Rémission - Comment les musulmans vont prendre le pouvoir en France ?
Rémission,
c'est peut être le titre caché du dernier Houellebecq, "Soumission" (Ed. Flammarion, 2014), qui décrit une France dans laquelle en 2022, de par un effondrement du champ politique traditionnel, le narrateur assiste à l'arrivée au pouvoir d'un homme politique d'origine nord africaine et de confession musulmane. Au contraire de ce qui est affirmé par de nombreux critiques, ce livre ne délivre pas de message explicitement xénophobe ou raciste, il pose simplement, entre autres, la question du poids électoral croissant dans la politique française des citoyens de culture ou de confession musulmane.
Aujourd'hui, ce poids représente environ 5 à 6 %du corps électoral (source : oumma.com) et il devrait augmenter de manière significative dans les années à venir pour des raisons démographiques évidentes. Il est certain que ce Lundi 8 Mai, l'on peut affirmer sans crainte que ces électeurs se sont prononcés massivement pour Emmanuel Macron, hantés par l'arrivée au pouvoir du FN et de Marine Le Pen.
Disons le tout de suite, le numéro antifasciste joué par tout le système médiatico-politique des 15 derniers jours est à regarder en comparaison de l'exposition maximale et faussement conciliante vis à vis du FN durant les 5 voire 10 dernières années entre les élections et qui amène à une sorte de fabrication du consentement du vote de barrage même chez les esprits les plus tourmentés.
Sans occulter les résultats du second tour de cette présidentielle de 2017, ce qui peut rassurer l'ultramajorité de cet électorat, c'est tout simplement l'évolution du score du FN au 1er tour de la présidentielle entre 2002 et 2017.
En 15 ans, le FN n'a gagné que 3 à 4 % du corps électoral. N'en déplaise à mes amis frontistes, Marine Le Pen a révélé au mieux son incapacité à tenir un statut de présidentiable, au pire sa volonté de se saborder lors du débat du 3 Mai 2017, alors qu'elle aurait très bien pu être apaisée, à l'image de la France qu'elle voulait incarner et insuffler le doute chez bon nombre de citoyens.
C'est pourquoi Michel Houellebecq a pensé s'être trompé le 4 Mai 2017 sur France TV. Non, la France dans son ultramajorité n'est définitvement pas raciste et xénophobe elle vient de le prouver (au 1er tour comme au second) mais il va falloir maintenant demander des comptes à ces journalistes qui vont "recrédibiliser" le FN pendant les 5 ans à venir pour ensuite crier à la menace "néofachonazie".
J'invite donc les supporters de Marine à réfléchir sérieusement à cette question car il est important de souligner que c'est le 7ème échec d'un candidat Le Pen à une présidentielle, ça commence à faire long pour beaucoup j'imagine et rien ne laisse présager que la 8ème, 9ème ou 10ème sera la bonne...
L'enjeu pour l'électorat d'origine immigrée, qui a fait les joies du PS et de la Gauche en général depuis le tournant libéral de 1983, va être sa réponse quant aux enjeux des prochaines années.
Vont ils embrasser définitivement la vision européiste de celui qu'ils ont porté à la tête de l'Etat, en espérant de nombreux succès pour le pays qui les a accueilli eux, leurs parents ou grands parents, ou bien vont-ils oser, si les évènements sociaux accentuent les difficultés pour une majorité de citoyens dans les prochains semestres, rejoindre des courants plus souverainistes qui ne manqueront pas de rappeler que l'universalisme de la France est né bien avant le traité de Maastricht en 1993 et il était, qui plus est, tourné vers le pays de leurs origines, car c'est bien le débat des prochaines années : la France doit elle définitivement renoncer à sa souveraineté en validant un processus supplémentaire d'intégration européenne (qui la soumettrait définitvement à la néodomination allemande) ou bien va-t-elle reprendre le fil de son histoire millénaire en reprenant la souveraineté qu'elle a commencé à abandonner en 1993 au moment de Maastricht.
Pour répondre cette question teintée de provocation : non les arabes ne prendront pas le pouvoir en France, du moins pas avant quelques décennies à minima, mais il est à espérer, si l'eurolibéralisme - comme l'appelle le démographe Emmanuel Todd - accentue les difficultés du pays dans les prochaines années, que cette fraction de la population française osera sans crainte faire le choix de la France qui reprend son destin en mains en se rassemblant autour d'un récit national pour les 30 prochaines années (voir les idées du pivot francais ou européen vers le sud) et commencer alors le travail de la réconciliation nationale autour de... la France et de l'Afrique.
Prendre le pouvoir, non, faire bascule, c'est une question de temps à mon humble avis.
Benab
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