Rentrer ? Mais pour quoi faire ?
Il fait encore chaud. Je trouve. Moite. Et pourtant, là, au delà de l’écran, il s’évanouit, l’été. Il s’en va. Il nous quitte. Doucement.
Tu le savais, toi, qu’il allait partir ? … Oh oui, bien sûr, tu sais tout, toi ! Toujours … L’inéluctable, ça te connaît, mon salaud ! La fin des choses, les belles de préférence ! Et va, tout s’en va, avec le temps, tout fout l’camp !

Quand sera-t-il possible d’échapper aux sempiternels retours, aux chassés-croisés ?
Ah imagine, oui imagine, qu’il ne rentre pas, le vacancier ? Qu’il reste à quai. A se gaver de chichis, tortillas et chocolats glacés !
Mais qu’a-t-il donc dans la caboche, ce vacancier ? T’étais pas bien, là, sur ta plage, alangui ? T’étais pas bien, hein, sur la grève, mon ouvrier, toi dont l’usiné futur est délocalisable, à souhait, interchangeable, à volonté ?
Tu vois, t’as encore raté une occasion. Une révolution. Tranquille. Sans effusions. Sans tirs. De Flash-Ball.
Il suffisait de rester. Là-bas. Ne pas rentrer. Dire non. Ça suffit ! Au combat, je ne retourne pas. Ou alors, changez-moi tout ça ! Ce merdier. Les banquiers. Oui, changez tout, sinon moi, j’bouge pas, d’un pouce, d’un poil, et la couenne, je continue à me l’hâler, au Cap d’Ail ou à la Trinité. Non mais, t’imagines, toute cette marmaille, toute cette chair ouvrière, ce corps salarié qui refuseraient de rentrer au bercail ! Refuseraient de reprendre sa place dans les tranchées, la retraite à soixante et sept années, ton dimanche confisqué ! Tu crois qu’ils t’enverraient l’armée ? Philippe de Villiers ? Nihous et ses chiens de sentiers ? Une certaine idée de l’UMP. Extrême, à n’en point douter.
Mais bon sang de bonsoir, qu’as-tu donc dans le cervelet, mon vacancier ? Ne vois-tu pas que rentrer c’est paumer ? Qu’ils vont te la sucer jusqu’à la moelle, te la mettre drastique et profond, toujours et encore ? Alors pourquoi ? Pour quoi rentres-tu ? Pour qui ? A moins que tu y aies pris goût, à trimer plus que de raison pour clamser plus vite que le tic-tac, celui de ton horloge biologique ?
Tu comptais, peut-être, sur la CGT pour te la faire plus douce, ta rentrée ?
Eh machin, tu sais quoi ? Regarde-la bien, ta plage. Ton Pic du Midi. Ton canard landais. Imprime-les bien, ces images. Et le vent caressant. Le soleil se couchant. C’est à toi. Et pourtant, ça t’échappe. Déjà. Ça s’évanouit. Ça s’en va. Comme toi. Doucement. Comme la CGT. Les belles idées.
Eh chose, tu te souviens ? Autrefois, c’était la lutte. Des classes. Aujourd’hui, t’en pinces juste pour la rentrée. Des classes. Tout est scolaire. Rien n’est colère. Tu l’as fuguée, ta colère. Abandonnée, sur la route, comme une chienne. Qui aboie. Pendant que la caravane du NPA passe. Que celle du PS trépasse. Et que toi, tu rentres, hélas ..
Adieu la plage, bonjour les pavés ! Il est temps, dis-tu, de rentrer. A nouveau se fader calembredaines et autres falbalas. Tout un univers. Primaire. Ce primaire autrefois singulier et que l’on voudrait, aujourd’hui, t’œsophager au pluriel.
Il fait encore chaud. Je trouve. Moite. Au loin, j’entends les derniers cris, ceux de l’été qui s’évanouit. Qui s’en va. Qui nous quitte. Parce que toi, tu fous l’camp. Tu rentres. Alors que t’aurais pu rester. Là-bas. Sur ta plage. Alangui. Sur la grève. Parasols en piquet. Au Cap d’Ail ou à la Trinité. Tranquille et révolté. Refuser de reprendre ta place dans les tranchées. Le temps qu’il faudrait. Le temps qu’ils comprennent qu’on n’en veut plus, qu’on n’en peut plus, et qu’ils se le foutent au cul, leur merdier à banquiers.
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