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Réponse à l’intervention de Jacques Perrin aux Césars

La cérémonie des Césars a permis le sacre de « De battre mon coeur s’est arrêté », de Jacques Audiard, film qui ne fut pourtant projeté que dans deux salles grenobloises... Une diffusion à peine plus large que celle de « L’esquive », le dernier lauréat. Elitiste, le cinéma français ?

Certes, Jacques Perrin a beau jeu de critiquer le téléchargement illégal : peut-on s’en étonner, devant la hausse du prix des séances et des diffusions de films de qualité, de plus en plus restreintes aux salles arts et essais ? Le CNC et la plupart des maisons de productions (dont celles de Jacques Perrin) ne devraient-ils pas faire un effort plus important pour favoriser l’accès du grand public au supposé meilleur de notre production cinématographique ? Car, pour expliquer le téléchargement illégal de film, il faudrait d’abord comprendre que peu de personnes accepteraient de faire un déplacement de plus de 50 km pour aller voir leur film préféré projeté dans quelques salles seulement... L’an dernier, sur tout le département de l’Isère, une seule salle projetait L’esquive (avant que son triomphe aux Césars ne permette une diffusion plus élargie). Cette année, il n’y avait que deux salles dans lesquelles voir De battre mon coeur s’est arrêté, dont une projection en multiplexe, où le prix des séances n’a cessé de grimper pour atteindre allègrement  8€80.... contre 20 FF par séance il y a 12 ans...

Une flambée des prix scandaleuses, et il serait bon que l’excellent Jacques Perrin, qui a découvert le cinéma au temps où il n’était pas encore un passe-temps de riches, se souvienne que la hausse du piratage est essentiellement due à un manque d’accessibilité du cinéma de qualité. Je suggère à Jacques Perrin d’essayer de télécharger un film, puis de le regarder sur un écran d’ordinateur, pour se rendre compte qu’une séance de projection sur grand écran est bien plus agréable qu’un film téléchargé, parfois avec un son médiocre ou des sous-titres décalés... Dommage de voir l’ancien journaliste assoiffé de vérité de « Z » se retrouver à défendre uniquement les intérêts des maisons de production, sans prendre la défense du consommateur...

Le cinéma français de qualité existe donc, même si on peut regretter qu’il ne bénéficie pas de la même promotion que les comédies « M6-Canal + » et je rassure Jacques Perrin, je n’ai nullement l’intention sacrilège de télécharger un De battre mon coeur s’est arrêté ou un Le petit lieutenant, tant que ma bourse peut suivre... En revanche, M. Perrin, ne comptez pas sur moi pour dépenser 8€50 pour les énièmes pérégrinations d’un Michaël Youn sur grand écran... Là, le téléchargement pourrait m’intéresser, pour un film que je n’aurais de toutes façons nullement l’intention de voir sur grand écran.


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2 réactions à cet article    


  • F.C. Bachellerie (---.---.165.193) 28 février 2006 16:05

    Je suis persuadé que le facteur principal du téléchargement de films sur internet n’est pas le prix ou la volonté de s’attribuer quelque chose gratuitement. Premièrement, le téléchargement peer-to-peer est loin d’être gratuit : il faut payer l’abonnement ADSL (1€ par jour juste pour pouvoir envoyer des emails ça m’étonnerait que les FAI se retrouvent avec beaucoup de clients ...) + le matériel informatique et audiovisuel + le temps passé à controler que tout se passe bien, etc. Au final un film téléchargé revient beaucoup plus cher à l’internaute que s’il l’avait loué en DVD. Deuxièmement, les films en première exclusivité (donc ceux qui ne sont encore visibles qu’au cinéma) sont certes téléchargeables mais avec un niveau de qualité tellement dégradé qu’ils ne valent même pas la peine d’être visionnés. Donc, quelles sont les raisons qui pousseraient un cinéphile à télécharger une oeuvre sur un réseau peer-to-peer ? Je crois qu’il y a d’abord l’accessibilité. C’est-à-dire la certitude d’avoir accès au catalogue le plus large possible du cinéma universel. Quiconque a déjà fréquenté les sites de téléchargement video ’légaux’ sait que l’offre des oeuvres est ridiculement réduite. De même on ne trouve que rarement dans les video-club de quoi satisfaire la curiosité d’un vrai fan de cinéma. Enfin il y a la disponibilité permanente, promesse générique de l’internet qui nous a convaincu de changer nos comportements de consommation successivement sur l’achat de produits culturels (merci Amazon), la gestion de nos comptes en banque, le paiement de nos impôts, l’organisation de nos voyages, etc. Vu l’engouement confirmé du public pour le monde de la fiction et du rêve, le cinéma ne devrait pas s’inquiéter de l’évolution des comportements de consommation de ses spectateurs mais devrait bien au contraire l’accompagner. C’est, au final, très étrange d’entendre de grandes figures de la profession se plaindre de ce que l’internet vide les salles de cinéma, c’est en fait aussi étrange que si les mêmes s’étaient plaints de voir la VHS disparaître au profit du DVD ...


    • Ludovic Charpentier (---.---.68.72) 28 février 2006 16:21

      Ce qui vide surtout les salles de cinéma depuis des années, ce sont les développement des grands groupes télévisuels qui via le câble permettent d’avoir très rapidement les films en exclusivité chez soi. Ironie du sort, les plus grands groupes audiovisuels (Canal+ et TF1-M6) sont aussi les principales maisons de productions à l’heure actuelle...

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Brady


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