Rêver pour travailler
« Rêver au travail : tout bénéfice ! », lisais-je. Voilà une information qui va battre de vieilles idées préconçues.
J’avais déjà osé annoncer que dans notre monde du travail que "La technicité n’était plus seule". Voilà que les neurologues affirment que rêvasser empêcherait de ’patiner’ sur place dans le travail. S’imaginer être à une autre place que celle qu’on est, par les obligations, peut être tout bénéfice pour celui qui rêve, ainsi que pour l’entreprise elle-même. Il y avait bien les pauses cafés que le patronat avait accepté à des moments précis de la journée pour dynamiser le travail et recharger les batteries.
Si tous les appareils se rechargent aujourd’hui avec l’énergie en conserve des batteries, l’homme est, de nature, plus complexe qu’une machine. Relaxations diverses pour construire un ailleurs meilleur ?
L’article proposait de "coincer un bic ou un crayon entre les dents, regarder dehors ou fixer un point au plafond et respirez profondément. Ne pas oublier de sourire de temps à autre. Visualisez son rêve. Testez mentalement tout et n’importe quoi.".
Surpris d’une telle proposition ? Le règne de l’efficacité aurait-il pris une mauvaise voie ? Je suppose que les neurologues ne sont pas payés par les rêveurs. Tellement d’activités sont planifiées dans une journée de travail qu’il faille un agenda en permanence devant les yeux. Aurait-on remarque que le metro-boulot-dodo, a quelques tares dans sa besace ? L’efficacité et la rentabilité ne seraient qu’un moyen de rater plus important encore : la coordination qui communie tous les potentiels ? La recherche de la 25ème heure n’a manifestement pas donner ses fruits. Le stress empêcherait de découvrir les bonnes solutions parmi une série de possibilités.
Cette fois, les neurologues le confirment. Ils nous apprennent que rêvasser favorise la clairvoyance, la créativité, la flexibilité et même l’efficacité. Justement les compétences tant désirées dans la vie des entreprises.
Trop en porte à faux sur le futur, cela demanderait toujours plus d’« overhead ». Sous peine d’accuser un « overflow » de travail, il fallait, jusqu’à il y a peu, diviser le temps, le planifier en lui attribuant des priorités pour réagir aux événements.
Un agenda bien remplis et divisé entre tâches bien définies entre important et urgentpour assurer une bonne organisation. C’est vrai cela supprime une partie de stress. Il était recommandé ensuite de classez pour moins avoir à chercher.
"Priority Management" avait fait son succès dans les entreprises sur ces seules découvertes d’organisation. Il ajoutait dans le "programme du règne de l’efficacité" de la journée, quelques moments réservés à l’insouciance, à l’évasion. Moments de délassement pour oublier l’abondance d’une vie trop stressante.
Pour corser les difficultés, certains services sont à la merci d’un coup de téléphone et doivent laisser s’échapper le travail en cours pour passer à une tâche nouvelle "super importante", "super urgente". Achevée, cette activité, bulle dans le temps, elle restera latente dans l’esprit. Retourner à la tâche -1 fait reperdre un temps de récupération du problème là où il a été laissé.
Exercice d’adaptation aux circonstances, bien sûr.
Prenons du recul. La complexité des choses n’a fait que s’amplifier, diminution des coûts obligent, et les tâches attribuées par personne n’a fait que qu’augmenter. La réflexion pour imaginer des corrections à ces processus que seules les machines pourraient assumer, serait bien nécessaire. Rien n’est moins réglé comme du papier à musique que l’invention forcée.
Les résultats d’enquêtes vont plus loin. La "to-do list" du type bien organisé comme le préconisait Priority Management ferait partie d’un temps révolu.
Rodin avait raison de faire penser son "Penseur". L’activité cérébrale est plus complexe que prévu. Elle "travaillerait" même pendant notre subconscient, dans le rêve-éveillé comme elle le fait naturellement quand on respire, sans s’en rendre compte. Les deux niveaux cérébraux, le conscient et le subconscient, rendraient les possibilités illimitées. Certains spécialistes du cerveau disent que l’on utilise 30% de notre temps éveillé à rêvasser. C’est dire que tout le monde y gagne et que cela marche. Approche intuitive, qu’il faudra être capable de l’identifier comme une idée opportune si pas neuve, pour passer à la vitesse supérieure.
Le peintre belge, Magritte, devait avoir beaucoup de moments de rêve pour gérer sa créativité, son surréalisme de ses peintures. Il faudrait seulement s’en donner l’occasion et le temps ailleurs que devant une toile. "Voir" des choses qui n’existent pas, qui ne se trouvent pas devant nous, rend plus créatif.
Amy Fries parle d’un tunnel de la pensée qui par l’imagination permettrait de trouver la solution à un problème qui sans le rêve resterait sans solution. Travailler sans se donner des moments de repos et de réflexions serait contre productif.
Son livre "Daydream at Work" concluait que l’avenir de l’entreprise serait plus judicieux, plus radieux avec le rêve parallèle au travail.
Les exemples sont nombreux pour étayer la thèse. Les endroits de l’invention par inadvertance sont des plus amusants. Le cri "Eureka" dans son bain. L’inventeur du post-it, le pasteur Arthur Fry, associa, un jour, lors d’un de ses sermons, les petits papiers pour retrouver facilement les psaumes, avec la colle détachable sans laisser de traces pour les réunir et ne plus les égarer.
Garder tout sous contrôle, en quantifiant tout, feraient échapper une partie des solutions, si pas l’essentiel. Réagir sur le tas, au coup par coup, serait plus profitable à la découverte de l’inattendu. Un "accident" n’est jamais prévisible, l’imagination non plus.
Nous n’en sommes plus loin, non plus, avec les moments de recueillement des athlètes avant tout saut en hauteur, du lancer le javelot après un élan. Je me voyais déjà.... La revalidation utilise les mêmes artifices de récupération.
"Imaginer le problème résolu et n’en parlons plus", me disait, dans ma jeunesse et avec humour, un professeur.
Personnellement, je me souviens d’un cas où il nous avait fallu changer un programme de rapport que personne ne connaissait et qui devait cumuler les résultats autrement et cela dans le plus bref délais. Pas le temps d’analyser le programme et aucune aide à espérer. La solution avait été posée à plusieurs personnes avant de nous parvenir. Pour se rendre compte de l’opération, il s’agissait de prendre en charge un Oracle Report, en extraire la conception , l’adapter et le passer à la réalisation. Une idée adéquate, vint d’on ne sait où. Quand on ne peut changer le programme facilement, pourquoi ne pas changer les données, elles-mêmes, et forcer ensuite le programme à réagir sans qu’il ne s’en rende compte du changement ? Banal. Rien de vraiment nouveau. Absolument. Ce fut tout de même la surprise des demandeurs de voir les résultats espérés, le lendemain.
Une pause rêverie obligatoire au bureau ? Peut-être. La programmer à des moments précis sera, seulement, plus difficile.
De toute manière, à la fin d’un rêve ridicule, n’oublions pas d’en rire. La nuit, d’en rêver, réellement. Tout cela fait aussi partie du "traitement" ou du "jeu".
En ces temps troublés, de stress, de suicides à répétition, aller à contre courant s’impose. L’affaire inquiète sérieusement les autorités publiques.
Je lisais dans mon journal "L’entreprise doit constituer un terrain fertile pour développer l’humain. Puisqu’on ne peut plus battre les Chinois en travaillant plus rapidement ou plus efficacement, il s’agit de sortir de l’engrenage du travailler plus et se rendre compte ensuite qu’on a perdu son temps. Il faut désormais de l’originalité, de la créativité, de l’innovation parallèle à une gestion de qualité". Les « workflows », imposés par le traitement de l’information, seulement fonctionnel, pourraient donneront des dérapages d’exploitation. Travailler les relations entre les hommes est un processus pour donner une signification à ceux-ci, et faire comprendre le but commun de l’entreprise et rendre la fierté au travail. La précipitation mène dans le mur... Uniformiser les procédures est un temps révolu. Herman Wittockx ajoutait même que le "contrôle accapare un tiers de notre temps de travail". A bon entendeur, salut.
Ce lundi 26 octobre, sur France3, un documentaire Hors-Série va plus loin dans l’analyse de cette mise à mort du travail. En France trois salariés sur quatre travaillent dans les services. Productivité maximale et client-roi, du moins l’espère-t-on, car, c’est lui qui a les moyens de payer la production. Le traitement de l’Information, je me souviens, comptait un input, un output et un traitement de l’information, au milieu. L’input informelle ’est amplifié en nombre et en complexité. L’output, l’offre, s’impatiente et s’intensifie pour assure le maximum de chance de plaire. Le traitement, lui, est négligé. Le management a mis en place une manipulation pour diminuer les coûts au maximum. Ce n’est plus les revenus qui font les bénéfices. Les salariés "se payent", dès lors, maladies, accidents de travail, souffrances physiques et psychologiques.
Alors, si rêver permet d’éviter les conflits d’intérêts...
Le titre de l’article, je ne vous l’ai pas encore donné. Il s’agissait de "Même les animaux savent ce qu’ils veulent". Avec nos neurones, en plus...
A l’école, rêvasser équivalait à un morceau de craie à la figure. Plus tard, un bourrade de ceux qui nous voulaient du bien. Maintenant, on sait que c’est pour la bone cause.
Alors, allez, donc, rêver à votre « impossible étoile » comme le chantait Brel dans l’"Homme de la Mancha".
Peut-être y aura-t-il un prodige au détour d’un chemin. Si alors, au bureau, on vous surprend à regarder la montre d’un peu trop près, ou trop longtemps, n’oubliez pas de dire à celui qui vous l’empêcherait et vous interrompait : "Silence. Je réfléchis. Je travaille.".
Que les idées géniales soient avec vous, dans ce cas-là.
Je dis cela juste au cas où celui qui en ferait le reproche n’aurait pas lu l’article.
L’enfoiré,
Citations :
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« On croit que les rêves, c’est fait pour se réaliser. C’est ça, le problème des rêves : c’est que c’est fait pour être rêvé. », Coluche
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« Lorsqu’on rêve tout seul, ce n’est qu’un rêve alors que lorsqu’on rêve à plusieurs c’est déjà une réalité. L’utopie partagée, c’est le ressort de l’Histoire. », Elder Camara
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