Reprendre le pouvoir
Fini le temps où c'est lui qui décidait à votre place. Maintenant, c'est vous qui commandez !
C’est terrible un chaton. Au début, tu te rends pas compte. Tu ne peux pas te rendre compte. Le matin, quand il te commence à te réveiller en te griffant les pieds. Tu te dis « ohhhh, c’est tellement mignon ». Mais un peu ouille quand même.
Puis quand il boit partout (dans le vase – en renversant les fleurs –, sur tes pieds quand tu sors de la douche – manifestement, il a un problème avec tes pieds –, dans l’eau des chiottes), tu te dis « ohhhh, c’est mignon ».
Quand il bouffe tes plantes, qu’il dévaste ta poubelle, qu’il fout des croquettes partout, qu’il pique tes chaussettes, qu’il chie comme s’il avait bouffé une vache entière, tu te dis « ohhhh ».
Et puis quand il commence à pisser sur ta couette, tu dis « Eh oh, putain, merde quoi ! ».
Là, tu commences à percevoir le problème : ce con a pris le pouvoir.
Symptômes
Les premiers symptômes, c’est que tu cales ton réveil sur le cycle de sommeil de ton chat. Tu te dis bêtement « si je me lève avant qu’il ait faim, il me réveillera pas » (ben non ducon, tu seras déjà debout).
Ensuite, tu commences à réfléchir à qui va garder ton monstre à griffes avant même de poser tes vacances (au lieu de regarder où tu veux aller, avec qui, etc.).
Enfin, et c’est la dernière étape de son plan de domination de ta vie, tu finis plus ton assiette pour laisser des trucs à manger à ton chat (c’est vrai ça : qui a envie de manger des croquettes ou du Sheba ta mère ?).
A ce moment, tu ne peux plus faire machine arrière, il est devenu le roi de ta jungle (en moins balaise qu’un lion, mais sur le trône quand même).
Que faire ?
Il faut le savoir, la seule chose capable de sortir un félin de sa léthargie naturelle – il dort quand même 18 heures sur 24 c’te feignasse –, ce sont les gargouillements stomacaux. Le reste glisse sur lui comme un étalon dans l’anus de Clara Morgane. C’est donc bien à cette seule vraie action de la journée de ton chat qu’il faut s’attaquer : la bouffe.
La première idée simple qui te traverse la tronche c’est de diriger les désagréments occasionnés vers quelqu’un d’autre. Par exemple : proposer à ta meuf de se lever à ta place pour nourrir le chat, mais ce ne serait que remplacer un fléau par un autre (ajouté au fait que réussir à se faire lever ta meuf à 7h du mat’, faut vraiment aimer le challenge, hein ?).
La deuxième idée, c’est de lui mettre tellement de bouffe dans la gamelle que le chat, il vient plus t’emmerder. Mais en fait, ça change rien, le chat bouffe un peu plus c’est tout. Donc, t’as juste réussi à ajouter une tâche à ta journée qui consiste en traîner le chat jusqu’à sa gamelle (tellement il est devenu gros, ce con). Comme on a pas encore inventé le chat qui verse lui-même ses croquettes dans la gamelle ou qui commande sa bouffe sur internet tout seul, c’est mort.
Et c’est là que mon frère intervient.
Hein, quoi ? T’as un frère Jean-Fabien ? Nous qui croyions que c’étaient la solitude et l’abandon familial qui avaient provoqué ces cicatrices aussi profondes que la connerie d’un parlementaire UMP. Eh ben non, en fait, j’ai une famille… et même un chat !
Comment ?
Oui, comment intervient-il, ce génie – je parle de mon frère ? Comment fait-il pour dompter un fauve (et à distance, de surcroît) ?
Eh ben, grâce à ce que l’on appelle un cadeau d’anniversaire. Pas le genre de cadeau qui sert à caler la table du salon ou à décorer ta cheminée (ou pire : à décorer ta meuf). Non, non, le genre de cadeau utile.
Utile : /y.til/ Qui est profitable, avantageux, qui sert à quelque chose.
(l’inverse d’un chat en quelque sorte)
Ce cadeau, c’est un Pipolino.
Un quoi ?
Un Pipolino, un distributeur de bouffe pour chat intelligent (oui, parce qu’avec ce truc, un chat con, il est clamsé en deux jours).
Bon, le plus simple, c’est de regarder la photo. En gros, t’as un réservoir entouré de deux cylindres concentriques avec un certain nombre de trous par lesquels les croquettes tombent (note : acheter des croquettes d’une taille compatible avec le fait de passer par le trou – si le maître est con, le chat aussi crève en deux jours). Et le truc fabuleux, c’est que le chat doit faire rouler le bidule pour que les croquettes tombent.
Bon, soyons clairs, le chat comprend pas tout de suite, donc tu vis quelques heures pénibles (c’est pas quand même moi qui vais pousser le bidule ?). Mais après, mamamia : quel bonheur !
Le chat est in-dé-pen-dant.
Il se gère lui-même, et le truc régule son apport en bouffe. Parce qu’à moins d’être le roi du Pipolino, il aura du mal à faire tomber suffisamment de croquettes pour s’étouffer.
Au bout de trois jours, t’es tranquille. Youhou !
Ce n'est plus un chat casseur de couilles que tu croises lorsque l'aube pointe le bout de ses rayons. Non, c'est un survivant. Un conquérant de la croquette, un aventurier de la protéine. C’est super-chat !
Voilà, maintenant, vous savez comment reprendre le pouvoir sur votre chat, retrouver la joie d'une grasse mat', tout en vous débarrassant de la culpabilité consécutive à la colocation avec un chat affamé. Ne remerciez pas mon frère, je l’ai déjà fait.
Evidemment, il vous reste encore la possibilité de balancer votre con de chat par la fenêtre.
Mais, après l'avoir ouverte, hein ? Sinon ça fait du nettoyage.
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