Réponse d’un « populiste » aux foulards rouges à parapluies grisâtres
Source de la photo des dynamiques militants anti-gilets jaunes : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/01/28/gilets-jaunes-foulards-rouges-mort-de-michel-legrand-les-six-infos-a-retenir-du-week-end_5415548_4355770.html (source principale de l'article par ailleurs)
Paris, ce dimanche 27 janvier 2019, 14h environ. Votre narrateur boit son café qui finalise un repas dans le HLM familial de ses parents. Une chaine info nous montre les premières images du rassemblement des anti-gilets jaunes, prévu Place de la Nation, vers 15h. Une trentaine d'individus équipés d'un parapluie monotone, météo humide oblige, sont déjà là. Ce qui est peu, car à l'occasion des grandes manifestations, les rues sont pleines bien avant l'heure du défilé. L'échec parait prévisible.
J'avais autre chose à faire que d'aller observer ou apporter la contradiction dans ce rassemblement convenu de bourgeois bornés, qui ont sorti leur foulard rouge "channel" pour l'occasion, délaissant la perruque poudrée afin qu'elle ne prenne pas la flotte. Pour autant, le mouvement des "gilets jaunes", sympathique à ses débuts, a semblé partir dans tous les sens, en particulier dans celui d'une impasse politique, débouchant sur une liste aux européennes sans programme concret, qui permettra au parti gouvernemental d'arriver en tête du scrutin. Pas de leaders véritables, des revendications brouillonnes et parfois farfelues, une violence stérile... Cette première "révolution" issue de la génération smartphone, où chacun peut rassembler du monde en quelques clics, a démontré les limites des mouvements populaires "autodidactes". Pour autant, il n'y avait aucun intérêt à contre-manifester, à moins de soutenir un gouvernement dont la politique économique, héritière de l'idéologie néo-libérale, a provoqué les ravages que l'on sait depuis quarante ans.
Revenons à notre défilé du jour. La lecture des articles du web relatant l'évènement est sans surprise. La sociologie de nos militants et leurs slogans sont une véritable réclame pour... les populismes qu'ils dénoncent par peur de se voir obliger de partager leur pognon avec la plèbe ou, dans le pire des cas, de finir à la guillotine comme au bon vieux temps. "Non aux violences", "Non aux populismes" (on remarquera l'emploi du pluriel...), "Non à la chienlit", "Merci la police"... ainsi que l'élégant "les gilets jaunes au boulot !" furent les cris les plus meuglés par nos militants "républicains", plus soucieux de leur avenir proche que de celui de la jeunesse française. Traiter de fainéants des gens qui exercent des boulots d'ouvriers, il fallait oser !
La photo d'illustration de l'article le démontre, les trois quarts des participants avaient plus de 65 ans. L'âge où, en principe, on laisse la politique aux jeunes, que l'on conseille en servant d'exemple. Qui sont-ils, ces anti-émeutiers, descendus à... 10000 (!) dans les rues parisiennes d'après la police, qui pour une fois a fait preuve de largesse dans son comptage ? Sont recensés notamment :
- Laurent, organisateur, ingénieur toulousain adhérent de la "république en marche".
- Bernard, 73 ans, médecin-psychiatre retraité.
- Beate et Catalin, 31 ans, des jeunes roumains, enseignants-chercheurs et admirateurs de Macron (?)
- Jean-Luc, exerçant la sympathique profession de directeur des ressources humaines.
- Maryse, sa compagne, dirigeante de société.
Une demi-douzaine de citoyens représentatifs des foulards en colère, contre ce petit peuple qui en a marre de subir, prendre des coups dans la figure, payer des impôts à la place des vrais nantis et vivre la précarité au quotidien. Ce prolétariat allié aux classes moyennes, qui a été chassé dans grandes villes (dont Paris) par les prix de l'immobilier, condamné à rouler en bagnole pour aller travailler. Certes, ce populo pollue, ne mange pas bio, n'est pas vegan, ne défile pas à la gay pride et n'a pas la culture raffinée des macroniens. Il a cependant le droit de vivre aussi, et c'est le sens de ce mouvement maladroit et virulent des "gilets jaunes". Qui sème la misère récolte la colère, disait le philosophe... Répondre sans proposer de solutions, en traitant les autres de crétins et d'analphabètes, cela n'arrangera rien.
Nos six bourgeois aux revenus confortables, donneurs de leçons alors qu'eux-mêmes ne travaillent pas ou exercent des professions d'esclavagistes ou de rentiers déguisés, ont pour seule hantise de voir disparaitre cette république "libérale" qui leur permet de vivre sur le dos des autres. On est loin de la recherche de l'intérêt général. Notons qu'aucun incident n'a émaillé ce rassemblement grisâtre de gugusses apeurés par les violences populaires, alors que le pauvre Jérôme Rodrigues se faisait éborgner par un tir ciblé destiné à faire comprendre aux gueux ce qui les attend s'ils continuent à ennuyer leurs maitres des beaux quartiers.
Quand on aime le peuple, on est "populiste". Quand on ne l'aime pas, on est "libéral" et attaché à l'enrichissement personnel au détriment des autres. C'est pourquoi votre narrateur recommande à ses semblables "jaunis" de revoir leurs cibles et d'arrêter de s'en prendre naîvement aux seuls contre-pouvoirs à la mafia libérale : les administrations et les bâtiments publics, afin de se réorienter vers les vrais responsables de leurs difficultés d'existence : banques, compagnies d'assurance, agences immobilières et autres escrocs du libre-échange. C'est la seule concession que l'on peut faire aux "opposants à la violence" descendus meugler sous la pluie ce dimanche, qui oublient hélas un peu vite qu'ils sont en partie responsables, de part leur activité professionnelle pour certains, de l'appauvrissement de leurs concitoyens. En bref, rien de constructif pour l'avenir de ce qui reste de ce pays.
Pour conclure sur une note d'humour, rappelons que parmi nos "10000" pacifistes, un certain nombre de sans-dents se sont incrustés pour apporter la contradiction sur le ton de la plaisanterie. Vue la météo et l'atmosphère de ce cortège, c'est la seule note positive de l'après-midi :
13 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON