Repousser la provocation turque de l’UE
Dans un geste éloquent, le secrétaire d’État français aux affaires européennes Clément Beaune a récemment évoqué d’éventuelles sanctions économiques ciblant certains secteurs que l’Union européenne imposerait à la Turquie pour ses comportements hostiles aux confins de l’Europe. Le ministre a précisé que les sanctions sont une « possibilité. » Tout de même, elles arriveront trop tard.
Recep Tayyip Erdogan a déjà porté préjudice à l’UE ; le sultan turc a en effet continué à utiliser la question des réfugiés syriens pour faire pression et chantage sur l’UE afin de lui soutirer plus d’argent sous prétexte d’empêcher la migration massive de ces derniers vers les côtes européennes. La Turquie d’Erdogan multiplie également les provocations à l’encontre de certains pays de l’UE, dont la Grèce.
Fin octobre, l’Union européenne a fustigé les provocations d’Ankara, les qualifiant de « totalement inacceptables. » Cependant, les décideurs ont convenu de reporter toute décision sur les sanctions contre la Turquie jusqu’au sommet de l’UE en décembre.
Le report fait penser qu’il subsiste des divergences européennes qui empêchent une position ferme contre le harcèlement turc, malgré un accord général sur une condamnation des « provocations et de l’agressivité systématique » de la Turquie aux frontières européennes.
Auparavant, l’UE avait adopté une attitude plus dure face à de grandes puissances telles que la Russie. Mais la sensibilité des relations avec la Turquie rend cette attitude compréhensible.
La Turquie continue de faire chanter l’UE sur la question des réfugiés et sur d’autres sujets comme le statut de membre de l’OTAN. Elle est réticente à imposer des sanctions à un partenaire stratégique en raison des implications que cela pourrait avoir sur un scénario de désintégration ou, du moins, de gel de l’alliance.
En outre, l’Europe juge particulièrement sensible le facteur temps et le cadre stratégique dans lequel toutes les économies font face à la pandémie du coronavirus. Il est dès lors difficile d’adopter des décisions politiques concernant les sanctions ou les suspensions économiques et commerciales.
Ce constat explique pourquoi le ministre français a tenu à signaler que les éventuelles sanctions contre la Turquie peuvent être individuelles ou partielles et toucher des secteurs particuliers de l’économie turque mais ne vont pas aller jusqu’à l’abolition de l’union douanière UE-Turquie.
L’ennui, c’est que le sultan Erdogan ne perçoit pas la stratégie de patience européenne avec une vision politique consciente. Il y voit un signe de faiblesse et poursuit sa provocation.
La preuve en est sa visite en Chypre du Nord, sous contrôle turc, suite à un avertissement européen lancé à la fin du mois dernier, que le ministre français a décrit comme une chance donnée à la Turquie lors du dernier sommet européen après que le Sultan ait envoyé ce qui a été qualifié de « petits signes » de calme.
Le sultan continue de nuire aux intérêts stratégiques européens depuis que tout espoir s’est évaporé sur la question de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Dernière provocation en date : son appel au boycott des produits français en Turquie et au monde musulman, avec en toile de fond les caricatures injurieuses du Prophète (psl), dans un esprit de propagande populiste détaché de son rôle de leader politique. Erdogan espère gagner du soutien populaire pour compenser sa baisse de popularité à l’intérieur et détourner l’attention des dégringolades successives de la livre turque.
Le ministre français Clement Boone considère que la vérité d’Erdogan est manifeste pour tous les pays européens, après son intervention brutale dans les troubles du Haut-Karabakh, pour soutenir l’Azerbaïdjan face à l’Arménie. « Aujourd’hui aucun pays européen n’a plus d’illusions sur ce que sont M. Erdogan et son régime. » Les résultats du prochain sommet européen permettront de vérifier ce point.
L’Europe doit réaliser que la descente du régime du sultan turc dans le marasme économique le mènera à faire d’autres provocations dans la période à venir, à moins qu’il n’y ait une ligne de conduite européenne ferme pour les décourager.
Le déclin record de sa monnaie devrait inciter la Turquie à intensifier ses aventures militaires, bien que, en toute logique, le sultan devrait immédiatement cesser ses interventions étrangères comme seul moyen de sauver l’économie de son pays.
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