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Accueil du site > Tribune Libre > Relations France – Turquie, vers le dégel ?

Relations France – Turquie, vers le dégel ?

Vingt ans. Vingt ans qu’un président français n’avait pas été officiellement invité à fouler le sol turc. C’est désormais chose faite. Ce mercredi 20 juin, François Hollande et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan se sont brièvement rencontrés en marge du sommet Rio+20. Une main tendue en guise d’apaisement des relations bilatérales franco-turques ?

À en croire la Une de la presse turque au lendemain de l’entrevue entre les deux chefs d’État, tout porte à supposer que la période de tension appartient désormais au passé. « Une nouvelle page s’ouvre dans les relations franco-turques » avait alors déclaré M. Hollande à la suite du tête-à-tête. Le président français qualifie même de « privilège » l’invitation par Ankara. Le dernier chef d’État français à s’être rendu sur place était François Mitterrand, en 1992. De son côté, M. Erdogan a « donné les instructions nécessaires après son entrevue avec le président Hollande […] les sanctions ne seront plus d'actualité en raison de la nouvelle position de la France. »

L’an passé, après le vote d’un texte de loi par l’Assemblée nationale (censuré par la suite au Conseil constitutionnel) réprimant la négation du génocide arménien et toujours nié par Ankara, le gouvernement turc avait alors prononcé la suspension de la coopération politique et militaire avec la France. Le quinquennat de Sarkozy s’était alors soldé par un malaise politique entre les deux pays. François Hollande au contraire, tente d’apaiser la chose en tournant une nouvelle page dans leurs relations, notamment sur le plan économique et en contribuant à la demande d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne.

Le dégel des relations Paris – Ankara, aussi surnommé « printemps Hollande » par les journalistes turcs, offre des perspectives sur les grands dossiers comme la question énergétique ou les investissements directs sur le sol turc.

Avec son économie florissante qui a traversé la crise, la Turquie connaît un regain de croissance et ce, malgré le climat maussade actuel. Avec un PIB en hausse de plus de 8,8% l’an dernier, Ankara présente une formidable opportunité aux portes de l’UE. Quinzième puissance mondiale, la « Chine de l’Europe » pèse lourd sur l’échiquier européen et international.

Felix Marquardt, président des dîners de l’Atlantique, désigne même le marché turc comme Eldorado et passerelle vers la zone Euro, pour les pays d’Asie centrale et du Proche-Orient. Le président Erdogan explique lui aussi « sans la démographie turque, l’Europe court le risque de prendre le même chemin que l’Italie dans les prochaines décennies ».

François Hollande s’offre ici un baptême du feu, car malgré les relations amicales entre les deux hommes, le chef d’État français reste néanmoins sur ses positions quant au dossier brûlant du génocide arménien. Enfin, Ankara attend surtout de la France qu’elle débloque les pourparlers de son entrée dans l’Union Européenne, freinés jusqu’alors par Sarkozy (13 chapitres ouverts sur les 35 qui jalonnent la négociation).


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9 réactions à cet article    


  • armand 26 juin 2012 18:21

    OUI il faut que bientot et très vite la France se rapproche de la Turkie superbe pays et aussi emplit de bonnes sociétées ingéniériques


    • Pierre-Marie Baty 26 juin 2012 20:32

      Suis-je le seul à me dire que cette visite du président Français en Turquie a surtout pour objet l’agenda de l’OTAN et notamment le dossier Syrien ?

      Oui suis-je atteint de conspirationnite ?


      • Al West 26 juin 2012 20:55

        Bonjour Pierre-Marie,

        Aiguë, la conspirationnite, aiguë smiley

        M’est avis également que les deux événements ne sont pas absolument décorrélés...

        Erdogan et Gül sont en train de s’isoler un peu plus au sein de leur propre pays. L’opposition turque désavoue la politique étrangère agressive mené par le gouvernement actuel, d’autant plus que rien n’est clair sur la situation de l’avion abattu par la Syrie. La version turque a évolué plusieurs fois juste après l’accident au contraire de celle de la Syrie. Les deux versions sont très bien résumées ici :

        http://fr.rian.ru/infographie/20120626/195164549.html

        La Turquie, qui vient d’ordonner le déploiement de troupes militaires le long de la frontière turco-syrienne, ne sert sûrement pas ses intérêts propres en faisant cela. Répondrait-elle aux attentes de l’OTAN que cela ne serait pas surprenant. A noter la dangerosité de l’implication de ce pays dans le conflit syrien pour deux raisons :

        - il est la deuxième puissance militaire de l’OTAN (en nombre d’hommes),
        - la charte de l’OTAN prévoit que l’agression contre l’un de ses membres correspond à une agression contre l’organisation dans son entier, incitant par là une implication de cette dernière de façon tout à fait fourbe.

        Une implication de la Turquie au sol par le Nord signerait sûrement plus ou moins la fin du régime d’al-Assad, alors qu’une intervention aérienne conventionnelle n’a pas l’air possible à cause de la défense anti-aérienne russe que possède la Syrie, ou du moins, pas de façon isolée. L’heure n’est pas à la guerre, mais les tensions s’accroissent. Un incident frontalier pourrait bien faire tout basculer très rapidement...


      • L'enfoiré L’enfoiré 27 juin 2012 11:01

        Exact, Pierre-Marie
        La réunion hier à l’OTAN à Bruxelles n’en est qu’un preuve.
        La France n’est pas son souci principal aujourd’hui.
        la Turquie bande ses muscles parce qu’après les Kurdes, l’Irak...
        la Turquie de l’Est est une véritable poudrière. 

        Le tourisme, c’est à l’Ouest et au Sud, jamais à l’Est.


      • Lullaby temet 27 juin 2012 15:09

        Non vous n’êtes pas conspirationnite vous êtes réalistes comparés a certain
        voir pourquoi ici


      • Peyiba Peyiba 27 juin 2012 12:34

        Ce n’est pas moi qui valide et/ou censure les commentaires...


      • L'enfoiré L’enfoiré 27 juin 2012 14:18

        C’était hier, on en parlait par ici.
        Ce n’est peut-être pas de la Turquie en premier lieu, mais à y réfléchir, cela y ressemble quand on voit les forces en présence.


      • mortelune mortelune 27 juin 2012 15:57

        La France a fait la ’gueule’ à la Turquie uniquement à des fins stratégiques. L’affaire du génocide arménien n’est qu’un prétexte pour inventer une ’différence’ et ça sent la farce. En effet la Turquie garde une marge de manoeuvre plus grande quand elle déclarera la guerre à la Syrie avec l’appuie ’discret’ des pays Européens. J’ai le sentiment que tout ça n’est pas préparé d’hier. En même temps son appartenance à l’OTAN lui garantit la protection de l’alliance militaire sans pour cela engager directement les pays européens. 

        Imaginons que la Turquie soit membre de l’union Européenne, alors les peuples seraient bien plus avisés sur le comportement de la Turquie dans la région. Là c’est bien différent et beaucoup d’Européens se sentent moins concernés par les agissements de Erdogan. La guerre se prépare dans l’ombre, jamais en pleine lumière. 

        • Al West 27 juin 2012 16:12

          Edelweiss,

          Je vous l’avais déjà dit en réponse à votre message désormais effacé, mais vous ne semblez pas opérer de distinction pourtant fondamentale entre le gouvernement et l’opinion majoritaire du peuple qu’il gouverne. Si vous êtes aussi hostiles à l’égard des Turcs à propos de leur action en Syrie, quel est donc votre avis des Français dont le rôle des forces armées dans ce conflit est pour le moins trouble ! L’ensemble de la presse internationale (exceptée française), a fait état de l’implication des services secrets français dans le conflit syrien et Laurent Fabius parle ouvertement d’armer les rebelles. Croyez-vous que les Turcs aient donc quelque chose à nous envier de ce point de vue là ?

          J’en profite pour signaler :

          - que les deux tiers de la population turque se prononce contre une intervention en Syrie (lien) contre seulement 48% en France d’après un récent sondage ;
          - que les manifestations condamnant l’ingérence étrangère en Syrie, notamment celles du Qatar, ont été bien plus nombreuses en Turquie qu’en France depuis le début du conflit ;
          - que l’opposition turque, même si elle condamne l’abattage du F4 turc, bien qu’elle ne dispose d’aucun détail sur les circonstances exactes de l’incident, se prononce contre tout conflit avec la Syrie et condamne la politique étrangère d’Erdogan ;
          - que le père d’un des pilotes turcs morts récemment s’est prononcé absolument contre une guerre avec la Syrie.

          A tout point de vue la Turquie, que ce soit par le biais de sa classe politique ou son peuple, apparaît plus blanche que la France dans ce conflit.

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