Rentrée des classes : enseigner l’Économie... dès l’école primaire
La formation en général et celle de l’économie en particulier sont l'un des défis du XXIe siècle. Pour notre pays naturellement, pour l'Union européenne, mais aussi pour la planète entière.
La concurrence sera terrible. Nos enfants et petits-enfants sont-ils avertis de cela ?
Faire de l’individu un vrai citoyen et une personne à l’esprit entrepreneurial, c’est d’abord et avant tout mettre l’enseignement de l’économie au centre du dispositif scolaire.
Est-il normal que les programmes de notre Éducation nationale bourrent nos enfants de nombreux patois régionaux − parfois dès l'école primaire − et ensuite de latin, de grec… mais pas du moindre embryon de science économique et sociale ?
Est-il normal que l’on sorte de la prestigieuse section "S", celle qui est censée former les élites du pays, les futurs dirigeants, sans avoir jamais appris une once d’économie, sauf en option ? C’est ce que les Américains appellent le "french paradox", parmi de nombreux autres paradoxes !
Est-il normal que les professeurs d’économie en section "ES" n’aient jamais mis les pieds dans une entreprise et qu’ils enseignent ensuite la place et l'importance des "facteurs de production", du "capital", du "travail"… dans l’économie d'un pays ?
Serait-il donc si compliqué d'enseigner, dès le CE2, c'est-à-dire en 3ème année de l'école primaire, peut-être sous forme de petits ateliers, que :
1° pour produire, par exemple des crayons, il faut du capital technique ainsi que le travail de femmes et d'hommes.
2° pour vendre ces crayons, il faut qu'une demande existe, c'est-à-dire que des personnes aient besoin de crayons et veuillent les acheter.
3° pour les acheter, il faut de l’argent.
4° pour avoir de l’argent, un revenu, il faut travailler.
5° si personne n’achète ces crayons, il faut voir pourquoi et éventuellement les fabriquer moins cher ou peut-être qu'il convient de fabriquer des crayons d'une gamme différente ou de fabriquer autre chose.
6° etc.
Soyons cohérents. Mettre la science économique au centre de notre dispositif de formation paraît une idée frappée au coin du plus simple des bons sens. Vous le savez, vous, monsieur le Président, qui passez pour maîtriser l'économie.
Connaître l'économie est aussi l’un des moyens pour mettre sur le marché du travail des personnes ayant une bonne intelligence économique et sociale, intelligence par nature flexible.
En fait, il s'agit de mettre à la disposition des entreprises, des salariés − c'est-à-dire du capital humain − mieux former, plus agiles intellectuellement et donc par construction, plus compétitifs, plus concurrentiels et, in fine, plus durablement employables.
Nous, Françaises et Français, qui comme vous, monsieur Président, voulons innover industriellement, innovons aussi en matière d’éducation. Dépoussiérons nos programmes scolaires de tout ce qui n’est pas strictement utile. De tout le superflu que l’on peut apprendre ultérieurement, voire tout au long de la vie.
L’enjeu est de taille ! C’est peut-être notre survie, non paupérisée, dans un monde où l’intelligence économique va faire un bond jamais connu dans l’histoire de l’Humanité. Cela se passe aujourd’hui, aux premières heures de demain au plus tard.
Les rouleaux compresseurs asiatiques et indiens sont en marche, eux aussi. Ils n’ont derrière eux aucun poids du passé en la matière. C’est la feuille blanche. Pour eux tout est possible. Ils ont déjà commencé. Ils ont pour exemples ce que nous, pays développés, avons fait hier. Ils savent ce qu’il ne faut pas faire. Ils veulent déjà faire mieux. De nombreux mégacentres de recherches chinois continuent à voir le jour ainsi que de nouvelles formations qui enseignent (à marche forcée) dès l'école primaire qu’elle sera la place, brillante bien sûr, de la Chine dans le concert du business mondial. L’Inde forme déjà chaque année un demi-million d’ingénieurs, soit quinze fois plus que la France et quatre fois plus que toute l’Union européenne.
Aux armes citoyens ! Prenons le taureau de l’Éducation nationale par les cornes. Il est rétif, mais il n’est pas trop tard quand on sait lui parler, pas comme à un mammouth arriéré et non ouvert aux réformes, mais comme à un sujet responsable qui veut, lui aussi, aller de l'avant.
La France et les pays européens ne doivent pas oublier qu’ils possèdent une courbe d’apprentissage fabuleuse en matière d’éducation. Il suffit pour cela de prendre dès aujourd’hui les bonnes décisions.
Imposons aux nouveaux parlementaires − notamment à la majorité LREM qui a l'obligation de ne pas décevoir durant 5 ans − d'engager les réformes en la matière. L'avenir de notre pays dépend d'eux et de leurs multiples successeurs. Les parlementaires doivent pouvoir être clairs sur l’expression de leurs premières mesures en l’espèce, car "ce que l’on connaît bien s’énonce clairement" et les textes de loi à légiférer doivent arriver aisément, de manière compréhensible et rapidement applicable.
Faire l’impasse sur l’enseignement de l’économie, dès le plus jeune âge, serait une catastrophe annoncée pour notre pays. Déjà, en 1949, Ludwig von Mises 1 écrivait : "Dans la situation telle qu'elle est aujourd'hui, rien ne peut être plus important aux yeux des gens intelligents que l'économie. Chacun y met en jeu son propre destin et celui de ses descendants."
Alors, monsieur le président, mesdames et messieurs les ministres, mesdames et messieurs les parlementaires, au travail !
1. L'action humaine, Traité d'économie (Édition PUF, Paris, 1985), chapitre 38-6 : L'économie et le citoyen.
Crédit photo : ecole-saint-joseph-messimy.fr (texte rajouté par A. Fay)
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