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Résister à l’Empire

Autopsie du corps social

Cette société est perdue.

Le processus est engagé, et la dévastation est telle que nous n’avons plus la capacité de l’inverser.
La seule limite qui se posera, et se pose déjà, est totalement indépendante de notre action : celle des contradictions intrinsèques du système et de son absurdité totale.

Le totalitarisme qui nous fait face est le plus implacable qui soit. De toutes les dictatures, la dictature hédoniste est de loin la plus performante et la plus solide de toutes. Aboutissement logique d’un long processus historique, sociologique et psychologique, la domination moderne s’est imposée comme une idéologie totale, omniprésente, dont chaque individu se fait aujourd’hui le vecteur à son insu, dans son langage, dans son comportement, dans son mode d’appréhension du monde.
Aucune sphère de la société, publique ou privée, n’est épargnée par ce vaste élan de subversion qui ravage les structures et les institutions traditionnelles, impose un rythme effréné, et induit un déracinement à la fois spatial et temporel des hommes, transformés en nomades dans un monde purgé de son sens, amputé de son Histoire, privé de son avenir.

L’aliénation est ainsi totale, et à mesure que les derniers remparts à l’hégémonie moderne s’effondrent, de nouvelles promesses hédonistes émergent, ouvrant comme seules perspectives d’avenir les satisfactions éphémères, organiques, conditionnées et perverses de la consommation et de la sexualité.
Accompagnant ce mouvement, la standardisation des personnalités par les médias de masses systématise les comportements individuels qui s’inscrivent ainsi dans un paradigme global purement matérialiste dont la fonction première est d’isoler l’individu de l’ensemble de ses appartenances, substituant le bien au lien, la possession à la relation.

Un tel totalitarisme neutralise alors l’ensemble de ses oppositions tout en alimentant son essor en s’appuyant sur les archaïsmes psychologiques d’individus qui se trouvent bombardés pluri-quotidiennement d’injonctions publicitaires et normatives qui excitent les plus bas instincts et leur offrent dans le même temps des débouchés pour décharger ces pulsions, que ce soit dans l’acte d’achat ou l’acte sexuel. La mobilisation de ces processus primaires – et parfaitement inoffensifs pour le Système – entraînant par ricochet une dégradation générale de l’intellect dont la source sublimatoire se trouve tarie par le « jouir-sans-entrave » qui s’y manifeste.

Dès lors, c’est un cercle vicieux qui s’enclenche. Standardisés et aliénés, les individus renforcent par leurs comportements et leurs discours une pression sociale qui broie insidieusement le collectif et normalise le processus de décivilisation. C’est là le caractère le plus abjecte de ce totalitarisme : sa domination ne repose ni sur la coercition, ni sur la force. Elle s’appuie sur l’adhésion collective, sur un contrat tacite et inconscient par lequel l’individu renonce à son âme, à ses responsabilités, en échange des quelques satisfactions immédiates à ses désirs, des désirs étant par ailleurs conditionnés par le Système (à travers les phénomènes de mode par exemple).

C’est la mort du corps social, tué de l’intérieur par ceux-là mêmes qui en dépendent.

Au milieu des ruines, les dissidents face à l’Empire

Mais la « perfection » n’est pas de ce monde. Malgré sa terrible efficacité, le Système se trouve dans l’incapacité de combler toutes ses failles et d’absorber l’ensemble de son opposition. Et ce pour une raison très simple : les promesses hédonistes dont il berce les masses ne peuvent satisfaire l’ensemble des individus qui y sont exposés.
Les contradictions et crises récurrentes de ce Système génèrent des frustrations nombreuses qui, si elles participent à la dynamique du Système en temps normal, deviennent ingérables lorsqu’elles dépassent un certain seuil.

La plupart du temps, les individus broyés par le Système, et dont les désirs standardisés entrent en conflits trop violents avec leur réalité matérielle, basculent dans la pathologie mentale : l’augmentation vertigineuse de la consommation d’antidépresseurs ou d’anxiolytiques en témoigne, de même que celle des suicides et des addictions. Cela dit, d’un point de vue systémique, cette frange de la population reste marginale et ne représente en aucun cas un quelconque danger pour la domination moderne qui, du reste, l’intègre aisément à son processus de domination marchande.

Mais il reste une part de la société sur laquelle la greffe de la modernité ne prend pas, pas totalement en tout cas. Le conditionnement général échoue dans sa tentative hégémonique d’imposer l’uniformisation des comportements, des discours, des attitudes : une frange non-négligeable de la population échappe en effet à cette standardisation, le plus souvent parce qu’elle en désapprouve moralement les fondamentaux, ou parce qu’elle a fait l’expérience malheureuse des conséquences de cette aliénation.
Ces dissidents représentent aujourd’hui la seule véritable résistance à ce Système. Et bien qu’embryonnaire, cette dissidence incarne une faille dans la pensée unique dominante, la lézarde, et contribue à rompre le consensus tacite sur lequel elle s’appuie. Mais le rapport de force étant ce qu’il est, l’analyse objective de la situation doit nous amener à considérer la bataille comme perdue, en tout cas sur le terrain strictement concret et matérialiste.

Notre Grande Guerre est spirituelle

Quelle résistance nous faut-il donc opposer au totalitarisme moderne ?

Il apparaît d’abord tout à fait absurde de se concentrer sur tel ou tel combat secondaire sans jamais oser penser le problème dans sa globalité, ni remonter à sa source.
Ainsi, certains se focalisent sur le combat contre l’Union Européenne par exemple. C’est parfaitement légitime mais, cela dit, ils peuvent être certains que si par miracle ce combat aboutissait, ce serait en pure perte. Tout simplement parce que l’Union Européenne, notamment, n’est que le résultat d’un dysfonctionnement profond de l’ordre social et de la gangrène généralisée qu’est la modernité
En toute logique, une remise en cause de la domination de l’Empire s’avère parfaitement inutile, pour ne pas dire contre-productive, si elle n’est que partielle, puisque se concentrant sur un seul aspect de cette domination.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, qu’ils soient assurés qu’au final leur action aura été nulle. Pour reprendre l’exemple de l’Union Européenne, ils ne feraient que différer temporairement l’influence d’une entité que rien n’empêchera d’émerger de nouveau, sous une forme encore plus abjecte. Tout simplement parce que dans leur combat, ils seront passés à côté de l’essentiel, c’est-à-dire la matrice qui l’a engendrée, et que rien n’empêchera d’enfanter de nouveau.
Il est vrai qu’il est sans doute plus confortable de mener ce type de combat secondaire, sans jamais oser nommer l’ennemi véritable. Il est forcément plus « rentable », moins dangereux, de pointer un seul aspect de la domination moderne que d’affronter en face l’Empire dans sa totalité, dans sa complexité, et notamment dans ses composantes ethno-confessionnelles qu’il faut bien nommer.

En vérité, notre rôle ne peut sérieusement se résumer qu’à maintenir une ligne de front, incarner une résistance totale, et former un « roc » par notre collectif, qui ne cédera rien à l’érosion. Soit transmettre par notre posture, notre ligne et nos actes, les principes fondamentaux de la Civilisation à l’heure où ceux-ci sont purement et simplement balayés par le totalitarisme moderne et hédoniste.
Notre engagement est donc avant tout moral, essentiellement moral. Donc actif, combatif, systématique.

Il est ainsi hors de question d’abandonner le terrain de l’action, mais il est absolument fondamental de concevoir cette action selon ces principes moraux intangibles, qui ne nous compromettent pas avec ce totalitarisme, faute de quoi nous serions nous même « happés » par cette modernité et y perdrions notre essence.
Considérant ces aspects, la dissidence en tant que forme totale d’engagement apparaît être le seul chemin de combat qu’il nous est autorisé d’emprunter.

Sur le plan économique, sur le plan politique, sur le plan intellectuel et culturel, nous devons organiser une riposte globale en cessant purement et simplement de participer aux institutions de l’Empire, en cessant de les cautionner, et en agissant pour l’émergence d’institutions parallèles et légitimes.
La guerre que nous devons mener est avant tout une guerre de légitimité. C’est alors, nécessairement, une guerre spirituelle, qui laisse de côté les contingences politiciennes, et impose à la fois discipline et abnégation.

A l’heure de son trépas, la Civilisation pousse un cri. Un cri dont l’écho résonne en nous et dont il semble que nous soyons les seuls à l’entendre.
Cela nous confère une responsabilité que nous devons assumer, par l’intégrité de notre engagement total et la détermination absolue de ceux qui n’ont rien à perdre, et qui n’attendent plus rien d’un Système dont ils perçoivent la nature fondamentalement malsaine et aliénante.

Et c’est en cela, que nous sommes des dissidents : le totalitarisme moderne n’a pas prise sur nous, tout simplement parce que nous sommes définitivement immunisés de ses illusions.

Vincent Vauclin - http://la-dissidence.org

Seul compte, aujourd’hui, le travail de ceux qui savent se tenir sur les lignes de crête : fermes sur les principes ; inaccessibles à tout compromis ; indifférents devant les fièvres, les convulsions, les superstitions et les prostitutions sur le rythme desquelles dansent les dernières générations.

Seule compte la résistance silencieuse d’un petit nombre, dont la présence impassible de ‘convives de pierre’ sert à créer de nouveaux rapports, de nouvelles distances, de nouvelles valeurs, à construire un pôle qui, s’il n’empêchera certes pas ce monde d’égarés et d’agités d’être ce qu’il est, permettra cependant de transmettre à certains la sensation de la vérité – sensation qui sera peut-être aussi le déclic de quelque crise libératrice.

Julius Evola – Révolte contre le monde moderne


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20 réactions à cet article    


  • jean rony 17 novembre 2012 12:45

    On dirait qu’il a lu l’ouvrage d’un de nos spécialistes de icpr. ch, il se rapproche a sa manière des théories soulevées par l’ auteur Tchantchou tchabo, civilisation et souveraineté, aux éd. du net.
    Cette image d’ idéologie « hédoniste » qui impose la mondialisation selon sa vision ( consummérisme, capitalisme, athéisme etc.).

    Jean rony icpr.ch


    • Laconique Laconique 17 novembre 2012 12:47

      Superbe article, vraiment. Vous faites parfaitement le lien entre l’hédonisme prôné par notre société et l’aliénation totale dans laquelle la plupart des individus sont enfermés. Tout cela repose sur une trahison des élites, depuis au moins plusieurs décennies, mais aussi, hélas, sur la bêtise du peuple, qui s’est manifestée sans défaillir à chaque élection. Maintenant le châtiment va venir, et de grandes souffrances sont devant nous. Mais rassurez-vous, le bien finit toujours par triompher à la fin : « Quand la tourmente a passé, plus de méchant ! mais à jamais, le juste est établi. » (Proverbes, 9, 25).


      • Iren-Nao 17 novembre 2012 13:04

        « sans jamais oser nommer l’ennemi véritable. »

        Eh bien nommez le nom de Dieu !

        Votre article démarre bien, puis tout soudain on se demande bien a quoi on a affaire.

        Iren-Nao


        • Pie 3,14 17 novembre 2012 13:51

          Quel préchi précha ridicule.

          Ce ton prophétique et apocalyptique n’a rien à envier à celui d’un prêcheur évangéliste américain, c’est du grand art, grandiloquent certes mais le coeur y est. En revanche, côté scénario, cela sent le remake. La lutte contre l’Empire, la dissidence contre la décadence morale illustrée par l’hédonisme, la volonté de créer un monde parallèle, le refus d’alimenter la matrice...Hollywood a déjà fait tout cela de Matrix à Star War

          Ces textes pseudo-intellectuels à la Soral révèlent le vide abyssal de la pensée dans cette chapelle d’extrême-droite en même temps qu’un imaginaire plutôt amusant, fait de bric et de broc, issu de la culture populaire mondialisée et américanisée, celle la même sur laquelle crachent nos dissidents de pacotille.

           


          • Roi des flans 17 novembre 2012 14:17

            Critique réactionnaire classique (A de Benoist, Evola, Barcellona)
            Holisme impériale localiste contre individualisme néolibéral universaliste :
             
            Un résumé :
             
            Ce qui est essentiel pour l’Europe, c’est la tâche de délinéer un horizon dans lequel le Sud ne se situe pas dans une position résiduelle, en marge d’une UE qui se projette vers l’Atlantique de l’Empire transatlantique Océania, en oubliant la Méditerranée, dont l’espace, l’histoire et la culture ont donné corps au code génétique de la civilisation occidentale.
            Et dans ce sens, c’est bien dans la perte de centralité du mare nostrum que l’on pourrait retrouver les racines historiques, culturelles et sociales de la crise et décadence actuelles de l’Europe, son américanisation et ses rapeurs dealers débilisant. Dans l’Histoire, la Méditerranée se constitue comme cet espace où les corps sont marqués, produits et institués selon des asymétries et des rapports de domination, de Rome à la Colonisation, en passant par les conquêtes arabes. Elle devient ainsi souvent l’espace de citoyennetés niées. Le défi de l’Europe est de créer le holisme d’un contre l’Empire, contre la batardisation, contre la décadence des valeurs et des entraides dans l’individualisme libéral universaliste, du grand troupeau de délocalisés, sexes décérébrés pousseurs de caddies. Le noyau théorique de notre discours est ethnique. L’humain est produit et institué par des pratiques discursives, régulatrices et des idéaux normatifs qui définissent ce qui est, à chaque fois, admis comme plus ou moins reconnaissable sur la scène publique. En effet, si tout commence dans l’ordre du discours, si certaines vies ne sont pas reconnues comme des vies, elles ne peuvent pas être humanisées, parce qu’elles ne rentrent dans aucun des cadres dominants qui définissent l’humain. Or le libéralisme universaliste a institué de fait, des systèmes de castes raciales, transmission du statut d’immigré, d’étranger se perpétuant de génération en génération. Le pire est que cet indigénat, institution des corps en tant que corps d’exception exclus de la citoyenneté, se diffuse chez les nationaux eux-mêmes, tels des déracinés sur pied. La pratique de la naturalisation est dans l’État actuel, la possibilité d’accéder à la citoyenneté, or cette naturalisation est par définition « naturelle » , dans une origine commune et dans un lien de sang qui finit déjà par exclure tout ce qui lui est étranger. C’est pourquoi la citoyenneté doit être décorellée de la naturalisation, et devenir en quelque sorte une citoyenneté impériale. Sinon les lignes de démarcation se démultiplieront afin de consolider des frontières imperméables, à construire des fortifications afin de s’assurer de la pérennité de l’ordre symbolique de la nation, au sein même de la nation, l’arlequin des ghettos. Le parti socialiste est typique de cette émergence d’une politique de minoritaires, définie en termes de discrimination plutôt que d’identité, donc en termes de dénonciation des inégalités réelles et effectives qui trop souvent se cachaient derrière l’affirmation d’une égalité abstraite et formelle. L’universalisme républicain sans différentialisme communautariste se montre de moins en moins crédible, comme toute construction humaine régie par une intention universalisante. Que penser du terme « immigré de troisième génération » ? Sinon rire de cet universalisme des bobos ? Ce qui est le plus frappant est que le communautarisme, notamment religieux, se renforce de génération en génération, par réaction. La réalité est que les critères de francité excluent, par définition, toute personne d’origine maghrébine ou africaine.
            L’échappatoire est de donner à la Méditerranée une sorte de « visage universel de l’Europe », c’est-à-dire le lieu de son héritage classique, euro-méditerranéen justement, qui ferait contre-point au modèle d’une « Europe universaliste », qui risque, en plus dans cette logique, d’être anéantie par le marché et sa globalisation. Notre Empire est la mare nostrum mystique des peuples, pas celle des terres.
            L’Europe historiquement a été le lieu où se sont élaborés, développés et affrontés ces deux grands modèles d’unité politique : la nation, précédée par le royaume, et l’Empire. Ce dernier, comme la cité ou la nation, est une forme d’unité politique et non, comme la monarchie ou la république, une forme de gouvernement. Ainsi il est compatible avec des formes de gouvernement différentes. Au Moyen Age, le mot « nation » (de natio, « naissance ») a un sens exclusivement ethnique, avec la révolution il correspond à ce lieu abstrait où le peuple peut concevoir et exercer ses droits, où les individus se muent en citoyens.
            Qu’est-ce qui distingue fondamentalement notre Empire de la nation ? C’est d’abord le fait que l’Empire n’est pas avant tout un territoire, mais fondamentalement une vision. « L’empire, au sens vrai, explique Evola, ne peut exister que s’il est animé par une ferveur spirituelle […] Si cela fait défaut, on n’aura jamais qu’une création forgée par la violence — l’impérialisme —, simple superstructure mécanique et sans âme ». L’Empire n’a pas de territoire mais domine spirituellement des suzerains (Saint Empire pour la chrétienté, la force quasi mystique de l’auctoritas de l’imperium romain). L’UE n’a pas d’âme et ne peut donc pas être considéré comme un Empire, à peine une grosse sangsue technocratique dévolue aux puissances capitalistes, une américanisation de nos pensées en vue d’établir le marché unique transatlantique et la totale domination néo-libérale.
            Le lien à l’Empire l’emporte sur les liens de caractère national ou confessionnel, c’est sa grande force. La nation, au contraire, ne s’attribuer des prérogatives de souveraineté en les rapportant, non plus à un principe, mais à un territoire. L’État crée la nation, laquelle « produit » à son tour le peuple, par l’ « assimilation », et c’est là sa faiblesse. Des peuples différents culturellement peuvent au contraire créer un Empire, qui alors seulement se dote d’un État impérial, gouvernant ses peuples et non ses territoires.
            Une autre différence essentielle tient dans la façon dont l’Empire et la nation conçoivent l’unité politique. L’unité de l’Empire n’est pas une unité mécanique, une « constitution », mais une unité composée, organique, qui excède le contour des États. Il incarne une vision, l’Empire n’envisage d’unité qu’au niveau de cette vision. Alors que la nation engendre sa propre culture ou prend appui sur elle pour se former (mode de vie à la française), entraînant des divisions en cas de multiculturalisme. L’Empire lui englobe des cultures variées. Alors que la nation cherche à faire se correspondre le peuple et l’État (assimilation), L’Empire associe des peuples différents. Sa loi générale est celle de l’autonomie et du respect de la diversité. Il vise à unifier à un niveau supérieur sans supprimer la diversité des cultures, des ethnies et des peuples (C’est d’ailleurs pour ça qu’une révolution impériale s’appuie sur l’exacerbation de ces cultures, sur un ethnocentrisme anarchique). L’Empire constitue un tout dont les parties peuvent être d’autant plus autonomes que ce qui les réunit est plus solide. Ces parties restent organiques et différenciées. L’Empire s’appuie par là beaucoup plus sur les peuples pas sur les États, alors ses peuples peuvent être entrelacés indépendamment des nations sans interférer avec elles ; L’Empire cherche à les associer à une communauté de destin sans les réduire à l’identique. C’est l’image classique de l’universel (ne pas confondre avec l’universalisme bobo), par opposition à la société monolithique uniformisée et centralisée. C’est une anarchie de peuples. Julius Evola définissait l’Empire comme « une organisation supranationale telle que l’unité n’agisse pas dans le sens d’une destruction et d’un nivellement de la multiplicité ethnique et culturelle qu’elle englobe ». Qu’est ce que fût Rome ? Une idée permettant de rassembler des peuples différents sans les convertir ni faire disparaître leur identité, les bains-douches pas le temple ! Loin du principe d’ « uniformisation » et de « normalisation » de l’UE ! Ou du formatage républicain ... droit de l’hommiste. L’Empire accepte la diversité des religions er des codes juridiques. Tout peuple est libre d’organiser sa cité territoriale ou virtuelle selon sa conception traditionnelle du droit. Le « jus  » impérial ne prévaut que dans les relations entre individus de peuples différents ou dans les rapports entre les cités. On peut se dire citoyen impérial (civis romanus sum) sans abandonner sa nationalité. Avec la France peut co-éxister un Sultanat ! L’Empire gère uniquemment les relations inter-peuples, les principes de subsidiarités, la multi-potence des codes. Ce qui caractérise au contraire la nation, c’est son irrésistible tendance à la centralisation et à l’homogénéisation et à l’omnipotence de son État-Maman. L’UE suit évidemment le même chemin en pire. Tocqueville écrivait : « La Révolution française a créé une multitude de choses accessoires et secondaires, mais elle n’a fait que développer le germe des choses principales ; celles-là existaient avant elle […] Chez les Français, le pouvoir central s’était déjà emparé, plus qu’en aucun autre pays du monde, de l’administration locale. La Révolution a seulement rendu ce pouvoir plus habile, plus fort, plus entreprenant ». En parallèle le principe de nation scelle son alliance avec la bourgeoisie et le capitalisme, en instaurant le marché, la monnaie, les normes, l’ordre juridique, tous uniques et centralisés (Loi Le Chapelier, fin des corporations, des particularismes, de l’autonomie des villes ou provinces etc ...) L’État-nation et le marché renvoient ainsi à une même forme de socialisation des individus, seuls, autonomes, atomisés, face face à une Entité Centrale. En cela l’UE a évidemment pour finalité un super État-nation. La composante individualiste-libérale-universaliste de l’Etat Nation est capital à comprendre, car évidemment elle s’oppose fondammentalement au holisme-réactionnaire-éthnocentriste de l’Empire où l’individu n’est jamais dissocié de ses appartenances naturelles ou culturelles. La nation, de par sa logique, ne connaît que des individus. On est membre de l’Empire de façon médiate, à travers des structures intermédiaires différenciées ; on appartient au contraire à la nation de façon immédiate, c’est-à-dire sans la médiation des appartenances locales, des corps, des peuples ou des états. L’empire est une confédération anarchique de communes.
            Dans l’Empire, une même citoyenneté associe des nationalités différentes. Dans la nation, les deux termes sont au contraire synonymes : c’est l’appartenance à la nation qui définit la citoyenneté. Pierre Fougeyrollas résume la situation en ces termes : « En rupture avec les sociétés médiévales qui comportaient une identité bipolaire — celles des racines ethniques et celle de la communauté des croyants —, les nations modernes se sont constituées comme des sociétés closes où la seule identité officielle est celle que l’État confère aux citoyens. La nation a donc été, par sa naissance et ses fondements, un anti-Empire. ».
            L’Empire ne se présente jamais comme une totalité fermée. Ses frontières sont par nature mouvantes, provisoires. Il vise à fédérer les peuples sur la base d’une organisation politique concrète, en dehors de toute perspective de conversion ou de nivellement. L’Empire, de ce point de vue, se distingue tout à fait d’un hypothétique État mondial ou de l’idée qu’il existerait des principes juridico-politiques universellement valables, en tous temps et en tous lieux, le boboisme-droit-de-l’hommiste héritier de la civilisation supérieure de Jules Ferry. L’universalisme étant directement associé à l’individualisme, c’est bien plutôt à partir de la racine individualiste de l’État-nation qu’il faut penser l’universalisme bobo moderne et sa conséquence, la fin de l’entraide instinctive, remplacé par l’État-Maman et sa diarrhée réglementaire bien-pensante chère aux Bodruchoniens.
            Historiquement les seules constructions qui méritent effectivement le nom d’Empire, sont l’empire romain, l’empire byzantin, l’empire romain germanique ou l’empire ottoman. Ne sont certainement pas des empires, l’empire napoléonien, le IIIe Reich, les empires coloniaux français et britanniques, ni les impérialismes modernes de type américain ou soviétique. Si un empire n’est pas un empire sacré, ce n’est pas un empire, mais une sorte de cancer s’attaquant à l’ensemble des fonctions distinctives d’un organisme vivant, ce que fait l’UE.
            L’État-nation. est écrasé actuellement comme une noix de coco entre deux énormes machoires. Il est pressé par le bas par l’apparition de nouveaux mouvements sociaux , par la persistance des régionalismes et des autonomismes, par des affirmations communautaires inédites, comme si les formes de socialisation intermédiaires qu’il avait naguère brisées renaissaient sous des formes nouvelles. Mais l’Etat-nation est aussi écrasé par le haut. Il est dépossédé de ses pouvoirs par le marché mondial et la concurrence internationale, par la formation d’institutions supranationales ou communautaires, par les bureaucraties intergouvernementales type UE, les appareils technoscientifiques, les messages médiatiques planétaires et les groupes de pression internationaux, la finance des Seigneurs Capitalistes.
            L’appel de l’Empire naît de la nécessité. Le libéralisme a tort de n’apercevoir aucune entité politique au-delà de celle des nations. Son internationalisme pèche par le fait de ne voir rien de politiquement viable en deçà de l’humanité entière. L’Empire se fait sur un modèle fédéral porteur d’une vision, d’un projet, d’un principe, c’est-à-dire en dernière analyse selon un modèle impérial. A l’époque de la guerre de Cent ans, la devise de Louis d’Estouteville disait : « Là où est l’honneur, là où est la fidélité, là seulement est ma patrie ». L’idée de nation pousse à penser que tout ce qui est de chez nous a de la valeur. L’idée d’Empire conduit à affirmer que tout ce qui a de la valeur est de chez nous.
             

            Repeuplement


            • gaijin gaijin 17 novembre 2012 17:38

              " la tâche de délinéer un horizon dans lequel le Sud ne se situe pas dans une position résiduelle, en marge d’une UE qui se projette vers l’Atlantique de l’Empire transatlantique Océania, en oubliant la Méditerranée, dont l’espace, l’histoire et la culture ont donné corps au code génétique de la civilisation occidentale."
              qui a un traducteur ?
              de préférence dans un langage humain qui ne confonde pas la complexité de l’expression avec la qualité du contenu ( le chinois devrait faire l’affaire )


            • louphi 17 novembre 2012 18:40

              A bas le chauvinisme ! A bas le nationalisme réactionnaire ! A bas le capitalisme ! à bas la social-démocratie ! A bas l’anarchisme ! A bas les opprtunismes de gauche !

              Vive les Prolétaires de tous les pays ! Vive les masses laborieuses de tous les pays ! Vive la révolution ! 

              Gloire à Karl Marx ! Gloire à Friedrich Engels ! Gloire à Lénine ! Gloire à Staline !


            • filo... 17 novembre 2012 20:05

              Un long et inutile bla, bla !


            • médy... médy... 17 novembre 2012 22:04

              J’ai réussi à aller jusqu’à la 10ème ligne du commentaire de « le Roi des Flans ». Chapeau bas pour son illisibilité.


            • bruenor bruenor 17 novembre 2012 18:17

              Ahhh Evola ....,un type qui trouvait que les SS c’était quand même plus la classe que les chemises noires (normal avec des fringues Hugo Boss)...et qui pensait que la société idéale -ou peu s’en faut -c’était les chevaliers teutoniques- fusion du militaire et du spirituel (et du bancaire),la plèbe qui marche droit et paie ses impôts recta, pas de femmes ( femelles égale chute,décadence,perdition et pensions alimentaires..) et par voie de conséquences chaudes amitiés viriles...

              Qu’entendez vous par « composantes ethno-confessionnelles qu’il faut bien nommer. » et que vous ne nommez pas ? Encore le complot judéo-maçonnique ? Je ne vois pas-le capitalisme a la même férocité partout et depuis longtemps ,en Orient comme dans l’occident dit « judéo-chrétien »,aux USA comme au Japon etc..quand il s’agit d’écraser ce qu’ils appellent « le coût du travail » fut ce en détruisant toute civilisation, tous sont de la même religion.Maintenant si vous voulez vous replier dans une tour d’ivoire (ou une secte ou un monastère peu importe) en attendant que le « Kali Yuga » se passe grand bien vous fasse.J’avoue que cette vision astrologique et cyclique de l’histoire a son charme mais je préfère le matérialisme historique ,ce doit être mon côté matérialiste justement.(je sais bien qu’il est de bon ton d’assimiler matérialisme et consumérisme mais non on ne peut réduire le matérialisme au consumérisme.)

              • Dwaabala Dwaabala 17 novembre 2012 22:44

                Effectivement, le matérialisme en histoire signifie d’abord que ce sont les conditions matérielles (essentiellement économiques) qui déterminent la vie et la conscience des hommes et non l’inverse ; ensuite que ce sont les masses qui font l’’histoire, quelle que soit l’importance transitoire des grands hommes.


              • Dwaabala Dwaabala 17 novembre 2012 22:00

                C’est bien joli la dissidence, mais il faut aller au boulot pour béqueter, payer son loyer pour crécher, aller faire ses courses à l’hyper, prendre le RER et le métro... il ne reste plus que le pieu pour faire dissidence avec sa poupée.


                • Romain Desbois 17 novembre 2012 22:04

                  Dwaabala

                  On peut aussi décider de « dissider » de l’intérieur smiley

                  La grève du zèle ca marche (surtout dans l’aviation smiley )


                • Dwaabala Dwaabala 17 novembre 2012 22:28

                  Romain Desbois

                  Pour « dissider » il faut « zéler » ?.


                • Romain Desbois 17 novembre 2012 22:35

                  ho que oui, car on peut retourner les armes de ses adversaires contre eux.
                  C’est même ce qui a de plus efficace. La machine se grippe quand on refuse d’y mettre de l’huile dans les rouages.


                • Dwaabala Dwaabala 17 novembre 2012 22:51

                  Tout le monde n’est pas dans l’aviation,et à quoi ça sert de gripper la machine ? On n’est pas au temps de « La Bataille de rail » !


                • Romain Desbois 17 novembre 2012 23:35

                  ? ???
                  Votre dissidence révolutionnaire est donc surfaite ?

                  (L’aviation c’est pour les zèles smiley )


                • Dwaabala Dwaabala 18 novembre 2012 00:00

                  La dissidence est un sujet trop sérieux. Je replie mes zèles et m’intériorise. 


                • Romain Desbois 18 novembre 2012 00:05

                  Mais moi aussi je suis sérieux, même que je pratique tous les jours. Je n’attends pas que quelqu’un siffle la révolution. Je la fait tous les jours, au boulot ou pas.

                  Mais ca n’empêche pas d’en parler avec humour.

                  Désolé si je vous ai blessé. c’est bien inintentionnellement. smiley


                • Christian Labrune Christian Labrune 18 novembre 2012 15:36

                  Un personnage de Balzac, dans « Les illusions perdues », remarque assez justement : « tout ce qui est excessif est bête ». Je n’aime guère Balzac mais quelquefois, dans certaines circonstances, ce mot me revient à l’esprit. 

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