Réflexion sur les élections législatives algériennes de 2012
Heureusement qu’il y a une fin à tout !
En Algérie, les élections législatives ont eu lieu sans véritable engouement de la population. Le rideau est tombé. Les résultats sont connus et largement commentés par la presse de ce samedi 12 mai. Le FLN a fait un raz-de-marée, un tsunami électoral en s’octroyant 220 sièges sur les 462 que comptera la prochaine APN. L’explication donnée par les pouvoirs publics à cette montée fulgurante du parti qui a libéré le pays en 1962 est qu’il s’agit cette fois-ci d’un « vote refuge ». Ceci par opposition à ce qui s’est passé, il y a une vingtaine d’année, lorsque le FLN avait été sanctionné (« vote sanction ») au profit de l’ex FIS qui était alors au faîte de sa gloire.

Le RND, un autre parti du pouvoir, crée, rappelons-nous, de toutes pièces en 1995, est en deuxième position avec 68 sièges. Il vient, cependant, de bénéficier de 4 sièges supplémentaires ( ?). Ce qui fait de ce parti la deuxième force politique du pays.
Quant à l’alliance verte (les islamistes) qui était sûr de faire un tabac comme c’était le cas il y a quelques mois chez nos voisins Tunisiens et Marocains, elle n’occupe que la troisième position. L’erreur politique des trois partis qui compose celle-ci réside, à notre avis, dans le fait d’avoir justement contracté cette alliance avant les élections. S’ils s’étaient présenté séparément, ils auraient pu, sans aucun doute, obtenu plus de sièges. L’alliance pouvait attendre.
En France, c’est la fin du pouvoir de la droite et de l’homme qui l’a incarnée depuis pratiquement une dizaine d’années. La différence c’est qu’en France, on a assisté à des débats d’un très haut niveau politique, particulièrement lors du duel Hollande-Sarkozy. Qui n’a pas, de ce côté-ci de la méditerranée, les yeux rivés sur la télé, suivi jusqu’à la fin ce débat passionnant et passionné en même temps ? Qui n’a pas rêvé, ne serait-ce qu’un très court instant, que de tels débats politiques puissent s’instaurer chez nous, en Algérie ? Comparaison n’est pas raison, me diriez-vous ! Effectivement. Entre un pays de tradition démocratique de longue date et un pays dont les dirigeants, pour s’imposer, ont toujours recours à la ruse, il ne peut y avoir de comparaison. Entre un pays dont la révolution (1789) est l’aboutissement d’un long processus de maturation des esprits (siècle des Lumières) et un pays qui a complètement travesti le sens de sa révolution une fois libéré du joug du colonialisme, il ne peut, là aussi, y avoir de comparaison.
Voilà, mes chers amis, où réside les raisons de la morose campagne électorale de notre pays. Nous savions tous que ça allait être une mauvaise pièce théâtrale, nous savions tous que les acteurs choisis n’allaient pas jouer comme il se doit leurs rôles. Dans certaines wilayas, nos candidats (Jil Jadid), par exemple, n’ont pas du tout été combatifs. Ils ont même jeté l’éponge bien avant la fin du combat, bien avant que l’arbitre siffle la fin de la partie. En effet, que doit-on attendre d’un candidat qui s’est retrouvé « tête de liste » le soir du 26 mars alors qu’il n’a jamais entendu parler de Jil Jadid ? Ce candidat incarne-t-il vraiment l’idéal de Jil Jadid ? Pour moi, qui suis bête et discipliné, notre parti, qui dénonce pourtant ces pratiques d’un autre âge, a gaffé. Il doit se ressaisir et reconnaître ses fautes. Il doit faire son autocritique.
Le cri de détresse de mon ami Abdelaziz, je le comprends bien. Il l’a parfaitement exprimé dans cette phrase : « les opportunistes, les arrivistes, les charlatans, les calculateurs ... bref les machiavéliques n'auront pas de place parmi nous et nous continuerons notre combat pour une Algérie démocratique, libre, forte et unie ». Et, je comprends bien que ce « parmi nous » ne renvoie pas nécessairement uniquement à notre parti politique, à notre famille de Jil Jadid qui n’est pas encore si nombreuse, mais à toute la société algérienne, à tous les hommes et les femmes sincères, honnêtes et épris de justice que compte encore, heureusement, l’Algérie. Cette prise de conscience du fait que ces élections à l’algérienne ont drainé beaucoup de gens qui n’ont rien à voir avec la chose politique est, cependant, bénéfique pour nous tous. Et, elle n’a été possible que grâce à la participation de nos candidats à ces élections. C’est l’un des points positifs que je retiens personnellement de notre participation à ses joutes électorales.
Mais, ce que je déplore personnellement, c’est que si, en France, la campagne électorale présidentielle a été une occasion pour les intellectuels de tout bord de s’exprimer, de donner leurs avis et de faire même leurs pronostics quant à l’issue du deuxième tour, en Algérie, malheureusement, le peu d’intellectuels que nous avons s’était tenu à l’écart et ne s’etait pas du tout manifesté ni à la télévision ni sur la presse.
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