Réflexions au sujet de la démission de Florian Philippot du Front National
Il y aurait tellement à dire de la démission de Florian Philippot du Front National. Je me concentrerai moins sur les polémiques stériles que sur les sujets idéologiques de fond qui ont pu, depuis le second tour des présidentielles, outre l’incurie manifeste de sa dirigeante lors de son débat face à Macron, expliquer son ostracisation progressive et à présent son départ.
En fait, Philippot a à la fois raison et tort, sur des aspects aussi essentiels les uns que les autres.
Il a raison :
- de soutenir mordicus la ligne souverainiste, sans laquelle il ne peut y avoir de sursaut politique et de véritable politique tout court. Tout découle, tout sans exception, de la réappropriation par le peuple français et ses dirigeants des outils régaliens de souveraineté (entre autre : monnaie, frontières, politiques étrangère, économique et migratoire) desquels les gouvernements traitres successifs ces trente dernières années se sont méthodiquement dépossédés au profit d'une bureaucratie supranationale, elle-même au service exclusif d'une ploutocratie acquise à tous les préceptes du mondialisme. Cette réappropriation est donc l'alpha et l'oméga qui doit prévaloir avant toute chose.
- d'articuler le lien originel et la chaîne de causalité (déduits de l'analyse précédente) entre les politiques actuellement menées partout en Europe et l'idéologie qui domine la technostructure européiste, et ses directives antisociales de libéralisation et privatisation tous azimuts, empêchant de fait et par la loi fondamentale tout protectionnisme, tout patriotisme, toute politique monétaire, sécuritaire, migratoire, soit tout exercice réel de la souveraineté populaire et nationale (nous y revenons donc), condition de toute politique visant à défendre en priorité les intérêts le plus généraux des peuples qui en sont constitutifs.
- d'allier continûment national et social, tirant comme conclusion logique qu'il ne peut y avoir l'un sans l'autre, que l'un est la condition de l'autre et réciproquement, ce qui condamne par la même toutes les utopies internationalistes ou "alter-mondialistes", qui ne sont que des miroirs aux alouettes pour bien-pensants.
- de conserver, malgré les injonctions de certains de ses camarades, une vision sociale (non sociétale, c'est d'ailleurs là où le bât blesse le concernant) véritablement progressiste, et une doctrine étatiste conforme à notre tradition et nos intérêts, récusant ainsi doublement le libéralisme de bon aloi affiché par la frange la plus droitarde et "versaillaise", finalement la plus égoïste (et souvent d'ailleurs la plus âgée), de la société française, et qui n'est pas, et n'a jamais été en vérité depuis l'avènement du Front National, l'électorat premier ni même second du camp patriote.
- de tendre la main à des personnalités et des mouvements qui balaient l'ensemble du spectre politique, de Dupont-Aignan à Mélenchon, comprenant (malheureusement mieux que beaucoup) qu'il ne peut y avoir de victoire franche et massive contre l'hydre euro-mondialiste, dont la puissance et résilience ne sont plus à démontrer, sans rassemblement de toutes les forces qui s'y opposent avec résolution et cohérence. En toute hypothèse, en cas d’opposition de fin de non recevoir, cette stratégie aura au moins le mérite d'imputer les raisons de cet échec sur ses vrais responsables, et dévoiler, outre le sectarisme de leur posture (sectarisme consubstantiel à la gauche), la non viabilité politique de leur méthode ; sachant, encore une fois, qu'il sera rigoureusement impossible d'accéder au pouvoir sans ce large rassemblement, seul capable par ailleurs d'octroyer la légitimité suffisante dans le cadre d'une rupture radicale et assurément violente avec l'ordo-libéralisme et le neoconservatisme (revers l'un et l'autre de la même médaille oligarchique), et les forces qui les soutiennent.
Mais il a aussi tort :
- de croire, à l'instar des gauchistes hors sol figés dans l'idéalisme le plus caricatural, embrumés par les vapeurs toxiques de l'universalisme franc-mac, que le peuple français ne se déterminerait que de manière philosophique et politique, par simple "adhésion", alors qu'il est aussi, surtout, le produit d'une histoire singulière, d'une géographie particulière, d'un territoire et d'un terroir, qui ont forgé, quinze siècles durant, ses relatives mais non moins réelles intégrité et homogénéité ethnico-confessionnelles. Soit d'un ensemble de facteurs qui n'est pas transposable au premier quidam venu (fraîchement débarqué qui plus est), du moins sans nécessaire violence symbolique visant à le dépouiller de tout ou partie de sa culture d'origine, la plus potentiellement conflictuelle avec celle de sa future patrie d'adoption. Un effort de moins en moins crédible et toléré par les premiers intéressés compte tenu du flot ininterrompu et de plus en plus important de nouveaux migrants légaux et clandestins, la plupart issus de surcroit d'une sphère civilisationnelle radicalement différente de la nôtre, et qui s'est même construite en opposition avec elle ! Les peuples, dont la dimension ethnico-confessionnelle est bel et bien existante et primordiale, n'en déplaise aux habituels aveugles volontaires, sont porteurs de culture, de systèmes de valeurs qui leur sont propres, et donc, inéluctablement, des rapports de forces qui leur sont inhérents et qui n'ont eu de cesse de se matérialiser par le passé, et dont il serait vain de chercher à les congédier au seul prétexte d'un déni du réel devenu obsessionnel et maladif.
- de se focaliser sur la "dédiabolisation", alors que la diabolisation savamment orchestrée depuis trois décennies à l'encontre du Front National (et du Front National seul) par les médias de masse à la solde de l'oligarchie dominante n'est pas un travers ni un risque : elle est un marqueur, un passage obligé, un brevet de vertu et une preuve que le combat de résistance face à ses forces coalisées est non seulement juste mais efficace. Il est donc parfaitement vain de croire pouvoir sans affranchir dans la lutte à mort et la course de vitesse qui se jouent entre les peuples et leurs (rares) dirigeants politiques sincères d'une part, et d'autre part les serviles laquais du pouvoir mondialiste. Sauf évidemment pour ces premiers à renier leurs convictions et ligne politique, sauf à faire totale allégeance aux seconds, et qui est le prix à payer pour achever en réalité la fameuse dédiabolisation et rejoindre enfin "l'arc républicain", l'autre nom orwellien pour désigner les tenants du "cercle de la raison" (dixit la novlangue de l’oligarque A. Minc), soit les zélateurs d'un nouvel ordre mondial cauchemardesque. La contradiction de Philippot est d'ailleurs immense, que de penser qu'il serait bénéfique, électoralement déjà et même du point de vue de sa prétendue dédiabolisation, de porter comme combat principal et prioritaire la sortie de l'euro, quand les 3/4 des Français (et que dire du mainstream médiatique, politique et économique, qui sait mieux que quiconque où sont ses intérêts de classe) sont vents debouts contre une telle mesure (à tord selon moi) ; tout en soutenant comme il le fait que le discours anti-immigration serait anxiogène, qu'il participerait donc de la diabolisation tant décriée, qu'il faudrait ainsi d'urgence l'édulcorer, alors que les mêmes 3/4 sont unanimes à ce sujet quant à la validité des thèses frontistes !
- de ne pas comprendre que le pouvoir ne se donne pas mais se conquiert de haute lutte, que dans cette optique, et plus encore en régime pseudo-démocratique où les médias dominants détiennent un pouvoir exorbitant sur la conscience des masses et l'opinion publique, et sont en capacité d’orienter les débats, de promouvoir à satiété des thèses et d’en disqualifier d’autres indépendamment de leurs fondements intellectuel ou scientifique, il faut pouvoir louvoyer, mentir, manipuler si besoin et les médias et l’opinion (dans cet ordre), pour donner des gages apparents et endormir l’adversaire, quitte une fois au pouvoir à se prévaloir de nouveaux éléments pour renverser sa doctrine, justifier des retournements d’alliance, ou enclencher de nouvelles politiques plus en accord avec l’intérêt national. Les exemples contemporains sont légion, toujours issus de grand hommes qui, eux, ont fait l’histoire, comprenant mieux que d’autres que d’un mal (le mensonge, la manipulation, voire simplement en cultivant l’ambiguïté) on peut tirer un plus grand bien : de Gaulle qui promet à ses partisans que l’Algérie demeure française pour obtenir le nécessaire soutien des cadres de l’armée et qui trahit presque aussitôt sa promesse mais pour mieux redresser la France ; Poutine donnant des gages aux oligarques cosmopolites à l'instant de la démission de l’alcoolique Eltsine pour s’assurer l’arrivée au pouvoir, et qui finit par leur briser les jambes, etc.
- de ne pas faire le lien pourtant évident entre avancées pseudo-sociétales et pseudo-progressistes, tel le lobbying LGBT, tel le délire du gender, tel le mariage unisexe, tel aussi la PMA pour toutes (et demain la GPA pour tous !), entre ces "avancées" donc et l'extension indéfinie de la logique du marché, du consumérisme irréfréné, de l'individualisme triomphant, qui sont autant de vecteurs de l'idéologie dominante qui règne dans la superstructure oligarchique et qui s'imposent au(x) peuple(s), servant à leur attention, de légitimation à l'emprise toujours plus prégnante de ladite oligarchie sur la marche du monde. Ce faisant Philippot montre, à ce sujet, qu’il est le jouet de puissances qui le dépassent.
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