Revenir, par voie référendaire, au septennat présidentiel est urgent
Estimant que « le septennat présidentiel était mal adapté aux nouvelles institutions », le Président Georges Pompidou avait, dès 1973, évoqué la question de l’hypothétique instauration du quinquennat présidentiel...
Nombreux étaient ceux qui, comme Lionel Jospin,
considéraient ce quinquennat présidentiel comme « le sauveur des institutions
françaises » : en effet, grâce à sa promulgation, après le référendum du 24 septembre
2000, cette loi portant « instauration du quinquennat présidentiel » était
censée être là pour éviter toutes ces cohabitations « à la française », jugées
« si néfastes » par toute l’intelligentsia politique française et par beaucoup
de citoyens français. Qu’en est-il exactement ? Le peuple français a-t-il pu
prendre toute la mesure, et évaluer en toute lucidité toutes les conséquences
de son vote ? Nous ne pouvons qu’en douter, dans la mesure où, en juin 2003, un
nombre croissant de mécontents se mit à hurler et à manifester massivement dans
la rue contre des réformes voulues par un « gouvernement de mission », devenu
pour beaucoup « inapte à la concertation et au dialogue »...
Le marasme du 1er tour des présidentielles du 21 avril 2002,
le désastre du 2e tour des régionales du 27 mars 2004, et le « non » massif au référendum du 29 mai 2005 sur le projet de constitution européenne illustrent
parfaitement ce manque de consensus et ce divorce total... Ces trois gifles
électorales, assénées par une population en colère, à la face de ses élus sidérés,
sont la preuve formelle que le manque d’alternance peut créer, même à
l’intérieur de chaque parti politique, même à l’intérieur de chaque alliance
politique, des divisions durables !
Aussi, à la veille des élections présidentielles et législatives « 2007 », nous sommes en droit de nous demander si cette réforme
institutionnelle peut s’avérer utile face aux véritables préoccupations des
Françaises et des Français[1] .
Le Président Jacques Chirac, qui a été réélu en 2002, a-t-il
pu être et, pourra-t-il demeurer, jusqu’au terme de son mandat présidentiel, « le président élu de tous les Français », donc, « au-dessus des partis politiques
», comme l’exige la constitution de la Ve République ? De ce fait, a-t-il pu
conserver, en tant que chef de l’État élu au suffrage universel, toute latitude
politique et toute faculté institutionnelle pour diriger la France en tant qu’
« arbitre suprême de la Nation » ?
A toutes ces questions, nous ne pouvons qu’émettre une seule
et unique réponse : « Non ! »... En effet, on peut raisonnablement considérer
que, lorsqu’une élection législative a lieu presque immédiatement après une
élection présidentielle, comme l’avait décidé Lionel Jospin lorsqu’il fut Premier ministre, il ne peut guère y avoir de scrutin démocratique réellement
basé sur les sensibilités de chaque citoyen... Dans le cas contraire, ce
scénario aurait été également le même, puisqu’il se serait agi d’une élection
présidentielle organisée presque immédiatement après une élection législative,
comme l’auraient souhaité certains parlementaires de tous bords politiques.
Au vu de cette législature, la première issue depuis
l’instauration de ce quinquennat présidentiel, qui aura vu deux premiers ministres, à savoir : Monsieur Jean-Pierre Raffarin, et Monsieur Dominique de
Villepin, gouverner « sous la tutelle du chef de l’État », aux dires de
beaucoup d’hommes et de femmes politiques partisans de la mise en place de la constitution de la VIe République, nous ne pouvons que nous interroger sur
l’utilité « réelle » du poste de premier ministre !
Lors du Référendum du 24 septembre 2000, portant «
instauration du quinquennat présidentiel », le peuple français a-t-il pris
réellement conscience des lourdes conséquences politiques et institutionnelles
de sa décision, pourtant mûrement réfléchie, en offrant, de facto, au Président de la République, une Assemblée nationale « entièrement de son bord »
? L’on peut considérer que : « non ! », dans la mesure où ce peuple n’a pas
pris véritablement conscience qu’il octroyait, au chef de l’État, un pouvoir
présidentiel exorbitant, tout en lui ôtant son pouvoir de libre arbitre suprême
de la Nation !
De plus, en cas de dissolution non prévue, mais légale[2] de
l’Assemblée nationale par le Président de la République, il ne peut plus y
avoir d’alternance politique saine ! En effet, quoi qu’en disent beaucoup de
parlementaires ou beaucoup d’hommes et de femmes politiques, l’éventuelle
existence d’un gouvernement de cohabitation « à la française » est toujours
possible ! Mais, dans la mesure où la durée du mandat présidentiel, ayant été
ramenée de 7 à 5 ans, a été alignée sur celle des député, c’est-à-dire : 5 ans
également, ce gouvernement de cohabitation serait placé sous le signe d’une «
certaine » ambiguïté beaucoup plus dangereuse qu’auparavant.
Alors, le chef de l’Etat serait reconnu, non plus comme le président élu de tous les Français, mais comme le chef suprême de l’ancienne majorité
gouvernementale ! De plus, il serait contraint, soit de se soumettre, soit de se
démettre, pour éviter que le Pays ne devienne dangereusement « ingouvernable »
ou « ingérable » ! Alors, dans la mesure où le Président de la République, qui
est le Président élu de tous les Français, donc, de ce fait, se trouvant au-dessus des partis politiques, dirige la France, et le Premier ministre, qui est
issu d’une majorité politique élue aux élections législatives, donc, de ce
fait, se trouvant chef d’une majorité législative, gouverne la France, il est
nécessaire et urgent de rétablir immédiatement, et cela, par voie référendaire, le septennat présidentiel !
Il en va de la solidité et de la stabilité de nos institutions issues de la constitution de la Ve République.
[1] Le 26 septembre 2005, lors de l’émission de France 2 : «
MOTS CROISÉS », consacrée à « l’après Chirac », Maurice Leroy, député U.D.F. du
Loir et Cher, s’est montré « franchement hostile au quinquennat présidentiel ».
Cependant, s’il se montre, tout comme nous, favorable au retour du septennat
présidentiel, il estime qu’un président de la République ne devrait avoir le droit de
se représenter qu’une fois aux élections présidentielles.
[2] Article 12 de la Constitution du 4 octobre 1958
(Constitution de la Vème République) : « Le Président de la République peut,
après consultation du Premier ministre et des présidents des Assemblées,
prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale. Les élections générales ont
lieu vingt jours au moins et quarante jours au plus tard après la dissolution.
L’Assemblée nationale se réunit de plein droit le deuxième jeudi qui suit son
élection. Si cette réunion a lieu en dehors des périodes prévues pour les
sessions ordinaires, une session est ouverte de droit pour une durée de quinze
jours. Il ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l’année qui suit
ces élections » (cf. « La Constitution », in : Journal officiel de la
République française, Paris, janvier 1995).
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