Retraite en péril

L’âge de départ minimum sera porté à 62 ans en 2016 selon la réforme Woerth de 2010. Ceci aura pour effet, que 6,7 % des femmes et 14,1 % des hommes ne toucheront pas de retraites !

En effet, selon la dernière table de mortalité (2008-2010) de l’INSEE, à l’âge de 62 ans c’est le pourcentage de femmes et d’hommes déjà décédés !

Une nouvelle augmentation de l’âge de départ (jusqu’à 67 ans comme le veut Mme Parisot ou 65 ans comme le veut Gattaz son possible successeur ?) rendra cette situation encore plus inacceptable.

En effet, si l’on venait à faire passer l’âge légal de départ à 67 ans, cette inégalité entre les vivants et les morts serait encore pire, car à cet âge ce sont 9,4 % des femmes et 19,7 % des hommes qui seront décédés.

Ainsi, sur l’ensemble des cotisants, ce seront près d’une femme sur 10 et d’un homme sur 5 qui auront travaillé une bonne partie de leur vie, auront cotisé pour leur retraite et n’en bénéficieront pas.

L’augmentation de l’âge de départ effectif aura aussi pour effet d’accroitre l’inégalité existant entre hommes et femmes. On l’oublie souvent dans ce domaine, mais l’espérance de vie n’est pas la même entre les deux sexes. Elle s’établie à 84 ans pour les femmes au début des années 2010 et à 76 ans pour les hommes.

Un départ en retraite à 67 ans, cela signifie donc, en moyenne 9 ans de retraite pour les hommes et 17 ans pour les femmes, soit près du double ! Les femmes devront-elle cotiser deux fois plus ?

Enfin, n’oublions pas les inégalités entre catégories socio-professionnelles, elles sont élevées en France en terme d’espérance de vie : elles sont de 3 ans pour les femmes entre cadres et ouvrières, et elles sont encore plus importantes pour les hommes entre cadres et ouvriers puisqu’elles s’élèvent à 7 ans !

Là-encore une augmentation de l’âge de la retraite serait fortement inégalitaire : pour les hommes en particulier, elle signifierait un temps de retraite double pour les cadres par rapport aux ouvriers. Les cadres devront-ils cotiser deux fois plus au régime général ?

Tout allongement supplémentaire de l’âge de départ en retraite est désormais problématique.

En réalité, personne n’est dupe. Tous les acteurs, qu’ils soient syndicalistes ou politiques savent très bien que les entreprises ne maintiendront pas l’emploi des seniors. Plus de la moitié des plus de 55 ans sont sans emploi.

L’on nous ressasse que le déficit se montent à 20 milliards d’euros par an (le même montant que la ristourne fiscal de Hollande qui ne relancera guère la croissance). L’objectif à l’heure actuelle est de faire baisser le montant des retraites pour ne pas avoir à augmenter les cotisations !

Car le vrai problème de fonds, c’est surtout le partage de la valeur ajouté. Le fait que les entreprises par la non-augmentation des salaires fassent des bénéfices énormes qui sont reversés, ou à la partie la plus aisée de la population, ou à des fonds de pensions étrangers, n’est pas neutre. Les bénéfices des entreprises du CAC 40 sont de 100 milliards d’euros par an sur lesquelles elles ne versent que quelques milliards d’impôts au lieu des 33 % quelles sont censées verser !

Donc, il y a une possibilité réelle d’augmenter les contributions des grandes entreprises !

Mais avant tout, non, la retraite à 67 ans ou à 65 ans n’est pas la bonne solution ! La bonne solution consiste à relancer la croissance et la création d’emplois. Redonner du travail aux 4,5 millions de chômeurs que compte le pays, nous permettra de régler largement le problème : plus de travail, plus de cotisations, et donc des retraites à un niveau décent !