Réforme des retraites : le vrai débat n’aura pas lieu
« Je considère qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands. » C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a justifié, jeudi 16 mars, en conseil des ministres, le recours au 49.3 pour faire passer sa réforme des retraites et, ainsi, contourner le Parlement. En clair, selon Macron, renoncer à ce projet de loi ne permettrait plus à la France de maintenir sa solvabilité et mettrait le pays en péril pour emprunter sur les marchés financiers. Les taux d'intérêt avoisinent aujourd'hui les 3 %, alors que le taux moyen d'emprunt sur les marchés était négatif (-0,05%) en 2021, et il faut éviter l'envolée des taux qui pourraient être imposés si la France venait à être considérée comme un emprunteur risqué.
Voici le message « fin de l’abondance », Français, serrez-vous la ceinture !
Cette déclaration a été peu commentée par les médias, et je n'ai pas le souvenir, ou peut-être n'ai-je pas écouté les bons médias au bon moment, qu'elle ait été commentée par les responsables politiques. Je ne connais personne qui ait envie de donner 2 ans de sa vie pour faire plaisir aux marchés financiers, cependant ce n'est pas parce qu'on élude la question que le problème n'existe plus. Macron, qui a tenté, le 22 mars, dans une déclaration télévisée, de se poser en victime, a malgré tout soulevé, sans le nommer, un vrai problème : celui de la dette et de la création monétaire. Mais personne n'y a répondu, et c'est à se demander si cela n'arrange pas toute la classe politique que ce débat n'ait pas eu lieu ? Le sujet est-il tabou ?
Ce ne sont pas les sujets de débats qui manquent :
Pourquoi un État souverain comme la France n'emprunte-t-il pas auprès de la Banque de France à taux zéro ? Pourquoi n'abroge-t-on pas la loi du 3 janvier 1973 ?
L'argument des banquiers est que si l'État crée trop d'argent, cela peut conduire à une inflation, car la demande de biens et de services augmente plus rapidement que l'offre, entraînant une hausse des prix. C'est vrai que l'on manque d'offre sur des besoins essentiels, comme les services à la personne, les hôpitaux, l'éducation et que la France doit se réindustrialiser. Peut- être que les IA vont rebattre les cartes, mais pour l'instant, on n'en sait encore rien. C'est aussi l'occasion de s'interroger sur notre mode de vie. Est-ce qu'il ne faudrait pas, comme le proposait J-L. M changer nos habitudes de notre société de surconsommation ? Si on arrêtait d'acheter des choses qui ne servent à rien, on limiterait la pollution et le gaspillage des ressources, et surtout, on déplacerait un certain nombre d'emplois inutiles vers des secteurs essentiels. Cela permettrait peut-être d'augmenter l'offre sans créer d'inflation ? Je pense par exemple à la consommation excessive de vêtements que l'on jette au bout de 2 mois, des bouteilles d'eau en plastique, des cannettes en aluminium, des produits d'entretiens toxiques…
En 2022, le montant des intérêts payés par la France sur sa dette s'élevait à environ 53 milliards d'euros ce qui représente environ 779 euros par français et par an. Ça ressemble à s'y méprendre à de l'esclavage. Mon banquier s'enrichirait-il en dormant ?
Si on cherche de l'argent pour les retraites, on sait parfaitement où le trouver, encore faut-il avoir la volonté d'ouvrir le débat.
En 2023, la France devrait emprunter, selon les chiffres du gouvernement, 270 milliards d'euros.
Scénario de politique fiction. Que se passerait-il si du jour au lendemain, un président français décide qu'on emprunte cette somme avec zéro % d'intérêt auprès de la banque de France, voire qu'on arrête de rembourser les intérêts de la dette ? Les quelques millions de Français qui possèdent de la dette de l'État sous forme de placements financiers gagneraient peut-être quelques d'euros. Je dis ça, car les rendements sur les dettes des fonds souverains sont parmi les plus pourris que peuvent nous proposer les banques. Quand je consulte la performance des placements monétaires, par exemple ceux de la banque Natixis ; sur 5 ans, le rendement est de -0,95%. Du coup, je me demande où sont passés les 200 milliards d'euros d'intérêts que la France a versés aux banques sur 5 ans ? Ils n'ont pas été reversés à ceux qui ont investi dans ce "placement" mais ils n'ont surement pas été perdus pour tout le monde. Où est l'arnaque ?
Revenons à notre scénario de politique fiction ; les banquiers seraient donc les grands perdants.
L'autre risque serait que ce président se fasse assassiner, tout comme les Américains ont monté un plan pour faire assassiner Saddam Hussein qui voulait ne plus se faire payer son pétrole en dollars mais en euros, et Kadhafi qui a voulu s'émanciper du dollar en créant un dinar or. Peut-être que nos "amis" américains trouveraient-ils un prétexte pour envahir la France ?
Pourquoi ne débattons-nous pas de ces sujets essentiels, qui pourraient, s'ils étaient mis sur la table, transformer notre vie, et surtout, mieux nous préparer aux bouleversements à venir ? Posons une question triviale mais pas inintéressante : c'est quoi qui cloche dans notre démocratie ?
Il y a avant tout le fait que la politique est un métier. Or, avec l’élection, le député devient, qu'il le veuille ou non, un professionnel de la politique. Les partis sont un obstacle à la démocratie ; militer dans un parti, c'est s'enfermer dans ses convictions. Les députés deviennent prisonniers de leurs propres idées, de la doctrine du parti, et du politiquement correct inhérent à chaque parti. Ceux qui osent se rebeller sont vite rappelés à l'ordre ou exclus. C’est pourquoi je me bats, depuis des années, pour le remplacement des assemblées élues par un système de conventions citoyennes, conventions dans lesquelles les citoyens sont totalement libres de leurs choix.
Il faut une révision complète de nos institutions.
Ce qui pose problème dans l’élection, ce n’est pas le principe de l’élection en lui-même, mais les pouvoirs que les élus se sont eux-mêmes octroyés. Si ceux qui ramassent les poubelles dans nos villes devaient être élus, je ne pense pas qu’il y aurait beaucoup de candidats.
L’élection démocratique aristocratique (ce n’est pas un gros mot !) porte en elle trop peu de vertus et beaucoup trop de problèmes.
Vous trouverez ci-dessous un schéma simplifié (et sans aucun doute imparfait) d'institutions basé sur les Conventions Citoyennes que j’imagine pour notre pays.
Pour accéder aux commentaires, je vous invite à suivre le lien suivant :
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/alternatives-democratiques-241503
Jacques Testart : « Ce qui est extraordinaire quand on s’intéresse aux Conférences de Citoyens [tirées au sort et chargées de donner un avis sur l’enjeu politique et social d’un sujet scientifique], c’est de voir à quel point les individus peuvent être modifiés au cours de la procédure. Vous prenez une boulangère, un instituteur, bon des gens qui ont leur métier et qui a priori sont innocents, naïfs par rapport au problème. Ce n’est pas tellement qu’ils deviennent compétents, ça c’est évident. C’est surtout qu’ils deviennent une autre qualité d’humain. C’est-à-dire qu’ils développent des idées et des points de vue, qu’ils vont défendre leurs avis, qui ne sont pas du tout là pour défendre leur famille, même pas leurs enfants, mais la descendance de tout le monde : les gens du sud… on voit une espèce d’altruisme qui transparaît, qu’on ne voit pas d’habitude.
Et moi, ce que j’ai constaté en regardant ça, c’est à quel point il y a un gâchis de l’humanité. C’est-à-dire qu’on maintient les gens dans un état d’abêtissement, de suivisme, de conditionnement. Et, je dois dire je n'y croyais pas avant de voir ça. Je pensais que c’était triste mais que l’humanité, elle n’était pas vraiment belle à voir. Mais elle n’est pas belle à voir parce qu’on la met dans cet état-là. Mais je suis maintenant convaincu qu’il y a chez la plupart des individus, il y a des ressorts, il y a quelque chose qu’on n’exploite pas, qu’on n’utilise pas, qu’on ne met pas en valeur. Mais les humains valent beaucoup mieux que ce qu’on en fabrique. »
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