Relation Franco-Iranienne : TF1 en émissaire Elyséen
Le fameux entretien récent avec Mahmoud Ahmadinejad semble avoir levé le voile, précisément, sur bien d’autres choses que ce fameux voile de grande qualité et marque porté par notre brillante, charismatique et cultivée présentatrice "vedette " du JT de TF1.
Le premier "tabou" levé portait ainsi sur l’accession à la présentation du JT le plus regardé d’Europe, en tout cas de France. Madame Ferrari dont la presse people nous vend sans cesse l’accouchement prochain après en avoir fait de même pour son mariage, bouge parfaitement les mains comme on l’apprend en première année de Journalisme, devant un écran factice. Ce débat l’était tout autant, factice. Mesdames Cotta et Ockrent n’ont manifestement aucun souci à se faire au niveau comparatif lors d’entretiens majeurs. A ce jour, la succession n’est pas assurée.
Les questions paraissaient pour le moins quelque peu scolaires et ne reposant en apparence sur aucune approche géopolitique réelle. Notre grande professionnelle lança ainsi des questions recouvrant la plus tragique gravité, à l’image des hameçons à la pêche, voire, comme l’on demanda l’heure à un passant. Certes, l’avis est subjectif et sans doute peu partagé, de vive voix... La "grand Messe" permettant les jours d’après quelques ventes assurées en couvertures de magazines n’était pas loin de s’apparenter à une discussion avec un chanteur de variété ou un acteur (un bon en l’occurrence !). Avant le rabaissement général de notre époque, l’interview du Shah d’Iran relevait d’un grand et véritable moment de télévision et d’Histoire.
Qu’il s’agisse de demander au "Président" invité du jour s’il serait "l’Homme le plus dangereux du Monde" (que pouvait-il répondre ? il se contenta surtout de sourire, il y avait de quoi) ou s’il fabriqua une bombinette nucléaire à notre généreuse intention, le ton presque badin fût le même. La vedette présentatrice du JT se "risquera" à bien des questions fondamentales dont le citoyen lambda sait les réponses depuis belle lurette. Un peu comme Kadhafi reçu il y a quelque temps sous une tente, le dictateur eût tout loisir de vendre sa démocratie exemplaire. Il dira même "se référer à la justice en permanence", prétendant pour son pays idéal à "une liberté de manifestation sans égale ailleurs". Epatant, plus c’est gros plus... tel l’art du mauvais comique. A la façon d’un vendeur de tapis au marché noir ou d’une agence de tourisme d’obtention de papiers, le paradis Iranien s’étalait dans le catalogue du JT du soir. On toléra sans réaction aucune qu’il désigne le pays de notre ami ricain star Président Barack Obama, comme l’ennemi marqué de la plus grande détestation. La bave haineuse du dictateur tranquille ne déborda qu’à l’évocation du "Sionisme" et d’Israël.
Le cadre de l’interview était charmant, à l’image de la présentatrice parfaitement bronzée dans un hâle parfait de maquillage, donc souligné d’un léger voile d’un blanc digne d’une pub passée de Mireille Darc pour une lessive. Soigner l’image et la forme, faute de fond. Le Président invité qui aurait "de très bonnes relations avec la jeunesse majoritaire dans son pays, qu’elle vota pour lui ou pas" était à cette terrasse du Flore télévisuel, juste pour dire toute son amitié pour la France (parfois à deux reprises dans la même phrase). Nous songions alors à une rencontre future avec notre Président à nous, peut-être appelé ainsi à jouer son rôle favori pour le JT des amis, celui de Chevalier héros qui ose tout. A l’évidence, il y avait comme un renvoi d’ascenseur (censeur ?) futur derrière ce "coup" médiatique, douloureux pour tous les vrais démocrates attachés aux vrais droits de l’Humain. Notre démocratie à nous accepte que l’on osa toutes les hypothèses. L’avenir dira si un JT peut mettre les voiles pour aller oeuvrer en émissaire de "com" géopolitique.
Assurément, un double voile fut levé pour tous les prétendants à la fonction de présentateur d’un important JT. Avoir cette ambition semble désormais tout à fait jouable pour une grande quantité de personnes en âge et en charme de le faire, une formation de base sera exigée. Bien entendu, là comme ailleurs, le "réseau" très personnel semblerait déterminant. Un autre voile était levé pareillement, s’agissant de la fonction de Président d’un pays important du Monde.
L’interview s’acheva dans un échange sympathique de sourires. Et "que chacun retourne à son foyer" comme l’affirma dans un élan de rage ambitieuse contenue notre bonhomme Président, celui d’Iran. Mahmoud Ahmadinejad posa malgré tout une question pas seulement valable pour son pays : "est-ce qu’en France, c’est une minorité qui gouverne ? ". De vilaines langues (cf. le journal Marianne du mercredi 9 Juin 2010) gardant encore quelque liberté d’expression dans notre démocratie idéale et totale, le pensent de plus en plus. La liberté, l’égalité, une fraternité de coulisse toute particulière, fonderaient notre méritocratie républicaine.
Fort heureusement, "BHL", notre philosophe national armé toujours d’un col de chemise à la hauteur qualitative de la novation de sa Pensée se révolte face au funeste JT. Soyons plutôt surpris qu’il y ait aussi peu de souffle de contestation dans la voilure, alors que nous recevions " l’homme le plus dangereux du monde". La géopolitique et les relations entre états ont leurs raisons que le brave peuple n’aurait pas à savoir, y compris en "démocratie" (au sens occidental)...
Guillaume Boucard
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