• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Réflexion sur le bien et le mal

Réflexion sur le bien et le mal

Une société n’existe que par une approche commune de ce qui est bien et de ce qui est mal par les éléments qui la composent. Ses membres décident de ce qui doit être récompensé et de ce qui doit être puni. Si l’on observe les différentes civilisations, on ne peut que constater que c’était partout la religion qui définissait le bien et le mal. Cette définition était circonscrite à la zone d’influence de la religion du lieu. Or depuis la seconde guerre mondiale, la montée en puissance du mondialisme qui veut se débarrasser des civilisations, et le succès occidental du fantasme de la laïcité qui veut exclure la religion du collectif pour la confiner dans le domaine privé, ont fait du bien et du mal des notions émotives purement individuelles qui ne génèrent au collectif que des affrontements sans que les deux raisons profondes de ces affrontements soient clairement perçues. Comme toute discussion sur ce que les religions définissaient comme le bien et le mal est de fait interdite en public, l’échange devient impossible et la violence prend la place du dialogue, ce que montrent tous les jours les politiciens qui associent de plus en plus violence et simplisme avec un niveau intellectuel déclinant. Le bien et le mal deviennent la droite et la gauche ou la gauche et la droite, chacun se situant affectivement dans ce fourre-tout indéfini en étant absolument sûr d’avoir Dieu et le bien avec lui, le mal étant toujours réputé extrémiste ou mou et toujours chez l’autre. Cela fait naturellement monter la haine que le pouvoir classe dans le mal sans se rendre compte qu’il a générée lui-même cette haine par sa définition infantile du bien par les très vagues « valeurs de la république » qui signifient l’énigmatique bon côté de ce qui est public, libre à chacun d’y mettre ce qu’il veut et de prétendre que son regard est le seul possible. Liberté, égalité et fraternité peuvent être entendues de tellement de façons différentes qu’elles ne sont comme la langue d’Esope que les meilleures et les pires des choses.

Nous vivons un moment très particulier où, les religions ayant été reléguées chez nous au placard de la laïcité, ce que les religions définissaient de tous temps comme le mal, est aujourd’hui présenté comme le bien à grand renfort d’argent qui permet dorénavant tout depuis que l’argent est déconnecté des richesses réelles et fabriqué sans limites par le pouvoir au travers des banques. La croissance, définie par l’augmentation de la dépense d’une monnaie fabriquée pour être dépensée, est officiellement classée dans le bien alors que la dette à rembourser qu’elle génère, est objectivement dans le camp du mal puisque personne n’a la solution pour la rembourser. Il n’y a aucune réflexion sur les conséquences dramatiques de la déconnection entre la monnaie et la richesse que les trois blocs politiques n’abordent même pas en ne s’affrontant que dans le domaine émotionnel pour être élus en délaissant le rationnel dans ce qu’ils continuent à appeler la démocratie pour faire joli.

Il est très difficile de réagir car le peuple croit en la création de richesse qui remboursera les emprunts. Tout le système politico-médiatico-universitaire s’est uni pour qu’une quasi-totalité du peuple croie ce mensonge qui le laisse vivre apparemment en paix et en réalité en attente anxieuse du retour de bâton du réel. Les anxiolytiques, la création de monnaie et le manque d’enfants sont le triple résultat de l’inversion du bien et du mal.

Mais il n’est pas interdit de rêver et d’imaginer une société qui ne croirait pas à la manne imaginaire de la création de richesse appelée croissance. Elle commencerait par analyser comment produire la consommation indispensable du peuple. Elle constaterait d’abord la concentration dans les villes de plus en plus de consommateurs improductifs mus par l’émotion et plus par la raison. Elle se restructurerait en mettant en avant et en rémunérant sérieusement, en argent et en reconnaissance, d’abord ceux qui produisent, agriculteurs ouvriers artisans ou/et qui font des enfants ; ensuite ceux qui sont au service de la production, médecins, vétérinaires, enseignants de l’art de produire, architectes, ingénieurs. La masse des consommateurs à qui l’on a fait croire au mensonge que les études prétendument supérieures leur assureraient une utilité reconnue et bien payée, poserait évidemment un problème majeur. La société chercherait comment rendre cette masse utile en retrouvant le bon sens de l’avantage comparatif qui explique depuis toujours sous des noms variés que chacun doit faire ce qu’il fait le mieux ou le moins mal entre produire, aider à la production et distribuer. Encore faut-il que l’on ne convainque pas l’immense majorité de la population qu’elle aide à la production alors qu’on lui fait simplement consommer la fausse monnaie bancaire en choisissant aux élections ceux qui l’organisent pour être élus.

Pour que le bon sens ait la moindre chance de succès, il faudrait que les politiques, les médias et les universitaires reconnaissent enfin que l’argent n’est qu’un prélèvement par le pouvoir sur la richesse commune (la monnaie-or n’est qu’un exemple) et qu’il est donc par définition limité. C’est ce prélèvement limité et donc cette monnaie limitée qui force à faire les choix difficiles que la fausse monnaie actuelle illimitée permet allègrement de ne pas faire en attendant tout de demain, du commerce extérieur et de la croissance.

Si l’argent était limité, comme il l’avait toujours été, au prélèvement fait par le pouvoir sur la richesse populaire pour faciliter les échanges, nous devrions répondre à tout un tas de questions rendues difficiles par le manque d’argent. Ne faudrait-il pas d’ailleurs commencer par inscrire dans la constitution l’obligation faite aux politiciens de voter des budgets équilibrés ? Les critères de Maastricht qui lient exclusivement l’autorisation d’emprunt comme les dépenses autorisées, aux dépenses précédemment faites appelées PIB sans que personne ne le comprenne vraiment, ne devraient-ils pas être définitivement rangés dans le tiroir de la bêtise politique ? Trouver intelligent de dépenser et d’emprunter davantage sur l’unique critère d’avoir déjà beaucoup dépensé, n’est-il pas d’une stupidité incroyable ? Le fait que l’INSEE reconnaisse enfin depuis janvier 2021 dans leur deuxième calcul du PIB, que le PIB n’est que la somme des dépenses, devrait faire réfléchir.

Quelles seraient ces questions difficiles auxquelles nous devrions répondre si l’argent était limité à la richesse prélevée ?

En avantage comparatif qui, entre les hommes et les femmes, font le mieux les enfants ? Et le renouvellement de la population n’est-il pas la première obligation d’une société ? Faut-il écouter le planning familial qui refuse de répondre à la question ? Qui produit le mieux ? Où et dans quelles conditions ?

Si l’on rémunérait beaucoup plus les agriculteurs, les ouvriers et les artisans alors qu’il y aurait globalement moins d’argent, quelles sont les dépenses à arrêter et comment rendre utile, c’est-à-dire productifs, tous ceux qui en seraient privés et en particulier tant de citadins ? Les citadins ne croient-ils pas être un rouage important de la création de richesse dont ils ne percevraient que leur juste part ? Comment leur expliquer qu’il n’y a pas de création de richesse sans les traumatiser ?

Si l’on arrêtait de distribuer de la fausse monnaie à tous ceux qui viennent sur notre territoire sous des prétextes variés, ne verrions nous pas chuter drastiquement leur arrivée et même voir repartir ceux qui ne souhaiteraient pas s’assimiler ?

A qui rembourser les dettes contractées vis-à-vis des banques qui ont prêté de la fausse monnaie qu’elles fabriquent uniquement pour la prêter, la récupérer avec intérêts et la détruire, fausse monnaie qui permet d’inverser provisoirement le bien et le mal ? Ne serait-ce pas à l’état représentant le peuple de récupérer cet argent et de le détruire ?

Aucun des trois blocs politiques ne se pose ces questions car ils sont unanimes pour nous promettre prospérité et sécurité en attendant tout de la création de richesse et de la croissance. Pas un ne manque à l’appel du mensonge. La campagne électorale que nous venons de vivre a atteint un niveau incroyable d’émotions irraisonnées. On y a condamné le racisme entre gens qui prétendent que les races n’existent pas. On y a condamné l’antisémitisme sans savoir si l’on ne parlait que des juifs ou aussi des arabes tout aussi sémites. On peut résumer cette campagne par ce qu’ils ont tous dit, chacun le déclinant à sa manière : « Faites barrage au mal car je suis le bien ». Le drame est que cela marche chez un peuple qui ne souhaite plus réfléchir ni agir mais se contenter de se distraire et de communiquer.

Pendant que la classe politico-médiatico-universitaire s’agite pour se donner l’impression d’être utile, les questions fondamentales demeurent. Toutes celle citées et tant d’autres vont rapidement se poser cruellement. Y répondrons-nous par des réformes ou par une révolution ? Le mois de juin 2024 nous a appris que le côté réformes est mal parti.


Moyenne des avis sur cet article :  1.94/5   (17 votes)




Réagissez à l'article

4 réactions à cet article    


  • zorbeck 13 juillet 21:24

    Même si je ne suis pas d’accord avec tout ce que l’article énonce, je le suis assez bien dans ce double constat : la réduction, quasi chimique, de tout problème politique à une vision naive (les bons contre les mauvais), et l’endettement excessif et sans issue.

    Pour moi, la source commune aux deux problèmes est la disparition du pouvoir politique derrière une structure opaque construite dans le but exclusif de maintenir la libre circulation des capitaux sans aucun contre-pouvoir (le parlement européen ne peut pas légiférer, les décisions importantes sont prises dans une opacité totale par des gens non élus, inamovibles, sous influence directe des lobbies plus puissants les uns que les autres, et qui s’arrogent des droits qu’ils n’ont pas en toute impunité comme on le voit avec le proconsul US von der Leyen).

    Pire encore, la monnaie est passée hors contrôle du pouvoir politique, ce qui veut dire que la soupape de sécurité n’est plus de mise pour les Français ou les Italiens qui sont obligés d’utiliser une monnaie trop forte qui les appauvrit. Et pour compenser le manque à gagner des dividendes qui ont pris le large par construction, on a emprunté massivement, et pas uniquement pour faire fonctionner un Etat trop gourmand, les dizaines de milliards donnés aux entreprises pour cause de covid se retrouvant directement dans les poches des actionnaires par des opérations de « share buy back », ce qui représente le moyen le plus scandaleux (et onéreux) de faire monter le cours d’un titre.

    Alors, plutôt que de regarder froidement en face ce qui nous appauvrit, c’est la fuite en avant avec une morale de bisounours comme seul recours à la situation catastrophique à laquelle on aboutit au bout de 30 années d’austérité européenne, avec des revenus en baisse pour tous sauf pour la ploutocratie au pouvoir.

    Et la cerise sur le gateau, c’est que cette même morale de bisounours nous mène droit vers la guerre avec tout l’appui médiatique nécessaire, une fuite en avant provoquée et entretenue par ceux là même qui ont organisé la disparition du pouvoir politique national au profit d’une ploutocratie supranationale qui ne voit que son nombril comme horizon politique et qui n’hésite pas à renouer avec ce que l’humanité a produit de pire. Il ne reste donc plus qu’à contempler les légions LGTBQ+ partir à l’assaut du kremlin pour que l’apothéose soit complète, et vraissemblablement terminale.


    • SilentArrow 14 juillet 15:17

      @Marc Dugois

      Je ne connais rien en économie, mais en tant que physicien, j’aime bien votre idée que l’argent n’est qu’une richesse accumulée, un peu comme l’énergie potentielle en physique, qui peut être reconvertie en énergie cinétique au besoin.

      Je pense que les les états de l’UE devraient rembourser le capital qu’ils ont emprunté, mais pas les intérêts. Et que les intérêts déjà remboursés devraient être considérés comme du capital remboursé.

      Qu’une banque perçoive des intérêts quand elle prête de l’argent qu’elle possède, je peux le comprendre. Mais pas quand elle imprime cette monnaie rien que pour la prêter.

      Si les banques ne sont pas d’accord, elle devraient être nationalisées et leurs dirigeants pendus.


      • xenozoid Xenozoid 14 juillet 15:34

        @SilentArrow
         ...une banque perçoive des intérêts quand elle prête de l’argent qu’elle possède...

         mais là est le truc, la banque possède elle les fonds des dépositaires ?... non ,elle ne possede que des intérets des client(voir comment les banque européene vont mettre les intéret des avoir russes investi pour payer l’ukraine), les fonds n’existent pas et ne seront jamais remboursés, mais les promesses oui avec les intérets , c’est une machine avec un culte qui a remplacé l’église sans rien changer...


      • Marc Dugois Marc Dugois 15 juillet 10:00

        @SilentArrow

        Je crois que malheureusement très peu de gens prennent conscience qu’est complètement révolu le temps où les banques centrales émettaient des billets garantis par l’or qu’elles possédaient, et où les banques commerciales prétaient de l’argent déposé par leurs clients. Aujourd’hui les deux émettent une monnaie garantie par du travail à trouver demain. C’est l’énergie du lendemain. et cette monnaie qui n’existe que par la montée de la dette fausse absolument tout et très peu de gens acceptent d’en prendre conscience.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité




Palmarès



Publicité