Réseaux sociaux, croyances, complotisme, nouvel ordre mondial

Où comment l’immédiateté, l’absence de recul et la malveillance dans le monde virtuel mettent en danger la République dans le monde réel
Introduction
Élections aux Etats Unis, pandémie, complotisme. Les réseaux sociaux s’affolent, diffusent une haine que l’on pourrait choisir d’ignorer, en ne se connectant pas. Mais cette haine qui pourrait rester dans ce monde virtuel se retrouve dans les rues de nombreux pays. On remet en question l'autorité, les contenus scolaires, la médecine, les informations venant des journalistes… On ne croit plus en rien…pour mieux croire en tout.
La liberté d’opinion et son partage qu’offrent ces réseaux deviennent de plus en plus des tentatives de convaincre.
Je vous propose ici de revenir succinctement sur le mécanisme du complotisme, son usage dans l'actualité. Nous regarderons l’outil : le mécanisme des réseaux sociaux et leur redoutable -et à redouter- efficacité qui favorise le complot. Viendront ensuite deux moteurs du complot : Les croyances obscurantistes et la haine. Enfin un court rappel historique contextualisera l’ exemple de l’une des plus anciennes théories du complot, qui se trouve être aussi un terme de politique internationale et qui enfin, par leur influence, colle parfaitement aux réseaux sociaux :
Le nouvel ordre mondial
Les politiciens parlent de nouvel ordre mondial, de gouvernance mondiale. Les adeptes des théories conspirationnistes font de même. Toutefois ces deux groupes ne parlent pas de la même chose.
Jeux de mots
Les politiciens, félicitant Mr Biden pour son élection, affirment dans le même temps que ce nouvel interlocuteur facilitera la mise en place d’un nouvel ordre mondial (Mr Castaner), d’une gouvernance mondiale (Mr Raffarin). Des mots bien mal choisis qui deviennent viraux sur les réseaux sociaux où les théoriciens du complot, les prenant au pied de la lettre, alimentent ainsi leurs thèses. Selon eux, par manque de recul ou par pure malveillance, il s’agit d’une obscure autorité qui vise à dominer le Monde, ou -c’est déjà plus raisonnable- de mondialisation.
« Détruire la principale puissance du monde libre est le but ultime de tous les ennemis de la liberté. S’ils y parviennent, une grande nuit totalitaire s’abattra sur le monde. » Voici un tweet publié par Philippe Herlin, économiste ayant publié nombre d’ouvrages, face à l'élection de Mr Biden. En tant que gaulois, on peut craindre que le ciel nous tombe sur la tête.
C’est pourquoi les adeptes de la complosphère sont unanimement favorables à Mr Trump, adoptant même son TOC, son Twitter Obsessionnel Compulsif, avec une rapidité déconcertante et une immédiateté des réactions, détournant la réalité mais ne laissant pas le temps de réfléchir. Mr Trump a menti en affirmant que le certificat de naissance de Mr Obama était faux, il a accusé Mme Clinton de tous les maux, il a ensuite qualifié tous les médias traditionnels de fake news et n’a plus communiqué que par Twitter. Mr Trump ou l’agression permanente, dans la diplomatie comme dans sa politique intérieure face aux démocrates du Congrès, il surnomme (Rocket Man pour qualifier le dirigeant Nord Coréen), use de racisme (Pocahontas pour la sénatrice Elisabeth Warren, violeurs pour qualifier les Mexicains…) En 2020 il ment sur la Pandémie avant de se déclarer victime de triche aux élections. Mr Trump est un grand meneur des théories du complot.
Immédiateté. Instinct. Absence d'étude des sujets. L’inverse d’un travail de journaliste, l’inverse d’un travail de président. C’est certain, Mr Trump ne va pas dans le sens du nouvel ordre mondial, refusant les valeurs portées par ce terme que nous verrons ensuite.
Du mécanisme des réseaux sociaux …
Les complotistes, eux, ont créé nombre de « hashtags » et réagissent avec la même immédiateté et, plutôt que de développer, argumenter, font ainsi appel à nos plus bas instincts de méfiance, d’à priori, donnant ainsi des sautes d’humeur pour toute réaction. Comme Mr Trump. Leurs cibles favorites ? Les plus faciles, celles pour lesquelles on a toujours un petit doute, un soupçon de désamour errant quelque part au fond du cerveau… si si avouez-le :
- Toutes les autorités déjà : #ViolencesPolicières, #LaDictatureEnMarche, #DésobéissanceCivile, #Dictature
- Toute l’information traditionnelle : #merdias
- Toute science : #DictatureSanitaire, #antivax
On notera bien sûr l’exagération du vocabulaire et l'utilisation de mots aberrants.
L’usage de la mauvaise foi est aussi de rigueur, puisque l’on peut tout faire dire à une image. Ainsi, comme de nombreux Français se sont révélés sportifs dans la première saison du confinement, voilà qu’on se révèle soudainement lecteur assidu en ce début de saison 2. L’image d’un rayon de livres barré est comparée aux autodafés ! On ne pourrait plus se cultiver, alors même qu’internet offre une source de connaissances inépuisable et que si l’on est lecteur, on a souvent déjà des livres chez soi. Voilà le mécanisme : Partir d’un fait, le décontextualiser et lui faire dire ce qu’on veut. Car il est connu que si l’on aborde un sujet en voulant trouver d’avance quelque chose, on le trouve.
C’est là la faiblesse des réseaux. Immédiateté, flux continu, limite de mots imposée sur Twitter. Tout est fait pour ne pas avoir le temps d’approfondir les sujets, ne pas avoir le temps de prendre du recul. Or il est très simple de détourner une image ou propager une affirmation en très peu de mots, tel un ordre à penser comme l’auteur. On dispose même de « boutons réflexes » pour, dans la seconde, dire que l’on aime le contenu, ou pour le partager. On peut propager n’importe quel contenu à l’infini, juste par le toucher, comme le virus actuel en somme. La grande gagnante est la vitesse. Les cibles sont les piliers de la République. La manipulation est l’usage de nos bas instincts. La grande perdante est la réflexion.
Les adeptes du complots disposent là d’un outil idéal, puisqu'ils n’argumentent jamais leurs dires et refusent tout débat. Actif depuis deux semaines sur Twitter et n’ayant usé que d’arguments et de politesse, deux comptes complotistes et malveillants m’ont déjà bloqué : Panamza et Ariane Walter. Comme les sectes, ils n'aiment que les adeptes. Alors bien sûr on peut les ignorer, mais ce serait nier leur pouvoir de nuisance.
Récemment, par un financement participatif, ils ont sorti un pseudo documentaire viral, Hold Up, uniquement à charge contre les mesures sanitaires, pour finalement étayer la thèse d’une pandémie créée par les élites, dont l’Institut Pasteur et Microsoft détiendraient les brevets, dans le but de créer une dictature mondiale avec une surveillance généralisée des populations grâce à l’utilisation de nanoparticules dans le vaccin à venir, connectées à la future 5G. On y dénonce un holocauste des populations pauvres.. Encore cette histoire d’ordre mondial. Un mauvais épisode d’X Files.
Et quitte à dénoncer un complot, autant lui donner une véracité historique, pour en faire sa légende. Ainsi Pierre Hillard (1) (on ne tient souvent pas compte des notes de bas de page, celle-ci est la seule que je vous invite à lire) n'hésite pas à revenir jusqu'à la bataille de Bouvines en 1214, victoire française entrainant une révolte des barons anglais et la rédaction de la Magna Carta. Il y voit l’essor d’une oligarchie anglo-saxonne, (oubliant par là qu’on y trouve les prémices de notions de libertés qui seront reprises dans l’Habeas Corpus). Il cite l’influence des marranes (Évidemment, on ne fait pas de complot sans citer les Juifs) dans la puissance financière anglaise naissante. La Covid est selon lui, l’outil de la bascule (de ce complot pluriséculaire !) vers une gouvernance mondiale, dictatoriale bien sûr. Et de citer Thomas More (Utopia 1516), Francis Bacon (La Nouvelle Atlantide 1624). Amis Terriens, nous vivons un moment historique, la « grande réinitialisation » tant attendue que crainte par nos plus lointains ancêtres ! Et dire que 2020 était déjà chargée avec une pandémie mondiale et du terrorisme… Le complotisme est l’art de voir ce qu’on veut voir, dans un livre, une image…
La pandémie serait bienvenue selon lui, pour imposer des mesures liberticides et provoquer l’effondrement des économies. Il argumente en… disant que la distance de 100 km imposée un temps pendant la première vague est la même que celle imposée dans 1984 de G. Orwell. Suit un cours de numérologie où il nous montre l'importance du chiffre 7, d'Elisabeth I à Mme Lagarde qui en aurait parlé en 2014. 2014 +7= 2021 : Année de l’achèvement du complot. Le complotisme est l’art de trouver des coïncidences.
De l’influence des croyances
Où de ce qui devient chez les intégristes, une habitude de contestation des vérités établies
Par croyances, nous entendrons ici les différentes religions, mais aussi les sectes, ou les vérités que l’on refuse d’admettre (comment ? La Terre serait ronde ?). Attention il ne s’agit aucunement d’assimiler les religions -qui ont des lieux de cultes installés dans la ville et auxquelles on a le choix de croire ou non – aux autres croyances, sans fondement. De même le terme « récit » est utilisé dans un but de simplification. Je l’utiliserai tant pour la religion que pour la science, même si je suis conscient qu’il peut être perçu comme un abus de langage.
De bonne foi, de mauvaise foi…
Les sectes ayant pour fondement le seul enrichissement du gourou, la malveillance et un attrait certain pour le suicide collectif, il n’y a rien à argumenter sur leur cas sinon de tenter d’en sortir les adeptes.
Je passerai également mon tour sur les croyances personnelles (Terre plate, l’Homme n’est pas allé sur la lune, le 11 septembre est un complot…) faisant face aux faits et sciences et qui ne sont que l’œuvre de méconnaissance ou de malveillance.
Nous pouvons y ajouter le négationnisme, le révisionnisme, qui sont l’œuvre du racisme et de l’antisémitisme. Que ces gens apprennent qu’il n’existe qu’une seule race humaine si l’on en croit notamment Yves Coppens (2) ou Bertrand Jordan (3). L'assemblée nationale a, elle, voté le 12 juillet 2018 la suppression du mot « race » dans la Constitution.
Si la malveillance tient de la nature de certaines personnes, comment expliquer ce refus d’admettre l’Histoire et la Science ?
Les religions... où la nécessaire cohabitation de deux récits…
Chacun est libre de croire ou de ne pas croire, comme de choisir sa religion (du moins dans nos contrées). En revanche, la religion ne doit pas s’opposer aux sciences ou aux lois. C’est hélas une pratique de plus en plus fréquente. Il faut savoir maintenir le « récit » religieux dans le cadre de la foi personnelle et le « récit » scientifique dans le cadre des connaissances, de l'enseignement, de la vie publique. Faire cohabiter deux récits en fonction du contexte. Certains franchissent cette barrière, pourtant, de plus en plus souvent et dans de plus en plus de domaines. Un obscurantisme -car c’est cela- à une époque où nous n'avons jamais eu autant de moyens d’information, de moyens de diffuser la culture. Pourquoi ? Nous n'avons jamais eu non plus tant de moyens de désinformer.
D'où l’importance pour les croyants de ne pas opposer les deux « récits » mais d’en faire usage en fonction du contexte. A l’Eglise, Dieu a créé le ciel et la Terre, la population vient d’Adam et Eve, dans la société : Big bang et théorie de l'évolution.
On peut par contre adopter les valeurs de sa religion dans la vie de tous les jours, tant qu’elles ne s’opposent pas aux règles de la société : Charité, pardon, Dix Commandements… C’est toujours mieux qu'être malveillant, mal agir, pour mieux se confesser et repartir la conscience tranquille, blanc comme neige !
Ceci est valable pour toutes les religions. J’ai pris exemple du Christianisme car étant catholique, j’en connais les valeurs et le récit. Toutes ces croyances peuvent, en cas d’excès, porter le complot.
- Nous observons aujourd’hui des contestations de contenus scolaires, qu’il s’agisse de science ou d’histoire, avec parfois des issues tragiques. Pourtant la science est preuve, l’histoire est faits.
- On conteste la médecine, refusant un vaccin quand ses prédécesseurs ont permis d’enlever de nos rues variole, rage, diphtérie, tétanos, tuberculose, poliomyélite, hépatite B… Rassurons-nous, la méfiance et le rejet existaient déjà.
- On doute des fondamentaux, prouvés… mais il est si bon de dire « Français, on vous ment ». Si bon de contester l'autorité.
Je m’autorise un petit paragraphe hors sujet… Privilège de l’auteur !
A l’inverse, c’est à mon sens aussi drôle que ridicule, on trouve les excès de la laïcité ou de valeurs incontestables telles que le féminisme, la non stigmatisation des peuples. Il ne s’agit pas ici de complot, mais de mauvaise foi et de volonté de refuser le contexte historique. C’est même être aveugle sur l’histoire, tout en étant inutile pour soutenir la juste cause. On veut transformer l’histoire au prétexte de respecter les valeurs de notre époque. Rebaptiser « Les Dix Petits Nègres » d’Agatha Christie, Inverser la fin de Carmen au prétexte de ne pas promouvoir les violences faites aux femmes, vouloir interdire « Tintin au Congo », nombreux sont les cas où la bien-pensance est aussi inutile qu’elle risque de produire l’inverse de l’effet escompté. Vouloir déboulonner des statues participe au contraire à la négation de l’Histoire. En suivant ce chemin nous pourrions même imaginer détruire notre patrimoine, ces châteaux souvent construits pour des conquérants, par des gens souvent exploités. Et puisque nous nous apprêtons à fêter Noël -pour une fois dans la même intimité que la naissance de Jésus- nous aurons bientôt droit aux laïques intégristes qui s’opposeront aux sapins dans les lieux publics ou aux décorations en forme d'étoile, oubliant par là qu’à coté de la loi, il y a l’usage, la tradition et que Noël est, même devenue consumériste, avant tout une fête religieuse.
Mais je me perds…
De l’usage de la haine
Les réseaux sociaux sont un espace libre. C’est une qualité.
Les réseaux sociaux sont un espace trop libre. C’est un problème.
La liberté ne peut exister sans cadre. La liberté non encadrée s'appelle anarchie. On trouve sur les réseaux de nombreux comptes dont l’unique but est « d'être contre ». On est contre tout, je l’ai déjà mentionné plus haut. On est contre le confinement et quand les contaminations diminuent, on clame que le confinement n’y est pour rien. On compare les chiffres de mortalité de la grippe en 2017 sur les mois de décembre janvier février avec ceux du covid en avril, mai, juin pour mieux déduire qu’il n’y a pas plus de mortalité. Mais on découvre que la pandémie aime le froid. Un enfant aurait déduit que l’on compare là les chiffres d’une grippe en pleine forme en sa saison préférée et un covid diminué par le confinement et dans une saison qui lui est défavorable.
Tout est ainsi transformé sur ces comptes, juste par haine et malveillance. On « dénonce » des violences policières sur une image, sans contexte, sans présomption d’innocence. On diffuse les images des visages, comme un appel au harcèlement ou à la violence. On serait juge, jury, bourreau. On ne diffuse jamais, en revanche, l’information d’un policier blessé ou tué, que ce soit avec une arme par nature (arme à feu…) ou par destination (voiture, pavé). Ce sont des comptes « contre » ou « anti ». C’est là leur seul principe : Propager la haine. Eux ne voient pas que les forces de l’ordre encadrent et protègent la liberté.
Cette haine ne se limite pas à être « contre tout », souvent elle ne se cache pas, ou juste par l'anonymat. On menace de mort, de viol ouvertement une adolescente. On promet l’enfer à l’autre. Ces comptes ne sont pas pavés de bonnes intentions.
Le détournement d’image y est légion, comme la mauvaise foi. Débattre est impossible ou laisse vite place à l’agressivité, distante, lâche. On se fait même appeler « Libre penseur » pour en réalité, penser contre tout ce qui est fait.
Un grand travail de modération doit être entrepris car la liberté d'expression a des cadres elle aussi.
Une liberté non encadrée est la loi du plus fort. Sur les réseaux, c’est la loi du plus « suivi ».
La liberté a besoin de l'égalité. Les deux permettent d'espérer la fraternité.
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Un peu d'histoire contemporaine
Revenons à ce qui nous intéresse : Cet « ordre mondial », cette « gouvernance mondiale ». Des mots mal choisis, donc et qui donnent du grain à moudre aux conspirationnistes. A mon sens, je ne prétends pas détenir la vérité, on aurait dû appeler cela une « communauté de valeurs », une « harmonie de valeurs ». Je parle de valeurs incontestables bien sûr puisque c’est de cela qu’il s’agit. Revenons un peu en arrière.
Auparavant étaient les rois et empereurs -stop j'arrête là on va se concentrer sur l'histoire contemporaine- il en reste aujourd'hui mais dans la majorité des cas, du moins dans nos contrées, le rôle n’a plus ni le pouvoir ni la signification d’autrefois.
Au début du XXème siècle, le continent européen est majoritairement dirigé par trois familles, les Romanoff, les Habsbourg et les Hohenzollern. A la chute de ces empires deux guerres se sont succédée avec, dans la seconde, une quantité de dictateurs impressionnante en une même période. Voilà qui s’appelle un résumé.
A la fin de la seconde guerre mondiale sont apparus deux éléments nouveaux : Le lancement de l’Europe, ce trésor cherchant toujours son Graal, son fonctionnement idéal (voilà ce qui ne s’appelle pas objectivité : Oui je suis pour l’Europe, en plus c’est une déesse) et la notion d’ordre mondial. Il s’agissait alors d’un ordre bipolaire, entre communisme et capitalisme, dangereux au contraire de ce que signifie aujourd’hui ce terme car, loin des préoccupations actuelles, c'était là un ordre politique qui se traduisait par la méfiance, la crainte du bloc opposé ainsi que, dans nombre de cas, une main de fer sur des pays soumis.
Précisons enfin que cette appellation, dans l’imaginaire intellectuel, est titre d’un roman de H G Wells. Un roman, entendons-nous.
Le continent européen, dans son histoire récente, a commencé dans les tourments, à Sarajevo avec l’assassinat de François Ferdinand de Habsbourg pour achever de se construire… à Sarajevo avec la fin de la guerre d’ex Yougoslavie. On peut critiquer l’Europe, mais elle a offert à ses membres la plus longue période de paix.
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Qu’entendons-nous par Ordre Mondial ?
Nouvel ordre mondial : Pourquoi faire simple quand on peut faire comploter…
Point d’Illuminati, de Club de Rome, de Francs-Maçons, de Templiers, de Reptiliens, de secte ou de régime autoritaire souhaitant prendre le pouvoir sur la planète par le truchement d’une technologie portée par une pandémie préméditée… mais plutôt une planète à sauver !
Non, il ne s’agit pas d’un obscur groupe souhaitant établir un gouvernement tyrannique sur la Terre. Gardons les pieds dessus. Précisons à ce titre que le droit international mentionne la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. Alors enfin, quid de cet ordre mondial ? Rien de plus simple.
Il s’agit d’un ensemble de valeurs irréfutables sur lesquelles les pays, et plus encore ceux que l’on dit « développés » (car ils sont bien plus responsables des problèmes et disposent de plus de moyens pour les solutions) doivent s’entendre. Des valeurs environnementales avec la préservation des espèces et la lutte contre le réchauffement climatique, des valeurs de santé publique avec l’exemple évident de cette pandémie, des valeurs de paix et de prévention des conflits armés. Trois exemples par lesquels on comprend pourquoi les conspirationnistes sont pour Mr Trump, puisqu’il allait contre cette harmonie de valeurs, cet « ordre mondial ». Se croyant plus scientifique que les scientifiques, plus épidémiologiste que les épidémiologistes et par sa gestion des Etats-Unis en solitaire, il a refusé de croire en la pandémie, au réchauffement climatique, a quitté les accords de Paris, pourtant non contraignants, et a même bloqué le Conseil de Sécurité de l’ONU. Il est sûr qu’il n’a pas participé à l’ordre mondial.
L’ordre mondial trouve aussi dans sa définition le droit à l'éducation, le droit d’asile et nombre de valeurs de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948.
Cet ordre mondial est souvent vu comme un alignement des pays sur les Etats-Unis. C’est la thèse de Caroll Quigley (4) qui voyait une oligarchie anglo- américaine à la tête du Monde. Son livre a été publié en 1980. Je ne soutiens pas cette thèse, à une époque où d’autres pays comme la Chine sont devenus de grandes puissances économiques, où l’Angleterre au contraire fait le choix du Brexit et où l'Europe progresse.
L’ONU, ce « machin » selon le Général de Gaulle, devrait être un pilier de cet ordre mondial. L’ONU a, comme Mr Chirac, refusé adhérer à la guerre en Irak en 2003. Mais l’ONU souffre d’un fonctionnement archaïque. Il est à mon sens invraisemblable qu’un pays puisse bloquer toute action par son veto. D’autre part les Casques Bleus sont composés « au cas par cas, de soldats qui sont juridiquement sous l’autorité de l’ONU mais qui proviennent de contingents nationaux. L’ONU dépend ainsi de la bonne volonté de ses Etats membres, avec des conséquences parfois désastreuses, comme lors du retrait des casques bleus belges du Rwanda en plein génocide (1994). (…) » selon O Corten (5). Selon le même auteur, « De même, seul organe de l’ONU à pouvoir évaluer la licéité d’actions militaires, la Cour internationale de justice (CIJ) a été très peu sollicitée depuis 1945. »
Selon Mr Corrado Scognamillo (6) « Après l’enthousiasme du début des années 1990, les Nations unies se sont avérées incapables de tenir la promesse d’un nouvel ordre mondial ».
L’ONU devrait être l’un des piliers, mais a besoin de réformes.
Les Institutions spécialisées, dont les activités sont liées à celles de l’ONU devraient aussi servir de fondation à cet ordre : UNESCO (l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), OMS (l’Organisation mondiale de la Santé, la Banque mondiale et le Fond monétaire international, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Fonds international de développement agricole (FIDA)…etc
De même, l’ONU et les Organisations non gouvernementales (ONG) travaillent depuis longtemps en partenariat à travers le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), lui-même composé de commissions régionales ou thématiques (développement durable, conditions de la femme…). Ainsi des dizaines d’organisations civiles participent dans un rôle consultatif (ex Fédération internationale pour les droits humains)
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De l’ordre mondial (ou valeurs communes) aux responsabilités individuelles : l’exemple environnemental
Où quand changement géologique majeur et sixième extinction ne sont, eux, pas un complot
Les scientifiques ont même trouvé un nom pour qualifier cette nouvelle grande période de changements terrestres : L’anthropocène : Un changement climatique, une perte de diversité des espèces, une pollution majeure, une perte des ressources et de grands changements géologiques. Bref, un changement majeur, où se joue la sixième extinction des espèces.
Anthropocène : Nouvelle ère géologique liée à une sixième extinction majeure des espèces (7) dues à l’Homme. Ceci n’est pas un complot. Combattre son avancée, nous racheter de nos comportements irréfléchis est l’un des objectifs de cet « ordre mondial ». C’est aussi un objectif qui nous concerne tous car quelque soient les décisions de gouvernements unis dans ces combats modernes incontestables, rien ne pourra se faire sans l’action de chacun, à son échelle : Consommer moins, remplacer moins d’objets sous prétexte que plus performant soit apparu, produire moins de déchets, bannir le jetable. Il en est de même pour la Pandémie, on peut accuser les gouvernements mais suivons nous bien les consignes ? N’avons-nous pas été imprudents lors du déconfinement ?
De l’ordre mondial à la personne isolée, il n’y a qu’un pas, certainement pas un complot.
IMPORTANT
Cet « article » est un point de vue entièrement personnel, y compris dans sa définition de l’ordre mondial. J’ai fait le choix de le rédiger sans faire de recherches, sans m’inspirer d’écrits existant et sans avoir autorité en la matière. Les seules recherches concernent les notes de bas de page regroupées ci-dessous et les citations. Ainsi j’adopte la même pratique que les théoriciens du complot, mais avec bienveillance et en tentant de me rapprocher au mieux de la réalité. Certains pourront y trouver de la naïveté. Peut être est-ce le cas.
Christophe.
Compte Twitter : Étudier S’informer Transmettre
Notes
(1) Docteur en sciences politiques, spécialiste autoproclamé de la mondialisation, Conspiracy Watch indique qu'il est « devenu une icône du web conspirationniste pour ses diatribes contre le "Nouvel Ordre Mondial" ». Il intervient sur TV libertés, chaine d'extrême droite, donne des conférences à l’Institut Civitas, parti politique d'extrême droite et catholique intégriste (soutenant Mr Ryssen, négationniste et antisémite), est édité par Culture et Racines, éditeur indépendant qui se définit lui-même comme ayant vocation à produire le négatif du discours dominant et favoriser les auteurs ostracisés ou ignorés, avec parmi les thèmes de prédilection, l’immigration, la mondialisation. Notons enfin que Mr Hillard est proche de Mr Soral, révisionniste, négationniste.
(2) "Scientifiquement, en ce qui concerne l'humanité, il n'y a pour le moment sur la terre qu'une seule race humaine qui est la race Sapiens de l'espèce Sapiens du genre Homo." Yves Coppens, paléontologue et paléoanthropologue français, professeur émérite au Muséum national d'histoire naturelle et au Collège de France.
(3) Biologiste moléculaire et ancien directeur de recherches au CNRS, auteur parmi d’autres ouvrages, de Une humanité plurielle. La génétique et la question des races. Éditions du Seuil, février 2008.
(4) Historien américain, professeur d'histoire à l'université de Georgetown de 1941 à 1976. Auteur entre autres, de « L'histoire secrète de l’oligarchie anglo-américaine, publiée post mortem.
(5) professeur de droit international (Université libre de Bruxelles), Le monde diplomatique, septembre 2005.
(6) Doctorant en sciences politiques au laboratoire TRIANGLE (ENS-IEP-Lyon II), chargé d’enseignement à Sciences Po Paris et conseiller du Programme sur la paix et la sécurité humaine du CERI (Centre d’études et de recherches internationales). Publication sur La vie des Idées, qui a pour partenaire le Collège de France.
(7) La 6e Extinction. Comment l'homme détruit la vie. Livre d'Elizabeth Kolbert. Prix Pulitzer.
La guerre des métaux rares : La face cachée de la transition énergétique et numérique. Livre de Guillaume Pitron.
Je me dois de remercier Melle « Appelez moi Lucie, Alias Lucifer le vrai » (pseudo twitter), qui a eu la gentillesse de me relire et de noter quelques manquements dans mon analyse en tant que débutant dans les réseaux sociaux autant qu’en matière de complotisme. Je lui dois l'idée de développer l’importance des croyances dans le complotisme. Indispensable.
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