Richard Ferrand mis en examen pour prise illégale d’intérêt : Il réagit
Ce Mercredi 11 Septembre, Richard Ferrand président de l’Assemblée nationale, avait été entendu dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne. Selon les juges d’instruction, le quatrième personnage de l’Etat aurait favorisé sa compagne en 2011, en concluant un bail entre sa société immobilière et les Mutuelles. Il s’est récemment expliqué dans une interview au Télégramme, confirmant qu’il ne démissionnera pas.
Une opération immobilière qui cloche
Que reproche-t-on à ce proche d’Emmanuel Macron pour qu’il soit entendu pendant treize heures par la justice lilloise ?
En 2017, le Canard enchaîné, Le Monde et Mediapart avaient révélé l’information scandaleuse : les Mutuelles de Bretagne (MDB), organisme à but non lucratif qui regroupe 70 mutuelles du Finistère pour permettre l’accès et le remboursement des soins à ses sociétaires, avaient été subventionnées à 55 000 euros de l'argent public. Au moment des faits (dans les années 2010) Richard Ferrand les dirige. Son ex-femme Françoise Coustal, artiste plasticienne, facture alors aux Mutuelles de Bretagne, des travaux d'aménagement d'un Ehpad, situé à Guilers, qui a bénéficié d'une subvention de 1,66 million d'euros du Conseil départemental du Finistère. Richard Ferrand en était le vice-président.
En outre, Les Mutuelles de Bretagne auraient fait effectuer d'autres travaux, s’élevant à 184 000 euros et loué pour 3 600 euros par mois, l'immeuble de Sandrine Doucen, avocate, compagne et mère de la fille de Richard Ferrand. Cette dernière citée était aussi un prestataire régulier qui facturait de nombreux services de conseil juridiques.
L’affaire fait tache. D’ailleurs Richard Ferrand, élu député en juin 2012, garde un poste de chargé de mission des Mutuelles de Bretagne rémunéré et est à la fois assistant parlementaire Hervé Clabon, compagnon de son ex-adjointe.
Se saisissant de toutes ces irrégularités, Anticor avait porté plainte au parquet de Brest. L’accusation formulée contre X pour délit d’abus de confiance visait Richard Ferrand, mais aussi les membres du conseil d’administration des Mutuelles de Bretagne et la compagne bénéficiaire de ces contrats.
L’affaire reste classée sans suite car selon les magistrats « les infractions d'abus de confiance et d'escroquerie ne sont pas avérées, et que l'infraction de prise illégale d'intérêts, sur laquelle la jurisprudence ne permet pas de statuer avec certitude, est de toutes façons prescrite ».
Vives polémiques
Richard Ferrand s’est-il rendu coupable en enrichissant son épouse de façon frauduleuse alors qu'il était à la tête des Mutuelles de Bretagne ?
L’homme de 57 ans maintient sa position et réfute toutes accusations. Pourtant, entendu par la police judiciaire de Rennes, Michel Buriens, président des Mutuelles de Bretagne au moment des faits, affirme dans Le parisien n'avoir su qu'il s'agissait de Sandrine Doucen qu'en 2014. « Je suis tombé de l'armoire. Je pense que Richard Ferrand aurait pu me le dire ».
L'affaire rouverte à la faveur d'une plainte avec constitution de partie civile de l'association Anticor, s'est accélérée ces derniers mois. Pour Jérôme Karsenti, l'avocat de l'association, l’infraction est « occulte ». Toujours dans le Parisien, il explique : « C'est la date de révélation des faits, donc mai 2017, qui doit être retenue et non celle de leur commission. Il n'y a donc plus de prescription(…) Ces affaires prennent du temps, perturbent la démocratie, souffle le conseil de l'association. Mais il y a une vraie satisfaction de constater que cela avance malgré tout et que la société n'accepte plus certaines pratiques. »
L’affaire des Mutuelles de Bretagne avait conduit le proche du président Emmanuel Macron à quitter le gouvernement en juin 2017. Plusieurs responsables politiques, du Parti socialiste à Debout La France, ont déjà estimé que le président de l'Assemblée devrait quitter ses fonctions après l'annonce de cette mise en examen. Il bénéficie évidemment du soutien de la majorité et du président.
« Un mis en examen n'est coupable de rien. »
Richard Ferrand a réagi dans une interview au Télégramme, face à la vague de critiques : « Un mis en examen n'est coupable de rien. » Il a confirmé son intention de ne pas démissionner de la présidence de l'Assemblée nationale en insistant : « Je n'entends pas renoncer à démontrer jusqu'au bout mon innocence. ».
A cela, Olivier Faure a réagi sur Twitter : « La mise en examen ne signe pas la culpabilité mais la sérénité du débat public suppose que ceux qui exercent des fonctions institutionnelles nationales démissionnent en attendant la décision de justice ».
« Rien ne l'oblige, ni dans la loi, ni dans le règlement de l'Assemblée nationale, à quitter ses fonctions, et comme toute personne justiciable, il bénéficie de la présomption d'innocence », a insisté la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault, sur FranceInfo.
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