Riche et pauvre, juste séparés par une frontière !
Le Nobel d’économie 2024 a récompensé trois chercheurs : Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson, pour leurs recherches sur les différences de prospérité entre les pays.
Dans de nombreux articles, ils ont expliqué les raisons pour lesquelles un pays prospère peut jouxter un pays qui l’est beaucoup moins, voire pas du tout.
Les raisons pour lesquelles, d’un côté de la frontière, un pays est riche, et juste de l’autre côté, son voisin est pauvre sont nombreuses. Toujours multifactorielles, multidimensionnelles.
Notons, dans ces pays, quelques facteurs explicatifs montrant la présence ou l’absence plus ou moins prononcée, notamment en termes :
- De ressources naturelles. La disponibilité et l'exploitation de ressources naturelles, comme les énergies fossiles, les minerais (dont les terres rares) et les terres agricoles, peuvent créer de grandes différences de richesse entre deux pays juste séparés par une frontière.
Il y a cependant l’exemple paradoxal de certains pays non prospères, pourtant riches en ressources naturellement. C’est ce que l’on appelle : la malédiction des ressources naturelles. Le continent africain en est l’un des symboles. Chez beaucoup de ces pays, la richesse est souvent accaparée par le pouvoir, les membres de sa famille et des amis, favorisant la corruption, le recul de la démocratie, in fine, l'appauvrissement de la population.
Exemple de quelques pays : le Nigéria, l’Angola, la République démocratique du Congo, l’Algérie, etc. Ailleurs et notamment : le Venezuela !
Mais aussi la Russie ! Ce pays qui dispose de ressources naturelles colossales (pétrole, gaz, charbon, métaux, bois et minerais) est 3 fois moins prospère que son voisin, le Japon, qui n’a rien de tout cela.
- De gouvernance et d’institutions. Des institutions gouvernementales démocratiques, stables politiquement, et de qualité, conjuguées à une réelle séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) et le respect de l’état de droit vont favoriser la création de richesse ainsi que sa juste répartition - autant que faire se peut - entre tous les facteurs de production, dont le capital humain.
Tout pays dans lequel l’un, au moins, de ces facteurs est absent verra sa propension à la prospérité s’affaiblir de manière plus ou moins forte, souvent durablement.
Aucun pays classé pauvre ou très pauvre, selon les normes internationales, n’échappe à cette triste réalité !
Deux exemples parmi beaucoup d’autres :
- L’île de Saint-Domingue. À l’Est, il y a la République dominicaine avec un IDH qui la place au 80ème rang mondial sur 193. À l’Ouest, il y a Haïti, l’un des 10 pays les plus pauvres de la planète, dont l’IDH le place au 158ème rang ! Haïti, pays où la gouvernance et les institutions partent à vau-l’eau depuis de nombreuses décennies.
- La péninsule coréenne. Au nord, il y a la RPDC (République populaire démocratique de Corée) qui occupe le dernier rang dans l’indice de démocratie et figure parmi les pays les plus autoritaires et aux frontières les plus fermées de la planète. Son IDH n’est pas disponible par manque d’accès aux informations nécessaires. Ce dont le monde est sûr, c’est que toutes les photos satellites prises de nuit montrent un pays replié sur lui-même, baigné dans l’obscurité – et pas pour des raisons écologiques. De l’autre côté, il y a la République de Corée, dite Corée du Sud, qui, même la nuit, tient à montrer ostensiblement sa prospérité, son opulence : 14ème PIB de la planète, 19ème rang de l’IDH et 22ème dans l’indice de démocratie !
- De politique économique, sociale et monétaire. Avoir une économie diversifiée, ouverte au commerce international ; une régulation des marchés de l’offre et de la demande de biens et des services, du travail, des capitaux… et de la monnaie ; des investissements dans : les infrastructures (transports, énergies, télécoms, eau, etc.), l'éducation, la santé, et bien sûr dans l’innovation, sont des facteurs indispensables de tout développement économique et social.
Exemple : tous les pays « subissant » la malédiction des ressources naturelles ont une réponse négative aux facteurs énumérés ci-dessus.
À ceux-là, s’ajoutent généralement, quand ce n’est pas un pouvoir autoritaire : une économie souterraine et un taux de chômage importants, conjugués à une corruption endémique - quasi étatique - et une l’inflation à 2 ou 3 chiffres qui ruine leurs échanges monétaires, leur commerce extérieur et leurs finances publiques.
Il aurait sûrement été souhaitable de rappeler le poids de l’histoire et de la religion de chaque pays, et pour certains d’entre eux, celle de leur colonisation et du tracé de leurs frontières décrété par des pays étrangers, tous prospères depuis plusieurs siècles. Prendre aussi en compte leur géographie et l’endroit où ils sont implantés sur la planète.
Cela fera peut-être l’objet d’un prochain article ?
Crédit photo : lien. Photo de la péninsule coréenne, prise la nuit . La RPDC n'a aucun éclairage. La riche Corée du Sud étincelle.
Article précédent : la dette sous E. Macron
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