RETRAITES : attention danger
Monsieur Macron décide de réformer au pas de charge les régimes privés des retraites complémentaires, AGIRC et ARRCO. Façon de reconnaître la responsabilité de l’Etat dans cette faillite mais sans l’avouer. Sur un ton protecteur, il nationalise un secteur juteux, financièrement parlant, en jouant le protecteur-sauveur. Sans dire qu’il y aura un perdant et un gagnant.
L’objectif de M. Macron est donc de garantir à chaque Français, le paiement d’une retraite complémentaire en instituant un nouveau régime universel étatisé mais en faisant main basse sur les fonds détenus par les organismes privés en place.
De l’avis général, les régimes actuels sont bien gérés et si certaines sont en difficulté, il convient d’en définir les causes par un audit général. C’est tout le système nébuleux de la protection sociale qu’il faudrait revoir, en le simplifiant.
On parle aussi de fuites d’argent du côté syndical. C’est vrai ou non, allez savoir. Toujours est-il que les gestionnaires regroupés sous l’appellation de « paritarisme » sont très avares de publication des comptes. Or, l’argent géré provient des cotisations des citoyens. Cet argent n’appartient pas à M. Macron.
C’est alors que M. Macron intervient, très pressé, en bottes de sept lieues et sans préparation, projette de tout détruire, soldant ainsi les comptes sans rendre de comptes comme si tout lui appartenait, en étatisant un régime privé. L’ingérence est flagrante. M. Macron a simplement oublié que le peuple est souverain et qu’il n’en est que le porte-parole. C’est un coup d’Etat doublé d’un hold-up s’il réussit. Il pourra récidiver et ainsi, sans trop de dégâts, devenir « dictateur » à l’image actuelle de certains pays ou en référence à d’autres époques de mauvaise mémoire.
Un pas amenant un autre, le Chef d’Etat veut en faire un « régime universel » géré de plus par l’Etat, de nature dispendieux, échappant au contrôle direct des citoyens.
Il faut toutefois rendre hommage à M. Macron d’avoir eu le courage de concrétiser ce que ses prédécesseurs avaient esquissé sur la question de la pérennité du système de retraite. Car celui-ci ne peut que s’autodétruire car il demande toujours plus de salariés qui, avec les nouvelles techniques sont en baisse continuelle.
La « retraite par répartition » a été créée par la loi du 14 mars 1941 et répondait à un besoin urgent dans une période de disette. Le préambule est explicatif : « La présente loi, que nous vous présentons, M. le Maréchal, est basée sur la répartition, c’est-à-dire, que nous allons utiliser les cotisations des salariés pour servir une allocation aux Vieux Travailleurs ».
D’où la création de la CNAVTS, appellation qui a perduré jusqu’à ces dernières années. Elle visait à parer à un besoin urgent dans un contexte de pénurie. Les « libérateurs » l’ont reconduite et il est vrai, qu’au début, c’était l’âge d’or pour les retraités qui recevaient au delà de leurs besoins. C’était se réjouir dans l’imprévoyance et sans se soucier du boom nataliste qui ébranla l’édifice.
Toutes les études sérieuses criaient « casse-cou » sans être entendues. Tout le monde vivait dans le présent, sans tenir compte de l’avenir qui, d’année en année, se noircissait. Les responsables sont ceux qui avaient, entre leurs mains, les destinées du pays et les syndicats qui ont profité de cette manne providentielle.
Que ce soit la répartition ou la capitalisation, on va droit au mur. Ces deux systèmes s’effondreront car ils reposent sur un effectif de cotisants deux à trois fois supérieurs à celui des retraités.
La capitalisation est dépendante des marchés financiers et on ne peut prévoir ce qu’ils seront vingt à trente ans plus tard, autrement que par des suppositions.
Le nouveau système de M. Macron risque de prendre le même chemin que le « Fonds de Réserve pour les Retraites ». Ce fonds, créé en 2001 par Lionnel Jospin (à l’image de ce qui fonctionne au Japon, Suède, Norvège, Espagne). Ce fonds devait alléger la charge des retraites du papy-boom pour les jeunes générations à partir de 2020. L’objectif initial était de le doter progressivement de 300 milliards d’euros en lui réservant une partie du produit des privatisations et autres cessions de participations de l’Etat. Il fut également prévu qu’une part (2%) des prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine et des placements vienne l’abonder (1,5 milliard d’euros en 2009).
Or comme pour presque toute la protection sociale, les gouvernements successifs l’ont utilisé comme une caisse de secours pour d’autres besoins. Ce fonds est désormais presque vide mais toujours géré par un gouverneur. Ce cas typique préfigure ce que sera le Fonds Universel des Retraites.
Maintenant nous sommes dans l’urgence et avant tout changement, il faut qu’une commission d’enquête constituée par des experts fasse le point des situations des caisses de retraite. Car l’Etat est responsable, avec les gestionnaires de la faillite, et veut nous faire payer la note.
Pour que les français puissent donner leur accord sur les propositions de M. Delevoye et accepter un virage à 100 degrés, il faut faire le point sur la gestion actuelle des caisses car les français n’ont aucun élément pour juger de la nécessité.
Avant de tirer un trait et de solder le passé, il conviendrait que soit publié la situation comptable des caisses et demander des comptes aux responsables.
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