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Accueil du site > Tribune Libre > Rentrée des classe en Chine : les nouveaux suent en uniforme

Rentrée des classe en Chine : les nouveaux suent en uniforme

Tous les jours à la même heure dans les cours de toutes les écoles, du jardin d’enfant au lycée, sous le même drapeau les élèves chinois s’ébrouent ensemble dans une gymnastique de groupe plus ou moins bien synchronisée.

Dix heures du matin dans les corridors du jardin d’enfant, les petits vont en récréation à la queue leu leu en balbutiant « gauche droite, gauche droite » en anglais.
Arrivés dans la cour, ils se mettent maladroitement en rang et commencent des exercices de gymnastique en imitant leur maîtresse au son d’une chanson pour enfant. Je les regarde depuis la fenêtre d’une classe vide, c’est mignon comme tout, les maîtresses sont jolies et il y a des peintures de Mickey et de Dumbo l’éléphant partout.
Les petites têtes dodelinent, ils tournent dans le mauvais sens, certains tombent sur leurs couches, pleurent. Ceux de devant, souvent des filles, ont des sourires de gymnastes et exécutent leurs mouvements comme une partition de musique classique. Derrière on se pousse, on se bouscule et retombe.
Tous les jours, à la même heure, dans les cours de toutes les écoles, du jardin d’enfant au lycée, sous le même drapeau les élèves chinois s’ébrouent ensemble dans une gymnastique de groupe plus ou moins bien synchronisée.
Le sérieux de ces exercices dépend de la sévérité du proviseur et aussi du classement, du prestige de l’école, si l’école est classée dans les premières, il faut que les exercices de gymnastiques du matin soient aussi d’exécution supérieure.
Les élèves y vont bon gré mal gré et, quand c’est fini, ces petits soldats redeviennent enfants enjoués, vivants, pluriels sous le même ciel où flotte le drapeau rouge avec cinq étoiles.


Dix heures tous les matins, la même image les accompagne au fur et à mesure qu’ils gravissent les échelons de l’éducation. Quand ils entrent en secondaire, au lycée ou à l’université le drapeau devient de moins en moins anodin, de plus en plus lourd, exigeant. Les enfants doivent passer leur première quinzaine de cours sous un uniforme et sont soumis à tout ce qu’une armée exige de discipline, d’esprit de groupe et de résistance physique.
A l’université du Lac de l’Est, je les entends dès 6 heures du matin, ils prendront leur petit déjeuner à 7 heures et puis retourneront sur le stade, 5 400 étudiants en rang d’oignon. L’après-midi est le plus pénible, il fait chaud, le soleil tape partout en Chine.
Après le dîner, ils remettent ça jusqu’à 8 heures et demie, et ce, pendant deux semaines...
L’un des 120 militaires chargés de l’instruction des jeunes m’explique que l’entraînement militaire à l’université est plus important et sérieux que ceux du lycée et de l’école secondaire. Et ce, pour deux raisons, d’une part lorsque l’université est conviée à des compétitions universitaires, il faut que les étudiants sachent marcher au pas dans la règle de l’art et puis, s’ils ne le faisaient pas bien, alors l’université signerait un contrat avec une autre unité de militaires et mon beau soldat perdrait sa prime.

Sous le drapeau les têtes rougissent, brunissent, les jeunes corps fatigués transpirent, ils sont la fierté, l’avenir de la nation. Ce sont eux qui pendant plus de dix-sept ans ont fait tous les jours de la gymnastique dans la cour du drapeau. Ils sont tous patriotes, comme tous leurs compatriotes, prêts à réagir au quart de tour dès que la Chine est à peine écornée dans une conversation.
Cela ne leur vient pas des exercices militaires, il n’y a pas de théorie nationaliste pendant ces entraînements. Il s’agit juste d’apprendre à se tenir droit jusqu’à la récré.


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10 réactions à cet article    


  • Tibet Libre France-Tibet Ile-de-France 21 septembre 2007 18:35

    Votre article est très déscriptif. Au final, on ressent une forme de cynisme, on a l’impression que ce que vous dites, suggère le contraire de ce qui est écrit. Comment en effet croire qu’une éducation militaire n’inciterait pas au nationalisme ? Qu’elle est votre analyse de ce que vous décrivez ?


    • moebius 21 septembre 2007 21:25

      ...trés beau texte..lisez donc.. « il s’agit juste de se tenir droit jusqu’a la récré »


      • Patience Patience 22 septembre 2007 03:06

        Ce qui est décrit dans cet article n’est pas spécifique à la Chine. Ces scènes d’enfants en uniforme et en cadence se retrouvent dans beaucoup d’autres pays d’Asie.

        D’une manière générale, cette éducation « militarisée » s’est imposée dans tous les pays à forte natalité. Dès lors, la vraie question est de savoir si la quantité primera toujours sur la qualité.

        Je ne pense pas qu’il faille nécessairement y voir une quelconque volonté d’endoctrinement nationaliste.


        • bbristo bbristo 22 septembre 2007 09:46

          C’est un fait, il n’y a aucun cours de théorie et donc pas d’endoctrinement pendant ces entraînements militaires. Je me souviens que dans l’armée suisse lorsque les recrues s’étaient ruinées dans des exercices physiques ils recevaient un cours « théorique » avant de pouvoir aller au lit. Ce n’est pas du tout le cas pour ces étudiants. Ils ne doivent appendre qu’une seule chose : marcher au pas. Par contre tout au long de leurs années d’études ils ont des cours de civisme et ils étudient la pensée de Mao, etc.

          La fin de mon article n’est pas cynique, c’est plutôt une question posé : si l’endoctrinement nationaliste n’est pas prodigué pendant ces exercices alors d’où vient-il ? Une étude des programmes de la télé et encore plus de la presse écrite donnerait des réponses intéressantes mais ce n’était pas là le thème de l’article.


        • Patience Patience 22 septembre 2007 10:45

          Bonjour,

          Vous vivez en Chine, et moi en Thaïlande.

          Mon fils de neuf ans est scolarisé ici à Phuket.

          Ce que vous avez ressenti, à la vue de ces enfants chinois, je l’ai expérimenté avec mon propre fils.

          Après m’être angoissé à propos de ce qui me paraissait, de prime abord, être un embrigadement, j’ai vite compris que j’étais en présence d’un système destiné à créer une stricte égalité entre tous les enfants.

          Contrairement à l’Inde, ici en Thaïlande, il n’existe aucune exclusion de caste. Le fils de nos voisins très pauvres fréquente la même école que mon fils.

          Ici, pas besoin de carte scolaire.


        • Tibet Libre France-Tibet Ile-de-France 24 septembre 2007 15:56

          Merci à l’auteur pour les éclaircissements. La monté des nationalismes vient souvent d’un discours politiques accusant les pays étrangers des problèmes du pays, ou mettant en avant la supériorité d’une culture ou d’un mode de fonctionnement. A contrario, l’analyse de la cause des problèmes, l’ouverture et le dialogue constructif sont des facteurs qui évitent la monté nationaliste et ses dérivent malheureuses connues dans l’histoire du monde. Bonne continuation


        • Tetsuko Yorimasa Tetsuko Yorimasa 22 septembre 2007 10:49

          Surtout ne vous méprenez pas ce n’est pas parce qu’à l’école certain pays imposent l’uniforme qu’ils ont une éducation de type militaire, l’Angleterre et le Japon en sont l’exemple


          • Patience Patience 22 septembre 2007 11:02

            Je suis bien d’accord avec vous Tetsuko.


          • manusan 1er octobre 2007 13:32

            dac avec toi tetsuko.

            ma femme, chinoise , a connu l’uniforme toute sa scolarité et ma belle soeur est instit là-bas. En fait, tout le monde se contrefiche des chansons ou discours patriotiques pendant la gym, même les profs. Et sincèrement tous préfère apprendre des poèmes de Li-bai (du moins les profs ), mais bon, il faut le faire car c’est le programme. Si certains établissements « haut standing » ont une uniforme pétante (regardez bien les étrangers on a les mêmes qu’au Japon), dans la majorité des collèges le jogging fait office d’uniforme, moins chère mais merci l’hygiène. En tout cas ce que retiennent les collégiens c’est surtout le fait qu’il y a des collèges avec des beaux uniformes et d’autres non. Ils ont un aperçu de ce que leur réserve la vie.

            au fait Tetsuko, est vrai que l’uniforme japonais des collégiens (gars) est copié sur l’uniforme des collèges parisiens à fin du 19eme (ère meiji) ?


          • europa 24 septembre 2007 12:50

            Non, il n’y a pas d’endoctrinment nationaliste en Chine. La preuve en est que régulièrement il se trouve encore des personnes, généralement des étudiants, pour tenter de contester la dictature et se faire emprisonner, voire exécuter. Comment peut-on avoir quelque admiration que ce soit pour ce que fait un Etat totalitaire ? C’est comme la fascination exercée à l’époque par les athlètes soviétiques... Vraiment je ne comprends pas (ceci n’a rien à voir avec les Chinois eux-mêmes, mais avec l’Etat, pour le cas où certains feraient l’amalgame)

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