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Remarques de Loukachenko : Questions à résoudre

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Lors d’un récent discours au Palais de l’Indépendance à Minsk, Alexandre Loukachenko, le président du Belarus, a invité un groupe de journalistes triés sur le volet à une «  conversation ». Le discours de M. Loukachenko et ses réponses aux questions des journalistes ont suscité l’intrigue et soulevé de nombreuses interrogations, donnant lieu à diverses interprétations.

L’un des aspects du discours de M. Loukachenko qui a retenu mon attention est la démarche proactive du gouvernement bélarussien, qui a invité un nombre limité de journalistes à dialoguer directement avec le président. Cette initiative mérite un examen et une enquête plus approfondis, en particulier si l’on considère les propres déclarations de M. Loukachenko, qui suggèrent une planification méticuleuse en termes d’objectifs à atteindre et de messages spécifiques à transmettre aux parties concernées, en particulier dans les capitales occidentales.

Le président Loukachenko a soulevé une question essentielle dans son discours, en réfutant les rumeurs selon lesquelles Evgeniy Prigozhin, le chef de la société militaire privée Wagner, s’était installé au Belarus après la fin de la mutinerie. M. Loukachenko a précisé qu’au contraire, le Belarus avait facilité le transfert de Prigozhin et de certains de ses combattants par le biais de négociations avec le Kremlin afin d’étouffer le soulèvement.

Loukachenko a explicitement déclaré que les combattants de Wagner restaient stationnés dans les camps où ils s’étaient retirés après avoir quitté Bakhmut. Il a affirmé que leur chef se trouvait soit à Saint-Pétersbourg, soit éventuellement dans un autre lieu non divulgué, mais certainement pas au Belarus. En outre, il a souligné que l’accord biélorusse et les efforts de médiation se poursuivent et n’ont pas cessé. Ces révélations ouvrent la voie à toute une série de scénarios possibles, suggérant que la pièce est toujours en cours et que les scènes finales n’ont pas encore été jouées.

Pour éviter toute mystification autour de l’incident Wagner, disons que le discours prononcé par le président du Belarus est important à la fois par son timing et par les messages sous-jacents qu’il transmet. L’acte délibéré d’Alexandre Loukachenko d’introduire de l’ambiguïté quant au lieu où se trouve le leader Wagner n’est pas une simple coïncidence, mais plutôt un geste calculé exécuté dans le cadre d’un scénario prémédité. M. Loukachenko est parfaitement conscient de son rôle en tant qu’acteur clé dans l’ensemble du processus.

En outre, Loukachenko a fait une déclaration remarquable lorsqu’il a exprimé sa conviction que personne n’est sorti en héros du soulèvement. Cette remarque répondait à l’affirmation de la chaîne officielle russe selon laquelle le président Vladimir Poutine était sorti vainqueur des récents événements. Bien que cette déclaration puisse apparaître comme une façade à première vue, je suis fermement convaincu qu’elle a été élaborée à dessein et qu’elle fait potentiellement partie intégrante du résultat escompté, visant en particulier à déconcerter les puissances occidentales et à provoquer des perturbations.

En tant que proche allié de Poutine, qu’il a appelé «  mon frère le président Poutine  » au cours de la même réunion, Loukachenko ne prendrait pas le risque de compromettre ses relations avec Poutine ou de jeter le doute sur la position politique de ce dernier. Il est donc plus plausible de considérer que les déclarations de Loukachenko correspondent au rôle qu’il a joué dans l’issue de la mutinerie.

En outre, Loukachenko a explicitement déclaré  : «  Ni Prigozhin, ni Poutine, ni Loukachenko. Il n’y a pas eu de héros ». Cette déclaration souligne son point de vue selon lequel aucun individu, y compris lui-même et ses alliés, n’est apparu comme une figure héroïque dans les événements examinés.

En outre, M. Loukachenko a souligné une leçon importante à tirer de cette situation  : «  Si nous créons des groupes armés comme celui-ci, nous devons les surveiller et leur accorder une grande attention ». En se plaçant au cœur de l’événement en tant que personnage clé chargé de gérer les répercussions de la rébellion, M. Loukachenko fait preuve de respect à l’égard de son allié sans porter atteinte à M. Poutine. Il navigue habilement pour atteindre les objectifs stratégiques souhaités de la conversation tout en préservant l’autorité et l’image du président Poutine devant un public plus large.

Le discours de Loukachenko présente un défi d’interprétation définitive, nous laissant avec plus de questions que de réponses. Il est donc évident que le dernier chapitre du récit du soulèvement de Wagner n’a pas encore été écrit. Toutefois, il apparaît que Evgeny Prigozhin, le leader du groupe, pourrait ne pas être la seule victime du soulèvement. Les allusions de Loukachenko au contrôle gouvernemental sur les groupes armés suggèrent l’implication potentielle d’autres acteurs au sein du système russe, à l’exception, bien sûr, du président Poutine.

Dans la plupart des scénarios, Evgeny Prigozhin supportera les conséquences du soulèvement, qu’il ait été orchestré avec l’accord du Kremlin ou qu’il s’agisse d’une authentique rébellion. Néanmoins, le groupe Wagner restera intact et indemne. Le président russe Vladimir Poutine profitera des événements pour renforcer son emprise sur le pouvoir, éliminer ses détracteurs et purger les individus jugés déloyaux ou incapables de faire avancer ses objectifs, y compris l’obtention d’une victoire décisive dans le conflit ukrainien.

Il est essentiel de reconnaître l’étroite amitié et la confiance mutuelle entre Poutine et Prigozhin. Malgré le soulèvement, le chef de Wagner a explicitement déclaré que son intention n’était pas de viser le président Poutine alors qu’il avançait vers Moscou. Au contraire, il a affirmé que son objectif était de demander des comptes aux responsables qui avaient commis de graves erreurs non professionnelles dans le conflit ukrainien. Compte tenu des victoires notables de Wagner à Bakhmut et dans d’autres villes ukrainiennes, malgré leur armement limité, le scepticisme de Prigozhin quant à la compétence des hauts dirigeants russes peut trouver un écho dans les considérations des dirigeants russes.

Il est fort probable que la saga Wagner soit loin d’être terminée et que le sort de son chef, Evgeniy Prigozhin, reste caché dans les méandres de l’opération de soulèvement.

Les événements secrets qui se sont déroulés pendant les 24 heures de la rébellion sont devenus des secrets hautement classifiés au sein de l’État russe, ce qui les rend extrêmement difficiles à déterrer aujourd’hui et à l’avenir. Toutefois, si l’on considère ces événements dans leur ensemble, ils ne correspondent pas à la version interprétée par certains dans les cercles orientaux et occidentaux, selon laquelle une force militaire rebelle d’environ 25 000 personnes était sur le point de lancer un assaut contre le Kremlin.


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1 réactions à cet article    


  • Sirius Grincheux 20 juillet 2023 17:46

    C’est sûr, ce gars-là, il est pas dans le camp du Bien. Pendant la vaste escroquerie mondiale baptisée Covid-19, il a refusé le confinement de son pays, sans que ça se traduise par une hécatombe (sinon ça se saurait), et il a déclaré avoir décliné une aide de plusieurs millions de dollars d’"aide internationale". Il annoncé aussi en août 2021 qu’il ne rendrait pas obligatoire la vaccination contre la Covid-19.

    Vous voyez ! Il est dangereux, le gars, là ! Surtout pour la big pharma, l’OMS et tutti quanti !

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