci s'agissant des forces réelles qui tirent les ficelles de tout temps, celles des "élites" bourgeoises. Ceci au delà des stéréotypes de la peur dont l'on nous assène. Car le vrai problème avec lequel on cohabite depuis des lustres de façon masquée, indolore, c'est bien le capitalisme mondialisé qui n'a pas de frontière, pas de patrie, et qui s'enrichit sur les dos des peuples jusqu'au bout de la planète Le chomage endémique et la dégradation sans cesse (car programmée) du niveau de vie, des retraites et des acquits sociaux.

Et cette droite d'aujourd'hui se disant "républicaine" n'a pourtant rien à voir avec celle du Général De Gaulle. A côté je la trouve "phalangiste", soumise au service de l'oligarchie. Le Général, patriote souverainiste authentique, n'ayant pas craint de combattre par le contrôle des changes les "odieux spéculateurs" fin 68, ainsi que l'omniprésence américaine dans la finance internationale. N'ayant pas craint déjà d'associer les communistes en 1945 au C.N.R. pour mettre en place la sécurité sociale et les comités d'entreprise.

N'ayant pas craint de mettre fin à la colonisation. C'est aussi sous son mandat, en 1968 que le smic a été réévalué de 35 % avec la reconnaissance du droit syndical dans les entreprises. L'Europe d'aujourd'hui le permettrait-elle ? A t-il exister depuis, en France, un chef d'Etat comparable digne de ce nom ? Poser la question c'est y répondre.

Ce n'est pas De Gaulle, c'est Giscard d'Estaing, de la droite centriste dite "soft" lui le parrain de l'Europe-libérale et du traité européen, qui a rendu aux banques privées la gouvernance mondiale de la création monétaire en 1973 en obéissant aux marchés anglo-saxons, eux même sous la baguette de Wall Street et de la City. Cette fameuse "Dette" qui ronge les peuples et dont les 3/4 sur 2000 milliard sont constitués par les intérêts versées aux banques depuis 1973. Il faudra sans cesse le rappeler pour situer les responsabilités d'un système aussi perfide. 

Quant à la "démocratie" dont on nous asséne à longueur de temps reconnaissons qu'Hitler s'en est servie pour arriver au pouvoir pour ensuite la confisquer. Plus de syndicats, plus de partis d'opposition, décimés, exécutés à l'image des premiers camps de concentration ouverts spécialement pour les communistes allemands dont le secrétaire général a été pendu par les pieds...

Quelle démocratie nous impose-t-on ? quelle démocratie voulons-nous ? la démocratie bourgeoise, celle où la "liberté" commence par le pouvoir de l'argent ? celle qui nous a confisqué le "Non" au traité Européen en 2005, mis en œuvre par Sarkozy deux ans plus tard, sans l'ombre aucune d'une résistance des députés du PS ?

JPEGLorsque la démocratie est tutorée, jugulée, soumise et pour finir dérobée par des "ayant droit" d'un système majoritaire qui s'auto-entretient (ses privilèges), une telle démocratie frileuse dite représentative, si hermétique au référendum d'initiative populaire fait qu'elle n'obéit plus en rien aux principes mis en place par nos ainés de la révolution française de 1789.

C'est que l'on a peur du peuple et que l'on choisi ce qui est bon pour lui. Et pour l'humilier on dira de lui qu'il est "populiste" et que c'est mal...On nous invitera à rougir, perdre notre fierté d'existence de citoyen( mais pas de perdre notre existence de contribualble lambda) si loin des paradis fiscaux des super-riches qui le font si "discrètement". 

Dès lors, c'est le pouvoir du peuple qui est bel et bien confisqué en dernier ressort car réapproprié par des élites bourgeoises qui gouvernent "au nom du peuple".

La souveraineté de la France ne recommencera que par la souveraineté populaire et -à minima- une VI ème République digne de ce nom.


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6 réactions à cet article    


  • Dominique TONIN Dominique TONIN 27 mai 2013 13:31

    @ l’auteur,


    Très bien dit !
    C’est ce que nous nous appliquons à faire : Rétablir la démocratie, la vraie, ce pendant de la démocratie Athénienne.
    Beaucoup y travaillent, j’en fais partie. de moins en moins chacun dans son coin et pour sa paroisse ! c’est mieux.
    Je tente même de l’exporter et de fédérer d’autres assoiffés de démocratie parmi les 27 Etats membres,c’est un travail de longue haleine, mais qu’il nous faut faire parce que nos politiciens actuels en sont incapables.
    Ecoutez les vidéos d’Etienne CHOUARD et Dominique TONIN sur : www.onouscachetout.com ou bien cet article sur AV que vs avez peut être croisé « Arrêtez de nous prendre pour des cons » avec les commentaires des internautes qui sont très encourageants.
    On sent que ça bouge, qu’il y a une demande !
    Cordialement

    • Dany romantique 27 mai 2013 17:15

      Merci de vous donner la peine de cette assertion. Je ne manquerai pas d’aller voir le site en question d’Etienne CHOUARD et vous même. J’apprécie effectivement le positionnement d’Etienne dont j’ ai vu des vidéos toujours honnêtement et judicieusement conduites. Pour l’article dont vous parlez je l’ai effectivement mis de coté dans un classeur.

      Il faudra bien que cela bouge en effet (dans le bon sens !).
      Cordialement à vous et continuez le boulot !

    • taktak 27 mai 2013 14:06

      "Lorsque la démocratie est tutorée, jugulée, soumise et pour finir dérobée par des « ayant droit » d’un système majoritaire qui s’auto-entretient (ses privilèges)« 

      Dans notre système capitaliste, le pouvoir réel est détenu par l’oligarchie possédante, et la très large majorité n’a de fait pas voix au chapitre. On le voit particulièrement avec le processus de construction européenne qui consacre la gouvernance (le terme n’est pas gouvernement) des marchés et méprise les souverainetés nationales et populaire :
      combien de référendums ont montré l’opposition de peuples à la construction européenne sans que cela n’influence d’une virgule les décisions de cette classe capitaliste. Sa seule réponse est de dire que le référendum n’est pas une bonne méthode
      Pour faire place au peuple, il faut sortir de l’UE

       »Les Allemands ont porté Hitler au pouvoir en 1933 "
      Ce n’est pas exact. En janvier 1933, sociaux démocrates et communistes sont plus fort que nazi au parlement. Et c’est bien la droite qui l’appelle comme chancelier.
      Les élections qui suivent en mars 33 lui donne une majorité relative mais loin d’être absolue, malgré la chasse aux communistes, la terreur et la manipulation des communistes (43% contre un peu plus de 30% pour communistes et sociaux démocrates en mars 1933 alors qu’en novembre 1932). Hitler n’a jamais été élu, il a été choisi par la droite et le centre qui ont voté avec les nazis l’Acte Générateur donnant un pouvoir total à Hitler.
      Pourquoi je tiens à faire cette précision : car elle est essentielle pour comprendre que pour défendre son pouvoir la classe capitaliste n’hésite pas à supprimer l’apparence d’une démocratie formelle en faisant le choix du fascisme, ou d’une gouvernance extérieure (collaboration de classe en france, institution supra nationale de l’UE)


      • Onecinikiou 27 mai 2013 20:26

        Taktak, 


        Dès novembre 1932 le NSDAP dispose d’une majorité relative au parlement allemand (1/3 des suffrages). Là est un fait. Si vous lui rajouter les autres partis nationaliste, catholique, et conservateur, ce que l’on nomme usuellement la « droite », vous arrivez allègrement à 60% de l’électorat.

        Pire, en mars 1933 le NSDAP culmine à 44% des suffrages, l’ensemble du bloc nationaliste, catholique et conservateur approchant les 70%. Les socialo-communistes ne représentant plus que 30% de l’électorat.

        Dans ces conditions qu’est-ce qui vous permet d’affirmer péremptoirement que les socialo-communistes seraient majoritaires en 1933 ?? Ou qu’Hitler et son parti ne furent plébiscités par les citoyens allemands... ?

      • citoyen citoyen 27 mai 2013 22:23

        Il n’y a jamais eu de « socialo-communistes » en Allemagne, il y avait des sociaux-démocrates et des communistes, les communistes étant ennemis des sociaux-démocrates, ayant d’ailleurs suivi ce « grand stratège » de Staline qui appelait les sociaux-démocrates « social-fascisme », et souhaitait d’abord écraser les sociaux-démocrates avant d’écraser le fascisme, et les assimilant tout deux à la bourgeoisie, ce qui est vrai, mais disait Trotsky, les uns laissant aux organisations ouvrières le droit d’exister, les autres visant leur anihiliation. Exhortant donc le parti communiste allemand à une stratégie de Front unique. Ce qu’il ne fit pas, pour les conséquence que l’on sait.



      • pyjahman pyjahman 27 mai 2013 16:38

        Très bon texte, et je pense que cela va dans votre sens de ne pas avoir pris parti sur l’intervention de Todd, ou sur celle de l’analyse de Soral. Effectivement, tout est compliqué, et les politiques cherchent simplement un bouc émissaire.

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Dan


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