Régression moderne : le vrai visage de la mondialisation
Dernièrement,retentissait dans les médias à nos oreilles encore incrédules de consommateurs inscouciants un nouveau scandale d’intoxications par des produits « Made in China ». Tel un coup de semonce, on apprenait, après une trop longue période d’aveuglement choisi, où le gouvernement et les économistes voulaient nous vendre le paquet bien ficelé de la mondialisation « bénéfique et incontournable devoir pour tous » que le paquet était aussi empoisonné, et craquait de partout.
Car c’est d’une mondialisation toxique dont il s’agirait à présent comme l’ultime métaphore d’une réalité plus globale envahissant tous les domaines de l’économie : une menace larvée, une sorte de reflet de l’exploitation forcée dont ils sont la conséquence...
Ces produits aux prix alléchants recèleraient pour bon nombre de véritables poisons : du dentifrice à l’anti-gel, aux chocolats garnis d’asticots en passant par les textiles inflamables à une source de chaleur, qui transforment les enfants en torches vivantes, sans épargner leurs jouets badigeonnés à la peintures toxique et autres aimants à avaler, nous ne sommes hélas pas au bout de nos surprises. L’ingéniosité recèle de trésors, lorsqu’il s’agit de faire de plus gros bénéfices. Et l’on ne fera peut-être pas le rapprochement, alors tentons le coup... Comment imaginer l’état d’esprit d’ industriels décidant sciemment d’empoisonner des enfants ? Pourtant, on aurait tort de trop vite assimiler ces malfaçons aux seuls producteurs asiatiques. Certes, en France, il ya eu des phénomènes similaires (talc Morange toxique, poulets à la dioxine, viandes avariées "irradiées" pour leur rendre bonne mine, la liste n’est pas exhautive). Les exigences de bas prix de la part des donneurs d’ordre de pays riches sont répercutées sur la qualité de leurs produits par des fabriquants coincés. Mais que dire des importateurs occidentaux qui ferment les yeux sur ces pratiques "économiques", en connaissant la cause, leur propre exigence de prix "concurentiels" ? Ils négligent de faire réaliser les analyses nécéssaires pour détecter d’éventuels composés toxiques, défiant les précautions les plus élémentaires de sécurité. La conccurence pour le profit serait-elle en passe de devenir une excuse valable pour le crime ? Est-ce là les buts de cette "modernité" pour laquelle on se doit d’opter et dont le gouvernement et les économistes nous rebattent les oreilles ?
Si la responsabilité des donneurs d’ordre et des importateurs est avérée, par le biais de la pression insoutenable qu’ils exercent sur les fabricants sous-traitants, celle des gouvernements de ces pays n’est pas à négliger non plus. Dans le même régistre, ils contribuent à laisser les fabricants exploiter des esclaves et des enfants. Récement le gouvernement chinois a ordonné des enquêtes formelles auprès des usines et des briquetteries du pays pour tenter de débusquer ces industriels peu scrupuleux. Mais la prudence reste de mise car en règle générale selon Luc Richard, écrivain vivant en Chine, dans son dernier livre, Le Miracle chinois, quel cauchemar !, écrit avec Philippe Cohen, journaliste à Marianne, ce type de grandes décisions et d’enquête restent, hélas, sans effets et les fonctionnaires et autres dirigeants locaux se laissent corrompre par ces mêmes industriels... Le retard de mise à niveau des salaires à des normes décentes, en rapport avec la hausse du coût de la vie, opérée dans ces pays ces dernières années et dont un petit pourcentage des Chinois seulement profitent. Près d’un milliard de Chinois, principalement dans les campagnes, sont totalement exclus de cette croissance selon Luc Richard et Philippe Cohen et la plupart d’entre eux ont vu leur niveau de vie, au contraire, baisser ces dernières années. L’état de dénuement et d’abandon de ces populations laborieuses et oubliées chez eux par la croissance est tel qu’il suffirait à expliciter à lui seul la tentation de sabotages, tels des SOS, la plupart des manifestations ouvrières ayant été sévèrement réprimées et occultées. Saura-t-on jamais si ce n’est pas là l’ultime espoir d’attirer l’attention de l’opinion internationale, avant les JO, sur leur condition de travail au rythme forcené ?...
Il y en a que cela arrange de fermer les yeux et de passer sous silence les disparités indécentes entre les conditions de travail entre les divers continents, et de faire croire que tout cela est bien "moderne", alors que c’est de la dernière régression colonialiste et esclavagiste qu’il s’agit, une néo-colonisation dans laquelle certains ont trop à gagner ! Peut-on laisser sciemment les forçats de la mondialisation travailler sans relâche et se substituer peu à peu à toutes nos besognes manufacturières, esclaves, enfants et vieillards enfermés dans des camps de concentration, dans les provinces du Nord et du centre de la Chine, de même que ceux exploités dans des ateliers en Inde, au Bangladesh ou au Pakistan ? Puisque l’OMC a tenu à ouvrir les frontières, pourquoi ne va-t-elle pas jusqu’au bout pour réaliser son but "affiché" de développement de l’ensemble des continents en cherchant à équilibrer les niveaux de vies entre ces derniers par l’établissement d’un commerce équitable avec des règles précises pour le négoce des prix, indépendantes de celles des cours boursiers, concernant les marchandises agricoles et industrielles ? Il est temps pour l’OMC, maintenant que les frontières sont ouvertes d’assumer ses responsabilités et de se prononcer sur le nouveau mode d’emploi pour un commerce moderne dans ce millénaire : on ne peut tout ouvrir sans rien réguler dans les niveaux de rétribution et l’exploitation de la main-d’oeuvre car c’est la porte ouverte à la régréssion économique à très moyen terme.
Sans doute à ce prix seulement, les gouvernements des pays émergeants, pourront-ils choisir de développer leur marché intérieur en relevant les taux des salaires ouvriers en s’opposant aux exigences des pays occidentaux. L’argent des salaires est aussi celui de la consommation et c’est la population dans sa grande majorité et non un petit pourcentage qui devrait maintenant avoir accès aux produits de sa juste modernisation. Ne comprend-on pas qu’à tirer les prix vers le bas, on ne peut que faire régresser les salaires et finir par ouvrir la porte à l’esclavagisme ? Qui a lancé le premier hypermarché pour combattre la vie chère ? Il faut réussir à trouver un équilibre, le juste prix qui permet aux ouvriers d’avoir des salaires et de pouvoir acheter les productions en quantité suffisante afin que les usines puissent continuer à tourner, ici et ailleurs. Les récents reportages sur Arte sur les camps de travail forçé en Calabre, sur les ouvriers polonais que l’on y fait venir pour ne pas les payer dans le sud de l’Italie, dans les tomateraies espagnoles et les ouvriers anglais séquestrés sans papiers dans les forêts en Finlande pour y travailler, devraient nous ouvrir les yeux sur un futur absurde.
Certains trouvent leur marges dans ce système, qui a largement de quoi se fournir dans d’autres gammes de produits. Mais, quid ? Lorsque les populations auront épuisés leurs crédits, leurs hypothèques et leurs réserves d’héritages, déjà paraît-il bien entamées par les donations facilitées tous azimuts ? Ceux qui délocalisent aujourd’hui en Chine et ailleurs, croyant faire des affaires, avec leurs marges en or, se retrouveront devant un marché de consommateurs réduit à... une peau de chagrin !
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