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Accueil du site > Tribune Libre > Révolution ! Les pauvres vaincront !

Révolution ! Les pauvres vaincront !

Révolution ! Le peuple vaincra !

 J’en suis persuadée. Je l’ai compris en allant à Paris par Ryanair et en visitant le Louvre.

Quoi ? Quel rapport ? Ne soyez ni étonnés ni impatients. Il n’y a pas de petit acte qui ne débouche, pour un esprit curieux, sur des considérations morales et politiques. La révolution surréaliste nous a appris à siroter le quotidien dans sa poésie révolutionnaire. Et quand les vérités se dévoilent !

Oui, les pauvres vaincront ! Je l’ai senti ! On les entraîne à se battre !

Ainsi, décider de prendre un avion chez Ryanair grâce à un billet à 5 euros, est un de ces actes, en apparence anodins, qui s’apparentent au QCM le plus ardu. L’examen d’entrée à l’ENA n’est que fariboles à côté de l’attention qu’il va falloir déployer pour lire l’énoncé du problème et apporter les bonnes réponses.

Le jeu est le suivant : on te propose un billet d’avion à cinq euros, mais en le réservant, vas-tu réussir, pauvre que tu es, à garder cet avantage ???

D’un côté les pauvres qui croient qu’on veut leur faire du bien, qu’on les aime, qu’on participe à une nécessité de voyager formatrice. De l’autre, la puissance commerciale dévoyée, la Goupil compagnie, qui à travers toutes sortes de mesquineries, va leur tendre des pièges à chaque clic de souris !

Aïe !

Certes, nous somme sans cesse confrontés à ces diableries. A ces hot lines à trente quatre centimes la minute où un pauvre d’ailleurs a pour mission de mettre trois heures à nous répondre : « Oui, attandi, mossié Légra, ché votre panne il est qu’on la regarde… », ce qui nous fait tout de même apprendre une nouvelle langue, l’espéranto des hot lines, et aussi la patience, vertu cardinale, que le pauvre développe à longueur de temps. Or qui triomphe du mal à travers l’histoire ??? Les religions et les philosophies nous l’apprennent : les hommes patients ! Je n’en veux pour preuve que la fameuse histoire de Jéricho où tout le monde sait, merci Victor, qu’au septième tour les murailles tombèrent !

A mon avis, actuellement, historiquement, nous en sommes au sixième tour. Ca rigole encore beaucoup dans les tours qui sont encore debout, ca boit du champagne chez le propriétaire de Deep Water quand il touche sa prime d’assurance qui nettoierait dix Louisiane, mais pendant ce temps les pauvres s’entraînent et se chauffent, et ça va faire mal !!!

Donc Ryanair.

Cette compagnie existe depuis quelques années ce qui fait que la plupart des pauvres qui voyagent sur leurs ailes, se sont entrainés à leurs ruses et ont réussi à les vaincre. 

Ainsi la fameuse ruse qui consistait à vous facturer automatiquement des frais d’assurance. Pour supprimer les dits frais d’assurance, il fallait activer un menu déroulant où il était demandé : quelle est votre nationalité ? Et là une liste de six mille nations dont on ne sait même pas où elles vivent et enfin, en bout de liste après le Wesoto, le Wouland et Le Wzechtarch un dernier pays : suppression des frais d’assurance !

Ah ! C’était bien joué ! Croyez qu’il en a fallu du temps et de la patience aux clients des billets pas cher pour arriver à découvrir le secret du fameux menu déroulant ! Mais du moins c’était fait. Il fallait trouver mieux !

D’où la fameuse réunion de « merchandising » chez Ryanair. (Traduction de « merchandising » : « comment plumer le client. ») J’ai l’enregistrement de cette réunion grâce au maître d’hôtel de Bettancourt qui a été engagé chez Ryanair pour sa connaissance des ruses diaboliques des malfrats de la Haute.

« -Bon. Il faut qu’on gagne plus d’argent ! Réfléchissons !

-Ah ! C’est sûr ! Nos hôtesses sont peu payées ! Il faut les augmenter !

-Qu’est ce que tu racontes, triple buse, crétin fondamental ! Il s’agit de satisfaire nos Hautesses, les actionnaires ! Alors ? » 

Voilà comment fut trouvée une ruse qui s’appelle « check-in on line. »

Autrefois quand on imprimait son billet, on l’avait c’était fini. A présent, non. Il faut entrer dans un nouveau menu pour checker on line avec un numéro secret. Que c’est amusant !

Et si tu ne trouves pas le numéro secret ? Tu paies 40 euros de plus ! Oh ! La !

Le pauvre se frotte les mains. Il est tout excité ! Il va réfléchir ! On l’entraîne pour la Révolution !

A mon avis, ils ont dû se mettre à plusieurs pour trouver comment cacher le numéro secret .Il est évident qu’il ne devait pas être dans le paragraphe : « Comment checker on line ? » Imaginez la facilité : Il devait être caché à un endroit où on ne le remarque pas . Là, rien à dire, c’est très bien fait.

Il est écrit en gros sous la rubrique : « Voici votre numéro de réservation ». Comme on sait que ce genre de numéro n’est là que pour mémoire, on s’en fiche un peu. Erreur. C’est lui qu’il faudra mettre dans un menu déroulant qui vous demande votre email. Le tout en anglais, bien sûr ! Déjà le pauvre qui ne connaît pas l’anglais, il est mort. Il va payer 40 euros. Ceux qui le connaissent mais ont des problèmes de vue, même résultat. Ceux qui boivent trop de café et s’énervent vite, même chose. Et ça en fait tout ça des sous !

Mais la préparation du voyage Ryanair ne fait que commencer. Car des bruits courent : « Ils sont draconiens en ce qui concerne les bagages à main ! » Il faut mesurer et peser sa valise dix fois pour voir si elle est dans les normes sinon c’est 20 euros de plus car elle part en soute ! (On en est donc à 60.) Et ce d’autant plus que depuis peu, le moindre sac, achat, appareil photo doit être dans le bagage !

Fini le temps où les pauvres voyageurs trichaient  en mettant des objets lourds dans leur sac à main. Là, tintin ! Même les cadeaux que l’on achète dans les boutiques Ryanair doivent être dans les bagages à main. ( A mon avis cette disposition « même les sacs cadeaux » ne va pas durer longtemps ou ça va être une révolution, encore une, dans les boutiques Ryanair.)

Le but de ces restrictions draconiennes est, on le sait, de brûler moins d’essence. Mais pourquoi ne pas exiger des passagers qu’ils montent en avion la vessie et l’estomac vides, scanners à l’appui ? Sinon on leur fait payer trente euros pour la vessie, trente euros pour l’estomac de plus ! Il faudrait être à jeun depuis six heures au moment de prendre l’avion. Ce qui forcerait à acheter de l’eau et des saucisses irlandaises pendant le vol ! Car pendant le vol, les saucisses et l’eau sont dans l’avion. Donc si on les fait passer dans le ventre des clients, ça ne change pas le poids de l’ensemble mais ca fait rentrer des sous chez Ryanair !

Lorsque j’ai eu fini ma valisette, la fameuse valise qui correspond aux normes Ryanair et que je l’ai pesée, il s’est passé quelque chose d’exceptionnel pour être noté : elle pesait dix kilos pile ! Incroyable ! Imaginez cela : entassez ce que vous voulez dans une valise et pesez-la. Elle pèsera dix kilos, deux ou trois grammes ou neuf kilos trois cent vingt cinq grammes ou ce que vous voulez, mais, du premier coup, dix kilos pile, c’est insensé ! Selon les règles de la plus élémentaire probabilité il y a une chance sur des milliards pour que cela arrive. Et je suis là à m’esbaudir de ce résultat, à me dire que je suis vraiment trop forte, qu’il faut que je prenne un billet de loterie tant j’ai de bol lorsque zut ! Zut de zut ! Que vois-je sur une chaise : mon sac à main bourré comme un estomac de goret et qui doit lui aussi entrer dans la valise ! Dieu de Dieu !!!

On comprend pourquoi tous les voyageurs qui arrivent dans les aéroports Ryanair à cinq heures du matin, heure des avions à 5 euros, ont les mines de GI’s de « Full métal Jacket ». Une ambiance de terreur plombe l’aéroport. On n’a plus peur que l’avion s’écrase. On a peur de commettre la faute fatale qui vous fait voyager en soute pour trois cents euros.

Sans brosse à dents. Parce que ça aussi, c’est la dernière. Si on voyage sans bagage pour la soute, on ne peut pas avoir de brosse à dents ! Car la brosse à dents peut devenir une arme ( ?) Qui voudrait finir poignardé à la brosse à dents dans un avion Ryanair ! Ca doit faire un mal de chien ! Depuis quand les brosses à dents sont-elles interdites ? Que s’est-il passé ? Al Qaïda a-t-il sodomisé un commandant de bord avec une brosse à dents ??? On imagine…On cherche… L’imagination des pauvres se développe. Merci à nos maîtres commerçants de faire naître en nous des images à la Dali ! 

Depuis les attentats quand on voyage on a l’impression de partir pour Guantanamo. Même sur nos passeports, on a de sales tronches.

Là aussi, le temps n’est plus où l’on souriait gaiement sur des photos couleur ! Comme on était heureux de voyager ! Comme ça se voyait ! A présent, ils nous interdisent de dire cheese et de prendre un air transporté. Il faut regarder l’objectif sans aucun objectif. Le regard vide, inexpressif. Tout le monde n’est pas Greta Garbo qui dans la scène finale de « La reine Christine » appliquait les consignes de Mamoulian qui lui disait « Ne pense à rien ». Nous, quand nous ne pense à rien dans une cabine de photomaton la bien nommée, « la photo du maton », nous ressemblons à des évadés d’Alcatraz, à de pauvres femmes qui se retrouvent au poste après avoir volé un steak pour leurs gosses, ou, au mieux, à des prostituées prises à faire des pipes à Hugh Grant dans un taxi.

Pourquoi ne pas sourire sur une photo ? Est-ce que cela leur facilite la tâche, à la police des frontières, s’ils n’ont sous les yeux que des photos de gangsters tarés ? Le sourire n’est-il pas le propre de l’homme ? Enfin…

Heureusement que les pauvres que nous sommes savent tirer parti de tout en riant et se dilatent la rate, en regardant leur trombine à l’Aéroport. Non mais quelle tête !

 J’ai quand même réussi à réserver mon billet à cinq euros mais comme j’ai payé trente euros de chèque parking pour laisser ma voiture, plus trente euros de car pour aller de Beauvais à Porte Maillot, ils ont quand même réussi à me piquer soixante euros de plus. Mais bon. J’ai lutté vaillamment comme la petite chèvre de M. Seguin. J’ai fait travailler mes neurones. Je suis une pauvre aguerrie. Je sais « checker on line » avec numéro secret ! Je sais voyager avec une valise de dix kilos !

Je suis donc à Paris.

Mieux encore au Louvre. Deuxième partie. Confirmation de la première : les pauvres vaincus vaincront ! Ils ont vaincu ! C’est fait !

 Je ne suis pas une fanatique des musées. Je m’y ennuie vite. Mon attention joue les papillons. Ce que je déteste par-dessus tout c’est la foule des touristes qui flashe d’une salle à l’autre sans même regarder.

Mais ce jour-là, mes perceptions changent.

Une idée m’agite le sang : le Louvre est le plus beau musée du monde. La richesse de son fonds mais surtout la splendeur des lieux sont inimitables.. Construisez tous les musées que vous voulez vous n’aurez jamais la magnificence de ce palais et surtout les admirables arrangements qui l’ont transformé. L’immense verrière où s’épanouissent des statues antiques saisit au cœur par l’espace, sa disposition en gradins. L’espace est un maître mot dans les nouvelles parties. Ce n’est pas l’entassement des tableaux dans les anciennes galeries, plus banales.

Et soudain dans cet espace vient l’amour de la beauté. Le coeur bat.

C’est le temple de la puissance du peuple offert au peuple. Dans les anciens palais du Roi, le peuple court s’abandonnant aux mains des maîtres, à leur pensée, à leur talent.

Les peuples du monde sont puissants. Ce sont eux les artistes. Les grands artistes, les grands maîtres viennent du peuple. Vinci est le fils bâtard d’un notaire et d’une servante. L’art est la langue du peuple. Il n’est pas conception aristocratique réservé à une aristocratie mais au contraire sang du peuple fait pour nourrir le peuple et lui donner le goût de son sang.

Et soudain ces touristes qui crapahutent et que j’ai toujours regardés avec mépris, je les sens fraternels. Eux aussi, comme moi, partagent ce lieu d’exception ces rencontres fascinantes qui font rêver. Ces statues qu’ils ont vues maintes fois en reproduction et qui sont soudain vraies. Cette victoire de Samothrace qui aimante les visiteurs au sommet d’une volée de marches dans la puissance de son élan. Ils sont dans le temple véritable des divinités. N’allez pas chercher les dieux ailleurs.

Je pense à tout ce qu’il a fallu de temps pour que la nature compose ces marbres, ces métaux, ces porphyres, ces jaspes, combien de milliards d’années venus d’on ne sait quel ciel ! Combien de siècles pour construire ce palais, combien de génies sur toutes les parties de notre monde, créant et mourant, abandonnant la trace de leur génie qui est le nôtre à notre convoitise.

 Et dans ce palais, la marche triomphante du peuple qui peut entrer gratuit !

Oui, les pauvres entrent gratuitement au Louvre !

Je pense à Mitterrand, tellement critiqué avec sa pyramide, et soudain l’évidence de ce vaisseau venu d’une autre planète, au milieu de la cour carrée.

Ceci me confirme dans une idée qui flotte dans ma tête. Que nous sommes attachés à l’art car l’art est la seule vérité, la seule réalité de ce monde. Le monde est une œuvre. Une installation ouverte au temps et à sa multitude. Nous sommes théâtraux car nous vivons sur le théâtre de son histoire. Nous sommes musiciens car nous communiquons avec le secret de ses ondes. Peintres de nos cœurs car nous sommes inondés de ses couleurs. Nous sommes tous des anges et des saints. Nous vivons dans la vapeur de l’impossible. Nous buvons du regard les métamorphoses de l’Eternel. Rien ne nous musèle ou ne nous couche.

En entrant dans la salle de Mona Lisa, je découvre le mystère absolu. Pourquoi ce tableau est-il, par sa notoriété, au-dessus de tous les autres ? Pourquoi cette œuvre et pas une autre ? Deux cents personnes ont des comportements absurdes se pressant devant une toile aux proportions modestes qui disparaît derrière les reflets de vitres protectrices. Ils la flashent leurs appareils dressés au sommet de leurs têtes aveugles.

 Ce tableau a la densité d’un monolithe venu d’ailleurs. Pourquoi ?

On a du demander à Mona Lisa de ne pas sourire devant l’objectif et elle, parce qu’elle est la beauté qui défie toutes les règles, elle a désobéi, souriant du coin de l’œil, apportant pour toujours, au peuple des pauvres qui créent les dieux de l’Art, sa radieuse et douce insolence.

Voilà pourquoi elle est tant aimée.

Mona Lisa est Dieu.

Dieu n’est pas le créateur du monde mais son mystère.

Nous, nous sommes ses créateurs. Il va falloir nous y faire. Nous, les ombres et les racines des artistes.

Nous sommes le peuple de l’Art. Nous sommes immenses. Rien ne nous abattra !

Il ya de lourds projets autour de nous en ce moment. Des gargouilles prêtes à laisser tomber des huiles bouillantes sur nos vies. Mais notre pauvreté, entraînée tous les jours par de merveilleux bienfaiteurs, merci Ryanair, est elle aussi une œuvre d’art qui n’est pas à un prodige près.

Le soir en rentrant, j’ai pris un taxi. C’était un turc disert avec qui j’ai parlé football, complots et politique. Il ne connaissait pas Agoravox. Je lui ai noté les coordonnées de ce journal libre. Ma pub a été efficace. Un lecteur de plus. Musulman mais pas islamiste. Bonne pioche. 

J’avais pris un avion. J’avais visité le plus beau musée du monde. Je vivais sur la planète Art. J’étais une œuvre d’art. Nous étions des œuvres d’art. Nous voulions que notre monde reste un chef d’œuvre.

La guerre allait commencer.

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27 réactions à cet article    


  • François51 François51 10 juillet 2010 11:37

    c’est quoi un pauvre ? surement pas des personnes qui prennent l’avion même a tarif réduit.
    le pauvre, pense a remplir son frigo tant bien que mal chez Lidl ou Aldi. il se demande aussi comment pouvoir régler ses factures EDF GDF en évitant la coupure sèche pour non paiement.
    il serre les fesses ,en espérant que son patron ne délocalise pas a la fin de l’année... si il bosse, ce qui devient de plus en plus rare par les temps qui courent.
    le train train quotidien en fait. le pauvre, se fout de Ryanair comme de l’an 40 et de tout le reste également.


    • Ariane Walter Ariane Walter 10 juillet 2010 15:13

      Cher François 51,
      Dans la catégorie « pauvre », il y a le pauvre pauvrissime et le pauvre povret, le pauvre depuispeu, le pauvre depuis toujours. Les pauvres ont souvent des voitures, des télés, des machines à laver et ils peuvent avoir de la famille à Paris qu’ils n’ont pas vu depuis dix ans. et soudain ils rêvent : « un billet d’avion à 5 euros !!!
      Traire le pauvre rapporte beaucoup d’ailleurs. Vous avez entendu parler des subprimes ??

      Il y a aussi des pauvres appauvris qui doivent à présent tout compter.
      mais le Louvre est gratuit.
      Vous me dites que les pauvres se foutent de l’Art. Quelle tragédie ! Je préfère ne pas y penser.
      On considère l’art comme un machin superfétatoire. Du luxe. Mais la beauté est donnée à tous en ce monde. Apprendre la beauté, c’est apprendre la rigueur et l’exigence. Même quand on a rien, on a tout. La sagesse chinoise ne vit que de ça.
      Mais je me suis sans doute mal exprimée.
      la notion de »peuple« est plus juste que celle de »pauvre".
       


    • JJ il muratore JJ il muratore 15 juillet 2010 10:47

      François51. Vous avez une vision totalement désinformée de ce qu’est un pauvre, en tout cas en France en 2010.
      S’il n’a pas les moyens de remplir son frigo il bénéficie de « tickets de caddy » fournis par son Conseil Général ; idem pour ses factures gaz-éléc.
      Pour les vacances la caisse d’alloc lui fourni des « chèques vacances »
      Si vous saviez le nombre de pauvres qui prennent l’avion à l’aéroport de Marseille-Marignane pour rejoindre quelques semaines leur famille au bled vous seriez étonné.
      Un ’pauvre’ aujourd’hui en France et en Europe, c’est quelqu’un qui serait pauvre sans toutes les aides sociales dont il peut bénéficier dans notre système élaboré au cours des 50 dernières années et qui s’appelle « L’Etat Providence »
      Informez vous.


    • VivreDifferent VivreDifferent 10 juillet 2010 17:33

      J’envie votre espoir. Aurais-je dû faire des études littéraires ? J’aurais peut-être développé ainsi ma capacité à rêver et à imaginer un autre possible, au lieu de cette rationalité déprimante (mais que j’aime pourtant). Avec mon esprit d’ingénieur, je cherche un plan, une dynamique, une méthode, pour sortir de cette logique oppressive et oppressante dans laquelle nous enferme la classe dominante. Ma raison voit partout des forces d’inertie qui refoulent inlassablement toute avancée sociale. Celui qui croit en la Révolution me semble aussi fou que celui qui, en sautant en l’air, croirait pouvoir s’affranchir de la pesanteur.

      Mais la vie se nourrit d’espoir, et quand l’espoir est mort il reste encore la révolte, qui donne un goût amère à l’existence mais ne l’affaiblit pas. Cependant, la somme des espoirs et des révoltes de chaque individu ne fait pas une révolution, ni même une dynamique de changement. Nous sommes je crois devenus réticents à embrasser tout système de pensée, à intégrer toute structure porteuse de changement, et c’est en partie une bonne chose vu les ravages qu’ont pu produire les idéologies durant les siècles passées. Mais nous avons perdu par là-même notre capacité d’action. « Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard », comme le chantait Brassens.

      Je ne crois pas en une Révolution prochaine, ni ne sait s’il faudrait la désirer. Je ne me considère d’ailleurs pas pauvre, mais précaire. Même si je souhaite un changement radical de la société, concrètement, le changement, pour moi, c’est d’abord la malédiction de mon statut de travailleur : incertitude, isolement, emmerdes. Il est probable que mon quotidien influence mon rapport au changement en général. Pareil pour les pauvres, quand des changements arrivent, c’est rarement dans le bon sens. C’est peut-être pour ça que les révolutionnaires ne sont pas forcément très nombreux chez les pauvres.


      • gimo 11 juillet 2010 19:10

        Par VivreDifferent mais aussi très ambivalent et là c’est pas bon


      • VivreDifferent VivreDifferent 11 juillet 2010 22:28

        Je ne comprends pas la remarque. Eclaircissement ?


      • Ariane Walter Ariane Walter 12 juillet 2010 00:41

        Je vous remercie de votre longue réponse.
        je dois avouer qu’ayant été professeur et à présent retraitée, je n’ai jamais connu de situation précaire.
        Mais j’ai toujours eu un tempérament gai à me satisfaire de pas grand chose. A vivre dans une sorte d’état heureux où le moindre détail peut enchanter.

        Parfois les évènements nous surprennent par leur promptitude. J’aime beaucoup ce que dit Diderot de la morale narurelle, que la punition n’est que le résultat d’une accumulation de fautes. Actuellement les fautes de certains s’accumulent et déséquilibrent la vie, voilà pourquoi une réponse fatale sera inéluctable. Ce sera la vie ou la mort. Quand ?


      • liberta 10 juillet 2010 17:52

         @ l’auteur

        Le parcours avant d’imprimer un billet Ryanair est très bien relaté

        Je me suis demandée si j’étais assez diplomée pour remplir la demande en ligne d’un billet d’avion chez Ryanair

        L’arnaque est à chaque ligne et on doit décroché son téléphone, fermer sa porte lorsqu’on s’aventure à réserver chez Ryanair afin de concentrer son attention

        Ils détiennent le pompom de l’arrogance mais justement ils savent qu’il y a des « pauvres » et les exploitent tout comme les stés de crédit avec leur crédits révolving, les loyers hors de prix et repoussants pour ceux qui n’ont pas de salaires entrant dans le « cadre » etc.... etc....

        A côté de ça, sur médiapart aujourd’hui vous aurez un compte rendu fouillé sur le montant des impôts réeelement payés par Mme Bettancourt - Pour elle la France ressemble à un paradis fiscal

        alors oui, allons rêver au Louvre ...



        • Ariane Walter Ariane Walter 10 juillet 2010 21:33

          Certes Bettancourt ne paie guère d’impôts mais c’est une vielle gâteuse qui ne jouit même plus en essayant de réserver sur Ryanair !
          L’injustice est suffocante bien sûr, mais du moins nous avons la jeunesse pour nous...Haut les coeurs !


        • Charles Martel Charles Martel 10 juillet 2010 19:44

          pseudo article de pronétaire.

          t’as raison. sauf que les révolutions ont toujours et partout été le fait de la bourgeoisie.


          • Ariane Walter Ariane Walter 10 juillet 2010 21:20

            Prolétaire ?

            Mais n’est-ce pas le peuple qui a envahi Versailles , des piques à la main ? C’étaient des bourgeois déguisés en sans culotte ????
            Quant aux bourgeois ne fomentent-ils pas la révolution parce qu’ils sont devenus pauvres ???
            Vous pensez que les pauvres intelligents n’existent pas ? Qu’ils sont tous ratatinés vifs ? Qu’aucun rmiste ne visite le Louvre gratuitement ?


          • Radix Radix 10 juillet 2010 20:21

            Bonsoir

            Je ne suis pas un pauvre, ni un riche d’ailleurs, mais je n’aime pas voyager en avion.

            L’avion a fait disparaître le voyage car il est trop rapide, il « zappe » la partie intéressante : le voyage qui n’est qu’une attente rêveuse du but à atteindre.

            Je suis plutôt un adepte de Sacha Guitry qui disait que le meilleur moment c’est quand on monte l’escalier !

            Radix


            • Ariane Walter Ariane Walter 10 juillet 2010 21:27

              Moi non plus, je n’aime pas l’avion. J’ai fait la Chine en train et en car. Mais j’y suis quand me^me allée en avion !!
              Question de temps, bien sûr.
               Quant au meilleur moment il est à souhaiter qu’il soit dans les escaliers, au lit et dans la mémoire.... !


            • chuppa 12 juillet 2010 09:40

              cher Radix,
              on n’oblige personne à prendre l’avion !!!
              Si tu préfères rejoindre l’Argentine à pied, bon voyage.




            • Radix Radix 12 juillet 2010 18:18

              Il y a le bateau, si si cela existe encore !

              Radix


            • Marc Bruxman 12 juillet 2010 19:05

              Malheureusement il faut faire avec le temps de congés disponible ;) Donc bien si on a deux semaines pour visiter l’argentine, forcément on utilisera l’avion. 


              Et puis bon le bateau peut être assez monotone. Par contre un road trip en 4x4 une fois arrivé sur place c’est fun :) 

            • Radix Radix 12 juillet 2010 21:21

              Bonsoir Max

              Comme disait l’autre il faut donner du temps au temps alors va visiter l’Aveyron... Peut-être que tu ne connaît pas !

              Radix


            • Radix Radix 12 juillet 2010 21:27

              PS - Si tu visites l’Aveyron en « Road Trip 4x4 » préviens-moi que j’ai le temps d’annuler mes vacances et le bateau c’est pas chiant, seulement les mecs à bord qui sont pressés d’arriver !

              Radix


            • avshareli avshareli 10 juillet 2010 22:28

              Ariane ton article en plus d’être profond , est plein d’humour et plein de poésie quand tu parles d’art. Bravo , j’ai adoré.


              • Ariane Walter Ariane Walter 11 juillet 2010 18:39

                Merci, vraiment, pour ce gentil message.


              • Ariane Walter Ariane Walter 11 juillet 2010 18:38

                Merci beaucoup de ce gentil mot !


              • Marc Bruxman 12 juillet 2010 18:59

                Bon je ne suis pas très sur que ce soient des pauvres qui prennent des billets d’avions chez Ryanair. Mais passons. 


                Je suis par contre d’accord que Ryanair traite mal ses clients et qu’il y a de nombreuses arnaques. Cela dit d’autres compagnies low-cost sont plus honnétes. Vous pouvez donc les prendre. 

                J’ai été relativement satisfait d’Easyjet, Norwegian ou de Vueling, Ryanair ben ca me gonfle d’aller sur Beauvais. Mais vous avez le choix, rien ne vous oblige d’aller chez eux. Une fois que l’on connais les règles, je pense que leur service peut être pratique pour ceux qu habitent à proximité de l’aéroport de Beauvais. C’est sur que si vous partez du sud de Paris, avec les coûts de la navette et les enmerdes vous préférerez surement partir d’Orly. 


                • JJ il muratore JJ il muratore 13 juillet 2010 12:00

                  @ Ariane. Je n’ai jamais compris que Thésée vous abandonnat aux bords où vous fûtes laissée.
                  Au fil de la lecture de votre joli texte, qui me conduisit, sain et sauf, au travers des pièges et traquenards du labyrinthe de Ryanair, jusqu’à l’air vivifiant et lumineux du Grand Art, je compris que la véritable héroïne était Ariane et non pas ce petit grec parjure que la légende des siècles a voulu nous faire croire.
                  Or les artistes sont comme Ariane, ils guident vers la lumière et sauvent le Prince. (en effet point de Grand Art sans Prince pour imposer ses exigences et point de Grand Art sans quelques gens du peuple pour y répondre) Les artistes, les vrais, créent des oeuvres dont on entend si fort ce qu’elles sont qu’on n’entend plus ce qu’elles nous disent au travers de l’anecdote de leur sujet. Elles sont la transcendance en tout cas elles en témoignent. (C’est pourquoi tous les régimes qui prétendirent faire rupture avec celle-ci conduisirent l’Art à deux impasses : le nihilisme de ’carré blanc sur fond blanc’ puis ’Carré noir sur fond noir’ (Malévich) ensuite ce fut l’affligeant réalisme pompier dicté par un matérialisme obtus.
                  Il arrive, parfois, que sans le Prince le Peuple créée des oeuvres mais elles sont d’un autre type que celles qui se trouvent au Musée du Louvre. Il s’agit de l’Art Populaire qui lui également se fonde sur la conviction de la nécéssité de la transcendance.
                  Pour en revenir à Ariane, l’Artiste c’est elle, car son amour sauve le Prince (Thésée) qui va en tirer toute la Gloire. Ce qu’ont fait tous les artistes du passé.
                  Cependant la jolie morale de cette histoire c’est que Thésée le parjure, commet un acte manqué, son père le Roi en perdra la tête. (tiens donc !)
                  En contemplant les oeuvres présentes au Louvre plus personne admire les héros qui les ont commandées et à la gloire de qui elles étaient faites. Non ce que l’on admire ce sont les artistes qui avec passion et amour les ont façonnées pour satisfaire le Prince, cet ingrat.
                  Avant de vous quitter Ariane, puis-je vous faire une bise ?


                  • Ariane Walter Ariane Walter 13 juillet 2010 23:55

                    Quel message charmant, délicat, flatteur, qui me laisse rougissante !
                    Que votre analyse sur l’Art est juste et me touche.
                    Sur ces grands mécènes, ces grands commanditaires qui savent du moins choisir les meilleurs.
                    Mais l’Art et l’artiste sont ,bien sûr, les grands triomphateurs à travers les siècles.
                    Vous le dites très bien.
                    J’ai eu il y a peu une sorte d’illumination sur la réalité de notre monde en tant qu’oeuvre d’art mais je ne sais encore trop qu’en faire ou du moins comment le traduire.
                    Mais ce que vous dites et qui nous unit dans cette perspective d’un « merveilleux » héritage, une sorte de justice immanente liée à la beauté me nourrit et me rend sereine.
                    C’est déjà ça !
                    je vous rends votre bise et je vous saute au cou !

                    JPar dessus le marché, vous exprimez si bien ce que je ressens au sujet de « l’évanouissement » de ceux qui ont porté une oeuvre ou une ville. Je pense parfois aux rêves qui ont donné naissance à telle façade de palais ou de simple maison. à ceux qui l’ont rêvée , dessinée, habitée et qui ne sont plus là. Et elle dressées et abandonnées dans un autre monde. Avec de nouveaux visages qui ne les regardent plus ou les admirent sans sentir toute les passions qui les ont crées t autrefois.


                  • JJ il muratore JJ il muratore 14 juillet 2010 17:04

                    Ariane, merci, quel collier flatteur vous me faites !
                    Je suis hanté, moi aussi, par tous ces êtres qui ont fait oeuvre. Près de chez moi il y a un aqueduc : 300m de long et 120m de hauteur ! Il est en pierres de taille. Il a été construit en 1845 pour alimenter Marseille en eau. Deux années furent nécessaires à 800 italiens du Piedmont pour le construire. Pour ses 150 ans une plaque fut apposée par les Princes d’aujourd’hui : Président du CG, Président et vice-Présidente de la Région, etc etc
                    La liste, gravée dans le marbre, de leurs noms et fonctions est très longue et ne sert qu’à dire qu’ils ont fait poser cette plaque !
                    Pas un mot, pas un nom sur les bâtisseurs. Seul figure le nom du maire (éclairé) de Marseille qui en décidant la construction de cet ouvrage d’Art sauva sa ville d’une nouvelle peste.
                    Les Princes immodestes se saluent entre eux mais ne saluent jamais ceux qui les servent. Même en démocratie. Ils ne sont jamais hantés par les modestes.
                    Il faut avoir -et vous avez - une sensibilité d’artiste, pour penser avec reconnaissance à ceux qui sont dans l’ombre et dont on perçoit encore, longtemps après qu’ils eurent disparu, la trace de leurs gestes dans ce qu’ils nous ont lègué.
                    Et si vous écriviez sur ce sujet ? il fait partie de vous, il vous habite, de ces oeuvres faites-en une oeuvre !
                    Pace é saluté !


                  • Ariane Walter Ariane Walter 14 juillet 2010 17:38

                    C’est votre photo ou celle de Dali ? On dirait sa moustcahe fine mais cela semble plutôt être la suite d’une page sous le nez de cet homme....
                    j’céris en ce moment un roman sur l’époque de confucius.
                    je voudrais rendre l’amour que m’inspire ce euple immense qui a donné naissance à la sagesse, entre autre, de ce maître.Ce ne sont pas des monuments, car hélas , à travers les âges ,leurs tyrans fous ont tout détruit, mais des pensées que je crois vivantes autour de nous.
                    mais c’est un autre sujet.
                    je pense le finir cet été ; je l’ai commencé il y a longtemps mais l’art romanesque est complexe et...j(ai des exigences...Il faut être à la hauteur de son sujet...
                    cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage !!

                    Ce que vous me dites de cet aqueduc me touche ; Parfois les traces du passé nous consolent des faiblesses du présent ;
                    mais ceci a toujours dû exister.
                    Amicalement
                    Ariane,


                  • JJ il muratore JJ il muratore 15 juillet 2010 08:25

                    Photo de Dali en train de dessiner...
                    Oui, vous avez raison d’écrire avec exigence car rien de grand ne se fait dans la précipitation...
                    J’aime particulièrement un couple de vertus : patience et courage.
                    Je vous les souhaite en espèrant que l’été, qui fut si bien nommé Fructidor, vous permettra d’ouvrir votre Corne d’Abondance littéraire !

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