Retraites sabotées, traitrises avérées...
Quelle traitrise, quelle forfaiture ! Et le gouvernement parle d’allonger encore plus la durée du travail ?
Quelle ignominie.
Je n’ai pas pour habitude de parler de ma vie, mais là, je me sens presque obligé. Mon épouse a 62 ans et moi 59. Après 40 ans de bons et loyaux services dans la restauration, d’abord employés puis à notre compte, nous aspirions donc à faire autre chose que de gagner notre croûte pour vivre. Car dans notre bonne société c’est bien de cela qu’il s’agit. Il faut bosser pour croûter.
A part quelques personnes qui réussissent à faire ce qui leur plaît, il faut admettre que la majorité des travaux sont bien loin de participer à l’épanouissement de l’individu, et présentent même beaucoup d’inconvénients, qu’ils soient physiques ou moral. Les exemples sont légions que ce soit dans le domaine de l’industrie, du médical, dans le commerce où des professions de service.
Les années passent donc, et tout à coup l’heure de la retraite ou de la pré-retraite commence à sonner.
Tout dépend des gouvernements. Un coup c’est bon, un coup ça ne l’est pas. Entre ceux qui ont pillés certaines caisses de retraites (Feu l’Organic), ceux qui ne veulent pas toucher aux régimes spéciaux, et ceux qui veulent à tout prix préserver leurs prérogatives, l’embrouille est de mise.
On avait reçu il y a une quinzaine d’années en arrière un relevé de carrière, aussi clair que le crépuscule. Déjà, quand vous avez une vie entrecoupée du régime salarié et du TNS (Travailleur non salarié), ce n’est pas simple. Ajoutez à cela le fait que mon épouse et moi avons changé de régions quelques fois, et là…cela devient du rififi chez les fonctionnaires des caisses de retraites.
Qu’ont-ils ceux là à bouger tout le temps, on n’y comprend rien, peuvent pas faire comme tout le monde etc…Hop à la trappe le dossier.
Pour en revenir à ce relevé de carrière, on s’est aperçu qu’il manquait des trimestres. Allons bon. Certainement un oubli. Mon épouse se fend d’un coup de fil à l’Organic. Après pas mal d’atermoiements de la personne en charge d’un obscur bureau, cette dernière finit par avouer l’arnaque.
Je cite : « Voyez vous, les années ou votre chiffre d’affaire et bénéfice n’étaient pas très haut, vous avez bien cotisé vos trimestres, mais nous n’en avons validé que trois ou deux, cela dépend ».
Et cela dépend du sens du vent ma brave dame, ou bien ? Réponse : « Non, non, les années ric et rac, il manquera des trimestres. C’est comme ça. Ce n’est pas moi qui ait inventé le règlement, mais l’Etat ».
Mon épouse continue donc à tirer les vers du nez de la dame. « Oui,mais je vois ici des années où on travaillait mon mari et moi, l’un en tant que gérant et l’autre en tant que conjoint collaborateur. Les cotisations ont été payées pour les deux, mais curieusement il manque des trimestres chez le collaborateur. Explications ?
Réponse « Heu…Et bien heu…Je dirais même plus, heu… Ben, vous savez, le statut du conjoint collaborateur n’est pas très clair et puis voilà. »
En conclusion, on a le droit de payer, mais pour le reste….
Nous sommes donc en face d’une escroquerie manifeste. En bande organisée ? Ca semble être la mode en ce moment…
Depuis quelques années, l’Organic, l’Urssaf, et la caisse maladie des commerçants, artisans, et professions libérales ont fusionnées, pour donner naissance à la RSI. Véritable pétaudière. Les dossiers ne sont pas à jour, leurs bases de calcul n’ont plus, le rapprochement inter caisse non plus. Un livre entier pourrait être écrit sur la face caché de la RSI.
Témoignage vécu d’une dame de la RSI de la région Midi Pyrénées qui me disait au téléphone qu’il lui était impossible de se mettre en contact avec la RSI de la région Aquitaine. A la question pourquoi, sa réponse a été : « impossible ». La seule explication logique a été de me faire comprendre que les e-mails ne passaient pas la « frontière » entre les deux régions. Consternant.
Bref, après cette digression nécessaire, mon épouse qui a l’âge de partir en retraite planche sur son dossier. Je vous passe les rendez vous multiples et variés, pour rien d’ailleurs, et enfin il y a peu, elle reçoit « le Saint Graal ».
Une lettre de la RSI l’informant que son dossier est à jour.(Enfin presque car il manque des informations, mais bon... soyons beau joueur). Mon épouse lit qu’elle touchera royalement 100€ par mois de la RSI, et probablement 100€ de la caisse des salariés.
Waouh...200€ par mois. Que la fête commence : Rillettes et Mousseux, parce que Caviar et Champagne, dans une autre vie peut être...
100 trimestres de cotisations donnent ce montant dérisoire. 25 ans de boulot enregistrés. A noter que les cotisations RSI s’élèvent quand même à 65% des revenus. Bagatelle.
De plus, en vieillissant, la santé est quand même moins bonne. Les « bobos » apparaissent. Mon épouse souffre du genou gauche depuis au moins dix ans. Mal connu du cartilage qui disparait entre les deux articulations, et donc genou qui gonfle et qui fait souffrir. La station debout est déconseillée mais dans la restauration ou le commerce, en général, difficile de rester assis.
Donc, visite il y a peu, chez le médecin conseil de la RSI, avec moultes radios, IRM etc…En effet, une incapacité de travail pouvait être reconnue, c’était donc à tenter.
Mon épouse est venue, a vue, mais n’a pas vaincue. Exit la formule Veni, Vidi, Vici…
Et oui, seules les vertèbres dorsales et cervicales peuvent faire l’objet d’une incapacité. Le reste non. A la remarque pertinente de mon épouse « la station debout m’est pénible et dans mon métier je n’ai guère le choix… », la réponse de la toubib conseil a été sans appel : « Changez de métier ». Je vous laisse juge de l’attitude de la doctoresse...
Woui…A 62 ans avec le chômage, la crise etc… C’est sur qu’un senior va trouver du boulot rapido presto…
On se moque de nous.
Dans cette société, si vous choisissez l’indépendance (relative quand même) vous avez le droit de payer, c’est tout.
Pour les vieux jours, il vous restera les restos du cœur pour se sustenter. S’ils ne sont pas pillés par certains, car apparemment, chez ces derniers, on est bien loin d’une charité bien répartie... Mais je m’égare.
Paradoxe : Quelqu’un de ma famille, fonctionnaire dans l’éducation nationale, a eu trois enfants. Elle s’est arrêtée de bosser 10 ans pour les élever. Rien de mal à ça. Elle a repris son poste après 10 ans d’absence. Tapis rouge par rapport au privé. Elle est aujourd’hui en retraite et touche à peu près 1200€ par mois. Pas mal quand on sait qu’il lui manque 40 trimestres.
Comparaison :
Fonctionnaire dans l’éducation nationale : 120 trimestres de cotisations : 1200€ de retraite mensuelle versée.
Mon épouse, commerçante, 100 trimestres de cotisations , sans compter les trimestres travaillés non validés, voir plus haut) : 200€ de retraite mensuelle versée.
Equité, liberté, égalité, fraternité ? Même pas en rêve. Mots creux, vide de sens.
Il ne faut plus employer le mot retraite, mais bien le mot RETRAITRE.
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