Retraite, avantage des mères : un piège pour tous
En obligeant le gouvernement à agir à propos des avantages sur la retraite des mères, la cour de cassation vient de mettre sur le devant de la scène les contradictions de notre société dans le domaine de l’égalité des genres. Les réactions dans les médias montrent que le problème est bien plus large que ne le laisse entendre le gouvernement. Derrière les mesure de compensation, c’est notre vision même de la famille et du rôle des parents qui est mesuré. Les réponses simplistes ne seront donc bonnes pour personne et peuvent constituer un vrai piège pour chacun, qu’il soit homme ou femme.
Retraites : le gouvernement souhaite maintenir un avantage aux femmes
Le monde
Extrait :
Ces écarts reflètent les inégalités qui perdurent sur le marché du travail. Les salaires des femmes restent inférieurs de 27 % à ceux des hommes - 16 % si l’on se réfère au salaire horaire - et leurs carrières sont discontinues : parce qu’elles consacrent 2,4 fois plus de temps que les hommes au travail domestique et 3,3 fois plus à l’éducation des enfants, beaucoup s’éloignent de leur activité professionnelle après une naissance, ce qui les pénalise lors de la retraite.
Le débat qui commence à poindre sur les avantages des retraites des femmes et plus largement sur la discrimination homme femme est finalement beaucoup plus large et ne saurait être pris par le bout de la lorgnette.
Plus que de l’égalité homme femme au niveau des salaires, c’est de la façon d’élever les enfants et du rôle des parents dont on parle finalement, mais qui semble étrangement absent du débat.
D’un côté des mères à qui on laisse le droit de prendre du temps pour cette tache et que l’on récompense par une compensation.
De l’autre côté des pères qui n’ont malheureusement pas le choix et qui n’ont pas de compensation s’ils travaillent moins pour s’occuper des enfants.
Alors, on peut parler de sexisme de genre. Ici je le vois fonctionner dans les deux sens avec un fond d’idéal qui reste celui des politiques familiales de Pétain : « L’homme au travail et la femme élève les enfants. »
CLAIRE dans les commentaire du Monde réagit ainsi :
28.08.09 | 15h59 « Le monde »
Au nom de l’égalité des sexes ?? Depuis quand les pères portent les enfants 9 mois, les allaitent et se font "placardiser" à l’issue de la fin de leur congé de maternité ? Après la naissance, il ne faut pas rêver, ce sont aussi les femmes qui organisent leur emploi du temps ou sacrifient des responsabilités pour s’occuper des enfants. Ridicule...
Parlons d’égalité des sexes :
Au niveau du travail, j’ai longtemps entendu mettre en avant la différence de 27% dont parle le Monde dans son article. C’est en fait 27% de différence sur le montant de la fiche de salaire à poste et à responsabilité égale, mais en faisant plus ou moins d’heures selon à quel genre on appartient.
Donc il serait déjà honnête de prendre des chiffres comparables dans les communications si l’on ne veut pas que le débat soit faussé. Quand on compte en taux horaire cette différence à presque diviser de moitié et n’est plus que de 16%, ce qui est moins important même si à ce niveau elle devrait être parfaitement égalitaire et donc de 0%.
La différence se fait donc parce que les hommes sont obligés de faire plus d’heures au travail pour assurer le plus souvent le gros de la charge financière familiale (même si les femmes participent de plus en plus au budget) et qu’ils n’ont bien souvent pas la chance de pouvoir être à la sortie de l’école pour aller chercher les enfants parce qu’il faut payer le crédit de la maison. Ceci est la version masculine.
Et que les femmes doivent bien s’arrêter de travailler plus tôt, pour avoir la « charge » de s’occuper des enfants et de l’essentiel des tâches ménagères. Version féminine.
Moi qui suis un père qui élève seul ses enfants, je sais que la deuxième situation n’est pas le calvaire prétendu et j’accepte volontiers actuellement d’avoir un salaire moins important parce que je fais moins d’heures. J’ai déjà la chance d’être un papa séparé ayant la garde de ses ainés et la chance d’élever ses enfants et de faire les corvées ménagères. nous sommes une poignée en France...
Au niveau du droit à élever et à s’occuper des enfants notre société n’est clairement pas égalitaire. Il suffit de constater comment tout ce qui touche à l’enfance est féminisé pour se dire que cette part de notre monde n’est pas autre chose qu’un matriarcat. Il suffit de voir comment la justice accorde 80% de garde intégrale aux mères et interdit à 70% des pères d’avoir un contact avec leurs enfants plus d’un WE par mois ce qui est encore un droit de visite normal dans le langage judiciaire, un WE sur deux étant un droit de visite « étendu ». Les mots à eux seuls sont aberrants et donnent la largeur du problème.
Plutôt que de parler de compensations à tout va, peu être serait il bon d’arrêter les discours faciles de victime et de réfléchir comment on peut laisser plus de place aux pères dans l’éducation des enfants et plus de place aux mères pour poursuivre une carrière, les deux étant victimes du système actuel.
À moins évidemment que seul le critère financier soit la base de réflexion dans ce domaine, ce qui fait alors des femmes les seules victimes du système pour 16% de différence.
S’il est un moment de la vie où une femme n’est pas un homme, c’est quand elle donne la vie.
Peu être que plutôt que de faire un amalgame : donner la vie et élever les enfants, serait-il bon de séparer ces deux moments de la vie. Premièrement parce que ce n’est pas parce qu’on donne la vie que l’on élève un enfant, les deux choses ne sont malheureusement pas liées. C’est pourquoi la réponse aux problèmes de compensation ne peut se faire de façon simpliste dans un amalgame dont le fond est avant tout sexiste. En cela, la sanction de la cour de cassation sur la base du droit européen va peut-être nous obliger à une réflexion plus mature sur notre société.
Sur cette partie-là, c’est simple, puisqu’il n’y a pas de parité. Notre société peu donc simplement inventer une dotation à la création de vie prenant en compte le temps qu’offre une femme à l’ensemble de la société en faisant cela. Les naissances sont un des fondements de notre système économique il ne faudrait pas le mettre complètement par terre.
Pour la deuxième partie qui est la plus lourde en terme de temps donc logiquement de compensations, les choses ne sont pas aussi simples, car les personnes qui font les enfants ne sont pas forcement celles qui les élèvent. Que faire dans les cas d’adoption ? Que faire dans le cas des veufs ? Dans les cas des pères au foyer qui ont sacrifié eux aussi une partie ou toute leur carrière ? Que faire dans les cas de père s’impliquant plus ou autant que leurs compagnes ? Que faire faire si l’on veut que la société dans son ensemble évolue vers des pratiques moins sexistes ?
Dans la situation actuelle, je n’ai pas le droit à la moindre compensation bien que je suis un père qui élève mes enfants seul depuis des années et que j’ai du pour cela du faire aussi d’importants sacrifices sur mon travail et abandonnant un poste à responsabilité commerciale que j’aimais, mais qui était incompatible avec une vie familiale quotidienne. Le bonheur de vivre avec mes fils compense par ailleur largement ses petits désagréments.
Est-ce normal que ce soit ma chère ex à qui les enfants ont été retirés pour maltraitance lourde qui ait des compensations pour sa retraite parce qu’elle est « Mère » et que moi je n’en ai aucune alors que je rattrape la casse ? C’est pourtant bien ce qui va se passer...
Comment faire dans le cadre des gardes alternées quand les parents s’occupent chacun de façon paritaire des enfants et que chacun connait dont les mêmes désavantages vis à vis de sa carrière respective ?
Le débat tel qu’il posé actuellement par le gouvernement ne peut qu’être réducteur et ce n’est pas en cherchant des réponses simplistes visant avant tout à réduire les droits à la retraite que nous irons de l’avant.
Derrière cette question des compensations des retraites, la question qui se pose à nous est celle-ci : comment notre société va évoluer vers plus d’égalité dans la façon de vivre ensemble et d’élever nos enfants ?
La réponse actuelle avec son arrière-goût de « Les hommes au travail, les femmes à la maison » n’est un progrès social pour personne. Cela permettra surtout aux politiques de ne pas s’attaquer aux injustes 16% qui existent encore sur les taux horaires entre homme et femme.
Et cela évitera d’avoir un vrai débat sur le fond à propos de l’évolution de notre société dans ce domaine central qu’est la famille et la façon dont on élève les enfants.
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