Retour vers le futur - Douce France
Avertissement !
Les propos qui suivent sont inspirés de l'ouvrage de Laurence Wylie "Un Village du Vaucluse" (Roussillon, de 1951 à 1959). Toute ressemblance avec des faits actuels ne serait que pure et fortuite coïncidence.
Laurence Wylie, lui-même, indiquait par ailleurs, dans sa préface, ne vouloir décrire que la commune rurale où il a séjourné (Roussillon), et non en tirer des enseignements d'ordre général sur la population francaise.
A Roussillon chacun fut soumis pendant la guerre aux attaques des autres, à savoir aux attaques de l'ensemble du village. En temps normal, les autres sont certes une source de nuisance, mais durant l'Occupation, ils représentaient tout simplement une menace. C'est pourquoi les villageois se replièrent dans leur sphère privée. Ce processus d'isolement nourrissait d'autant plus les soupcons des autres. La disparition du dialogue entre villageois mena à une radicalisation des positions. Ainsi, certains estimaient être patriotes car ils obéissaient aux lois de l'Etat de Vichy, les autres au contraire estimaient être patriotes justement parce qu'ils ne respectaient pas ces lois.
Après la fin de la guerre, les ressentiments demeurèrent, même s'ils devaient changer de nature :
- Un nouveau venu à Roussillon dans les années 1950, qui viendrait de s'entretenir individuellement avec quelques villageois, ne pourrait s'empêcher de penser que chaque famille s'y méfie de toute autre famille.
- Pour les villageois, l'Etat serait par ailleurs pour grande partie responsable de la guerre, de l'inflation, des impôts, des restrictions et de la bureaucratie. Comment l'Etat, ce mal nécessaire, pourrait-il fonctionner, sans peser aussi durement sur l'individu ou la famille ? A cette question, les villageois ne pourraient cependant apporter aucune réponse consensuelle.
- De même la presse ne serait pas neutre : "C'est ce qu'écrit le journal, mais il faut se méfier des journaux". Suite aux tourments de la guerre et de l'Occupation se serait enraciné ce climat de suspicion dans la population de Roussillon. Elle aurait développé une tendance à n'accepter que les informations qui confirmeraient ses points de vue. Par exemple, elle ne connaîtrait du programme de ses partis politiques que les slogans qui la renforceraient dans ses préjugés.
- Si les gendarmes venaient par exemple à enquêter au sujet du vol d'un peignoir de bain, tous les villageois trouveraient tout à fait naturel que les gendarmes perquisitionnent en tout premier lieu la maison occupée par des travailleurs algériens.
- Les institutrices auraient, autre exemple, la vie facile : une généreuse rémunération, de nombreux congés payés, une semaine de travail de trente heures seulement.
- Certes les villageois pourraient reconnaître que la récrimination d'un voisin à l'encontre des assurances sociales serait sans fondement, mais ne pourraient, troisième exemple, résister à l'argument, selon lequel ce voisin aurait pu quand même "pouvoir gruger l'Etat" comme tant d'autres le feraient avec succès.
- Les banques, quant à elles, menaceraient l'indépendance des villageois. La plupart des villageois seraient ici pourtant logiques avec eux-mêmes et refuseraient tout achat à crédit, car la souscription d'un emprunt les contraindrait à accorder à un tiers un droit de regard sur leur vie, les contraindrait à mettre en péril leur indépendance.
Ces ressentiments frapperaient également la classe politique de la France des années 1950 :
- Une personne pourrait par exemple être parfaitement honnête en entrant en politique, mais elle ne saurait le demeurer à partir du moment où elle exercerait un certain pouvoir sur autrui. Les politiques formeraient une bande de bandits. C'est pourquoi le résultat des élections serait parfaitement sans importance.
- Certains villageois voudraient croire être soumis au contrôle de l'Etat et des puissances occultes qui, ils en seraient persuadés, contrôleraient elles-mêmes l'Etat, et réagiraient par l'abstention ou le vote nul. L'abstention serait un moyen de mépriser l'Etat, de l'assassiner de manière symbolique, comme une personne ignore un tiers avec lequel elle s'est brouillée. D'autres recouvreraient le bulletin de vote d'insultes, retirant à celui-ci sa validité.
- Les communistes n'ayant participé pendant des années à aucun gouvernement, pourraient facilement rejeter sur les "partis de gouvernement" la responsabilité de tous les maux des années 1950 : des prix trop élevés, des impôts trop élevés, la guerre en Indochine puis en Algérie, l'invasion économique et militaire des Etats-Unis d'Amérique, la montée en puissance de la République Fédérale d'Allemagne, la durée du service militaire de dix-huit mois, le manque de logements, les déficiences des assurances sociales, la concurrence internationale suite à la baisse des droits de douane ou encore l'interdiction de développer la surface d'une exploitation viticole.
Toute ressemblance avec des faits actuels ne serait que pure et fortuite coïncidence.
2 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON